Zavant Konniger

De Les Archives Infinies
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Avant-Propos

Et voila la Schattra touche , merci a lui.
Vous pouvez le retrouver ici : https://nebelheim.wordpress.com/

Ou ici : https://www.warhammer-forum.com/index.php?/profile/27242-schattra/

Intro

Bonjour à tous! Première chronique pseudo littéraire d’une série de la BL, dédiée à la collection de nouvelles mettant en scène la figure, assez atypique dans notre monde de brutes assoiffées de sang et de mages mâââléfiques, de Zavant Konniger, auto-déclaré « sage-détective » d’Altdorf. Oui, je sais, la référence est digne d’une blague d’Anroumanork, le peau-verte le plus drôle de ce côté des Montagnes Noires, mais il faudra s’y faire, Gordon Rennie, l’auteur, ayant absolument tenu à mettre à profit dans son bouquin les trente minutes d’écoute de la vieille cassette « Impress your friends with cool French sounding names » piquée à sa grand-mère sénile.Pour certains d’entre vous, le nom de Konniger et de son serviteur halfling Vido ne manquera pas d’évoquer de lointains souvenirs. La paire figure en effet dans une des nouvelles du recueil Les Épées de l’Empire, ouvrage bien plus facile à dénicher que le recueil consacré par Rennie à son héros (épuisé par la BL et jamais ré-imprimé, non traduit en français à ma connaissance). ‘ere we go.


Intrigue

Recueil de nouvelles (décidément, je dois être dans un cycle) plutôt que roman d’un seul tenant, le livre présente quelques unes des enquêtes de Konniger. Bon, autant le dire tout de suite pour les moins attentifs d’entre vous (ça m’évitera de le répéter par la suite), Gordon Rennie a volontairement calqué son héros sur le personnage bien connu de… de… alors? Oui, au fond? Non madame, je ne pensais pas à Casimir, même si la ressemblance est frappante, maintenant que vous le dîtes… Vraiment personne? Oui au premier rang, le petit monsieur malingre avec les énormes lunettes? Oui, c’est bien ça, Sherlock Holmes. Merci le geek.


Bref, Konniger est un vieil excentrique vivant reclus dans sa maison avec son serviteur Vido, et auquel les autorités font appel quand elles se retrouvent confrontées à des énigmes insolubles (c’est à dire la plupart du temps, parce que dans un monde saturé de magie noire et de démons, faire le tour des voisins se révèle souvent insuffisant pour trouver le coupable). Il ne joue pas du violon, ne porte pas de deerstalker, mais Rennie a cru bon de faire de son personnage un opiomane (ou l’équivalent de cette addiction dans le monde de Warhammer) ainsi qu’un expert en arts martiaux (on se souviendra qu’Holmes est lui-même un adepte du baritsu). On aime ou pas la lourdeur du clin d’oeil, mais force est de constater qu’en raison du milieu extrêmement encombré qu’est celui des détectives-trop-trop-intelligents, se raccrocher à corps perdu à un modèle reconnu, quitte à faire de son propre personnage un clone d’une de ces icônes, est une position probablement plus intelligente que d’essayer à tout prix de créer une figure originale. Au moins, on ne peut pas reprocher à Rennie de pomper en douce sur Conan Doyle: lui revendique haut et fort son « plagiat ». Et quand on connaît l’esprit tortueux et acerbe du lecteur moyen de la BL/BI, on peut considérer que Gordon Rennie a eu plutôt raison d’en rajouter une couche, histoire que tout le monde comprenne qu’il s’agissait d’un pastiche, même les plus obtus. D’ailleurs, un simple regard à la couverture d’Adrian Smith ne fait que renforcer cette impression.


Le livre, assez court, couvre 4 enquêtes de Zavant, la longueur de ces nouvelles allant croissant (la dernière faisant la moitié du bouquin). Au cours de ces affaires, Konniger se frottera à des cultistes dépravés, morts-vivants déchaînés, démons échevelés, hommes-bêtes syndiqués et autres mutants hélitreuillés, tous bad guys habituels de ce genre de littérature. Évidemment, le gros de l’action se concentre sur l’enquête menée par le « sage-détective » (sic, autre preuve que Rennie trouve la langue de Molière pratique pour donner du mystère et de l’exotisme à ses histoires) plutôt que sur le cassage de crânes qui sont le pain et le sel de la majorité des personnages et des auteurs de la BL. Cependant, les coupables n’étant pas vraiment du genre à se jeter à genoux et à demander un avocat une fois démasqués, Konniger et ses alliés auront de nombreuses occasions de rétablir la loi et l’ordre dans les rues animées d’Altdorf.


Le style:

Je dois avouer que j’aime assez la manière dont Rennie mène son affaire. C’est tout à fait typé « BL », avec un mélange équilibré de descriptions « coules » des détails les plus sordides du monde trotrodark de Warhammer, des « rebondissements », ou au moins, une relance de l’intrigue, toutes les deux pages en moyenne, des traits d’esprits et autres blagounettes que l’on peut trouver divertissants ou lamentables selon son état d’esprit et la journée que l’on vient de passer, des combats réguliers et un léger nappage de fluff par dessus pour solidifier le tout. Lire ce roman, c’est un peu comme manger un Big-Mac: on ne savoure pas chaque bouchée dans un silence religieux, mais le goût est agréable et on finit sans problème. Si la BL demandait à ses auteurs d’atteindre ce niveau comme le minimum acceptable avant toute publication, nul doute qu’elle ne s’en porterait que mieux.


Ceci étant dit, Rennie a les défauts de ses qualités: à vouloir mettre en scène des personnages hauts en couleur de manière flamboyante, en soulignant au marqueur noir indélébile ô combien son héros est intelligent et ô combien les ennemis de ce dernier sont vilains et machiavéliques, il s’embourbe parfois dans des situations saugrenues: comment expliquer par exemple que le « meilleur » chasseur de vampires du Vieux Monde, vétéran blanchi sous le harnais et à qui on ne la fait pas, se retrouve à traquer une Lahmiane dans les égouts d’Altdorf (!) sans soupçonner un instant qu’il s’agit d’un piège (!!) jusqu’au moment où une meute de goules lui tombe dessus, situation qu’il n’avait apparemment pas le moins du monde prévu. Konniger n’est pas épargné, sa manie de donner des conférences sur les us et coutumes des peuples du Vieux Monde aux moments les plus improbables frôlant parfois le grotesque à force de « la-situation-est-désespérée-mais-prenons-ça-avec-décontraction-voulez-vous » (le summum étant atteint lorsqu’il trouve le temps d’expliquer à ses potes templiers pourquoi les homme-bêtes de Slaanesh et de Khorne sont placés sur les deux ailes de l’armée adverse avant que cette dernière ne se lance à l’assaut). Le personnage de Vaul Steiner (voir en dessous) est également pas mal dans le genre « too much ».


Dernier point, déjà un peu abordé plus haut, le goût de Rennie pour les expressions et les noms « francisés ». Pour des lecteurs anglais un peu mou du bulbe, ça peut sembler exotique, mais pour nous autres froggies, le résultat est moins concluant: Valois de Simone (?), poète bretonnien aliéné désigné par Konniger comme un « savant fou » (sic) alors que le pauvre bougre n’a rien du docteur Frankenstein, Marcel Volpaire (??) dramaturge en vue à Gisoreux, ou, mon préféré, Flaubert de Maupassant (?!?) le rival bretonnien de Zavant… autant de franches rigolades en perspective.


Les personnages:

N’ayant pas le goût de certains de ses collaborateurs de la BI pour les intrigues à tiroir et les come-back fracassants de vieux ennemis que l’on croyait morts et enterrés, procédés nécessitant évidemment une panoplie de personnages récurrents, Rennie ne multiplie pas les figures marquantes.

Zavant Konniger: Le héros, véritable Sherlock Holmes d’Altdorf, doté d’un intellect supérieur et d’un caractère excentrique. Ancien membre de l’Église Sigmarite, il a failli finir sur le bûcher à force de jouer au con avec la tolérance toute relative du crédo officiel. Grâce à son réseau d’informateurs, il est au courant de tout ce qui passe dans la capitale impériale, connaissances qu’il utilise au cours de ses enquêtes. Travaillant à son grand œuvre, une sorte de Liber Chaotica exhaustif (bonjour le travail sain et relaxant), il a recours à des substances illicites pour maintenir son équilibre mental. Niveau castagne, il se défend pas mal grâce à sa formation en arts martiaux (comment ça, c’est pas crédible? il a appris auprès d’un cathayen exilé!).


Vido: Serviteur de Konniger, Vido est un ex-voleur halfling que Zavant a sauvé de la potence en échange de ses faveurs sexuelles ses services. Sérieusement, les relations entre les deux personnages sont, à la seconde lecture, assez ambiguës (ou alors j’ai l’esprit mal tourné). Amusez-vous à compter les fois où Konniger « pose une main rassurante sur l’épaule de son serviteur » (texto), pourtant sensé avoir été le meilleur cambrioleur d’Altdorf, et en tant que tel, plutôt capable de se débrouiller seul face à la vermine des bas-fonds. Spécialiste du lancer de dagues et du sombre pressentiment, il fait office de « docteur Watson » court sur pattes, permettant par ses questions plus ou moins rhétoriques à son boss d’étaler sa science.


Vaul Steiner: À mes yeux, une des plus grosses erreurs de Rennie. Steiner est l’assassin personnel de Karl Franz. Oui, je sais ce que vous pensez, un monarque aussi éclairé et bienveillant que Karlie (en tout cas, le fluff actuel le présente comme tel) ne devrait pas avoir recours à un tel personnage, mais Gordon n’est pas de cet avis, parce qu’un assassin, c’est trop kioul. Et pour être kioul, il est kioul le petit Vaul! Dans le genre type-mystérieux-et-sinistre-capable-de-retourner-n’importe-qui, il se pose là (et dans son cas, « là » désigne un point indéfini entre le bourrinisme mono-neural et le ridicule consommé). Merde quoi, je veux bien qu’il s’agisse d’un vrai dur à cuire, mais c’est juste un homme, pas un vampire dragon de sang! Je soupçonne Rennie de l’avoir inclus uniquement pour pouvoir finir ses histoires rapidement, car lorsque le bon Steiner pointe le bout de sa capuche, les méchants n’ont plus qu’un paragraphe à vivre (parfois moins, et c’est franchement la loose: la fin de la deuxième enquête voit même l’auteur se moquer de ses propres méthodes billesques). SPOILER: « The dagger flew through the air, burying itself into the wolf-thing’s chest, piercing it’s heart. The Chaos creature fell without a sound, a life that could be measured in millenia ignominiously snuffed out in the blink of an eye. » Trofor Steiner. FIN SPOILER

Le fluff:

Sur ce point, je suis partagé. Les descriptions d’Altdorf faites par Rennie sont une mine d’informations pour le fluffiste (surtout sur le nom et la « spécialisation » des quartiers), et sont plutôt en accord avec les textes canoniques, ce qui rend les quelques incohérences que j’ai remarqué encore plus flagrantes. Par exemple, la distinction que Rennie fait entre Ungors et Gors est des plus nébuleuses (le chef d’une bande de Gors étant par exemple qualifié d’Ungor), chose très étonnante puisque l’auteur parle quelques pages plus tard de brays et turnskins, catégories encore plus précises d’hommes-bêtes abandonnée par GW. Erreur de relecture, embrouillamini causé par une volonté de bien faire, fainéantise crasse? Je vous laisse seuls juges. Globalement cependant, les conneries de background sont rares, même si le caractère « intimiste » des enquêtes de Zavant, en prévenant Rennie de trop s’aventurer dans le fluff couvert dans les livres d’armées et suppléments, a sans doute fait beaucoup pour limiter les bourdes.

Mon avis (que je partage):

La série des Zavant Konniger, parce qu’elle s’éloigne sensiblement des aventures habituelles des héros du monde de Warhammer, apporte un peu de fraîcheur dans la bourrinitude ambiante de la BL. Pastiches ma foi pas désagréables à lire des tribulations du résident de Baker Street, les enquêtes du sage-détective souffrent parfois du zèle de leur auteur à construire un climax que, bizarrement, il se complaît souvent à faire retomber comme un soufflet. Rennie n’étant pas Conan Doyle, et le Vieux Monde n’étant pas tenu aux mêmes impératifs de logique et de vraisemblance que le notre quant à l’explication des crimes commis (on aura quand même droit au meurtre perpétré dans une cellule fermée de l’intérieur), le lecteur ne doit pas s’attendre à se faire balader par le bout du nez, mais je ne pense de toute façon pas qu’il s’agissait là du but de l’auteur. En conclusion, un petit bouquin pas transcendant mais tout à fait honnête, avec assez d’originalité (si on peut dire) pour laisser un souvenir dans la mémoire du lecteur assidu de ce genre de littérature (alors que bizarrement, j’ai presque tout oublié de la série des Von Carstein’s Wars).