Skin Man
Avant-Propos
Et voila la Schattra touche , merci a lui.
Vous pouvez le retrouver ici : https://nebelheim.wordpress.com/
Ou ici : https://www.warhammer-forum.com/index.php?/profile/27242-schattra/
Intrigue:
La fraîche et accorte Marceline (oui, Marceline) se fait un sang d’encre pour son époux Cole, qui a déserté le logis depuis maintenant 6 jours, la laissant, elle et les deux jeunes enfants du couple, dans une situation précaire. Cole est en effet archéologue/ferrailleur/récupérateur de stuff dans la cité de Lowtown, et son métier le pousse à explorer les quartiers en ruines de la ville à la recherche d’objets de valeur qu’il pourra ensuite revendre sur le marché local. La planète sur laquelle Lowtown est située ayant été construite avec des cloisons (sur le Warp) très fines, l’occupation est des plus périlleuses, car une bonne partie de la cité est hantée par des entités démoniaques aux oreilles sensibles et au caractère grincheux. Cole ne s’étant jamais absenté plus de trois jours consécutifs dans ses virées de chinage, Marceline décide d’aller rendre une visite à l’acquéreur habituel – Darrick – des trouvailles de son époux à la Croisée des Chemins, le Carrefour de la communauté.
Sur place, elle ne reçoit malheureusement pas de nouvelles fraîches sur les faits et geste de son homme, mais seulement une proposition de mise en ménage brutalement honnête de la part du grossier grossiste, dont la réputation de tout régler cash n’est pas galvaudée. Cette situation gênante est toutefois interrompue par l’arrivée de la vieille folle du cru, qui met Marceline sur la piste de Cole. Ce dernier aurait en effet confié à la bigote édentée qu’il ne pouvait pas prendre deux minutes pour discuter de son seigneur et sauveur l’Empereur de l’Humanité1, car il avait une course à faire sur la Black Lane, soit littéralement l’endroit le plus mal famé et dangereux de tout Lowtown, où rôde notamment l’infâme Skin Man… Il en faut cependant plus pour décourager notre héroïne, qui décide d’aller tirer son mari du mauvais pas dans lequel il s’est très probablement fourré.
Une fois engagée sur la funeste rue, qui suinte tellement le vice que même le macadam en est tout chose, il ne faut pas longtemps pour que Marceline fasse une mauvaise rencontre, en l’occurrence une bande de petites goules faméliques, bien décidées à ne pas sauter leur quatre heures, comme elles ont dû le faire les 28 millénaires précédents. Au terme d’un sprint parfaitement négocié, elle parvient toutefois à les semer en se précipitant à l’intérieur d’une bâtisse décrépite, où est entreposé du matériel médical à la propreté douteuse. Et pour cause, elle vient d’entrer dans l’officine du Skin Man, qui, après l’avoir complimenté sur son chrono et son finish, s’approche doucement pour discuter affaire. À l’origine médecin militaire2 dans le conflit local ayant opposé l’Imperium au Chaos, il fut corrompu par les Puissances des Ténèbres pour devenir une créature démoniaque, combattant sa gangrène tenace en remplaçant les parties défectueuses de son organisme avec celles des malheureux lui tombant sous la main. Malheureusement pour Cole, sa séance de lèche vitrine sur Black Lane le mit nez à nez avec le Skin Man… qui lui en préleva un bout (c’est d’ailleurs comme ça que cette physionomiste de Marceline comprend ce qu’il est arrivé à son époux), ainsi qu’un œil, la lèvre supérieure, et peut-être la pommette gauche. Bref, Cole a été dispersé façon puzzle et ses bits mis à profit par l’ancienne entité, qui se montre toutefois ouverte à un marché : remettre le malheureux sur pied en échange d’une juste compensation, bien sûr.
Prête à tout pour voir revenir son épars époux, Marceline accepte le deal, et donne la main (gauche) à pépé patchwork, qui s’empresse de la lui arracher (les scies, c’est pour les lopettes) afin de remplacer son propre appendice, arrivé en bout de course. Une cautérisation au prométhéum plus tard, il n’y paraît presque plus rien. Se réveillant quelques minutes plus tard à la sortie de la Black Lane, Marceline doit maintenant ramener au Skin Man les composants nécessaires à la restitution des éléments constitutifs de Cole, ce qui revient à trouver une nouvelle victime au dépiauteur de Lowtown…
…Fort heureusement, c’est le moment que choisit Darrick pour venir s’enquérir de la santé de son love body interest, qu’il avait suivi de loin jusqu’à ce qu’elle s’aventure sur la Black Lane (il a la dalle, mais pas à ce point). Déjà dégoûtée par la muflerie du personnage, Marceline ne tarde pas à découvrir que ce dernier, en plus d’être lâche, a également monté la tête de Cole pour qu’il parte dans sa dernière mission impossible, afin d’avoir le champ libre pour courtiser sa veuve. Et par-dessus le marché, il tente de la violer quand elle a le culot de le mettre en face de ses responsabilités. C’est donc sans le moindre scrupule que Marceline règle son compte à ce malfaisant d’un coup de surin bien placé, avant de ramener le cadavre encore chaud à son client. Le Skin Man, bien que regrettant amèrement que le sang de Darrick ait été gaspillé (il comptait peut-être faire du boudin), accepte de tenir sa parole, et promet à la manchote que son mari reviendra au foyer dès le lendemain…
…Et c’est bien ce qui se passe, mais c’est un Cole avec la tête d’un Pinhead épilé et l’air éteint d’un mérou échoué qui rentre au domicile familial. Non pas qu’il s’en soit jeté un petit au club sadomasochiste local avant de se présenter au logis, mais plutôt que Skin Man ne s’est pas foulé pour remettre son généreux mécène en état. Après tout, comme il le fait remarquer à Marceline avant de rompre contact, elle lui a donné un cadavre, il lui rend la pareille. C’est honnête. Plutôt que de se formaliser outre mesure de l’état pitoyable dans lequel se trouve son mari, notre madone des temps futurs décide donc de faire contre mauvaise fortune bon cœur, et termine de préparer le petit déjeuner pour toute la famille pendant que son zombie domestique serre ses chers enfants dans ses bras. Ah, les miracles de l’amour…
1: Si vous vous étonnez du manque de considération que les Lowtowniens ont pour la chose religieuse, sachez qu’ils ont une bonne raison pour cela. Leurs ancêtres sont les colons malheureux laissés sur place par l’Imperium après que les démons de la planète se soient faits botter les fesses… malheureusement pas de façon définitive. Le syndic s’est montré injoignable depuis, Malcador ayant laissé un faux numéro.
2: Médecin d’un genre un peu particulier, puisque chargé de rafistoler les blessés en prélevant des organes aux vivants (et non aux morts).
Avis:
Très bons débuts de Tim Waggoner dans la GW-Fiction avec ce positivement malaisant Skin Man, qui permet à cet auteur établi de donner sa vision des (forcément) difficiles relations qu’entretiennent les habitants du Materium et de l’Immaterium. Il est plaisant de lire un récit d’horreur écrit par un spécialiste du genre, qui arrive en quelques lignes à instiller une atmosphère lourde et tendue à son histoire (mention spéciale à l’arrivée de Marceline dans la Black Lane, que j’ai trouvée vraiment bien mise en scène), en suggérant plus qu’en ne décrivant les périls guettant l’héroïne. Une autre bonne trouvaille de Waggoner aura été de faire du Skin Man, non pas une abomination décérébrée écumante de rage, mais un personnage, certes intrinsèquement dangereux et maléfique, doué de parole et de raison, avec lequel il est possible de marchander. La conclusion macabre de la nouvelle est également très bien trouvée, en ce qu’elle permet de remettre en question l’interprétation du lecteur de l’horreur de la situation de Marceline et de sa famille : au fond, ce n’est pas la mutilation qu’elle a subie, ou le retour de son mari sous forme de zombie qui est le plus terrible, mais sa décision de faire comme si tout cela était normal. Les enfants du couple en seront quitte pour des années de thérapie, s’ils survivent jusqu’à l’âge adulte, s’entend. Efficace, maîtrisé et bien intégré dans le lore de 40K (plus que les soumissions des autres auteurs spécialisés sollicités par la BL pour Warhammer Horror en tout cas), Skin Man mérite le détour et la lecture pour tous les amateurs de récits dérangeants.