The last man

De Les Archives Infinies
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Par Schattra

Avant-Propos

Et voila la Schattra touche , merci a lui.
Vous pouvez le retrouver ici : https://nebelheim.wordpress.com/

Ou ici : https://www.warhammer-forum.com/index.php?/profile/27242-schattra/

Intrigue

L’année est 1111 (environ), le lieu est Wartenhof, petite bourgade de la Sylvanie profonde, et la situation est franchement mauvaise, pour parler vrai. Comme le reste de l’Empire, cette ville a été frappée de plein fouet par les ravages de la Peste Noire, et la gestion de l’épidémie par le Cneaz Vaclav Rezachevici s’inspire fortement de la stratégie « 0 cas » déployée par la Chine pendant la crise du COVID, provoquant une misère noire chez les Wartenhofer. Le héros de notre histoire est le garde-chasse Vincent Rabe, mis à disposition des mercenaires de la Nachtseer qui sont chargés de faire respecter le confinement strict décidé par l’aristocrate en raison de sa bonne connaissance de la communauté sinistrée. Bien qu’il n’approuve pas vraiment les méthodes de ces brutes épaisses, menées par un Ostlander patibulaire du nom d’Andreas, Vincent fait de son mieux pour suivre les ordres de son patron, et assiste ses nouveaux collègues dans leurs patrouilles à travers la cité pour identifier les foyers touchés par la maladie et procéder à l’évacuation des cadavres. Après tout, Wartenhof sera la base avancée d’une prochaine offensive de l’armée régulière de Sylvanie contre des rebelles illuminés au printemps prochain, et il est donc nécessaire que la ville soit en capacité d’accueillir les troupes du Voïvode von Drak.

Malheureusement pour Vincent et ses concitoyens, la Sylvanie dispose d’une spécificité locale qui vient fortement compliquer la gestion de cette crise sanitaire : bien que l’arriviste von Carstein n’ait pas encore jeté son dévolu sur la province, les morts ont déjà de grandes difficultés à rester inanimés. Le grand nombre de décès et le manque de bras pour traiter ces derniers dans les règles de l’art mène assez logiquement à la naissance d’une seconde épidémie, autrement plus durable que la Peste Noire, et les cadavres des Wartenhofer commencent à se transformer en Zombies. Pour ne rien arranger, les récoltes de l’année ont été rendues mauvaises par une pluie de météorites de malepierre (il y a des régions qui n’ont pas de chance, vraiment), et la plupart des denrées ont été confisquées par le Cneaz, conduisant les paysans du cru à sombrer dans le cannibalisme pour compléter leur régime alimentaire. Et paf, ça fait des Chocapics Goules. Comme vous pouvez le constater, il règne une très bonne ambiance à Wartenhof.

Confronté à toute la misère du monde, ou peu s’en faut, Vincent tente tant bien que mal de faire son boulot, assistant quotidiennement à des horreurs qui rendraient fou des moins coriaces que lui, comme voir son seul ami se jeter dans la cave où il avait gardé le cadavre réanimé de sa vieille maman plutôt que d’affronter les conséquences de sa nécrophilie. Lorsque sa propre femme, Mircalla, tombe à son tour malade, il reste à son chevet pendant son agonie et ne peut se résoudre à signaler son cadavre à la Nachtseer… qui a de toute façon cessé d’exister à ce point, ses membres étant soit morts, soit malades (comme Andreas, qui s’en va mourir à la taverne locale et implore Vincent de brûler son corps une fois qu’il aura passé l’arme à gauche), soit en fuite. Cela fait de Vincent the only living boy in Wartenhof, et plutôt que d’aller tenter sa chance ailleurs, notre héros casanier va tenter tant bien que mal de continuer à vivre dans sa ville natale, malgré sa population de Zombies, Goules et chiens errants agressifs qui veulent tous lui faire la peau. Il est chez lui, après tout.

Comme on peut s’y attendre, cette obstination le mène à presque perdre la vie plusieurs fois par jour, jusqu’à ce qu’il arrive à percer à jour le secret de la seule faiblesse des Zombies qui le persécutent : la décapitation le démembrement la crémation les lames enchantées les échelles. Réfugié dans le clocher de la chapelle de Shallya locale, Vincent semble avoir trouvé la parade à ses problèmes persistants de voisinage. Un beau jour cependant, il remarque que tous les morts vivants du canton se sont réunis en assemblée autour de l’auberge de Wartenhof, comme s’ils avaient senti que quelque chose ou quelqu’un de vivant s’y était réfugié.

Espérant trouver des compagnons d’infortune qui l’aideraient à ne pas sombrer dans la folie, Vincent prend tous les risques pour se rendre sur place, et croise au passage le cadavre animé d’Andreas, qu’il avait oublié d’immoler malgré la promesse qu’il lui avait faite. Ce sont des choses qui arrivent. Notre héros distrait se serait sans doute fait croquer tout cru par le Zombie furibard sans l’aide des mystérieux résidents de l’auberge, qui sortent de l’ombre pour mettre le mort vivant hors d’état de nuire au moment où il allait planter ses chicots pourris dans la carotide de ce pauvre Vince…

…Avant de décapiter ce dernier sans sommation. Car il ne s’agissait pas d’humains mais de Skavens, envoyés par le chef de guerre Skrittar nettoyer les rues de Wartenhof pour que les hommes rats puissent en prendre possession. Et à ce compte-là, Vincent n’est qu’un nuisible comme les autres, même s’il sent un peu moins mauvais que le reste des habitants de la bourgade. Moralité de l’histoire : les Skavens ne respectent pas la trêve hivernale, mais on s’en doutait un peu.

Avis

‘The Last Man’ fait partie des nouvelles dont l’appréciation dépend en majeure partie du contexte de leur lecture. Il ne fait aucun doute que Werner a construit son récit pour surprendre le lecteur par une révélation finale, patiemment préparée après plus de vingt pages passées à instiller une ambiance lourde et sinistre à son histoire. Et, si on n’a pas idée du retournement final de cette nouvelle (qui est une incarnation assez parfaite du concept du grimdark, à mon avis), cette dernière se révélera être une expérience plaisante. Le problème est qu’il est très compliqué d’éviter tous les spoilers susceptibles de gâcher cette surprise finale, présents sur la couverture de la nouvelle, dans le résumé qui en est fait sur le site de la Black Library, ou encore via son intégration dans une anthologie dans laquelle les Skavens jouent le premier rôle. Bref, il n’y a guère que les chanceux qui ont découvert ‘The Last Man’ dans la Black Library Anthology 2013/2014 qui ont eu le loisir d’apprécier cette redite de ‘I Am Legend’ à la sauce Monde Qui Fut à sa juste valeur, et c’est bien dommage.

Ayant fait partie de la cohorte des lecteurs sachant déjà comment la nouvelle allait se terminer, j’ai tout de même pu apprécier l’approche assez originale de C. L. Werner en matière de narration (pour de la GW-Fiction, s’entend), puisque le récit de la lente déchéance de Wartenhof s’apparente plus à du survivalisme post-apocalyptique à la ‘The Road’ ou ‘The Last of Us’ qu’à du hack ‘n slash tel qu’on a l’habitude d’en croiser dans les œuvres de la Black Library (au moins avant le lancement de la gamme Warhammer Horror). Werner arrive à nous faire ressentir tout le désespoir de la situation de Vincent Rabe, et même si je n’aurais pas été contre qu’il noircisse un peu plus son héros (qui est décrit comme n’étant pas très sympathique et honorable au début de l’histoire, mais qui se comporte assez dignement lors de cette dernière) pour rendre la nouvelle encore plus intéressante, le rendu final mérite la lecture, que la conclusion soit connue a posteriori ou pas. Je ne peux que déplorer, et non pour la première fois, le manque de considération des éditeurs de la BL pour leurs propres histoires…