Tesserae

De Les Archives Infinies
Aller à la navigation Aller à la recherche

Avant-Propos

Et voila la Schattra touche , merci a lui.
Vous pouvez le retrouver ici : https://nebelheim.wordpress.com/

Ou ici : https://www.warhammer-forum.com/index.php?/profile/27242-schattra/

Intrigue:

Par une nuit sombre et obscure, un mystérieux personnage entre dans une taverne minable de la ville d’Olhum, en Shyish, et commande deux pintes au comptoir. Une pour lui, et une pour un vieux Duardin maussade qui tise devant la cheminée. Par le houblon alléché, le nabot tend la main (parfaitement manucurée) vers le bock si généreusement offert par son nouveau meilleur ami, mais ce dernier pose une condition à cette tournée générale : le Duardin devra lui raconter son histoire. Et, bien que cela semble lui en coûter, ce dernier finit par accepter parce qu’au fond, il fait soif.

Nous apprenons donc que notre alcoolique jusque là anonyme se nomme Khelen Khar’nelian (sans doute un ressortissant arménien), et exerçait précédemment la profession de maître verrier, vitrier, mosaïste, scrapbooker, j’en passe et des meilleurs arts décoratifs. Considéré à juste titre que l’artisan le plus doué d’Olhum, Khelen n’avait cependant pas la tête faite pour la conduite des affaires, et sa petite entreprise familiale, gérée avec son fils Khadrick, s’était retrouvée menacée de faillite à cause de l’accumulation des dettes. Malgré ses tentatives désespérées d’améliorer son BFR et son EBITDA en acceptant tous les travaux, même les plus ingrats, pour faire rentre du cash, Khelen n’arrivait pas à se sortir de ce mauvais pas, et accepta donc sans trop faire d’histoire la mission de restauration que lui confia un nouveau client, le Prince Cosimo, dans son manoir d’Ohlum. Malgré la mauvaise impression dégagée par l’aristocrate et le manque de précisions fournies sur la nature des travaux, notre Duardin prit donc ses outils et se rendit dans la rue de Mhurghast (wink sépulcral) dès le lendemain, appâté par la forte récompense promise par son nouvel employeur.

Sur place, dans une bicoque grandiose mais fortement décatie, Khelen se fit conduire par Cosimo dans une pièce où se trouvait une grande mosaïque endommagée, représentant un jeune berger marchant dans la campagne avec un agneau dans les bras. La tâche de l’artisan serait de restaurer cette pastorale en utilisant les tesselles fournies par le propriétaire, en l’espace d’un jour et d’une nuit, et sans faire attention aux bruits étranges du manoir, qui accusait son âge d’après son propriétaire. Dernière spécification, Khelen ne devait travailler sur le visage du berger qu’à la toute fin de son ouvrage, et en utilisant uniquement les cubes spéciaux fournis par Cosimo, se trouvant être d’authentiques pierres de royaume d’Ulgu, et donc d’une valeur incommensurable. Ces conditions énoncées et acceptés par son ouvrier plus que qualifié, Cosimo prit son congé et laissa Khelen se mettre à l’ouvrage, ce que ce dernier fit avec entrain, malgré les nombreuses manifestations horrifiques (banshee en arrière plan, voix sépulcrales en fond sonore, main ensanglantée lui passant des tesselles à l’improviste…) venant perturber son travail.

Malheureusement pour notre héros, il ne put résister à un petit larcin avant d’achever son œuvre, et substitua une des pierres de royaume par un éclat banal au moment de la pose des derniers tessons. Grave erreur, et lourde de conséquence, car quand vint le moment de contempler la mosaïque complétée, Khelen se rendit compte que ce n’était pas du tout un pâtre faisant du lambnapping qui était représenté au final, mais lui-même en train de porter le cadavre de son fils dans les rues d’Ohlum. Vous parlez d’une myopie alors. Suspectant que ce changement radical avait quelque chose à voir avec son vol de caillou magique, et peu soucieux de faire un état des lieux avec Cosimo, qui s’était absenté pendant les travaux, Khelen s’enfuit du manoir et retourna à son atelier, où il trouva évidemment Kadrick raide mort sur son livre de comptes. Les parents volent, les enfants trinquent, c’est bien connu. Ce fut le début de la fin pour l’artisan maudit, qui sombra dans le désespoir et la boisson, jusqu’à ce soir fatidique où le généreux étranger du début l’aborda pour payer son coup. Généreux étranger qui se révèle être, je vous le donne en mille, le Prince Cosimo, pas rancunier pour deux sous, mais souhaitant tout de même recouvrer sa pierre de royaume (que Khelen avait gardé comme souvenir, car elle lui parle avec la voix de son fils), que le Duardin accepte de restituer sans faire d’histoire. Et c’est ainsi que se termine la nôtre, avec l’éternelle morale de « nain mal acquis ne profite jamais ».

Avis:

J’ai critiqué plus qu’à mon tour les travaux horrifiques de Richard Strachan (‘The Widow Tide’, ‘The Growing Seasons’, ‘Voices in the Glass’), qui tombaient selon moi toujours à plat pour une raison ou une autre. Le genre de la nouvelle d’horreur est en effet doublement difficile à maîtriser, puisque soumis à une double injonction de retournement de situation final afin de respecter à la fois le fond et la forme de l’exercice. Je dois donc reconnaître que ce ‘Tesserae1’ constitue une nette amélioration par rapport à ces précédentes histoires, et dont la lecture est donc bien plus intéressante.

Sur la trame classique du pacte méphistophélique entre un puissant sinistre et un héros désespéré, décliné ici sur le thème de l’art (qui est particulièrement exploré en ce moment par les auteurs de Warhammer Horror, puisque ‘Pentimento’ de Nick Kyme s’inscrit également dans cette veine), Strachan livre une histoire sans grande originalité, mais solide dans son intrigue, déroulement et atmosphère, et exploitant habilement les codes développés par la BL depuis le lancement de cette gamme (et notamment le clin d’œil obligatoire à Mhurghast). Si on peut à la rigueur reprocher à ‘Tesserae’ de laisser en suspens des aspects importants de son histoire (qui est Cosimo, pourquoi veut-il restaurer la mosaïque, qui sont les esprits et manifestations qui hantent la maison…), la manière dont cette dernière est racontée font apparaître ces omissions comme un choix artistique, et le plaisir de lecture n’en est donc pas (sérieusement) atteint. C’est donc une réussite pour Richard Strachan, qui je l’espère poursuivra sur cette lancée macabre.

1: Que l’on peut traduire en français par ‘Tesselles’ ou ‘Abacules’ si on veut vraiment être snob, soit les petits cubes d’émail utilisés pour réaliser des mosaïques.