Hammer and Bolter n°15

De Les Archives Infinies
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Avant-Propos

Et voila la Schattra touche , merci a lui.
Vous pouvez le retrouver ici : https://nebelheim.wordpress.com/

Ou ici : https://www.warhammer-forum.com/index.php?/profile/27242-schattra/

Intro

Bonjour à tous, et bienvenue dans la critique du quinzième numéro de Hammer & Bolter! Fans de Warhammer Battle, j’ai le pénible devoir de vous annoncer que la livraison de décembre 2011 a la triste particularité de ne contenir aucune nouvelle se déroulant dans le Vieux Monde (ou où que ce soit sur la planète med-fan de Games Workshop), si l’on fait bien sûr abstraction du troisième chapitre du Gilead’s Curse du duo Vincent/Abnett. Et, croyez-moi sur parole, il faut faire abstraction de ce… truc, dont le compte rendu de lecture détaillé peut cependant être consulté plus bas.

Autre caractéristique notable, et cette fois-ci plus positive, ce numéro introduit un nouveau concept éditorial, repris et développé dans les publications suivantes, à savoir la nouvelle en deux parties. Dans le cas qui nous occupe aujourd’hui, nous avons donc affaire à la première moitié d’un texte consacré par Andy Smillie à ses bien-aimés Flesh Tearers, Beneath The Flesh. Enfin, et pour terminer sur le sujet des trouvailles absconses des éditeurs de Hammer & Bolter, vous aurez également le privilège et l’avantage de découvrir un deuxième chapitre exclusif du Deliverance Lost de ce vieux Gav Thorpe, deux mois après avoir pu lire un premier extrait des mésaventures de Coco le Super Corbeau (Hammer & Bolter # 13). Anthony Reynolds et Sarah Cawkwell nous reviennent quant à eux avec des récits de leurs chapitres Space Marines de prédilection : Word Bearers pour le premier (why not?) et Silver Skulls pour la seconde (why?). Bouclez vos ceintures énergétiques les amis, nous voilà partis pour un trip galactique au pays de Papy. Here we go.

Nouvelles en Anglais

Beneath the Flesh de Andy Smillie
Torment de Anthony Reynolds
The Pact de Sarah Cawkwell
Delivrance Lost de Gav Thorpe

Gilead's Curse (chapitre trois) de Dan Abnett et Nik Vincent
Petit avertissement sans frais : ce troisième chapitre de Gilead’s Curse remporte haut la main le prix du texte le plus étrange jamais publié par la Black Library, toutes époques confondues et très loin devant les contributions (souvent assez barrées) de Barrington J. Bayley, Brian Craig ou John Brunner. On ressort hébété, confus et vaguement nauséeux de cette immersion dans la prose subliminale de Vincent, à tel point que je me suis sérieusement demandé comment les éditeurs de la BL avaient pu laisser passer cette curiosité (pour reprendre le titre d’un nouvelle d’Abnett), qui aurait plus sa place dans un numéro de Weird Tales de 1937 que dans un de Hammer & Bolter de 2011.

Permettez-moi de commencer cette critique par une mise au point d’importance : contrairement à ce que laisserait entendre le titre du roman-feuilleton, Gilead n’apparaît que très marginalement dans cet épisode, la vedette revenant au « Roi des Rats » (Rat King), personnage skaven se rapprochant plus de la némésis de Casse-Noisettes que d’un véritable suivant du Rat Cornu. Le Roi des Rats possède une amulette magique dont la première utilité est d’agir comme un catalyseur d’énergie, aspirant la vitalité des êtres proches de son porteur pour la communiquer à ce dernier. Les skavens ne vivant pas vieux, notre corpulent anti-héros décide de mettre la patte sur Gilead, qui, en sa qualité d’elfe, lui permettrait d’atteindre l’immortalité en une seule opération, ce qui lui permettrait de faire davantage de trucs intéressants, comme répéter en boucle1 la même phrase au fond de sa tanière, mutiler gratuitement ses lieutenants ou encore enfouir sa merveilleuse amulette entre deux bourrelets pour le plaisir de sentir cette dernière le bruler au troisième degré.

Comme ça avait déjà été le cas dans l’épisode précédent, les skavens de Vincent détonnent fortement de la représentation qui en est faite par le background officiel, à tel point que je soupçonne l’auteur de n’avoir qu’en tout et pour tout jeté un œil à l’illustration de couverture du dernier livre d’armée de cette noble race en guise de recherche documentaire. Outre le fait que ce fameux Roi des Rats constitue une anomalie de taille dans la hiérarchie skaven (Vincent ne fait aucune référence au Conseil des Treize, aux quatre clans majeurs, ni même au Rat Cornu), Vincent dote ses ratons de caractéristiques et de traits de caractères inédits, pour un résultat des plus surprenants.

Par exemple, lorsque le Roi des Rats réunit ses suivants pour leur ordonner de lui rapporter Gilead (parce qu’il veut Gilead hein, pas n’importe quel elfe), les vibrations émises par son arrivée dans la salle conduisent les plus jeunes skavens à une folie meurtrière et à un massacre collectif de centaines d’individus. Un peu plus loin, Vincent décrit la manière dont les skavens s’organisent pour trouver Gilead (tenez-vous bien, c’est pas piqué des vers) : chacun cherche un emplacement dans l’empire souterrain et colle son oreille à la paroi du tunnel dans l’espoir d’entendre les vibrations produites par le passage de l’Elfe s’il venait jamais à passer dans le coin2. Pendant ce temps, le Rat King attend dans son antre (que Vincent, apparemment fière de sa trouvaille, présente comme la seule salle de l’empire skaven ne disposant que d’une seule entrée – et donc, une seule sortie – , ce qui colle tout à fait avec la paranoïa congénitale des hommes rats) en soliloquant sur l’étendue de sa richesse… évidemment mesurée en or et en gemmes, et non pas en malepierre (terme qui n’apparaît d’ailleurs pas une seule fois du chapitre). Bref, on peut remercier Nick Vincent de faire vivre le concept du multivers, central dans la conception originelle du fluff de Warhammer, en situant son propos dans un Vieux Monde alternatif. C’est ça, ou Mme Abnett s’est contentée de s’asseoir sur plus de trente ans de fluff pour écrire son récit. Choose your side.

Au-delà de ces profondes divergences au niveau de l’historique, la lecture de ce troisième chapitre est rendue assez laborieuse par le style d’une Vincent en roue libre, multipliant les descriptions baroques (« sucking the refracted pinpoint luminescences from the drops of saliva that coated their tongues » moui…), répétant en boucle les mêmes lignes de dialogue, partant dans des digressions à l’intérêt douteux, ou au contraire, éludant des éléments pouvant aider à la compréhension. L’impression générale n’est certainement pas celle d’un écrivain professionnel maîtrisant son sujet et déroulant un récit au synopsis bien structuré, mais plutôt celle d’une mystique couchant sur le papier ses visions apocalyptiques avant de les oublier3. À l’instar du Roi des Rats, Nik Vincent ne semble pas bien savoir ce qu’elle fait, et laisse le lecteur se dépatouiller avec sa prose hallucinée. Je n’ose imaginer la surprise du fanboy anglais de douze ans tombant par hasard sur Gilead’s Curse et s’imaginant que le contenu serait similaire aux travaux elfiques de Thorpe, McNeill et King. C’est peut-être pour cela que les éditeurs de Hammer & Bolter ont prudemment décidé de placer le roman-feuilleton après la première partie de Beneath the Flesh (alors qu’il figurait en première place auparavant), afin de ne pas laisser croire au lecteur lambda que la BL pouvait proposer des nouvelles aussi extrêmes (ce qu’elle ne fait plus depuis bien longtemps).

Bref, Gilead’s Curse atteint un nouveau seuil d’étrangeté au cours de ce troisième chapitre, et impose définitivement Nik Vincent comme l’électron libre de la BL. On s’aperçoit également que liberté et qualité ont beau se terminer de la même façon, ils ne sont malheureusement pas synonymes. Du coup, j’ai vraiment hâte de lire la suite!

1: ‘He will come, so he will. He will come. When he comes, for come he will, I’ll live forever. I won’t live for now, not just for now. I’ll live forever.’ * 10 (avec quelques variantes).

2: Véridique. Et c’est cette race de débiles mentaux qui est censée avoir instrumenté la chute de Nagash, presque conquis la Lustrie et annihilé l’empire des Nains ? On doit pas parler des mêmes.

3: Exemple parlant, Vincent décrit un duel entre deux skavens de la manière suivante : « He took the bloodiest wound low in his gut or perhaps high up in his thigh. The resulting spurt of blood probably emanated from the femoral or iliac artery.” Je ne comprends vraiment pas pourquoi elle laisse planer un doute sur l’endroit de la blessure et sur l’origine du saignement. En tant que narratrice omnisciente, elle devrait être en mesure de trancher cette question, qui n’a d’ailleurs qu’un intérêt très limité dans l’histoire. Au lieu de quoi, on a l’impression qu’elle commente un match de boxe depuis le dernier rang des tribunes.

Conclusion générale

En conclusion, ce numéro m’a semblé présenter certains symptômes pouvant expliquer l’arrêt brutal de la publication de Hammer & Bolter en Novembre 2012 : un roman feuilleton qui part en sucette, des hot new talents de bas niveau et des choix éditoriaux pouvant passer pour du foutage de gueule pur et simple aux yeux de certains lecteurs, dont je fais partie. Heureusement que la contribution de Reynolds se révèle être assez bonne, sans quoi c’était le zéro pointé.