The Oberwald Ripper

De Les Archives Infinies
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Avant-Propos

Et voila la Schattra touche , merci a lui.
Vous pouvez le retrouver ici : https://nebelheim.wordpress.com/

Ou ici : https://www.warhammer-forum.com/index.php?/profile/27242-schattra/

Intrigue:

Logiquement centré sur la charmante, même si passablement terrifiée, ville d’Oberwald, bien connue pour son domaine de ski de fond et son joueur vedette de Blood Bowl (Griff Oberwald), notre propos débute dans une taverne, en compagnie de la moitié blonde et geignarde du célèbre tandem. Et si Oberwald est terrifiée, comme Felix l’apprend rapidement, c’est à cause des ravages commis par un mystérieux tueur, surnommé l’Eventreur d’Oberwald à cause de son mode d’opération privilégié. Hantant la ville depuis plusieurs semaines et frappant sans prévenir, l’Eventreur est devenu la hantise des Oberwalders, dont les efforts pour se débarrasser de ce nuisible n’ont pas été couronnés d’un franc succès jusqu’ici. Comble de malheur, la réputation sulfureuse de la bourgade a commencé à filtrer dans le reste de la province, avec un impact désastreux (mais logique) sur les activités commerciales de la ville. Malgré l’ambiance assez lourde régnant dans la taverne, Felix réussit malgré tout à finir la soirée en bonne compagnie, l’entreprenante fille d’un marchand de passage l’ayant subrepticement matché sur Tinder alors que son père tentait tant bien que mal d’éviter le lynchage après une remarque malheureuse sur les compétences de la milice locale.

Malheureusement pour nos tourtereaux, la nuit ne se terminera pas aussi bien que prévu, Mademoiselle se faisant prestement étriper dans une ruelle sombre, sans que Monsieur, passable éméché et à mi-chemin du coma éthylique, n’ait eu l’occasion de concrétiser ou de s’interposer. Pour ne rien arranger, la fameuse milice d’Oberwald dont l’efficacité avait été remise en question quelques pages plus tôt trouve en Felix un coupable idéal pour le meurtre sauvage de sa dulcinée (il faut dire qu’il a été trouvé en train de barboter entre la rate et l’intestin grêle de la belle), et pour tous ceux d’avant tant qu’à faire. Notre bellâtre est donc envoyé en prison malgré ses vigoureuses dénégations, avec pour seul horizon une pendaison expéditive d’ici à la fin de la journée, et pour seule compagnie un clodo sociopathe, dont on comprend assez vite (en même temps, la nouvelle ne fait que 23 pages, c’est pas lourd pour mener une enquête digne de ce nom) qu’il s’agit du véritable Eventreur, dont le comportement bizarre aux abords de la scène du crime lui a également attiré les faveurs des forces de l’ordre.

Et Gotrek, me direz-vous ? Eh bien Gotrek avait choisi d’abandonner son binôme pour la soirée afin de s’initier aux subtilités du contre-sirop Stirlandais dans un cercle de jeu local, avant de décider de refaire le portrait de ses petits camarades à coup de tabouret dans les gencives, après qu’il les eut surpris à tricher. Témoin de l’arrestation de Felix, il opte (pour une fois) pour la méthode douce et se lance dans une (très courte) investigation afin de faire blanchir son commémorateur. Armé de son fidèle tabouret et de son proverbial sens de la négociation, il parvient lui aussi à identifier le véritable coupable en moins d’une demi-heure, ce en dit vraiment long sur le niveau de la PJ locale, mais je m'égare.

Pendant ce temps, Felix doit subir la logorrhée assez confuse de l’Éventreur, qui comme tout bon méchant de série B, ne peut résister à la tentation de révéler ses motivations aux héros au cours d'un monologue à l'issue généralement funeste. Nous avons ici droit à un mélange détonnant d'analyses rousseauistes (l’homme est bon dans l’état de nature, c’est la société qui le corrompt), de critique de la division du travail (du chasseur cueilleur polyvalent à la prostituée spécialisée, il n’y a qu’un pas) et de plaidoyer communiste. Malheureusement pour lui, celui qui se rêvait en Night Haunter impérial finira empalé sur son propre couteau après un combat assez quelconque (pour une fois que c’est Felix qui se tape le « boss de fin »…). La nouvelle s’achève sur la fuite hors d’Oberwald de nos compères, vers de nouvelles, et on l’espère plus excitantes, aventures.

Avis:

Sans être mauvaise, la performance de Goulding pêche selon moi par un parti pris scénaristique hasardeux, à savoir écrire une aventure de Gotrek et Felix en ne reprenant qu’une partie des codes de ce type de littérature, en particulier la présence (et dans ce cas précis, l’absence) d’une Nemesis suffisamment costaude pour permettre au Tueur nain de se mettre en valeur dans un combat final digne de ce nom. Cela avait déjà été le cas dans la soumission de Guymer, dans laquelle le rouquin psychopathe n’avait eu qu’une poignée de skavens pas vraiment dégourdis à se mettre sous la hache. Ceci dit, le choix de l’auteur de raconter l’histoire depuis le point de vue d’un raton lui avait permis d’éviter l’écueil dans lequel Goulding s’est malheureusement échoué. (John) Brunner avait lui choisi de respecter le cahier des charges dans son A Place of Quiet Assembly, narré par un personnage tiers, mais conclu par une baston entre Gotrek et une coterie d’adorateurs de Tzeentch de bas niveau. Rien de tout ça dans The Oberwald Ripper, qui se révèle être une sorte de thriller bâclé (faute de place pour instiller l’atmosphère adéquate) utilisant notre duo fétiche à contre-emploi. Quitte à caster des têtes connues de la Black Library, Goulding aurait sans doute gagné à aller voir ailleurs, d’autres personnages (Zavant Konniger en tête1) répondant à mon sens bien mieux à son approche « non-violente » (ou plus exactement, pas assez violente) que Gotrek et son sidekick.

Ce problème de fond évacué, on peut toutefois apprécier l’aisance avec laquelle l’auteur met en scène ses protagonistes, dans la continuité du style défini par King et Long dans les tomes précédents de la saga. Le flirt assez largement couvert entre Herr Jaeger et l’ultime victime de l’Éventreur constitue d’ailleurs une preuve indiscutable de la connaissance de Goulding de l’esprit Gotrek et Felix, seule série (pour autant que je le sache) de la Black Library où la vie amoureuse (et même sexuelle de temps à autre) des personnages est un tant soit peu couverte. En revanche, j’aurais apprécié une meilleure mise en contexte de cette aventure, que j’ai deviné prendre lieu peu de temps après une rencontre riche en évènements avec Ulrika, sans que Goulding ne donne plus de précisions sur les raisons ayant poussé le duo à faire profil bas. Même si cela ne nuit pas à la compréhension de la nouvelle, je considère cet effort de « raccrochage de wagons » comme une marque de politesse de l’auteur envers son lectorat, et n’ai pu donc que déplorer son absence. Enfin, on ne m’enlèvera pas de l’esprit que Long reste bien meilleur en matière de « logistique narrative » (ça fait beaucoup d’expressions à guillemets, je vous l’accorde) que son padawan, dont la tendance à passer rapidement sur, ou à carrément éluder, les péripéties pouvant potentiellement ralentir l’intrigue dénote selon moi d’une certaine paresse intellectuelle2.

Au final, The Oberwald Ripper est un épisode assez anecdotique de la fresque des Gotrek et Felix, et n’intéressera que les fans les plus hardcore de cette dernière (et encore). Si vous êtes à la recherche d’une introduction digne de ce nom à cette franchise fondatrice de l’univers de Warhammer Fantasy Battle, je ne saurais trop vous recommander de vous tourner vers l’autre nouvelle siglée G&F de ce numéro de Hammer & Bolter (Slayer of the Storm God), dont la lecture s’avère bien plus intéressante.

1: Josh Reynolds organisera d’ailleurs un cross over assez sympathique entre ces deux franchises dans The Problem of Three-Toll Bridge (H&B #25), dans lequel Zavant disculpe un jeune Felix Jaeger de sa responsabilité dans la mort d’un autre étudiant au cours d’un duel.

2: Exemple représentatif : une fois l’Eventreur refroidi, Felix est toujours menotté, enfermé dans une cellule, et devra normalement répondre de son acte devant la milice d’Oberwald, qui vient d’être alertée par les cris de feu l’Eventreur que Jaeger est un homme recherché dans tout l’Empire. Mettre en scène une évasion crédible à partir de ce postulat aurait nécessité au moins quelques pages de développement, au lieu de quoi Goulding matérialise Gotrek devant la porte du cachot et lui fait cracher un laconique « Let’s get out of here. » avant d’enchaîner sur la conclusion de la nouvelle, bien loin de la cité. Un peu trop facile à mon goût.