The Carrion Anthem
Avant-Propos
Et voila la Schattra touche , merci a lui.
Vous pouvez le retrouver ici : https://nebelheim.wordpress.com/
Ou ici : https://www.warhammer-forum.com/index.php?/profile/27242-schattra/
Intrigue:
Annandale situe son propos sur Ligeta, ou la Carrhaix du Segmentum Pacificus (comprendre qu’il s'y passe tellement peu de chose que c’est pour ses événements culturels que la planète est un peu connue). Ressassant ses rêves inassouvis de gloire sanguinolente, le général Corvus Parthamen, notre héros, est sur le point d’assister à la première de la nouvelle création de son génial jumeau, compositeur de son état. Problème, Corvus souffre d’amusie, ce qui le rend incapable d’apprécier à sa juste valeur le travail de son frère. Vous avouerez que ce n’est pas tous les jours que l’on évoque cette condition particulière, et il convient de saluer cet effort d’originalité de la part de David Annandale. Malheureusement, il faut un peu plus qu’une entame prometteuse pour donner lieu à une nouvelle mémorable, et passée cette ouverture singulière, le propos a vite fait de verser dans une intrigue et des péripéties d’une banalité assommante.
Avis:
À cette conformité décevante (manifestation chaotique en règle, débouchant fatalement sur un affrontement entre les derniers défenseurs de Ligeta, menés par Corvus Parthamen, et les assaillants inféodés aux Dieux Noirs) s’ajoute la maladresse avec laquelle David Annandale développe, ou plutôt ne développe pas assez, certaines de ses idées, pour un résultat assez contre-intuitif pour le lecteur. Exemple le plus flagrant : l’inclusion de Typhus et de ses Marines de la Peste en tant qu’antagonistes contraste fortement avec la façon dont se déclare et se propage l’infection chaotique, ici un virus psychique contenu dans la mélodie de la nouvelle composition du frère du général Parthamen. Sans doute ne suis-je pas le seul à penser, peut-être naïvement, que ce vecteur d’infection se rapproche davantage des méthodes des Noise Marines que celles des disciples de Nurgle? De même, le recours au personnage de Typhus, figure bien connue du panthéon de Warhammer 40,000 ne m’a pas semblé tomber sous le sens, l’amiral du Terminus Est ayant pu tout aussi bien être remplacé par un de ses lieutenants sans que la portée et le sens de la nouvelle s’en trouvent bouleversés. En effet, aucun des « attributs » de Typhus n’est mis à profit dans le récit, qu’il s’agisse du Terminus Est (relégué à un simple rôle de transport), de la ruche du destructeur ou des zombies de la peste1, ce qui rapproche sa participation à The Carrion Anthem d'une vile opération de cachetonnage, indigne du statut d’un tel personnage.
The Carrion Anthem aurait pu être une nouvelle de bonne ou tout du moins, correcte facture, n’eut été la fâcheuse tendance de son auteur, à balancer des idées (lesquelles sont souvent intéressantes, il faut le reconnaître) sans se donner la peine de les étayer suffisamment, de sorte de permettre au lecteur lambda de comprendre la logique de son raisonnement et d’apprécier l’inventivité de sa démarche. Pour donner un exemple qui sera sans doute familier aux habitués de cette section, si Mr Annandale avait écrit Prospero Burns, il aurait sans doute omis de préciser ce qu’il entendait par le sibyllin aphorisme popularisé par Dan Abnett : « il n’y a pas de loups sur Fenris ». Voilà une phrase, qui, sortie de son contexte, ne peut qu’interpeller le fluffiste averti, et c’est bien tout l’art d’Abnett d’arriver à justifier son propos hérétique au fil des lignes. Ce talent n’est malheureusement pas aussi répandu qu’on le souhaiterait parmi les plumes de la BL, et son absence manifeste transparaît tristement dans cette première contribution de David Annandale, à qui je souhaite néanmoins une longue et prolixe carrière littéraire au sein de la sombre librairie2.
Pour finir, passons rapidement sur les quelques incohérences et maladresses émaillant la nouvelle (comme par exemple le fait qu’une forteresse abritant cinq mille soldats ne compte pas un seul canon laser ni lance-missiles dans son arsenal) pour évoquer le dernier point clivant de The Carrion Anthem, sa conclusion. David Annandale achève ainsi son propos par un laïus confus sur le caractère oppressif de l’Imperium, dont les principes autoritaires en font un instrument de choix pour les Dieux du Chaos. On retrouve ici l’idée bien connue (sous-tendant, entre autres textes, la saga Soul Drinkers de Ben Counter) de la perversion des fins par les moyens, déployée sans grande conviction ni adresse par un Annandale manifestement pressé de mettre un point final à sa nouvelle. En conclusion, à vouloir trop lutter contre le Chaos, on fait le jeu de ce dernier, donc soyez coulants avec vos hérétiques les gars. C’est Eisenhorn qui doit être content.
1: À moins qu’il ne faille voir dans la participation de Typhus dans la corruption du « monde de la chanson » un clin d’œil de David Annandale au patronyme du premier capitaine de la Death Guard, autrefois connu sous le nom de Typhon Calas.
2: Carrière confinant jusqu’ici au matraquage publicitaire bête et méchant, le sieur Annandale débitant les e-books consacrés aux exploits des Space Marines (loyalistes comme chaotiques) à un rythme soutenu. Le Chains Of Golgotha (ainsi que la nouvellinette rattachée, Evil Eye), retraçant la villégiature agitée de ce vieux ronchon de Yarrick sur le Space Hulk du bon Gazgkull (la croisière s’amuse à tabasser de l’impérial) me semble infiniment plus attrayant que le reste de sa bibliographie.
Fluff:
Culture Générale: Avant de succomber au Chaos, Gurges Parthamen avait signé quelques tubes galactiques (pour une fois que l'expression n'est pas galvaudée, autant l'utiliser) à la gloire de Pépé, dont le plus fameux restera Regeat, Imperator (rq: non, ça ne veut pas dire que l'Empereur est un gros rageux). Majestueuse, entraînante et instantanément mémorisable, cette composition magistrale maintenait le moral des défenseurs impériaux sur un millier de mondes assiégés. Le pouvoir de la musique!