The Shadow in the Glass

De Les Archives Infinies
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Avant-Propos

Et voila la Schattra touche , merci a lui.
Vous pouvez le retrouver ici : https://nebelheim.wordpress.com/

Ou ici : https://www.warhammer-forum.com/index.php?/profile/27242-schattra/

Intrigue:

Un an après avoir fait ses débuts dans Hammer & Bolter (Waiting Death, H&B #4), Steve Lyons revient avec une nouvelle des plus intéressantes. The Shadow in the Glass (on admirera au passage l’élégante touche lovecraftienne du titre) détonne en effet fortement des autres productions estampillées 40K de la Black Library, grâce à une approche résolument novatrice de son sujet. En effet, foin de batailles apocalyptiques, de Space Marines héroïques, de cités-ruches cauchemardesques ou d’invasions démoniaques dans cette deuxième soumission, qui relate la vie d’Yriel Malechan, insignifiante lavandière d’un monde de troisième zone, et dont la vie bascule suite à l’acquisition d’un miroir pour le moins particulier.

Avis:

Le réflexe classique de tout lecteur BL un tant soit peu aguerri serait, à ce stade du récit, de suspecter une classique histoire de corruption chaotique, débouchant possiblement sur une possession en bonne et due forme. J’avoue sans honte que cela a été ma réaction immédiate après la lecture de la première page de The Shadow in the Glass, au cours de laquelle le miroir en question est présenté comme reflétant des images trop parfaites pour être vraies1, ce qui semblait paver la voie à une intrigue des plus convenues. C’était toutefois sans compter sur la fantaisie, le talent et l’audace de Lyons, dont la copie finale se révèle donc être bien plus intéressante que ce à quoi on aurait pu s’attendre de prime abord. Bravo Steve.

Comment s’y est-il pris ? Premièrement, en mettant en sourdine le côté « gothique flamboyant » de Warhammer 40.000, pour se concentrer sur la vie d’un petit village de pêcheurs (Icthis) que l’on dirait tout droit sorti de notre XIXème siècle. N’eut été pour les références faites au culte de l’Empereur et les interventions ponctuelles des troupes inquisitoriales, on aurait ainsi pu transposer sans mal Ichtis dans un roman de Dickens ou une nouvelle de Maupassant. Rares sont les auteurs de la BL à s’être ainsi détachés du point de vue quasi-omniscient qui constitue la norme à la fois dans les Codex et dans les ouvrages de pur background pour s’intéresser à la vie quotidienne d’un monde féodal/civilisé (seul autre exemple à ma connaissance : Angels de Robert Earl). Vue la prédilection de la Black Library pour les spires bucoliques des mondes ruches2, on ne peut qu’apprécier de partir à la découverte d’un théâtre relativement nouveau, et qui pourtant est loin d’être rare dans le million de mondes qui forme l’Imperium. C’est donc une facette méconnue de ce dernier que Lyons choisit d’explorer, et rien que pour ça, The Shadow in the Glass mérite le détour.

Deuxièmement, en respectant les codes et la construction d’une nouvelle fantastique, et en mettant donc l’accent sur l’instillation de l’atmosphère particulière qui constitue la marque fabrique de ce genre3, plutôt que sur les passages d’action pure et dure caractéristiques de la BL. Ainsi, si on comprend rapidement que le miroir dont hérite l’héroïne de The Shadow in the Glass est bien le réceptacle d’une présence démoniaque, cette dernière ne cherchera pas, comme beaucoup des résidents de l’Immaterium, à s’incarner dans le monde réel afin d’y apposer sa patte griffue. Visiblement content de sa situation d’éminence grise perverse, l’habitant du miroir traversera la nouvelle sans chercher à interférer directement sur la destinée des mortels. Le lecteur est ainsi convié à assister à la lente descente aux enfers d’Yriel à travers une série de brefs tableaux relatant les « évènements » les plus importants de sa vie entre le moment où la malheureuse entre en possession du miroir et celui où elle arrive à se défaire de son influence néfaste. Rencontre et déception amoureuse, épidémie et quarantaine, humiliation et vengeance : aucun des évènements relatés dans The Shadow in the Glass ne changera la face de l’Imperium, mais chacun ajoute une touche au tableau que constitue la nouvelle dans son ensemble. Il est rare de tomber sur des textes développés de manière aussi rigoureuse (dans le bon sens du terme) dans les recueils de la BL, et c’est évidemment une raisons supplémentaire de lire (et de relire) cette seconde offrande de Steve Lyons.

Troisièmement, en insufflant à sa nouvelle une dimension tragique d’autant plus marquante (à mes yeux) qu’elle concerne un personnage absolument insignifiant, surtout à l’échelle de Warhammer 40K où le surhumain Space Marine est si souvent mis en scène, et dont l’éventuel sacrifice n’est finalement qu’une résultante de son conditionnement intensif et de son sens du devoir chevillé au corps. Bref, voir une escouade d’Imperial Fist tenir sa position devant une légion nécron au grand complet (But Dust in the Wind), un Archiviste outrepasser sciemment ses limites pour venir à bout d’un adversaire particulièrement coriace (Runes, Phalanx) ou un Capitaine gravement blessé préférer emporter avec lui le QG ennemi dans la tombe plutôt que de battre en retraite (Action and Consequence) me laisse absolument froid. Yriel, d’un autre côté, a autant de raisons de se débarrasser de son miroir après avoir constaté son caractère surnaturel que de le garder, ce qu’elle choisit finalement de faire. À la fois consciente (et terrifiée) de la nature maléfique de l’artefact et désireuse d’utiliser le pouvoir de ce dernier pour améliorer un tant soit peu sa vie misérable et, surtout, briser la solitude qui est son lot, notre héroïne apparaît davantage comme une pitoyable paria en quête de reconnaissance que comme une sociopathe se délectant du malheur des autres.

Spectatrice de sa propre vie, Yriel n’a ni les capacités ni le tempérament nécessaires pour chercher à échapper aux conséquences de ses actions, et accepte donc son sort avec une sorte de noblesse démentant sa condition misérable. En parvenant à faire ressentir au lecteur de l’empathie pour son personnage en l’espace de quelques pages, Lyons réussit un tour de force dont peu de ses collègues de la BL se sont montrés capables. Une raison de plus de suivre avec attention la suite de son parcours.

En conclusion, The Shadow in the Glass est la vraie bonne surprise de ce 16ème numéro, et l’une des nouvelles remarquables de la seconde année de Hammer & Bolter. C’est dit.

1: Peut-être qu’au 41ème millénaire, on est capable d’installer Photoshop directement sur les miroirs ?

2: Le plus célèbre d’entre eux, Necromunda, a même eu le droit à ses propres anthologies de nouvelles.

3: Le thème de l’objet maléfique damnant son possesseur est un grand classique de la littérature fantastique, et il n’est pas besoin de chercher bien loin pour trouver dans The Shadow in the Glass des similitudes avec certains classiques, tels que A Picture of Dorian Grey, La Peau de Chagrin ou encore Le Veston Ensorcelé.