The Oberwald Ripper

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Par Gilian

Avant-Propos

Plus connu pour ses nouvelles dans l’univers de Warhammer 40K, et en particulier celles consacrées aux Scythes of the Emperor, on oublie souvent que Laurie Goulding a longtemps été éditeur chez Black Library — et qu’il a aussi écrit deux nouvelles se déroulant dans l’univers de Warhammer Battle. Voici donc la deuxième.

L’histoire du livre

Créature mythique qui hante les rues d’Oberwald depuis des années, l’Éventreur va, cette fois-ci, faire le mauvais choix de victime…

L’histoire avec un grand H

Alors que la nuit tombe sur le village d’Oberwald, Felix Jaeger perçoit une atmosphère pesante et des habitants terrorisés. Réfugié dans une taverne presque vide, il observe les lampadaires s’allumer à la hâte et les patrouilles instaurer un couvre-feu strict. Des rumeurs circulent à voix basse : l’éventreur d’Oberwald rôde toujours.

Un ouvrier local, Till, provoque une dispute à propos de l’efficacité de la garde face à l’étrange tueur. Felix se tient prêt à intervenir, mais l’affaire se désamorce sans violence grâce à l’intervention d’une jeune femme nommée Sabine et de son père, un marchand de Reikland. Sabine engage la conversation avec Felix, flattée par son attitude chevaleresque. Elle lui offre à boire et se présente comme une amatrice de poésie, séduite par le côté marginal et romantique de « Max Schreiber », le pseudonyme utilisé par Felix.

Alors qu’ils partagent rires et boissons jusqu’à tard dans la nuit, Felix, quelque peu ivre, se laisse séduire. Sabine l’embrasse et l’emmène à l’étage. Pendant ce temps, Gotrek, laissé à ses propres activités, s’est aventuré dans un tripot de jeux clandestins. Il y perd de l’argent, puis découvre une tentative de tricherie. Fidèle à sa réputation, le Tueur provoque une bagarre générale. Il récupère ses pièces d’or, assomme quelques tricheurs et s’enfuit avant l’arrivée de la garde.

Le lendemain, Felix se réveille dans une ruelle, couvert de sang. Il souffre d’un mal de crâne terrible et découvre avec horreur Sabine morte, éventrée, gisant à ses côtés. Sa propre épée est posée non loin. Il n’a aucun souvenir clair de la nuit, et tout l’accuse. La garde l’arrête brutalement, le frappe et l’emmène à la prison.

Gotrek, qui l’aperçoit brièvement dans la foule en furie, reste silencieux et s’éclipse, visiblement déçu. Felix est certain de son innocence, mais accablé par la situation. Jeté dans un cachot humide, il partage sa cellule avec un mystérieux vagabond au regard intense et glacial. Ce dernier semble le connaître, ou du moins s’être intéressé à lui et Sabine la nuit précédente.

La conversation tourne au malaise. Le vagabond laisse entendre qu’il est le véritable Ripper, prenant plaisir à voir Felix accusé à sa place. Il parle de sa philosophie morbide, justifiant ses meurtres par la décadence du monde et la perte de l’innocence dans les villes et villages de l’Empire. Pour lui, inspirer la peur est un acte de purification.

Felix, horrifié, tente de l’accuser auprès des gardes, mais le vagabond est un manipulateur aguerri. Il joue la comédie à merveille et fait passer Felix pour fou. La tension entre les deux hommes monte alors que le tueur finit par sortir un couteau. Un affrontement violent éclate dans la cellule. Felix, affaibli et menotté, manque de peu d’être noyé dans une flaque d’eau souillée. Au moment de perdre connaissance, il retrouve un semblant de force, s’empare du couteau tombé dans l’eau et le plonge dans le cœur du Ripper, mettant fin à sa vie.

C’est alors que Gotrek surgit, ayant fracassé la porte de la prison pour sauver son compagnon. Il le tire de la cellule juste avant que la garde et la foule ne reviennent. Ensemble, ils s’enfuient d’Oberwald à travers les bois.

Alors qu’ils marchent, Felix évoque l’ironie du sort : aux yeux des habitants, le Ripper s’est échappé. La légende va croître, et le nom de « Max Schreiber » restera dans les mémoires comme celui d’un meurtrier insaisissable. Gotrek, curieux, demande à Felix si le Ripper était un mutant, un sorcier ou un serviteur du Chaos. Felix répond simplement : non, c’était juste un homme. Un homme fou, mais un homme malgré tout.

Car parfois, conclut-il, les gens n’ont pas besoin de monstres : ils les inventent… ou bien ils en deviennent un eux-mêmes.

Conclusion

L. J. Goulding a voulu écrire une nouvelle horrifique, et sur le papier, l’idée pouvait fonctionner. Malheureusement, le choix des personnages principaux joue contre lui. Faire peur à un nain est déjà un défi en soi, mais ici, pour y parvenir, l’auteur est obligé de séparer notre duo favori — ce qui trahit un peu l’esprit des aventures de Gotrek & Felix. Pas d’ennemi réellement puissant, pas de situation désespérée, pas de gaffe volontaire de Gotrek pour provoquer une baston… et même si l’on met tout cela de côté, l’intrigue elle-même reste bancale. C’est dommage, car il y avait certainement matière à faire bien mieux. Après 21 aventures, c’est la première fois qu’une histoire de Gotrek & Felix me déçoit vraiment.

Par Schattra

Avant-Propos

Et voila la Schattra touche , merci a lui.
Vous pouvez le retrouver ici : https://nebelheim.wordpress.com/

Ou ici : https://www.warhammer-forum.com/index.php?/profile/27242-schattra/

Intrigue:

Logiquement centré sur la charmante, même si passablement terrifiée, ville d’Oberwald, bien connue pour son domaine de ski de fond et son joueur vedette de Blood Bowl (Griff Oberwald), notre propos débute dans une taverne, en compagnie de la moitié blonde et geignarde du célèbre tandem. Et si Oberwald est terrifiée, comme Felix l’apprend rapidement, c’est à cause des ravages commis par un mystérieux tueur, surnommé l’Eventreur d’Oberwald à cause de son mode d’opération privilégié. Hantant la ville depuis plusieurs semaines et frappant sans prévenir, l’Eventreur est devenu la hantise des Oberwalders, dont les efforts pour se débarrasser de ce nuisible n’ont pas été couronnés d’un franc succès jusqu’ici. Comble de malheur, la réputation sulfureuse de la bourgade a commencé à filtrer dans le reste de la province, avec un impact désastreux (mais logique) sur les activités commerciales de la ville. Malgré l’ambiance assez lourde régnant dans la taverne, Felix réussit malgré tout à finir la soirée en bonne compagnie, l’entreprenante fille d’un marchand de passage l’ayant subrepticement matché sur Tinder alors que son père tentait tant bien que mal d’éviter le lynchage après une remarque malheureuse sur les compétences de la milice locale.

Malheureusement pour nos tourtereaux, la nuit ne se terminera pas aussi bien que prévu, Mademoiselle se faisant prestement étriper dans une ruelle sombre, sans que Monsieur, passable éméché et à mi-chemin du coma éthylique, n’ait eu l’occasion de concrétiser ou de s’interposer. Pour ne rien arranger, la fameuse milice d’Oberwald dont l’efficacité avait été remise en question quelques pages plus tôt trouve en Felix un coupable idéal pour le meurtre sauvage de sa dulcinée (il faut dire qu’il a été trouvé en train de barboter entre la rate et l’intestin grêle de la belle), et pour tous ceux d’avant tant qu’à faire. Notre bellâtre est donc envoyé en prison malgré ses vigoureuses dénégations, avec pour seul horizon une pendaison expéditive d’ici à la fin de la journée, et pour seule compagnie un clodo sociopathe, dont on comprend assez vite (en même temps, la nouvelle ne fait que 23 pages, c’est pas lourd pour mener une enquête digne de ce nom) qu’il s’agit du véritable Eventreur, dont le comportement bizarre aux abords de la scène du crime lui a également attiré les faveurs des forces de l’ordre.

Et Gotrek, me direz-vous ? Eh bien Gotrek avait choisi d’abandonner son binôme pour la soirée afin de s’initier aux subtilités du contre-sirop Stirlandais dans un cercle de jeu local, avant de décider de refaire le portrait de ses petits camarades à coup de tabouret dans les gencives, après qu’il les eut surpris à tricher. Témoin de l’arrestation de Felix, il opte (pour une fois) pour la méthode douce et se lance dans une (très courte) investigation afin de faire blanchir son commémorateur. Armé de son fidèle tabouret et de son proverbial sens de la négociation, il parvient lui aussi à identifier le véritable coupable en moins d’une demi-heure, ce en dit vraiment long sur le niveau de la PJ locale, mais je m'égare.

Pendant ce temps, Felix doit subir la logorrhée assez confuse de l’Éventreur, qui comme tout bon méchant de série B, ne peut résister à la tentation de révéler ses motivations aux héros au cours d'un monologue à l'issue généralement funeste. Nous avons ici droit à un mélange détonnant d'analyses rousseauistes (l’homme est bon dans l’état de nature, c’est la société qui le corrompt), de critique de la division du travail (du chasseur cueilleur polyvalent à la prostituée spécialisée, il n’y a qu’un pas) et de plaidoyer communiste. Malheureusement pour lui, celui qui se rêvait en Night Haunter impérial finira empalé sur son propre couteau après un combat assez quelconque (pour une fois que c’est Felix qui se tape le « boss de fin »…). La nouvelle s’achève sur la fuite hors d’Oberwald de nos compères, vers de nouvelles, et on l’espère plus excitantes, aventures.

Avis:

Sans être mauvaise, la performance de Goulding pêche selon moi par un parti pris scénaristique hasardeux, à savoir écrire une aventure de Gotrek et Felix en ne reprenant qu’une partie des codes de ce type de littérature, en particulier la présence (et dans ce cas précis, l’absence) d’une Nemesis suffisamment costaude pour permettre au Tueur nain de se mettre en valeur dans un combat final digne de ce nom. Cela avait déjà été le cas dans la soumission de Guymer, dans laquelle le rouquin psychopathe n’avait eu qu’une poignée de skavens pas vraiment dégourdis à se mettre sous la hache. Ceci dit, le choix de l’auteur de raconter l’histoire depuis le point de vue d’un raton lui avait permis d’éviter l’écueil dans lequel Goulding s’est malheureusement échoué. (John) Brunner avait lui choisi de respecter le cahier des charges dans son A Place of Quiet Assembly, narré par un personnage tiers, mais conclu par une baston entre Gotrek et une coterie d’adorateurs de Tzeentch de bas niveau. Rien de tout ça dans The Oberwald Ripper, qui se révèle être une sorte de thriller bâclé (faute de place pour instiller l’atmosphère adéquate) utilisant notre duo fétiche à contre-emploi. Quitte à caster des têtes connues de la Black Library, Goulding aurait sans doute gagné à aller voir ailleurs, d’autres personnages (Zavant Konniger en tête1) répondant à mon sens bien mieux à son approche « non-violente » (ou plus exactement, pas assez violente) que Gotrek et son sidekick.

Ce problème de fond évacué, on peut toutefois apprécier l’aisance avec laquelle l’auteur met en scène ses protagonistes, dans la continuité du style défini par King et Long dans les tomes précédents de la saga. Le flirt assez largement couvert entre Herr Jaeger et l’ultime victime de l’Éventreur constitue d’ailleurs une preuve indiscutable de la connaissance de Goulding de l’esprit Gotrek et Felix, seule série (pour autant que je le sache) de la Black Library où la vie amoureuse (et même sexuelle de temps à autre) des personnages est un tant soit peu couverte. En revanche, j’aurais apprécié une meilleure mise en contexte de cette aventure, que j’ai deviné prendre lieu peu de temps après une rencontre riche en évènements avec Ulrika, sans que Goulding ne donne plus de précisions sur les raisons ayant poussé le duo à faire profil bas. Même si cela ne nuit pas à la compréhension de la nouvelle, je considère cet effort de « raccrochage de wagons » comme une marque de politesse de l’auteur envers son lectorat, et n’ai pu donc que déplorer son absence. Enfin, on ne m’enlèvera pas de l’esprit que Long reste bien meilleur en matière de « logistique narrative » (ça fait beaucoup d’expressions à guillemets, je vous l’accorde) que son padawan, dont la tendance à passer rapidement sur, ou à carrément éluder, les péripéties pouvant potentiellement ralentir l’intrigue dénote selon moi d’une certaine paresse intellectuelle2.

Au final, The Oberwald Ripper est un épisode assez anecdotique de la fresque des Gotrek et Felix, et n’intéressera que les fans les plus hardcore de cette dernière (et encore). Si vous êtes à la recherche d’une introduction digne de ce nom à cette franchise fondatrice de l’univers de Warhammer Fantasy Battle, je ne saurais trop vous recommander de vous tourner vers l’autre nouvelle siglée G&F de ce numéro de Hammer & Bolter (Slayer of the Storm God), dont la lecture s’avère bien plus intéressante.

1: Josh Reynolds organisera d’ailleurs un cross over assez sympathique entre ces deux franchises dans The Problem of Three-Toll Bridge (H&B #25), dans lequel Zavant disculpe un jeune Felix Jaeger de sa responsabilité dans la mort d’un autre étudiant au cours d’un duel.

2: Exemple représentatif : une fois l’Eventreur refroidi, Felix est toujours menotté, enfermé dans une cellule, et devra normalement répondre de son acte devant la milice d’Oberwald, qui vient d’être alertée par les cris de feu l’Eventreur que Jaeger est un homme recherché dans tout l’Empire. Mettre en scène une évasion crédible à partir de ce postulat aurait nécessité au moins quelques pages de développement, au lieu de quoi Goulding matérialise Gotrek devant la porte du cachot et lui fait cracher un laconique « Let’s get out of here. » avant d’enchaîner sur la conclusion de la nouvelle, bien loin de la cité. Un peu trop facile à mon goût.