The Thirteenth Psalm
Avant-Propos
Et voila la Schattra touche , merci a lui.
Vous pouvez le retrouver ici : https://nebelheim.wordpress.com/
Ou ici : https://www.warhammer-forum.com/index.php?/profile/27242-schattra/
Intrigue:
Fehervari entraîne le lecteur dans les pas du Chapelain Castigant Bjargo Rathana, du Chapitre des Angels Penitent, alors que ce dernier médite gravement devant une rédaction des plus compliquées. Non pas que le brave Bjargo passe son bac blanc de français et ait fait l’impasse sur le commentaire composé et la dissertation : il s’agit pour lui de trouver la bonne approche pour mettre hors d’état de nuire une relique impie, le miroir d’Athazanius, qui, à sa grande honte, a été façonné par ses prédécesseurs, au temps où les Angels Penitent s’appelaient encore Angels Resplendent.
Narré sous forme de flashbacks « centripètes » (se rapprochant de plus en plus de l’instant présent, qui voit Rathana rire de se voir si beau en ce miroir), The Thirteenth Psalm nous embarque dans une expédition de la Compagnie de l’Absolution, bande de joyeux drilles ayant fait vœu d’écumer la galaxie à la recherche des œuvres d’art dispersées par le Chapitre à l’époque où l’option Craftbooking/Macramé/Flûte à Bec était obligatoire dans le cursus des aspirants, et cherchant ainsi à racheter les mœurs dissolues de leur confrérie, tant aux yeux de l’Empereur qu’à ceux du mystérieux Martyr Immortel, sorte de Calvin puissance 40.000, ayant récemment réalisé une OPA hostile sur Malpertuis (le monde chapitral des Angels), et convaincu les Astartes que l’art, c’était mal1. Incarnation vivante, et odoriférante (serment de sainte craditude oblige2) du nouveau converti zélé, Bjargo Rathana était un des artisans les plus doués des Angels Resplendent avant la Purge, ayant depuis laissé son passé de sculpteur de pierre derrière lui, pour devenir Chapelain Castigant, membre de la Couronne d’Epines, instance dirigeante des Angels Penitent, et patron de la Compagnie de l’Absolution.
Ayant localisé ce fameux miroir sur le monde glacé d’Oblazt, dont la proximité avec le Golfe de Damocles et l’empire bleuâtre qui s’y love (nan, je ne parle pas d’Ultramar) a généré une insurrection en bonne et due forme contre l’Imperium, Bjargo emmène une poignée de ses hommes à la surface de la planète pour une mission de déménagement un peu spéciale. La glace en question étant devenu la propriété de la Konteza Esseker, sorte d’Elisabeth Bathory du 41ème millénaire, et jamais la dernière pour organiser une orgie décadente dans son petit F666 de Zakhalin, sobrement nommé le Foyer de la Concupiscence (la Villa Sam’Suffit étant déjà prise par les voisins de gauche), Bjar Bjar Inks et ses potes optent pour le porte-à-porte, et sont rapidement plongés dans un dédale chaotique… à tout niveau. Malgré l’absence de la maîtresse de maison et l’état de décomposition avancée de tous les invités de la dernière petite sauterie organisée par Mam’ Esseker (plus adepte de la cryogénisation et de l’éviscération de crémaillère que de sa banale pendaison), les Anges trouvent malgré tout à qui parler, c’est à dire à eux mêmes, l’ambiance délétère, les motifs psychédéliques du lino de la salle de bain, et peut être la maléfique influence du fantôme de la Konteza, ayant rapidement raison de la raison du frère Veland, dont l’écart de conduite coûte la vie à deux de ses compères (Laurent3, prude puceau, et Salvatore, brosseur à sec impénitent) avant que Bjargho unchained ne se déchaîne, puis enchaîne sur la rédaction (nom du rituel de fracassage d’une œuvre d’art) en elle même.
Ebranlé dans sa foi par la corruption expresse d’une de ses charges, ainsi que par la duplicité de certains de ses frères d’armes, ayant poursuivi leurs activités artistiques extra-scolaires malgré l’interdiction formelle du conseil de classe (fourberie en partie démasquée par le miroir d’Athazanius, qui a le pouvoir de révéler la vérité profonde à celui qui le regarde) Rathana vacille dans ses certitudes. Si la Compagnie de l’Absolution, et jusqu’à l’élite du Chapitre, la Garde des Epines elle-même, comptaient des brebis galeuses, n’est-ce pas la preuve de l’échec patent des Chapelains Castigant à purger le passé des Angels Resplendent ? Ne devrait-il pas épargner, au moins temporairement, cette relique pour sonder la pureté de Angels Penitent, et exposer les tartuffes et les hypocrites au grand jour ? Mais s’il endosse l’habit du juge des consciences de ses frères, ne doit-il pas d’abord s’assurer que lui-même, autrefois pécheur parmi les pécheurs, est désormais exempt de toute tache ? C’est sur cette question lourde de conséquences que se termine The Thirteenth Psalm, alors que Rathana déclipse arrache le masque de fer rituel qui lui couvrait le visage et lève les yeux vers le miroir d’Athazanius afin de prendre la mesure de qui il est vraiment.
1: Et pourtant, on ne peut écrire Astartes sans « art ».
2: Il a fait voeu de ne jamais laver ou entretenir son matériel jusqu’à la fin de sa pénitence (ce qui le rapproche de ce bon vieux Reinez des Crimson Fists, tel que décrit par Ben Counter dans sa série Soul Drinkers)… because of reasons. L’odeur doit être suffisante pour faire fuire les vaisseaux mondes Eldars à des années lumières à la ronde.
3: Oui, il s’appelle vraiment comme ça. Et sur un million de Marines, il y a fort à parier qu’on puisse aussi trouver des frères Norbert, Polycarpe et Jean-Kevin.
Avis:
N’étant pas familier des travaux de Peter Fehervari, malgré une bibliographie BL déjà conséquente, cette nouvelle m’a très agréablement surpris. Rare en effet sont les auteurs à réussir à rendre intéressant leurs « histoires de Space Marines », pour mettre un nom – certes simpliste – sur cette catégorie de soumission typique du catalogue de la maison d’édition de Nottingham. La faute a une tendance aussi lourde que répandue à tout miser sur des scènes d’action généralement peu inspirées, sans chercher à donner un peu de contexte et de profondeur aux actions des surhommmes en armures énergétiques obligeamment convoqués par l’auteur, et dont le nom, le Chapitre et les motivations sont trop souvent aussi interchangeables que les charnières du XV de France sous le mandat de Jacques Brunel (il y a de fortes chances que cette comparaison vieillisse mal – comme Jacques Brunel – mais puisque cette chronique a été écrite pendant un tournoi des VI Nations calamiteux, autant que les avanies bleues servent à quelque chose). Dans l’histoire récente de la BL, ce fut ainsi la pénible saga Silver Skulls de Sarah Cawkwell (Hammer & Bolter) qui eut le douteux privilège de faire vivre ce genre ô combien casse-gueule, sans grand succès d’ailleurs. Loin de sombrer dans les mêmes poncifs éculés, Fehervari signe un travail des plus intéressants, qui pourrait bien réconcilier les lecteurs les plus blasés de la BL (dont votre humble serviteur fait partie) avec le protagoniste Adeptus Astartes. Comment s’y est-il pris ?
Tout d’abord, en prenant soin de doter sa confrérie génétiquement modifiée d’un background aussi riche qu’intrigant. Je ne connaissais pas les Angels Resplendent/Penitent avant de commencer The Thirteenth Psalm, et je ne sais pas s’il s’agit d’une création originale de Fehervari, ou d’une remise à jour d’un obscur bout de fluff, mais force est de constater que ces petits gars ont un historique des plus intéressants. Un Chapitre Space Marines qui préfère se dédier à la création artistique plutôt qu’à la destruction aveugle ? Ma foi, pourquoi pas ? Ce sont des descendants de Sanguinius après tout, Primarque esthète et progressiste s’il en était (le contraire eut été étonnant de la part d’un psyker mutant, ceci dit). Une purge initiée par un mystérieux prophète, dont on ne sait pas bien pour le moment s’il s’agit d’un véritable saint ou d’un suppôt des Dieux Sombres en mission d’infiltration (et c’est ça qui est bon !), et qui a transformé les préraphaélites en philistins obtus et intolérants ? En voilà une riche idée ! J’ajoute que le concept de la Compagnie de l’Absolution, Monuments (Uber)Men d’un genre un peu particulier, est une jolie trouvaille, qui fait écho aux honteuses tribulations des Dark Angels à la recherche de leurs sales secrets de famille. Un schisme quasi certain, mais tenu secret, entre les Penitent pur jus et Resplendent reformés (d’autant plus que le Maître du Chapitre n’était pas sur Malpertuis au moment de l’arrivée du Martyr Immortel, et qu’il risque de ne pas aimer du tout le virage pris par ses ouailles si/quand il reviendra au bercail), chacun étant persuadé de la justesse de sa cause et de l’hérésie de ses adversaires ? Je signe des deux mains. Ajoutez à cela un nappage considérable de détails fluff sur l’histoire des Angels avant et après leur épiphanie forcée, et vous obtenez du Space Marine de littérature sur-choix. Je n’hésiterai même pas à dire qu’il y a des Chapitres au pedigree bien plus impressionnant que les Angels Resplendent/Penitent qui s’avèrent être au final bien plus fades à voir évoluer que ces petits nouveaux, c’est dire.
En plus de cela, on peut reconnaître au gars Peter une maîtrise consommée de l’écriture de nouvelle, ce qui ne gâche rien. Certes, ce n’est pas du Lovecraft ou du Maupassant, mais force est de constater que le type mène sa barque avec autorité et distinction. On comprend sans équivalence possible que Fehervari a choisi de livrer sa version de la maison hantée (ce qui est déjà un accomplissement quand on connaît la tendance du contributeur moyen de la BL à balancer des idées sans se donner la peine de les déployer de manière sérieuse), et il se tient à son cahier des charges de manière appliquée, mais pas scolaire, pour un résultat convaincant. L’utilisation de la narration en flashback, la bonne exploitation « cinégénique » (lirez et vous comprendrez) des caractéristiques du miroir de l’Etirév, et la conclusion sur un cliffhanger bien posé, sont autant de « complications littéraires » venant enrichir l’expérience de lecture, pour un résultat que j’ai trouvé captivant d’un bout à l’autre. J’espère donc que cet arc narratif se poursuivra dans les années à venir, par nouvelles, novellas ou romans interposés, afin que nous puissions avoir le fin mot de l’histoire tragique des Angels Penisplendent.
Fluff:
Angels Resplendent (Présentation) : Chapitre descendant des Blood Angels, obsédé par la perfection esthétique et les beaux arts (héritage de Sanguinius). Certains des frères les plus doués du Chapitre étaient déclarés Artisan Illuminant, et retirés du service actif, afin qu’ils puissent se consacrer à la création artistique sans risquer leur vie sur le champ de bataille. Le Chapitre est devenu riche et puissant en vendant les oeuvres (listées dans l’Inventorium Illuminatus) de ses membres aux élites de l’Imperium. Le dernier Maître de Chapitre avant la purge de ce dernier était Varzival. L’arrivée d’un prophète appelé le Martyr Immortel (Undying Martyr) a entraîné la remise en question de la philosophie des Angels Resplendent, qui sont devenus des puritains (voir Angels Penitent).
Angels Resplendent (Relique) : Le Miroir d’Athazanius est un artefact ésotérique qui révèle la réalité profonde de celui qui le regarde. Il a été réalisé par le Maître Archiviste Athazanius, le plus accompli des psykers du Chapitre. Plus grand et presque aussi large qu’un Space Marine, son cadre est fait de plastacier recouvert d’argent, représentant des vagues sur le point de déferler. Le côté qui arbore le miroir est invulnérable aux dégâts (les balles le traversent), mais le dos de l’artefact ne l’est pas.
Angels Penitent (Présentation) : Anciennement appelé Angels Resplendent, ils arborent une armure noire et ombre (comme la terre d’ombre). Depuis la Grande Purge (Great Excruciation), le Chapitre est dirigé par un conseil restreint, la Couronne d’Epines (Crown of Thorns), dont les membres sont appelés Maître des Epines (Thornmaster). L’élite du chapitre est appelée la Garde des Epines (Thornguard), et se distingue par des casques peints en brun et arborant pointes de fer. Les Chapelains des Angels Penitent portent le titre de Correcteurs (Castigant), et arborent un masque de fer représentant un crâne, rivé sur leur visage et entouré d’une couronne de fil barbelé. Ils ont pris l’engagement de ne jamais laver leur équipement (rq : bonjour l’odeur, du coup). Depuis la purge du Chapitre, la moitié des frères de ce dernier sont des Thornborn, de jeunes recrues n’ayant pas connues la décadence de leurs aînés, et plus susceptibles que ces derniers de sombrer dans la Rage Noire. Le processus de recrutement du Chapitre, appelé Jugement des Epines (Trial of Thorns) intègre une utilisation parcimonieuse de la torture, afin de tester la résolution des aspirants. Depuis la Grande Purge, 31 frères ont été reconnus coupables de la poursuite d’activités artistiques. Le Chapitre est engagé dans une croisade de pénitence, dont le but est la recherche et la destruction des oeuvres d’art précédemment réalisées par des Angels Resplendent. Cette tâche – redaction – est menée par la Compagnie de l’Absolution (Absolution Company), qui ne compte plus que 55 Space Marines au moment des évènements d’Oblazt. Une fois localisée, chaque relique est soumise à un rituel précis, incluant la récitation des 999 litanies du Bannissement Révérent (Reverent Banishment) et de l’Exhalation Excruciatis, pendant que de l’encens est brûlé. Les Redactors sont une classe de spécialistes propre au Chapitre, dont la mission est de trouver la trace des artefacts que les Angels Penitent ont juré de détruire. La forteresse du Chapitre se situe sur le monde de Malpertuis, et possède des oubliettes nommées les Fosses Fantômes (Ghost Pits). Croiseur nommé : Severance of Glory. Litanie de bataille : Canticle of Inception.
Angels Penitent (Credo) : Le Testament des Epines (Testament of Thorns) est le livre saint des Angels Penitent. Il se divise en plusieurs psaumes (au moins 13), dont le premier est simplement « The Emperor condemns ! ». Tout Angel Penitent qui l’entend doit répondre de même : se taire est un péché. Le 13ème psaume est consacré à la dénonciation de l’art comme un moyen insidieux pour le Chaos d’infecter l’âme de l’esthète. Parmi l’arsenal répressif à la disposition des Chapelains Castigant, on trouve la Sanction de Silence (Mute Censure), infligée aux frères ayant dit des conneries. Ces derniers font voeu de silence pendant 99 jours, et communiquent par des claquements de langue pendant cette durée. Une croix blanche est peinte sur leur casque pour signifier leur disgrâce. Autre punition, les Sept Flagellations Enflammées (Seven Flagellations Incinerant), destinée aux frères ayant consulté des documents jugés obscènes (rq : pas de détails précis, mais vu le nom, ça doit décourager de Pornhub à la longue).
Oblazt : Monde de glace situé aux abords du Golfe de Damoclès, à proximité de l’Empire Tau. Sa valeur pour l’Imperium provient de la richesse de sa faune aquatique, pêchée pour être exportée comme source de nourriture, et des ses réserves de prometheum (rq : en fait c’est une Norvège taille XXL). Les cités d’Oblazt (nommée : Zakhalin) sont protégées par des dômes pour se prémunir du froid extrême de la planète. Oblazt est entré en rebellion ouverte contre l’Imperium suite aux efforts de propagande des Tau.
Flore : Le Baiser Sable (Sable Kiss – rq : « sable » est un terme d’héraldique, qui signifie « noir ») est une plante dont les fleurs sont noires, et qui peut atteindre des proportions gigantesques. Le parfum qu’elles exhalent est un puissant hallucinogène, pouvant mener ceux qui le respirent à se laisser mourir de faim et de soif au pied de la plante, qui utilisera les cadavres comme engrais.