Beneath the Flesh
Avant-Propos
Et voila la Schattra touche , merci a lui.
Vous pouvez le retrouver ici : https://nebelheim.wordpress.com/
Ou ici : https://www.warhammer-forum.com/index.php?/profile/27242-schattra/
Intrigue:
Chapitre issu de l’éclatement de la légion des Blood Angels après la fin de l’Hérésie d’Horus, les Flesh Tearers sont un peu les Stryges de la grande famille vampirique engendrée par Sanguinius1, c’est-à-dire de grosses brutasses que la vue de la plus petite goutte de sang fait entrer dans un état de rage meurtrière, alors que les Blood Angels, eux, arrivent à canaliser leurs pulsions en faisant de la danse classique ou de la poterie. Considérés avec suspicion par leurs frères d’armes en raison de leurs nombreuses exactions envers les populations civiles au cours des siècles écoulés, les Flesh Tearers mènent une lutte permanente contre les tares de leur patrimoine génétique, bataille qu’ils sont en train de perdre et qui pourrait mener à la disparition prochaine du chapitre. Voilà pour la mise en contexte.
Relatant la mission d’une escouade de Flesh Tearers envoyée récupérer des données sensibles dans une base avancée du chapitre sur la planète d’Aere, et ce alors que la garnison stationnée sur place ne répond plus et que les forces du Chaos menacent de fondre sur l’avant-poste à tout moment (avec un rapport de force de un pour à peu près mille dix-neuf en faveur des cultistes – ne riez pas, c’est écrit noir sur blanc dans la nouvelle – ), Beneath The Flesh n’impressionne pas par son originalité, mais contient tout de même suffisamment d’éléments intéressants distrayants pour que sa lecture ne constitue pas la purge qu’elle aurait pu être. Car c’est une qualité que l’on doit reconnaître aux travaux de Smillie : pour perfectibles qu’ils soient, leur imprévisibilité et/ou incongruité les rend assez fendards à parcourir. Du Counter 2.0 en quelque sorte.
Mis à part la poignée de soldats humains présentés comme renégats par Smillie, mais finalement tout à fait loyaux au Trône de Terra, et dûment massacrés par les Flesh Tearers pendant leur « investigation » de la base avancée, la première moitié de récit est assez calme, l’auteur se concentrant davantage sur la construction d’une atmosphère oppressante (bof) et la mise en relief de la tare génétique des descendants de Sanguinius (pas mal) que sur l’action pure. Et s’il aurait été intéressant, ou en tout cas original, de poursuivre sur cette voie de relative non-violence jusqu’au bout2, il ne fallait pas compter sur Andy pour se détourner de la voie royale de l’auteur BL qui se respecte, à savoir une franche explication de texte entre protagonistes et antagonistes.
Au contraire, ayant rongé son frein pendant les 25 premières pages, Smillie embarque ses lecteurs dans un carnage digne des heures les plus sombres de l’Hérésie d’Horus, bien aidé il faut le reconnaître par le pedigree des forces en présence. Car aux (ig)nobles Flesh Tearers de l’escouade Barbelo est opposée une cohorte de World Eaters écumants, opposition ne pouvant déboucher sur autre chose qu’un tsunami d’hémoglobine. Heureusement pour nos héros, les Khorneux leur faisant face ne brillent ni par leur sens tactique (soit), ni par leurs capacités martiales (heu…), permettant aux six Flesh Tearers de massacrer leurs adversaires avec une désinvolture scandaleuse. Berzerkers, Raptors, Dreadnought et Aspirant Champion : tous finiront réduits en tapenade par la vertueuse furie et les pièges à cons des loyalistes, qui, au prix de quelques péripéties très confuses, arriveront à se regrouper et à tirer leur révérence au nez et à la barbe des séides d’Angron3.
1 : Qui était véritablement maudit puisque ses descendants ont eu le douteux privilège d’être immortalisés par James Swallow dans la tristement célèbre quadrilogie Deus Encarmine – Deus Sanguinius – Red Fury – Black Tide, avant que Smillie (Mountain Eater et Reparation, tout de même) ne vienne s’approprier le plus célèbre des chapitres successeurs des archanges aux blanches canines.
2: Je pense qu’une grande partie du désamour que j’éprouve à l’heure actuelle pour les histoires de Space Marines vient du fait que ces derniers sont toujours mis en scène dans des récits guerriers. À croire que leur vie se résume à foutre sur la tronche des ennemis de l’Empereur H24. Il doit pourtant y avoir des temps morts dans leurs vies trépidantes de surhommes, faute de quoi la longévité moyenne ne dépasserait pas les trois mois. Je trouve dommage que ces zones d’ombres de la vie des meilleurs de Pépé n’aient pas été plus explorées par les auteurs de la BL (bon, Counter a bien essayé de mettre en scène un tribunal militaire dans Phalanx, avec les résultats que l’on sait, mais je suis sûr qu’un ADB ou un French seraient capables de traiter le sujet de manière intéressante).
3: Leur Stormraven ayant été détruit dans la bagarre (il était de toute façon incertain que l’esprit de la machine ait suffisamment récupéré de l’immonde atterrissage voulu par ses passagers pour décoller), nos héros s’échappent en fusée. Si si. Le plus drôle est que la séquence, telle que narrée par Smillie, ressemble à s’y méprendre à la fin du générique d’Il Etait Une Fois l’Homme.
=Avis:
Commençons par distribuer le seul et unique bon point de la nouvelle, qui tient mieux la route que les deux précédentes publications du bon Andy dans Hammer & Bolter. L’auteur arrive à rendre assez bien l’état de tension permanente qui est le lot des Flesh Tearers quand ils sont en opération, leur penchant pathologique pour le prélèvement d’organes à mains nues et sans anesthésie devant être strictement contrôlé sous peine de céder définitivement à la Rage Noire. Et à ce petit jeu-là, les vétérans (comme le sergent Barbelo de l’escouade du personnage principal – Maion –) partent avec un gros désavantage, la tare génétique de Sanguinius les travaillant depuis plus longtemps que les Marines fraîchement intégrés. Le brave Barbelo fait donc (peut-être à dessein) bondir le compteur de conneries dès qu’il ouvre la bouche, mais j’anticipe sur la suite.
Car Beneath The Flesh, c’est d’abord un festival de passages what the fuck-esques, qui continue avec une constance admirable d’un bout à l’autre de cette première partie. Ça commence très fort avec une arrivée sur site de l’escouade de Maion dans un Stormraven qui vient sciemment s’écraser à proximité de la base1 pour des raisons qui continuent à m’échapper à l’heure actuelle, Smillie ne prenant pas la peine d’expliquer pourquoi ses Flesh Tearers ont préféré prendre le risque de tous périr dans l’accident et de bousiller leur seul moyen de quitter la zone avant l’arrivée de l’ennemi, alors qu’un simple atterrissage conventionnel aurait parfaitement fait l’affaire. Pour ma part, je le soupçonne de ne pas bien faire la différence entre un Stormraven et un Drop Pod, mais passons.
Passons également sur les fourreaux d’épée-tronçonneuse, l’identification d’un modèle de magasin d’autocanon (ainsi que sa capacité) à l’oreille, ou encore – et à regret cette fois-ci – sur le kill le plus saugrenu de l’histoire de la BL2 , pour nous concentrer sur le cas du sergent Barbelo. Comme dit plus haut, le loustic s’est spécialisé dans la stupidité crasse une fois sorti du Noviciat, ce qui lui a fort logiquement permis d’accéder à des fonctions de commandement. Refusant catégoriquement au Prêtre Sanguinien qui accompagne l’escouade l'autorisation de s’enquérir des glandes progénoïdes des Flesh Tearers qui étaient stationnés dans la base, sous prétexte que ce n’est pas l’objectif principal de la mission (c’est pas comme si le chapitre était en train de s’éteindre, hein), ne s’émouvant pas le moins du monde de l’absence de cadavres dans un bâtiment maculé de sang et d’organes (« c’est pas l’objectif principal de la mission ! » bis), coupant volontairement sa radio au moment où l’inévitable embuscade est lancée contre ses hommes (qui aurait besoin de coordonner son escouade dans une situation pareille, après tout ?), et adepte convaincu de la scission en groupes de un, Barbelo est une vraie tête de lard comme on n’en croise plus guère au fil des pages de la BL.
Dans un autre registre, force est de constater qu’Andy Smillie a encore du chemin à faire pour amener ses rebondissements de manière un tant soit peu crédible. Ayant – à mon grand soulagement – laissé tomber l’approche du « zapping narratif »3 pour un rythme un peu plus compréhensible, il pêche cette fois par naïveté, les indices égrenés au long de son récit (car un bon twist est un twist dont le lecteur se dit qu’il aurait dû se rendre compte s’il avait fait plus attention à certains détails) ayant la subtilité d’un Nob en méga-armure défoncé aux champignons.
La conclusion de Beneath the Flesh est ainsi une compilation de révélations éventées depuis belle lurette et de zones d’ombres laissées sans explications. Comme prévu, Smillie confirme donc (enfin) que les malheureux Gardes Impériaux dépecés à l’apéritif par l’escouade Barbelo étaient de fidèles sujets de l’Empereur. Quel dommage que personne n’ait eu la riche idée de se servir de sa radio pour dissiper ce malentendu avant que la demi-douzaine de Space Marines en rut faisant figures de héros ne leur tombe sur leur râble ! À quoi tient la vie d’un bidasse (et la crédibilité d’un récit) parfois…
Du côté des mystères non résolus, Andy Smillie se garde bien de révéler pourquoi la garnison originelle de la base avancée s’est retournée contre ses alliés (même si le classique « c’est diablerie, monseigneur » est balancé en loucedé par un Capitaine SM qui passait dans le coin), ni qui était le gus qui a mis en scène les corps des huit Flesh Tearers dans la chapelle. Je suis sûr que l’on pourrait multiplier les exemples à l’envi en creusant un peu, tant l’intrigue développée par Smillie est friable, mais à quoi bon tirer sur l’ambulance ? Toujours est-il que c’est Gabriel Seth himself (le Maître de Chapitre des Flesh Tearers, pour ceux qui ne suivent pas) qui clôt les débats, en ordonnant l’Exterminatus d’Arare, là non plus sans grande justification de la part de l’auteur. Mais qu’importe : c’est kwioul.
Au final, Beneath the Flesh n’est rien de plus qu’une nouvelle classique de Space Marines, dont seule la longueur justifiait qu’elle soit séparée en deux parties. Les possibilités narratives offertes par ce format n’ont malheureusement pas été exploitées par Andy Smillie, dont cette troisième contribution à Hammer & Bolter reste du même acabit que les précédentes, c’est-à-dire très dispensable.
1 : Le Techmarine de la fine équipe coupe les moteurs et les rallume juste avant l’impact, ce qui ne sert strictement à rien au final puisque le fier vaisseau termine sa course dans le même état qu’une compression de César. Cette scène mémorable a été fidèlement adaptée dans Madagascar 2.
2 :Etape 1 : Arracher le crâne du cadavre de votre dernière victime en date.
Etape 2 : Balancer le dit crâne sur le torse d’un nouvel adversaire.
Etape 3 : L’impact écrase quelques côtes : le cœur s’arrête de battre. Fatality
3 : cf la critique de Mountain Eater.