Hammer and Bolter n°21

De Les Archives Infinies
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Avant-Propos

Et voila la Schattra touche , merci a lui.
Vous pouvez le retrouver ici : https://nebelheim.wordpress.com/

Ou ici : https://www.warhammer-forum.com/index.php?/profile/27242-schattra/

Intro

Bonjour tout le monde et bienvenue dans la revue du 21ème numéro de Hammer & Bolter ! Au menu de ce copieux épisode, le retour de Laurie Goulding, cette fois-ci aux commandes du chapitre Space Marines le plus faux-rmidable (ceci n’est pas un jeu de mots terrible) de l’Imperium, une preview d’un bouquin de l’Hérésie d’Horus sorti il y a à peine quatre ans (une paille), la dernière aventure de Gérard Lambert Erkhart Dubnitz, la sempiternelle malédiction mensuelle du pauvre Gilead, et et et… la première nouvelle potable de Sarah Cawkwell. Non, vous ne rêvez pas, et, oui, c’est incroyable. Comme quoi, tout arrive à qui sait attendre. Tous en piste.

Nouvelles en Anglais

The Shadow of the Beast de Laurie Goulding
Dead Man’s Party de Josh Reynolds
Born of Blood de Sarah Cawkwell


Fear to Tread (Extrait) de James Swallow
Il ne surprendra personne d’apprendre que le troisième roman écrit par James « Simply Red » Swallow pour l’Hérésie d’Horus, Fear to Tread, ait été consacré en grande partie à son chapitre fétiche, les Blood Angels. Publié en 2012, cette humble brique dans l’imposante muraille que constitue la franchise 30K de la Black Library fut l’occasion de faire vivre aux vampires énergétiques et à leur Primarque emplumé leurs propres aventures, après quelques apparitions en tant que seconds rôles dans diverses publications antérieures.


L’extrait1 présenté dans le 21ème numéro de Hammer & Bolter est tiré du prologue du roman, qui voit les Space Marines des IXème et XVIème Légions gambader gaiement gantelet dans le gantelet à travers les riantes plaines de Melchior et piétiner la gueule des infâmes nephilim (différents de ceux de Lion’El Jonson, à chacun ses délires) dans la joie et la bonne humeur. Tout irait pour le mieux dans la meilleure des dystopies totalitaires et militaristes si certains Blood Angels ne pétaient pas les plombs à intervalles réguliers et ne se mettaient à développer soudainement un amour aussi immodéré qu’indiscriminé pour l’hémoglobine. Bien gêné par la sanglante incontinence affligeant ses fistons, Sanguinius fait de son mieux pour garder le secret intact, secondé dans cette tâche ingrate par Azkaellon, chef de la Garde Sanguinienne, et Raldoron, un médicament générique efficace contre les symptômes du rhume chez le cochon d’inde adulte le Capitaine de la première compagnie des BA. Pas de chance pour 100 Guinness, le triomphe de Melchior se retrouve terni par un nouveau cas de boudinophilie aigue, dont la victime (Alain Otton Rosalie de la Mortecuisse, surnommé Alotros par ses copains de la 111ème compagnie) a heureusement été discrètement2 confinée dans une ruine quelconque du champ de bataille. Tout aussi discrètement3 prévenu du problème alors qu’il était sur le point de conclure sa bromance avec Horus, Sangui’ file à l’anglaise sur le lieu du drame, où il tente vainement de ramener Alotros à la raison avec des arguments aussi percutants que « allez quoi, guéris, fais pas ta pute », avant d’être contraint de décoller les cervicales du faquin d’une pichenette de l’annulaire gauche, afin d’abréger les souffrances du pauvre Al.


Sur ces entrefaites, Horus se téléporte sur place4 et commence la psychanalyse de son frérot afin de comprendre pourquoi ce dernier a commis l’impensable et buté un de ses propres Space Marines. Rapidement briefé par Sanguinius sur l’existence de la soif rouge, le Maître de Guerre jure de garder le préserver le secret des Blood Angels et d’aider ces derniers à se libérer de cette malédiction. L’extrait se termine par le prélèvement des glandes progénoïdes de feu Alotros, opération effectuée à but scientifique par un Apothicaire stagiaire pas vraiment conscient de l’enjeu sous la supervision directe de Raldoron. Ce dernier profite de l’occasion pour passer un coup de Baalish (c’est comme du polish, sauf que c’est noir et ça vient de Baal) sur l’armure du défunt avant l’arrivée de la voiture balai, rituel lourd de sens puisqu’il fait passer Alotros dans la compagnie de la mort5. If you want blood (Angels fluff), you got it.


La fin de la lecture de cet extrait m’a trouvé partagé. D’un côté, son niveau est tout à fait convenable, surtout en prenant en compte le pedigree de Swallow, et l’alternance entre combats, discussions entre Primarques (passages jamais anodins pour le fanboy, même si assez délicats à mettre en scène de manière convaincante par certains auteurs de la BL, bien en peine de retranscrire la pensée surhumaine de leurs personnages sans partir en cacahuète), péripéties intra-Légion et éléments fluff fournit un échantillon ma foi fort représentatif de ce qu’est un bouquin de l’Hérésie d’Horus.


De l’autre, je me suis rendu compte que rien n’était révélé de la véritable intrigue de Fear to Tread dans cet extrait, les évènements couverts au cours de ce dernier n’ayant pour but que de permettre à Swallow de justifier l’envoi des Blood Angels sur Signus Prime, à la recherche du remède à la soif rouge promis par un Horus déjà corrompu à son naïf de frérot. Même si cette lacune n’est pas impardonnable, en ce qu’elle ne nuit pas au confort de lecture, elle étonne de la part de la BL, dont le but premier reste (comme toute maison d’édition qui se respecte) de vendre des livres. Dans ce cas précis, l’extrait se termine de façon tellement nette que l’on aurait légitimement pu croire que le bouquin s’arrêtait là, tous les arcs narratifs esquissés au cours de ces quelques pages ayant trouvé une conclusion satisfaisante à la tombée du rideau : les nephilim sont annihilés, Alotros est mort et Horus a juré de garder le secret de Sanguinius. Au final, seuls les lecteurs subjugués par le style de Swallow (qu’ils se dénoncent) et/ou fans transis de la Légion de l’homme-pélican ressentiront le besoin d’acheter Fear to Tread suite à la lecture de cet extrait, alors qu’un petit cliffhanger des familles6 aurait pu donner envie à d’autres de donner sa chance au bouquin. Il faut apprendre à vous vendre les gars !


1: Qui est lui-même un extrait de l’extrait gratuit disponible sur le site de la Black Library, qui donne un peu plus d’éléments sur la bataille finale de la campagne de Melchior, dépeinte par Swallow comme un chef d’œuvre tactique alors qu’elle ne se révèle être qu’une bête prise à revers. Et dire qu’il a fallu deux des plus grands stratèges de l’Imperium pour mettre au point cette offensive…


2: Il faudra m’expliquer comment un bâtiment entouré par, au bas mot, un millier d’armoires à glace en armure rouge sang regardant tous fixement vers l’extérieur n’attirerait pas immédiatement l’attention d’un être humain normalement constitué, et à plus forte raison, d’un Primarque raisonnablement intelligent.


3: « … et la fois où j’ai échangé l’après-shampoing de Fulgrim avec la lotion anti-puces de Leman Russ, tu t’en souviens ? »

« Excelleeeeeent ! Mais ça ne battra jamais Konrad Curze complètement torché qui poursuit Vulkan dans les coursives du Vengeful Spirit en gueulant - noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir - »

« Je suis navré de vous interrompre messeigneurs, mais je suis porteur de graves et confidentielles nouvelles. »

« Rha, Raldo, tu fais ch*** ! Pour une fois qu’Horus et moi avions le temps de nous remémorer le bon vieux temps. Qu’est-ce que c’est encore ? »

« C’est-à-dire que nous avons un nouveau cas, honoré Primarque. »

« Deux semaines sous antibiotiques et pas d’exercice prolongé jusqu’à nouvel ordre, et ce sera rapidement terminé. »

« Je veux dire que nous avons… perdu un de nos frères. »

« Faîtes une annonce au micro et attendez le à l’accueil du champ de batail- Wait. Perdu… comme dans perdu ? »

« Malheureusement. »

« Saperlipopette ! Horus mon grand, je te prie de m’excuser, j’ai une affaire des plus pressantes à régler avec ma Légion. Ah, et si tu pouvais ignorer tous les sous-entendus à peine dissimulés que Raldoron et moi-même venons d’échanger à propos d’un mal mystérieux frappant les Blood Angels, ni utiliser tes super capacités de ninjarque pour nous filer en douce, ce serait sympa de ta part. »

« J’aimerais bien mais l’intrigue du roman repose sur ma connaissance de cette affliction et l’utilisation de ce savoir pour envoyer ta Légion à la pêche au dahut. C’est donc non. »

« Crotte. »


4: Comprendre qu’il apparaît comme par magie derrière Sanguinus, qui venait pourtant d’effectuer le trajet en land speeder et était gardé par deux piquets de Blood Angels aux aguets, sans autre justification qu’un Ta Gueule, C’est un Primarque assené par un James Swallow bien décidé à ne pas se compliquer la vie avec ce genre de détails insignifiants.


5: On notera au passage que Raldoron passe les plates d’Alotros au cirage sous les yeux de l’Apothicaire réquisitionné pour l’occasion, juste après lui avoir fait jurer de ne parler à quiconque de cet épisode, ce qui est assez stupide de sa part puisque le retrait des glades progénoïdes sur un cadavre de SM à la fin d’une bataille est en soi un non-évènement. L’Apothicaire, Meros de son petit nom et futur Red Angel, repartira donc avec deux motifs de gamberge de ce théâtre d’opération, alors que Raldoron aurait très bien pu faire passer Alotros pour une victime lambda de l’affrontement contre les nephilim et attendre le départ de Meros pour sortir son marqueur. Pas étonnant que les BA se frittent contre un Gardien des Secrets sur Signus Prime, leur incapacité manifeste à conserver un secret ayant dû grandement taper sur les nerfs de Slaanesh.


6: Abnett pousse le concept dans ses derniers retranchements en commençant ses bouquins en bombardant ses lecteurs de références sibyllines et/ou de contresens apparents, qui ne deviendront logiques qu’une fois mis en contexte, souvent bien des chapitres plus tard. Et ça marche !


Gilead's Curse (chapitre huit) de Dan Abnett et Nik Vincent
Ayant exterminé à eux quatre la meilleure partie de la race skaven, notre trio d’elfes flanqué du vampire suicidaire de service se mettent en route vers la surface et vers l’acte II de Gilead’s Curse, que ce huitième chapitre est censé introduire de la façon la plus naturelle possible. N’ayant récupéré que la fameuse amulette du Roi des Rats de ses péripéties dans le sous-monde, Gilou se retrouve en effet fort embêté au moment de poursuivre son enquête (car oui, on aurait tendance à l’oublier – moi le premier – mais le fil conducteur du roman est la recherche par Gilead des causes de la sinistrose ambiante qui semble frapper le Vieux Monde au moment où se déroule le récit), sa piste la plus prometteuse reposant désormais en deux parties distinctes sous quelques quintaux de roche et de terre, sans qu’il n’ait pu rien en tirer de très concluant1 . Fort heureusement pour tout le monde, sauf pour le lecteur, qui aurait à ce stade apprécié que Vincent et Abnett tirent la conclusion logique de cette nième maladresse littéraire et concluent la piteuse résurrection de leur héros par un « il se rendit compte qu’il ne pouvait pas aller plus loin et décida en conséquence de repartir pour Ulthuan afin de compléter la formation de Laban et ouvrir un restaurant La Patatière en tant que franchisé », le Comte Vampire se révèle être un expert en matière d’amulette, et en sa qualité de sommité mondialement reconnue dans ce domaine, est capable d’aiguiller ses nouveaux amis vers les vrais responsables de toute cette chienlit, j’ai nommé… les Rois des Tombes. Ba-dum-tss.


Ayant depuis longtemps dépassé le stade de l’indignation volubile face aux énormités que le duo d’auteurs est capable de commettre sans sourciller, je ne m’étendrai donc pas sur le caractère totalement artificiel de cette relance narrative, pondue ex nihilo par le fantasque binôme et jeté en pâture aux lecteurs avec une désinvolture relevant du pathologique. Telle la créature de Frankenstein, l’intrigue de Gilead’s Curse n’est qu’un ramassis d’éléments plus ou moins fonctionnels mais très loin d’être assortis les uns aux autres, assemblés en un tout « cohérent » à grand renfort de sutures grossières, et dont l’existence constitue un affront à la logique et aux bonnes mœurs. À titre personnel, je soupçonne que l’inclusion des Nehekhariens dans l’intrigue découle de la volonté de la BL de supporter la sortie du nouveau Livre d’Armée Rois des Tombes (Mai 2011) en donnant aux fanboys un peu de contenu romancé à se mettre sous la dent. Difficile sinon d’imaginer ce qui aurait pu pousser Vincent et Abnett à porter leur dévolu sur cette faction, que rien ne destinait a priori à jouer un rôle dans la saga de Gilead2 .


D’un point de vue purement factuel maintenant, ce huitième chapitre est principalement dévolu à l’affrontement final entre Gilead et le Comte Vampire, combat épique dont le dénouement ne fait évidemment pas un pli. Les tentatives de solenniser un tant soit peu ce duel au sommet entre deux bretteurs d’exception méritant l’un et l’autre le statut de protagoniste, pour louables et légitimes qu’elles soient, ne débouchent cependant sur rien de bien concluant, marginalisées qu’elles sont par les nombreux éléments what the fuck-esques parsemant le récit de cette ultime passe d’arme, comme autant grumeaux dans le kouglof narratif commis par nos deux larrons (comprendre que, comme cette fameuse spécialité alsacienne, la prose des Vabnett est sèche et insipide). Des caractéristiques physiques des artères fémorales elfiques aux leçons de vie inculquées à coup de patates brûlantes, en passant par la chemise irrémédiablement tachée de Gilead, le festival des incongruités continue à battre son plein, et promet même de redoubler au cours des chapitres à venir si l’on en juge par l’influence désinhibante que l’inclusion de Laban et Fithvael au récit semble avoir sur les auteurs. La tabula rasa décrétée par Nik et Dan permettra-t-elle à Gilead’s Curse de redorer quelque peu son blason avant que le récit ne se termine ? Je ne me bercerais pas d’illusions si j’étais vous, mais vous donne rendez-vous au prochain épisode pour juger sur pièce.


1 : En même temps, ce n’est pas en improvisant un (mauvais) café-philo avec le méchant sensé fournir les réponses à tes questions que tu remonteras à la cause du problème.


2 : On notera au passage que notre elfe déprimé est le second personnage du fluff de Warhammer Fantasy à faire le lien entre Skavens et Rois des Tombes, le premier n’étant autre qu’un obscur nécromancien à la petite semaine répondant au nom de Nagash.

Conclusion générale

Au final, ce 21ème numéro n’est peut-être pas le plus impressionnant en terme de qualité intrinsèque, même si la nouvelle de Josh Reynolds vaut certainement le détour, mais il représente un excellent mètre-étalon de ce que Hammer & Bolter aurait dû être, et ce à tout niveau (diversité des formats, égale couverture des deux univers de GW, nombre et longueur des soumissions). Gilead’s Curse mis à part, le contenu de cet opus est plutôt honnête, Goulding, Swallow et Cawkwell signant tous des textes significativement supérieurs à leurs précédentes contributions. Bref, un excellent moyen de découvrir le webzine de la BL… si ce dernier n’était pas passé en pertes et profits depuis, et si ce numéro, comme tous les autres d’ailleurs, était encore proposé à la vente sur le site de la Black Library (pour des raisons que j’ignore, l’intégralité des Hammer & Bolter reste cependant disponible sur l’iStore). Zut. Il va falloir me croire sur parole du coup. À la prochaine !