Hand of Abaddon

Par Gilian

Avant-Propos

Ce huitième tome de L'Aube de Feu est le premier à paraître depuis l'annonce que la série ne comptera finalement que neuf volumes, un nombre bien en deçà des ambitions initiales. Pour une saga qui se voulait à la hauteur de L'Hérésie d'Horus, cela peut ressembler à un échec. Mais voyons ce que ce nouvel opus nous réserve.

L’histoire du livre

Alors qu'il défend la ligne Anaxienne, le lieutenant Ferren Areios des Ultramarines découvre une scène terrible liée à la mission d'un vieil allié. Pendant ce temps, Magda Kesh mène une campagne aux côtés du 84e Mordien. Bien qu'elle conteste avoir un destin autre que celui d’une simple soldate, est-elle vraiment bénie par l'Empereur ?

Malgré une alliance fragile, les complots de la Main approchent de leur paroxysme. Sur fond de luttes internes, Tharador Yheng aspire à se libérer de son maître, Tenebrus, pour accomplir sa propre destinée. Mais un autre acolyte s'est lancé sur sa propre voie : le Red Corsair Graeyl Herek. Tous deux cherchent la faveur des Dieux Sombres, et les moyens qui leur permettraient de modifier la dynamique de la guerre entre l'Imperium et le Chaos.

L’histoire avec un grand H

La Main a enfin réuni les huit fragments de l’Anathame et accompli le rituel qui lie ces fragments à un « élu », chargé de reforger l’arme légendaire. Mais maintenant que leur mission touche à sa fin, l’alliance fragile entre ses membres commence à se désagréger. Chacun tente de s’imposer et de prendre l’ascendant sur les autres.

Pendant ce temps, Léonid Rostov, affaibli mais toujours déterminé, poursuit sa traque d’informations sur la Main et ses sombres desseins. Sur Terra, plongé dans les archives les plus secrètes de l’Inquisition, il finit par découvrir une piste sur l’Anathame, cette arme maudite qui autrefois corrompit Horus et faillit tuer Guilliman.

Fort de cette révélation, Rostov se rend sur Luna pour solliciter l’aide de l’Inquisition. Cependant, bien que consciente du danger, l’inquisitrice Greyfax ne peut se résoudre à mobiliser des forces militaires sur de simples suppositions. Il faut des preuves plus tangibles.

Loin de se décourager, Rostov active ses réseaux et rassemble ses plus puissants alliés. Il parvient à réunir un contingent suffisant pour mener une expédition dans la Dorure de Stigyus, à la recherche de la base secrète de la Main.

En route, il rallie à sa cause des mercenaires Votann également en quête de la forteresse, et reçoit le soutien inespéré d'une compagnie d'Ultramarines. Rostov est convaincu que l’Empereur lui-même a orchestré l'arrivée de ces renforts, répondant ainsi à ses prières.

Alors que la flotte impériale prépare l’assaut de la Forteresse Noire, Herek, l’élu du Chaos, a déjà achevé son pèlerinage et fait reforger l’Anathame sous la forme d'une épée redoutable qu’il baptise Massacreuse.

La situation tourne mal pour les forces du Chaos. La Main est trahie par l'un de ses membres les plus redoutables, Présage, qui manipule Yheng (la disciple de Tenebrus) pour détruire l’intelligence artificielle contrôlant la Forteresse Noire, avant de s’éclipser pour s’emparer de Massacreuse.

Grâce à cette trahison, les forces impériales, désormais libres des pièges mortels de la forteresse, parviennent à écraser les armées chaotiques.

Toutefois, la victoire se solde par de lourdes pertes.

Dans un ultime acte de grâce, l’Empereur intervient par l’intermédiaire du sergent Magda Kesh, sauvant ce qu’il reste des forces impériales et guérissant Rostov, qui retrouve une vigueur qu’il n’avait pas connue depuis longtemps.

En conclusion, bien que la Main ait perdu l’Anathame, les survivants, sous les ordres du Magus de Fer, n’ont pas dit leur dernier mot. Leur vengeance, désormais inévitable, promet d’être terrifiante.

Personnages

Léonid Rostov – Inquisiteur : Toujours obsédé par la traque de la Main d’Abaddon, Rostov se trouve dans un état de santé de plus en plus déplorable. Le pouvoir qu’il utilise pour interroger ses prisonniers le ronge, le tuant à petit feu. Bien qu’il sache que ses jours sont comptés, il persiste, convaincu qu’il peut encore déjouer les sombres plans de la Main d’Abaddon.

Après de longues et ardues recherches sur Terra, Rostov parvient enfin à comprendre les objectifs de la Main. Il met alors en jeu toutes ses relations, mobilisant une task force pour attaquer leur base.

Au cours de cette offensive, un miracle se produit : Magda Kesh s’élève au rang de sainte impériale. L’un des effets secondaires de cette bénédiction divine est la guérison totale des blessures de Rostov, qui recouvre une vitalité qu’il n’avait pas connue depuis des années. Pourtant, sa quête n’est pas achevée : l’Anathame reste introuvable.

Syreniel – Chevalier de l’Oubli des Vigilators Palatins, Sororité Silencieuse : Rejetée par sa congrégation pour avoir brisé le vœu de silence en criant lors de la mort de sa sœur, Syreniel est recrutée par Greyfax pour accompagner Léonid Rostov. Non seulement chargée de l’assister, elle a également pour mission de l’abattre s’il venait à être corrompu. Fidèle et loyale, elle reste à ses côtés tout au long de son périple.

Katla Helvintr – Libre-marchande : Rostov, en quête d’un vaisseau et d’un capitaine capable de retrouver la Forteresse Noire, se tourne vers Helvintr, que Messinius lui recommande. En attente de réaffectation, après la tentative de l’Imperium de constituer une flotte assez puissante pour forcer la passe d’Épona près de la planète Attila, elle accepte la mission.

Malgré des dégâts considérables subis par son vaisseau, Helvintr s’acquitte de sa tâche avec bravoure.

Magda Kesh – Sergent du 84e Mordian : Personnage central de l’histoire, à l’instar de son adversaire Tharador Yheng, Magda Kesh a connu une évolution remarquable depuis sa première apparition dans L’Aube de Feu. Il ne fait plus de doute qu’elle est une élue de l’Empereur, qui la guide et la protège.

Lors de l’assaut contre la Forteresse Noire, elle est investie d’une puissance divine : des ailes noires, une épée enflammée et une aura lumineuse lui sont conférées pour terrasser le « Rejeton de la Pestilence ». À la fin du roman, elle est détachée de son régiment pour intégrer la suite de l’inquisiteur Rostov.

Maximus Epathus – Capitaine de la Sixième Compagnie des Ultramarines : Epathus trouve la mort dans ce volume, ce qui permet de situer les événements de La Main d’Abaddon après la Warzone Charadon, où il était encore actif.

Ferren Areios – Lieutenant de la Sixième Compagnie des Ultramarines : Toujours en vie malgré les dangers omniprésents et les blessures accumulées, Ferren Areios finit par être promu capitaine après la mort d’Epathus et du premier lieutenant de la compagnie. Guidé par les visions du librarian de la Sixième Compagnie, Areios rejoint la flotte de Rostov juste à temps pour prendre part à l’assaut contre la Forteresse Noire. Pendant les combats, lui et ses hommes affrontent les World Eaters sous les ordres du Roi Boucher. Areios parvient à tuer ce dernier, bien que le prix à payer soit élevé : il perd huit de ses hommes dans l’affrontement.

La Main d’Abaddon

La Main d’Abaddon est une cabale composée de huit serviteurs puissants du Chaos, dont la mission est de retrouver les huit fragments de l’Athame (les fameux fragments d’Erebus) afin de reforger l’Anathame.

Membres de la Main

Tenebrus – Le Sorcier : Un être imposant à la peau cadavérique, dépourvu de pilosité, avec un sourire cruel et sinistre. Maître des arcanes sombres, il possède une connaissance redoutable des sorts et des rituels impies.

Le Roi Boucher : Un guerrier sauvage, brutal, et enragé par une soif de carnage inextinguible. Il ne vit que pour le combat et la destruction.

L’Hôte des Masques : Figure énigmatique dont le visage est caché derrière un masque énigmatique, peut-être marqué par des cicatrices ou des mutations. Insaisissable et mystérieux, il est une présence difficile à cerner.

Le Magus de Fer : Disciple du Mechanicum Noir, cet être lourdement cybernétisé émet une aura malfaisante, mécaniquement renforcé par une technologie hérétique.

Le Prince Misérable : Un mutant hideusement défiguré, dont l’apparence est si abominable qu’elle inspire la haine et le dégoût. Il incarne la déchéance absolue.

Le Vice aux Six Surins : Un être du Warp à l’existence éthérée, capable de se matérialiser et de disparaître à volonté. Toujours armé de six lames, il est une menace furtive et insaisissable.

Le Rejeton de la Pestilence : Un ancien guerrier dont l’aura fétide et les émanations pestilentielles trahissent sa corruption par les maladies du Chaos. Il manie une hache colossale avec une force terrifiante.

Présage : Une figure inquiétante, à la peau blanche et au regard perçant. Présage est capable de pénétrer les esprits et de changer d’apparence pour manipuler ses adversaires. Son influence s’étend loin au-delà de ce que l’on pourrait soupçonner.

Membres associés à la Main

Graeyl Herek – Red Corsair, seigneur pirate et capitaine du Ruine : Herek a été choisi pour servir d'hôte aux fragments de l’Athame. Après avoir survécu à des épreuves redoutables, il parvient à faire reforger l’Anathame par le forgeron du temple de l’Arkifane, un disciple de Vashtorr. Il donne à cette arme le nom de Massacreuse.

Sous l’influence de Présage, Herek est convaincu que cela scellera son destin et le mènera à devenir un champion des dieux du Chaos. Toutefois, il est trahi. Présage et Yheng l’attaquent, lui volent Massacreuse et le laissent agoniser, trahi et abandonné.

Tharador Yheng – Sorcière et disciple de Tenebrus : Bénie par les dieux du Chaos, elle devient leur élue. Manipulée par Présage, Yheng entame son ascension vers la puissance. Elle survit aux tentatives d’assassinat orchestrées par Tenebrus et le Magus de Fer, et, après avoir sacrifié l'esprit qui contrôlait la Forteresse Noire, elle prend possession de Massacreuse et s’enfuit aux côtés de Présage.

Mission et conséquences

Une fois les fragments de l’Anathame réunis, la Main n’a plus de raison de rester soudée. L’alliance fragile entre ses membres vole en éclats, et les dissensions internes, amplifiées par l’arrivée des forces impériales, causent de lourdes pertes :

Tenebrus – Le Sorcier : Gravement blessé par Yheng lors de leur confrontation, il finit dévoré par des goules, scellant ainsi sa chute tragique.

Le Roi Boucher: Ignorant les intrigues, il se jette dans la bataille contre les Ultramarines, où il est abattu par Ferren Areios.

Le Magus de Fer : Laisser pour mort après la trahison de Yheng et Présage, il survit néanmoins. Ranimé par un désir de vengeance, il rassemble les trois autres survivants de la Main pour préparer sa revanche.

Le Rejeton de la Pestilence : Il trouve la mort face à Magda Kesh au moment où cette dernière s'élève au rang de sainte impériale, incarnant la volonté divine de l’Empereur.

Le Prince Misérable, Le Vice aux Six Surins, L’Hôte des Masques : Ce trio, bien que peu influent dans l’histoire, échappe au carnage et rejoint les rangs du Magus de Fer, prêts à continuer sous son commandement.

Présage : Véritable architecte de la trahison, Présage se révèle être bien plus redoutable qu’il n’y paraît. Dotée de pouvoirs psykers exceptionnels, elle échappe à l'influence des Sœurs du Silence. C’est elle qui guide Yheng dans sa quête de puissance et l’accompagne vers son destin.

Appendices : Les Forteresses Noires

Origine : Les Forteresses Noires sont des reliques d'anciennes civilisations disparues depuis des millénaires. Selon les estimations des érudits impériaux, elles datent de dix mille à plusieurs millions d'années. Les Aeldari les appellent "Talismans de Vaul" et les lient à la légendaire Guerre des Cieux, un affrontement mythique entre les dieux Aeldari et les C'tan, ces entités stellaires qui dominaient autrefois les Nécrontyrs.

Caractéristiques : Ces forteresses sont d'immenses vaisseaux spatiaux capables de voyager à travers le Warp. Leur taille dépasse celle des stations impériales les plus grandes, et elles sont dotées d’armements suffisamment puissants pour annihiler des planètes entières. Construites dans un matériau rare et étrange, la noctholithe, elles défient toute tentative d’analyse scientifique. Leur contrôle est assuré par une entité, probablement une intelligence artificielle corrompue au fil des siècles.

Découverte dans le Secteur Gothique : Six Forteresses Noires furent découvertes dérivant dans l'espace dans le Secteur Gothique. Initialement inertes, elles furent partiellement activées par l'Adeptus Mechanicus, qui les convertit en bases navales.

Conquête par Abaddon : Lors de sa Douzième Croisade Noire, Abaddon le Fléau parvint à capturer trois de ces forteresses. En déchiffrant les secrets de leur activation, il révéla leur potentiel destructeur, capable de détruire non seulement des planètes, mais aussi des étoiles entières. Après des batailles titanesques, Abaddon emporta deux forteresses dans l’Œil de la Terreur.

Réapparition et destruction : Ces forteresses jouèrent un rôle central dans la Chute de Cadia, lorsque l’une d’entre elles fut utilisée par Abaddon pour détruire le monde-bastion de Cadia.

Nouvelle découverte : Dans l'Ère Indomitus, deux autres Forteresses Noires furent découvertes :
La première dans le Segmentum Pacificus, encore active et contrôlée par une intelligence artificielle, renferme des artefacts d'une valeur inestimable.
La seconde fut découverte dans la Dorure de Stygius et servit de base à la Main d’Abaddon. Après la destruction de l’IA qui la contrôlait, la forteresse fut pillée et démantelée par les Cognats.

Enfin, une autre forteresse est toujours aux mains des Red Corsaires, bien qu’elle ait été souillée par une entité démoniaque.

Les Cognats

Les Cognats sont décrits comme une race d’abhumains ou de xénos spécialisés dans la récupération de matières premières. Leur chef, Vutred, est en quête du filon salvateur qui pourrait empêcher la disparition imminente de sa Cognation.
Grâce à leur technologie avancée, ils se révèlent être des alliés précieux pour l’inquisiteur Rostov. Ils aident à réparer la flotte endommagée et réussissent à localiser la Forteresse Noire, aussi bien dans le Warp que dans le Materium.
En échange de leurs services, ils obtiennent le droit de conserver la Forteresse Noire et de la démonter afin d'en extraire les ressources précieuses.

Conclusion

J’ai eu du mal à m’immerger dans ce roman, en grande partie à cause de son démarrage très lent. Cependant, le dernier tiers se révèle plutôt satisfaisant. J’ai vraiment eu l’impression que les 150 premières pages n’étaient qu’un long résumé des événements précédents, avec une redite des personnages que l’on avait déjà rencontrés dans les romans précédents.

Les batailles du 84e Mordian et de la 6e compagnie de Space Marines semblent, elles aussi, n’être là que pour meubler, en attendant que Rostov réunisse assez de contacts pour monter une force capable d’affronter la Main d’Abaddon.

Du côté des membres de la Main, ils se livrent à des luttes intestines, attendant le retour d’Herek, parti reforger l’Anathame. Ce qui est décevant, c’est que la moitié des membres de la cabale est simplement évoquée en passant, sortant de nulle part pour retourner aussitôt dans l'oubli. Trois personnages, en particulier, n’ont absolument aucune utilité et ne contribuent en rien à l'intrigue.

La véritable surprise vient des Votann. Cela faisait deux ans qu’on les attendait, et c’est leur première apparition dans un roman de la Black Library (après une brève mention en tant qu’antagonistes dans une nouvelle de 15 pages).

On sent bien qu’ils ont été insérés dans l’intrigue pour marquer leur entrée dans l’univers. L’Imperium n’ayant pas les ressources pour envoyer une flotte au secours de l’inquisiteur, il fallait bien introduire des alliés capables de réparer rapidement une flotte endommagée et de démonter une Forteresse Noire, un élément bien trop précieux pour être abandonné dans l’univers de Warhammer 40K.

En fin de compte, ce n’est pas un mauvais roman, mais il n’est pas non plus à la hauteur des meilleurs titres de la Black Library. Les éléments réellement captivants auraient pu être condensés en 100 à 150 pages.

Reste à voir ce que le dernier tome de la série nous réserve, mais jusqu’à présent, la série ne parvient pas à égaler L’Hérésie d’Horus. Cela ne signifie pas qu’elle est mauvaise en soi, mais plutôt que Games Workshop a placé la barre si haut qu’il était inévitable que les attentes des fans soient difficiles à satisfaire.