Council of Truth
Par Gilian
L’histoire du livre
Après avoir permis à l’imperium de vaincre la confédération Tessrane en quelques semaines au lieu de quelques mois comme avait prévu Guilliman, c’est l’heure pour Alpharius de rendre des comptes à sa légion.
L’histoire avec un grand H
Alpharius a une façon toute particulière de commander sa légion, en effet il n’existe pas de différence fondamentale entre un légionnaire et son primarque, et il arrive assez souvent qu’ils échangent leurs places. Mais pour pouvoir être cohérent dans ce genre de situation, il faut que tout le monde connaisse la même histoire et c’est à ça que servent les conseils de vérité. Alpharius explique à ses subordonnés les méandres de son plan qui l’ont conduit à aller à l’encontre des ordres de son frère.
Il en profite pour faire passer un message à ses hommes, la plupart des légions ne sont pas très subtiles et enchaînent les victoires parce qu’elles affrontent des ennemis trop faibles pour gagner même si ces ennemis sont supérieurs tactiquement. Il arrivera forcement un jour où les légions devront être plus flexibles et où les subalternes devront faire preuve d’initiative.
Les questions des trois légionnaires sont de plus en plus incisives et donnent plus l’impression de faire écho aux reproches formulés envers l’Alpha Légion que de participer à une réelle émulation collective.
Au final, Alpharius met fin au conseil et après que deux légionnaires aient quitté les lieux, on se rend compte qu’Alpharius était en fait Omegon et le plus incisif des légionnaires était Alpharius.
Il s’avère que le conseil de vérité n’a pas réellement vocation à raconter l’histoire la plus plausible pour l’auditoire.
Conclusion
Après avoir lu cette nouvelle, j’ai eu très peur pour le roman qui devait suivre. Je me suis dit que Brooks était totalement passé à coté de son sujet et au final oui et non.
Il faut connaître l’histoire de l’Alpha Légion pour comprendre vraiment ce « Council of Truth ».
Premièrement, dans les premiers livres parlant de l’Alpha Légion et dans les ancien Codex Astartes, cette histoire est racontée mais d’un autre point de vue. Alpharius est intervenu pendant une campagne de Guilliman et se retrouve devant un conseil de ses frères qui juge ses actes, les questions sont à peu près les même que celle du conseil et les réponses aussi. On peut donc voir ce conseil de la vérité comme une répétition où Alpharius/Omegon prépare ses punchlines pour clouer le bec à ses frères. (Et ça en devient savoureux parce que du coup Alpharius a toujours plusieurs coup d’avance).
Deuxièmement, après avoir lu Alpharius Head of The Hydra, on sait qu’Omegon est retrouvé longtemps après Alpharius et qu’Alpharius le forme avec toute les techniques qu’il a apprises au cours des années, et ce genre de conseil en fait partie. Mais pas que pour Omegon, pour toute la légion. Les conseils servent à étudier toute les options, même si, en général, Alpharius a déjà la bonne solution avant le début du conseil. Ça permet à ses hommes de s’améliorer au cas où un jour il ne soit plus là.
Du coup la nouvelle n’est pas si décalée que cela mais le souci vient du report de la sortie du livre Alpharius qui au final est sorti après.
Par Schattra
Avant-Propos
Et voila la Schattra touche , merci a lui.
Vous pouvez le retrouver ici : https://nebelheim.wordpress.com/
Ou ici : https://www.warhammer-forum.com/index.php?/profile/27242-schattra/
Intrigue
Sur l’Alpha, vaisseau amiral de la Légion du même nom, une réunion secrète a lieu entre quatre Astartes. Ou plutôt, trois Astartes et un Primarque. Réunis dans un cagibi étroit comme les navires de l’Alpha Legion en comptent un nombre irrationnel, les surhommes participent à un conseil de vérité, sorte d’interrogatoire sans haine, sans arme et sans violence (pour changer) dont le but est de clarifier une situation complexe ou des motivations absconses. Ce qui est assez fréquent chez les sous-fifres d’Alpharius, reconnaissons-le. Il n’est en revanche pas usuel que ce soit ce dernier qui se trouve dans la position du cuisiné. En cause, son manque flagrant d’esprit de camaraderie lorsque l’Alpha Legion s’est trouvée associée aux Ultramarines de Guilliman lors de la conquête de la Conservation Tesstranne, un empire humain isolé n’ayant pas trouvé bon de prendre son abonnement au club Pépé quand il en avait l’occasion.
Les questions et les réponses, qui permettent à Alphie d’expliquer un peu plus pourquoi il considère ses frères comme des crétins et tout particulièrement Roboute (grab popcorn), sont entrecoupées de flashbacks écrits du point de vue de divers défenseurs de la capitale de Tesstra, Prime, qui se trouvaient évidemment très malins et très bien préparés, hohoho, jusqu’à ce que l’impensable se produise et que l’Alpha Legion déclenche une attaque chirurgicale. D’abord en faisant sauter les ponts reliant les fortifications au reste de la cité, puis en infiltrant le QG adverse en se faisant passer pour les gardes du corps transhumains protégeant les hauts gradés et les personnalités politiques de la Conservation, et enfin en détournant l’endoctrinement subconscient des officiers restants, sortis de leurs barraquements à la tête d’une compagnie d’Ogryns pour reprendre Prime, et les forçant à se suicider avec coup de fil anonyme chargé en mots clés déprimants. Bilan des courses : une planète conquise en quelques semaines, au lieu des quelques mois que l’approche lente et méthodique de Guilliman laissait envisager. Evidemment, ce n’est pas « glorieux » ni « honorable », mais est-ce que l’Impérium l’est au fond, hein ? Parfaitement. C’est en quelque sorte le message que fait passer Alpharius à son jury, qui, très étonnamment, le déclare parfaitement dans son droit d’avoir envoyer scier le grand Schtroumpf, et le déclare vainqueur aux points sur décision unanime.
…On apprend en toute fin d’histoire que finalement, ce n’était pas Alpharius qui répondait aux questions d’anonymes clampins, mais Omegon qui répondait à celles d’anonymes clampins et d’Alpharius. Un grand classique de la XXème. Les deux frangins échangent un sourire complice et quelques boutades à quintuples sens qui n’en font sans doute pas pour nous, et le rideau tombe sur la fin de ce conseil, qui nous aura appris que la vérité est bien relative…
Avis
'Council of Truth' fait partie de ces œuvres dont l'appréciation dépend grandement de votre niveau de connaissance, ou d'accoutumance (les deux termes étant ici synonymes) de/à l'univers et des protagonistes qu'on y retrouve. L'Alpha Legion, si elle n'est pas la faction de l'Hérésie d'Horus la plus populaire parmi les auteurs de la Black Library, dispose en revanche d'une sorte de cahier des charges littéraire auquel le lecteur peut se référer à chaque fois qu'une soumission traitant des fils d'Alpharius (et d'Omegon) est publiée. Organisation inhumainement secrète et retorse, cette Légion met un point d'honneur à ne jamais agir de manière claire, et cela s'illustre évidemment dans les histoires mises en scène dans la GW-Fiction: il y aura toujours des révélations, des retournements de situation et des personnages dupés lorsque la XXème est de la partie. Cela a été la règle depuis le 'Legion' de Dan Abnett, et tous les auteurs qui sont passés après lui ont pris soin de se conformer à cette approche cryptique, avec plus ou moins de bonheur.
Aussi, lorsqu'en 2021 (13 ans après la sortie de 'Legion'), Mike Brooks nous livre le récit d'une campagne tout à fait classique - si on peut utiliser cette expression pour ces Astartes - de l'Alpha Legion, sur fond de guéguerre d'ego avec les Ultramarines et de réunions secrètes et trotromystérieuses1, je dois admettre que c'est la déception qui prime. Tout cela a été lu et relu de nombreuses fois au cours des dernières années, et si Brooks livre une nouvelle efficace sur la forme, il lui manque de la valeur ajoutée sur le fond pour être qualifiée de réussite. À mes yeux, les publications de la gamme Primarques sont l'occasion de faire avancer notre compréhension sur cette confrérie de surhommes iconiques, et par extension, sur la manière dont ils organisent leur Légion et considèrent l'Impérium. Mike Brooks nous lance quelques bribes de fluff en cette direction (notamment la réflexion d'Alpharius que l'Alpha Legion doit être polyvalente pour éviter d'être vue comme obsolète par l'Empereur, dont il se méfie grandement), mais se contente sinon de nous servir sa version de 'Legion'2//'The Harrowing'//'The Serpent Beneath', ce qui n'a pas grand intérêt je dois dire. Plus embêtant, il se vautre à certains endroits dans le fan service le plus grossier, en complexifiant les opérations de l'Alpha Legion pour le plaisir (si t'es capable de descendre une compagnie d'Ogryns au bolter, c'est pas le petit officier planqué dans son véhicule qui va beaucoup t'ennuyer s'il n'est pas absolument mis hors d'état de nuire avant l'embuscade hein), ou en incluant la fameuse catchphrase de la Légion ("I am... absolutely not original") et un Alpharius/Omegon swap de façon très artificielle à l'intrigue. Bref, on est ici sur une nouvelle très honnête mais plutôt décevante de la part de Mike Brooks, de qui j'attendais plus pour sa première publication au service d'Hydra. En espérant que le roman qu'il a écrit sur Alpharius soit plus audacieux que ça.
1: Brooks m'a mal vendu le concept du conseil de vérité je dois dire. Qui a des comptes à demander à un Primarque sur la manière dont il conduit ses opérations (qui plus est de façon victorieuse) au sein de sa propre Légion? Soit Alpharius a un ego tellement monstrueux qu'il a besoin de prouver qu'il avait raison même quand personne ne lui a rien demandé, soit il s'agissait de faire passer quelques éléments de langage aux officiers supérieurs de la Légion au cas où ils seraient interrogés sur les méthodes de cette dernière. Auquel cas, la transmission d'un memo ou l'organisation d'une réunion sur Teams aurait été plus efficace.
2: Avec les soldats génétiquement améliorés du roman d'Abnett du côté non-Impérial cette fois-ci. Mais c'est vraiment la même vibe.
Fluff
Alpharius : Il n’a passé que peu de temps avec l’Empereur, contrairement à certains de ses frères qui sont restés pendant des décennies à ses côtés. Il considère sa Légion comme la sûreté intégrée de l’Imperium, capable de résoudre n’importe quel problème si le besoin s’en fait sentir. Contrairement à ce qu’on pense de lui, il ne hait pas Roboute Guilliman, il en a pitié. Il considère en effet que les Ultramarines ne sont pas aussi adaptables qu’ils le pensent eux-mêmes, et qu’ils l’apprendront à leurs dépends de façon douloureuse.
Alpha Legion (Culture) : La Légion dispose d’une institution appelée le Conseil de Vérité (Council of Truth). Il s’agit d’un interrogatoire en petit comité portant sur les actions d’un membre de l’Alpha Legion (Primarque inclus), pendant lequel toutes les questions peuvent être posées, même les plus dérangeantes ou impertinentes. Le but est de comprendre le plus parfaitement possible une situation complexe, afin de permettre à l’Alpha Legion de se servir de cette expérience ultérieurement.
Alpha Legion (Vaisseaux Nommés) : L’Alpha, croiseur de classe Gloriana, est le vaisseau amiral de la Légion. Son intérieur a subi d’importantes modifications par rapport au modèle standard pour désorienter un assaillant qui aurait étudié les plans des autres vaisseaux de cette classe.
Tesstra : Planète capitale de la Conservation Tesstrane, un empire humain isolé de l’Imperium, et conquis par une action combinée des Ultramarines et de l’Alpha Legion pendant la Grande Croisade. L’Alpha Legion prit Prime, la capitale de Tesstra, grâce à des frappes chirurgicales visant à isoler les murailles, défendues par les régiments de birth troopers, du reste de la cité, et l’infiltration du QG de la Conservation.