Tueur de goules

De Les Archives Infinies
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Par Capitaine Felix

Avant-Propos

Et voila la Capitaine Felix touche , merci a lui.
Vous pouvez le retrouver ici : https://www.black-librarium.com/

Intro

Deux points introductifs avant toute chose:

Je vous renvoie d’une part à la série Gotrek et Félix, chroniquée par les collègues du forum dans les posts correspondants et notamment avec brio par le camarade Rhidysann. Si je ne fais pas erreur, vous disposez de 17 tomes et autant d’histoires courtes. C’est d’ailleurs l’une des séries les plus connues sur le Monde-qui-fut. A ma grande honte, je n’ai lu que Tueur de dragon.

D'autre part, concernant AOS, vous avez la novella de l’excellent Robbie Mc Niven, Le Désert des ossements qui peut faire office d’introduction à ce tome. Si vous lisez parfaitement la langue de Shakespeare, vous pourrez découvrir les coulisses de l’arrivées de Gotrek dans les Huit Royaumes dans le drama Realmslayer de David Guymer.

Donc comment s’en sort notre tueur et buveur de bière ?

Scénario et mise en scène

Scénario et mise en scène = 4/5

Le récit prend place au sein de Shyish, le Royaume de la Mort. Gotrek Gurnisson est à la recherche de Félix ou plus exactement de l’âme de son défunt compagnon. Le Nain Duardin soutient mordicus pouvoir achever cette quête dans ce royaume, notamment en affrontant Nagash lui-même ( !). Il est accompagné d’une Elfe Aelfe, dénommée Maleneth Lamesorcière, anciennement de la prêtrise de Khaine, et désormais au service de l’Ordre d’Azyr. Sa présence auprès de l’infortuné Gotrek, est tout sauf désintéressée. Ils se sont trouvés un troisième compagnon de voyage, un Stormcast solitaire et taciturne dénommé Trachos (voir plus bas dans la partie fluff).

Ils évoluent donc parmi les quelques communautés humaines encore présentes dans cette partie de Shyish – dénommée ici principautés d’Améthyste. Ces quelques communautés humaines rescapées de l’âge du chaos, sont d’ailleurs tiraillées entre l’allégeance présomptive auprès de Sigmar d’Azyr, et la mainmise de Nagash et de ses morts-vivants ; en plus d’affronter les sempiternelles invasions des Puissances de la Ruine. Comme le titre le suggère, nos trois protagonistes vont être confrontés aux coteries sanglantes des Mordants (les goules - Fleash-Eater court). Le combat sera mené au sein d’une vieille nation humaine de Shyish, à savoir la Principauté de Morbium (voir partie fluff plus bas).

Gotrek,Trachos et Maleneth arrivent dans la cité neutre de Klemp. Cette partie du royaume de Shyish est exposée à de fortes tempêtes surnaturelles, avec d’importantes migrations goules. Les cours de bouffeurs de chairs susnommées, agressent mortellement le moindre îlot de civilisation. Nos trois protagonistes arrivent au tout début du roman dans cette ville. Gotrek part ensuite consommer copieusement des bibines dans l’auberge du coin, non sans attirer l’attention des natifs et passagers. Le Duardin consulte subséquemment un prête nécromancien, dénommé Kurin. Celui-ci invoque apparemment une représentation spectrale de Félix Jaeger. Ce spectre invite Gotrek à prendre la direction du royaume humain de Morbium, alors en proie à une guerre de survie. Cette Principauté est réputée isolationniste, mais elle existe encore et prétend repousser les grandes factions se disputant la mainmise sur Shyish.

Les trois héros partent donc à la recherche de Morbium. Le sorcier Kurin leur fausse compagnie, mais leur permet par une sorte de sortilège de téléportation de se rendre immédiatement aux frontières de la Principauté. Ils arrivent sur un poste avancé (dit l’Oratoire) et sauvent alors une jeune nécromancienne d’une attaque de goules. Lhosia de son nom, appartient à la caste de prêtrise de la Principauté. Morbium est effectivement assiégée par une cour sanglante de Goules. S’ensuivent quelques combats, ils finissent par se replier sur une forteresse secondaire et rencontrent le seigneur chevalier Aurum, puis finalement l’héritier présomptif du royaume, le Prince Volant, dit le Prince de l’aube, venu prêter main forte à ses sujets.

Après quelques échanges « diplomatiques » menés par Gotrek lui-même, nos trois (anti)héros décident de prendre cause pour les sujets de la Principauté. Ils apprennent que la situation de Morbium s’est passablement dégradée. Les forteresses, avant-postes, ou localité tombent les unes après les autres. La caste dirigeante souhaite dès lors rapatrier les « cocons d’âmes » (dits les Inensevelis) - source de magie pour la Principauté), sur sa capitale. Le Prince Volant propose un deal à Gotrek = en échange de son aide à transporter et protéger les cocons et de sa collaboration à la défense de la capitale, il lui indiquera la localisation précise du Grand Nécromancien.

Gotrek et ses deux compagnons arrivent alors à la capitale du royaume (le « Château infini »). Ils se retranchent avec le reste de la population et attendent l’invasion finale des goules.

Celle-ci débute. C’est assez sanglant. Gotrek et les autres défenseurs ont pour mission de retenir le plus longtemps possible les hordes de bouffeurs de chair, et permettre de faire gagner du temps au Prince Volant et aux prêtres royaux. Ceux-ci doivent préparer un sortilège puissant susceptible de repousser les morts-vivants définitivement (en gros recréer un suaire de fer encore plus puissant). Un puissant rituel est donc entamé sur la plus haute tour centrale du Château infini (Halls des séparations).

Entretemps, les combats co,ntineuent, mais Gotrek et ses acolytes finissent par tuer le roi abhorrant de la horde.

Victoire succincte, car en réalité, le Prince de l’aube a trahi ses sujets. Volant a perdu tout espoir et souhaite offrir à Nagash l’ensemble des cocons d’âme, la vie de ses sujets ainsi que la personne de Gotrek. Le rituel en question devait permettre de créer une brèche dimensionnelle entre la capitale de Morbium et Nagashizzar. Volant avoue d’ailleurs avoir piéger Gotrek et ses compagnons. Le devin Kurin était à sa solde. Le spectre soi-disant de Felix Jaeger invoqué au début du roman, n’était qu’un vulgaire ersatz.

Le subterfuge est découvert à temps et le rituel est interrompu. Volant est renié par sa cour. La jeune nécromancienne Lhosia le décapite.

Curieusement, cet épisode fait prendre conscience à Gotrek de la valeur de l’existence. Les sujets de Morbium et les épreuves de cette guerre, lui rappellent la tragédie de son défunt peuple. Il convainc les survivants de la cour de la Principauté d’abandonner la capitale et de chercher asile ailleurs. En effet, le conflit n’est pas réglé, car même privé de chef, les bouffeurs de chair demeurent innombrables, et se déchainent. Les goules sur le point de balayer les vestiges de la capitale. Il s’avère que de grands vaisseaux Kharandron désaffectés sont conservés à l’écart de la capitale à la manière de reliques. Or Gotrek avec l’aide du Stormcast Truchos, était parvenu juste avant la bataille dans la capitale, à activer un navire isolé (L’Embrun). Ce prodige avait été rendu possible grâce à la Rune de Krag et aux cocons des Inensevelis.

Les sujets survivants de Morbium, le reste de son armée, acceptent de suivre le plan et abandonnent leur capitale. Ils se réfugient tous sur les navires avec armes et bagages.

Notre tueur de troll émérite réitère son opération. Les grands navires volants sont réactivés et permettent au peuple de Morbium de quitter le fief et ses désormais ruines.

Une victoire symbolique pour Gotrek, qui commence à apprécier les Huit Royaumes à leur juste valeur.

Style et écriture

Style et écriture = 3/5

Assez ravi par ce roman, bien traduit, sans aucune coquille (ou presque). Il était effectivement associé à la sortie de la figurine de Gotrek pour AOS.

Le style de Darius Hinks s’insère bien dans le descriptif. Il est parfois un peu fastidieux. C’est peut-être à mon sens le problème principal du récit = le roman comporte de nombreux termes propres au fluff. On s’y perd parfois et il faut relire plusieurs fois certains passages. Mais c’est assez rare.

Un autre bémol = j’ai trouvé les scènes de combat / bataille un peu fade. Peut-être j’attendais plus d’épique. Robbie MacNiven (Le Désert des ossements) maitrise bien mieux la narration de combat. Mais bon, c’est une opinion personnelle.

Intérêt fluffique

Intérêt fluff = 4/5

• Commençons par la toile de fond = la Principauté de Morbium. Au fil du récit, on découvre une civilisation humaine assez originale, centrée presque exclusivement sur le respect et l’adoration de ses morts et ancêtres. Le royaume est situé au nord de Shyish sur des étendues des Principautés d’Améthystes (voir carte pages 96-97 du livre de base d’AOS). Les terres de la Principauté sont en fait immergées. C’est une sorte de mer intérieure (dite la Mortemer).

En fait, il ne s’agit pas d’eau ordinaire mais d’un liquide imprégné de magie d’Améthyste. Tout être vivant tombant dans ses flots devient fou. Les morts-vivants ont la capacité de marcher sur ce liquide.

Les habitants vivent dans les airs au sein de forteresses et pitons rochers maintenus en lévitation, semble-t-il à 50 voire 100 mètres au-dessus des flots. Rien à voir toutefois avec les Stratoports des Kharandrons situés à des altitudes stratosphériques.

C’est plus moins un mode de vie urbain, les populations étant concentrées sur d’imposantes forteresses (les « éminences »), suspendue dans les airs. Elles sont reliées entre elles par des routes de pierre également en lévitation (les Wynds). La Principauté est plus au moins à l’abri de l’extérieur via un puissant sortilège semble-t-il de dissimulation, le Suaire de fer. Ces prodiges sont de nature magique et sont possibles tout simplement par une maitrise du domaine de la nécromancie. En effet, la civilisation de la Principauté utilise couramment la magie des défunts. Ainsi :

Les âmes des sujets décédés sont plus ou moins « récupérées » et « stockées » sur l’ensemble des forteresses, permettant notamment à ses structures de léviter dans les airs. Ces cocons d’âmes (donc pour rappel les « Inensevelis ») sont pieusement protégés et vénérés par la prêtrise de Morbium. Ces prêtres (les Erébides) assurent non seulement les offices religieux, mais sont aussi de très puissants sorciers et sont évidemment associés aux forces militaires de Morbium. Les troupes de défense de la principauté s’articulent autour de combattants type milicien, mais aussi d’un corps de métier d’arme permanent appelé Garde funéraire.

Cette civilisation humaine est également portée sur les métiers du livre et entretient d’importants lieux d’archives, où sont d’ailleurs consignés les faits et évènements de chaque âme de la Principauté.

L’originalité (par rapport à l’humanité de Warhammer fantasy) tient surtout de l’usage de la magie d’Améthyste. Le maniement de la Nécromancie est en effet quotidien au sein de Morbium. La mitoyenneté des pratiques nécromantiques est par ailleurs encouragée, magnifiée par la prêtrise.

Par exemple, la garde funéraire de la capitale dispose d’unité de cavalerie. Les montures sont des squelettes animés.

Tu m’étonnes que Nagash s’intéresse de près à ce royaume.

Le background d’AOS semble très centré sur cette notion d’âme. Dans cette « hight fantasy » c’est presque le carburant qui pousse la plupart des civilisations / races à s’entretuer :

  • L'Ordre = Sigmar récupère les âmes des Humains pour forger ses Ost sigmarites, les Idoneth vampirisent les âmes….
  • Le Chaos = les différentes factions souhaitent corrompre et asservir les âmes
  • Mort = Nagash entend régenter la non-vie, donc les âmes
  • La Destructions =…….Ben, j’ai du mal à trouver parmi nos amis Peaux-vertes ou à grosses penses. I

• Ensuite les goules.

La horde assiégeante est bien décrite par Darius Hinks et reste conforme au fluff d’Aos sur les bouffeurs de chairs. Ces goules ne se voient pas comme des monstres, mais se rêvent sujets ou seigneuresse (briton….). C’est présenté comme une malédiction.

L’auteur alterne et entrecoupe ainsi le récit avec des chapitres du point de vue des goules. C’est bien pensé.

Tout attaque de cette Cour de goules est précédé par une sorte de tempête, ponctuée de pluie de sang et d’os.

Une aide du Grand Nécromancien ?

Le récit ne semble toutefois pas placer Nagash en instigateur directe de l’invasion goule, même si son entremise est évoquée à plusieurs reprises (« le grand loup » dans les délires des souverains goules).

• Maleneth Sorcelame = cette Elfe Aelfe est, de mon point de vue, le personnage le plus intéressant dans le récit (au grand dam de notre célèbre Tueur). C’est une ancienne adepte khaïnite. Elle est actuellement au service de l’Ordre d’Azyr (pour faire simple = une sorte d’équivalent de l’Inquisition de 40K).

Détail = j’ai un peu de mal à terminer sa faction par rapport au wargame AOS. Soit Daughters of Khaine, soit shadowblade des Cities of Sigmar. Considérant sa tenue dans les quelques artworks trouvés et la figurine de l’Assassin Shadowblade, je pencherais pour la deuxième solution.

Mais bref passons.

Elle accompagne Gotrek depuis son arrivée dans les Huit Royaumes. Maleneth apporte pondération et réflexion là où notre invétéré Tueur boit de la bière, gueule et fonce dans le tas. Une force d’équilibrage rappelant plus ou moins la figure de Felix Jaeger. Elle fait preuve parfois d’empathie, y compris envers des personnages issus d’une autre race. Elle vénère le dieu Khaine, mais reconnait l’œuvre de Sigmar et la nécessité pour les races libres de s’unir contre les Puissances de la ruine. Cela change des Druchiis de Naggaroth. Non ?

Mais :

Derrière ses civilités, Maleneth Sorcelame est un assassin accompli maitrisant parfaitement les arts du meurtre et de l’empoisonnement. Elle tente de manipuler son entourage à plusieurs reprises. Sa mission pour l’Ordre d’Azyr est de surveiller Gotrek, de le ramener à Azyr ; ou le cas échéant de récupérer par tous les moyens la rune de Krag Blackhammer, engoncée dans le corps de notre Tueur préféré.

Maleneth semble cacher un douloureux passé, fait de trahisons et de meurtres. Elle conserve l’âme de son ancienne « sensei » dans un pendentif. Les deux filles de Khaine jouent d’ailleurs un subtil jeu de manipulation et de torture psychologique. Le lecteur peut donc suivre leurs échanges télépathiques. L’âme prisonnière conseille à son ancienne disciple de tailler dans la chair, là où paradoxalement la conscience de Maleneth prévient d’user ou d’abuser de meurtre ou de tout autre vil procédé.

Perso, j’apprécie beaucoup cette complexité attachée au personnage.

• Le Stormcast Trachos = c’est le troisième personnage de la troupe. Il est moins présent dans le récit. Ce fils de l’orage semble aussi tourmenté que Gotrek. Il dispose d’incontournables qualités guerrières et de connaissances scientifiques et ésotériques. Il traine également un lourd passé.

Apparemment, il aurait participé à des purges ordonnées par Azyr. Des innocents seraient morts de sa main.

Trachos aurait peut-être mérité plus de développement.

Il souhaite lui aussi s’emparer de la Rune de Krag. Il est parfaitement au courant du double jeu de Maleneth.

• Et enfin notre Tueur préféré. Rare parmi les rares, car survivant du Monde-qui-fut. Gotrek Gurnisson est au centre de l’intrigue en plus de la Principauté de Morbium. Il peut paraître au premier abord assez fidèle au personnage des précédents romans de Warhammer.

Soit = de la bière, de la hache, des hurlements, des grognements, à nouveau de la bibine, puis une cavale, de nouveau la hache, du sang, de la sueur, et enfin de la bière...

C’est une occurrence sempiternelle et Darius Hink retranscrit à peu prés bien cette figure scénaristique.

Le Nain Duardin reste très désabusé par les Huit Royaumes. Pourquoi ? Comment est-il là?

Toutefois, quelques bémols ou grossièretés scénaristiques selon moi.

A un moment, il se lance dans des réflexions quelques peu ésotériques sur les Dieux et le devenir des divinités des Huit Royaumes. Perso, ces propos me paraissent trop alambiqués pour le personnage tel que décrit dans les anciens romans. On ne devient pas philosophe démiurge même après une éternité de quête dans le royaume du Chaos. Quoique…

Autre élément troublant selon moi, ses revirements à la fin du récit vis-à-vis des habitants de Morbium. Gotrek prétend reconnaitre en eux un avatar des anciens royaumes nains. Ouais. Mais bon, l’ancien Gotrek n’était-il pas réputé pour conserver ad vitam ses opinions. Quoique pour Felix

Dernier point négatif = le personnage passe pour être répulsif pour les autres protagonistes du récit (c’est-àdire = un Duardin qui gueule, qui boie comme un trou, qui pas franchement capable d’un minimum de raisonnement. Mais à la faveur de coup d’éclat, notre Gotrek devient benoitement un véritable héros, voire une idole religieuse. C’est sacrement osé !

N’ayant pas (encore) parcouru les anciens romans, j’ai un peu de mal à cerner les différences entre l’ancien Gotrek et le nouveau. A voir. Peut-être des lecteurs du forum peuvent approfondir le sujet.

Appréciation personnelle

Appréciation personnelle = 3/5

J’ai apprécié le roman. C’est un bon début. On espère pouvoir suivre d’autres romans.

Je le conseille si vous vous intéressez à AOS, ou autre.

Je tiens toutefois à préciser = considérant les retours des précédents romans Gotrek et Felix, on est encore loin des meilleurs romans de William King et de Nathan Long. Un peu moins Hight fantasy et plus Sword-and-sorcery, ce serait peut-être mieux.

A suivre

Noté bon quand même !

Note globale = Total des points 14/20