Hammer and Bolter n°13

De Les Archives Infinies
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Avant-Propos

Et voila la Schattra touche , merci a lui.
Vous pouvez le retrouver ici : https://nebelheim.wordpress.com/

Ou ici : https://www.warhammer-forum.com/index.php?/profile/27242-schattra/

Intro

Nouvelles en Anglais

Reparation de Andy Smillie
Delivrance Lost de Gav Thorpe
Dead Calm de Josh Reynolds
Lesser evils de Toby Frost
Hunters de Braden Campbell


Gilead's Curse (chapitre un) de Dan Abnett et Nik Vincent
Avant d’entrer dans le vif du sujet, je pense qu’il serait utile de toucher deux mots du contexte du nouveau fil rouge de H&B, dont l’écriture a été confiée à une paire bien connue des fidèles de la Black Library : Dan Abnett et Nik Vincent. Commençons par préciser que nos deux co-auteurs sont en couple (et pour ceux qui se posent la question, Nik est un prénom à la fois masculin – exemple: Nik Kershaw1 - et féminin dans la langue anglaise : c’est un peu l’équivalent du Claude ou du Camille français), et que, dans leur jeune temps, ils ont déjà écrit plusieurs romans à quatre mains (voire 6, comme l’incunable Hammers Of Ulric, auquel a aussi collaboré James Walllis, l’auteur de la série Marks of Chaos) pour le compte de la BL.

L’un de ces travaux de jeunesse fut justement consacré au personnage de Gilead, haut elfe vadrouilleur et plus ou moins maudit, traînant sa carcasse longiligne, sa bad ass attitude et son side kick décrépit (Fithvael de son prénom) aux quatre coins du Vieux Monde à la recherche de son espèce en déclin. Tout cela respirait donc la joie de vivre et l’optimisme (même la figurine Forge World du personnage semble être sous Valium, c’est dire), et a connu un petit succès à la fin des années 90, mais n’a pas fait le poids face au succès du Commissaire Gaunt auprès des lecteurs (comprendre que le personnage n’a eu le droit qu’à un livre, Gilead’s Blood, avant de passer à la trappe). Cela faisait donc un petit paquet d’années que l’on n’avait plus reçu de nouvelles de la part de Gilead lorsque H&B a décidé de remettre le Buster Keaton de Tor Anrok sur le devant de la scène. Bewarrrrrre, bewarrrrrrrre.

N’ayant pas lu le premier ouvrage consacré à notre fringant héros, j’ai abordé cette séquelle avec un respect et un enthousiasme non dissimulés, certain que le résultat serait certainement supérieur à l’honnête mais pas transcendant Phalanx de l’année 1 de H&B. On parle de Mr Dan Abnett tout de même, les enfants. Quant à sa dulcinée, je partais du principe qu’elle s’alignerait sur le style de son compagnon, et que ce dernier s’arrangerait dans le pire des cas que le résultat soit d’un niveau convenable : après tout, Hammers Of Ulric était plutôt sympathique, malgré son intrigue un brin foutraque. Après avoir terminé ce premier chapitre, je ne pus que reconnaître que mes attentes devaient sans doute être revues à la baisse, et que ce nouveau roman feuilleton risquait fort de se retrouver cloué au pilori avec la même fréquence que son prédécesseur. Feth alors.

Pourquoi ce constat amer ? Eh bien, pour commencer, parce que (pour ce premier chapitre au moins), il y a manifestement tromperie sur le produit. Quand on m’annonce un roman co-écrit par Dan Abnett, je m’attends en effet à ce que Dan Abnett participe effectivement à l’écriture dudit roman. Ce qui n’a pas été le cas ici, ou alors de façon tellement marginale qu’elle est virtuellement indétectable. Pour avoir lu à date une quinzaine des bouquins d’Abnett, la majorité d’entre eux en anglais, je pense en toute bonne foi être capable de reconnaître son style d’écriture, et peux donc avancer sans grande crainte de me tromper que sa participation à ce premier chapitre a du se borner à relire (en diagonale) le manuscrit de Nik Vincent, à lui taper dans le dos en lui disant que c’était très bien et qu’il n’aurait pas fait mieux (menteur, menteur, MENTEUR !!!!) et à partager le chèque de la BL.

Si je suis tellement déçu par le manque d’implication d’Abnett sur ce premier chapitre, c’est parce que je n’ai absolument pas été convaincu par le travail de sa chère et tendre. Qu’on me qualifie de Fan boy de base, mais je ne suis pas convaincu que la Black Library soit la maison d’édition rêvée pour l’auteur cherchant à utiliser tous les mots savants de son vocabulaire, comme je ne suis pas convaincu que le l’amateur moyen de la Black Library soit particulièrement sensible à ce effort d’érudition. En ma qualité de lecteur non-anglophone de naissance, j’ai pu cependant enrichir mon champ lexical d’une tripotée de nouveaux mots (poultice, tremulous, palfrey, strata, bleat, wobble, corm, culvert…), ce qui est toujours bon à prendre mais n’est pas vraiment ce que j’attends de ce genre de littérature (il y a Lovecraft –entre autres - pour ça).

Le rythme de narration m’a également semblé détonner très fortement du canon de la BL, s’attardant sur la description d’actions mineures et de détails marginaux avec un souci quasi scientifique. Pour donner un exemple, au début du chapitre, Gilead arrive à un carrefour et manque de se faire voir par un couple de paysans impériaux (Gilead est un sociopathe qui n’aime pas les gens et fuit donc la compagnie, à plus forte raison celle des humains). La femme, Brigida de son petit nom, voit cependant l’ombre de l’elfe se projeter sur la route et prend peur parce que, je cite, « l’ombre est trop longue, c’est un mauvais présage21 ». Les péquenots finissent cependant par reprendre leur chemin (de toute façon, on voit mal ce qu’ils auraient pu faire d’autre).

Les pages suivantes sont consacrées aux ruminations de Gilead, qui était pourtant certain d’avoir fait bien attention, et finit par déduire que ce n’est pas son ombre que Brigida a vu (puisqu’en vertu de la position du soleil au moment de la rencontre, son ombre donnait dans la forêt et par sur la route – ne rigolez pas, Vincent l’écrit noir sur blanc -), et décide en conséquence qu’il doit enquêter sur cette sinistre histoire. Ok les gars, on arrête tout, je pense que j’ai compris pourquoi Gilead tire en permanence une tronche de six pieds de long : sa malédiction le force à vérifier toutes les rumeurs répandues par les gens qu’il croise, même (surtout) si elles sont complètement dénués de fondement et d’un ridicule patenté31. Pour le coup, il se trouve que les craintes de Brigida avaient quelques fondements, Gilead finissant le chapitre à maraver la goule d’un (probable) Dragon de Sang. N’empêche que tout ça est bien laborieux ma petite Nik.

Enfin, et même si Nik Vincent a écrit plusieurs romans de genre, la plupart pour la BL, elle ne m’a pas semblé maîtriser à fond son sujet, tant sur le plan des connaissances de l’univers de Warhammer (pourquoi un vampire ferait-il du feu pour se réchauffer ou dormirait-il sous des couvertures ? un vampire peut-il avoir le souffle coupé ?) que sur celui de la cohérence générale de ses écrits. Gilead est ainsi décrit comme étant capable de se soustraire aux regards des curieux sans même avoir besoin de se cacher, ce qui est admirable et assez logique avec la race et le background du personnage. Par contre, Vincent n’explique pas comment Gilead peut maintenir ce subterfuge en voyageant à cheval : à moins que sa monture jouisse du même niveau de discrétion que son propriétaire, il est fort probable qu’une jument sellée et bridée attire l’attention des badauds, surtout si son cavalier est invisible.

Un autre exemple : Gilead se rend dans un village humain pour commencer son enquête, et se fait donc gauler par la populace en furie en raison du point exposé ci-dessus. Une bagarre éclate (qui dure plusieurs minutes, tout comme le duel de la fin du chapitre dure plus d’une heure : on est loin du fight time théorisé par Viktor Hark – et donc par Dan Abnett - ), et après avoir fait tourner en bourrique tous les péons qui voulaient lui bourrer le mou en évitant gracieusement leurs horions maladroits, Gilead décide que ça suffit et s’en va. Comme ça. Tranquillement. Explication sous-entendue par Vincent : la bagarre est devenue tellement générale (une battle royal comme dans les albums d’Astérix en quelque sorte) que plus personne ne fait attention à l’elfe, qui peut donc partir sans se faire remarquer (avec son cheval, évidemment). C’est vrai que ça passe tellement inaperçu, un elfe à cheval dans un village humain.

Bref, ce premier chapitre fut une franche déception pour moi. J’espère vivement que Dan y mettra un peu plus du sien par la suite, le reste de l’année risquant d’être bien long dans le cas contraire.

1: Si tu as eu besoin de te reporter à cet astérisque, ami lecteur, j’espère que c’est parce que tu raffoles des commentaires drolatiques qui sont souvent leur raison d’être (auquel cas je te remercie), et non pas parce que, trop jeune pour savoir qui est Nik Kershaw, tu t’es dit que tu trouverais la réponse ici (auquel cas je te félicite pour ton esprit logique –la réponse ici – et je ne te remercie pas car tu me fais soudainement sentir très vieux).

2: La réaction du mari.

3: Ce qui explique pourquoi il préfère rester tout seul (et pourquoi il ne retournera plus jamais à Orléans).

Conclusion générale

Voilà qui conclut cette revue du numéro treize de Hammer & Bolter. Et il n’y a même pas eu de skavens dedans (tristesse). Je dois bien reconnaître que le début de cette nouvelle année est bien moins intéressant que ce qui avait été proposé douze mois auparavant, même Abnett (à supposer qu’il se soit impliqué dans l’écriture du premier chapitre de Gilead’s Curse, ce qui reste à démontrer) se révélant en deçà de son niveau habituel. Foster fait de très discrets débuts, Smillie confirme ses lacunes, Reynolds son potentiel, Campbell passe de potable à passable et Thorpe torpille pour passer le temps. Rien de bien folichon donc, mais ne perdons pas espoir : le meilleur reste à venir !