Lorgar: Bearer of the Word

De Les Archives Infinies
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Par Gilian

Avant-Propos

Étonnement (enfin de mon point de vue) ce livre est confié à Gav Thorpe. Bien que ce soit un auteur reconnu de la blacklibrary je m’attendais plus à voir Aaron Dembsky Bowden continuer sur sa lancée sur le primarque Lorgar.

L’histoire du livre

La capsule contenant Lorgar est arrivée sur le monde de Colchis, un monde dominé par la religion. Quand il est découvert par le porteur de parole autoproclamé Kor Phaeron, il va devenir l’instrument de ce dernier pour conquérir le monde.

L’histoire avec un grand H

Interlude

Sur Hiérapolis, la légion des Word Bearer a presque fini la mise en conformité impériale de la planète, et alors qu’ils s’apprêtent à tuer les derniers cultistes refusant de se soumettre à la vérité impériale, Kor Phaeron décide de les laisser partir en leur ordonnant de rester cachés et de propager leur religion en attendant l’heure du soulèvement contre l’imperium.

Livre 1 : Révélation

Un peu plus d’un siècle plus tôt, sur Colchis, Kor Phaeron a été banni de Vharadesh (la capitale religieuse du Covenant) pour avoir été trop ambitieux. Depuis il rumine sa vengeance en parcourant Colchis en temps que « porteur de parole » et en convertissant le plus de personnes possible. Officiellement pour sauver leurs âmes, officieusement pour revenir à Vharadesh demander des comptes.
C’est lors d’un de ses prêches dans le désert qu’il découvre Lorgar, un enfant extraordinaire qui grandit à une vitesse phénoménale et qui a manifestement été touché par les puissances du chaos.
Il décide de s’approprier le garçon et est même prêt a massacrer la caravane de réprouvés où il se trouve pour se l’approprier. Mais le garçon veut le suivre de son plein grè, ce qui facilite les choses, Kor Phaeron fera quand même massacrer les membres de la caravane pour ne pas laisser de traces de son passage.

Commence alors un long et douloureux apprentissage pour Lorgar sous la férule d’un Kor Phaeron totalement sadique, violent et incohérent. Il veut faire progresser Lorgar mais a peur de ce qu’il est en train de devenir et de la place qu’il prend.
Lorgar profite aussi de l’éducation de Nairo, un esclave ancien professeur qui a eu le mauvais goût de prôner l’égalité entre tous.
Petit a petit, les suivants de Kor Phaeron en viennent à plus apprécier Lorgar que leur ancien chef et ce dernier et assez intelligent pour s’effacer derrière son protégé et devenir l’éminence grise derrière le trône.

Interlude

Peu après Monarchia, Lorgar convoque Kor Phaeron et Erebus pour leur expliquer ses projets : purger la légion de toute trace de religion comme ‘la ordonné l’empereur et devenir un modèle pour les autres légions. Mais dans le même temps, chercher si les anciens dieux existent vraiment.

Livre 2 : Ascendant

A ce moment là commence une marche vers Vharadesh sous la conduite du nouveau « Porteur de Parole » Lorgar et de ses milliers de convertis.
C’est aussi à partir de ce moment que Lorgar va commencer à avoir des visions et à entendre la musique de l’empyrean (le fameux chant qui va guider sa vie).
Arrivés à la capitale où ils s’attendaient à devoir se battre ils ont l’agréable surprise de voir que la ville est déjà gagnée à leur cause et que les anciens maîtres du Covenant on été exécutés.

Interlude

Alors que les Word Bearers continuent à purger leur patrimoine et les planètes qu’ils ont converties à la foi impériale, Kor Phaeron en profite aussi pour purger les rangs de la légion des individus les plus fidèles à la vérité impériale.

Livre 3 : Invocation

Après avoir pris le pouvoir à Vharadesh, Lorgar commence la conquête de la planète qu’il aura finie juste à temps pour l’arrivée de l’empereur.
Mais Kor Phaeron a continué à protéger les anciennes religions en œuvrant dans son dos, plantant déjà les graines de ce qui deviendra plus tard l’hérésie.

Interlude

Alors que la légion est de retour sur Karstadt pour conclure sa purge intérieure et sa conformité à la vérité impériale, Kor Phaeron a un mauvais pressentiment…
Il commence à se demander si tout ça n’avait pas été prévu dès le départ par Lorgar et si ce n’est pas lui qui a été le jouet de Lorgar au lieu de l’inverse ?

Personnages

Lorgar : On n’apprend pas énormément de choses nouvelles sur Lorgar, mais Gav Thorpe développe avec soin ce que l’on sait déjà. Bien sûr, tout ce qu’on apprend sur son enfance sur la planète Colchis est nouveau mais n’apporte pas vraiment un nouvel éclairage sur ce qu’est Lorgar. Quelques petites choses toutefois, Lorgar est un être passif qui essaie d’éviter les conflits (sauf les conflits remettant en cause ses croyances), il se laisse manipuler par Kor Phaeron, (et je dis bien se laisse manipuler, parce qu’on apprend très tôt qu’il entend tout, donc il est forcement au courant de tout et de ce que fait Kor Phaeron dans son dos).
C’est d’ailleurs la conclusion à laquelle arrive Kor Phaeron lui-même. Et c’est aussi assez intéressant de voir que c’est au moment où Lorgar prendra les choses en main (à la fin de l’hérésie) que ça commencera à mal tourner pour lui.

Kor Phaeron : Encore plus noir et désagréable que dans les récits d’ADB (comme si c’était possible), il est totalement antipathique et n’a rien pour plaire, il n’a qu’une envie c’est de se servir de la religion pour asseoir son pouvoir. Il a peur du monothéisme prôné par Lorgar et reste convaincu que les « puissants » ont un plan pour lui.
Pourtant, après l’avoir trouvé dans le désert et essayé de le plier à sa volonté par la violence, il finit par se conformer aux visions de Lorgar pour ne pas perdre totalement la face ou se faire tuer en temps qu’hérétique.

Nairo : C’est un ancien professeur de l’université de Vharadesh qui a eu le malheur de prôner l’égalité devant les dieux et qui a été condamné à l’esclavage pour cela. Il va servir de contrepoids à l’influence grandissante de Kor Phaeron sur Lorgar en essayant de lui inculquer un peu de tolérance. Il finira par être tué par Lorgar au moment où il se bat avec Kor Phaeron.

Colchis et les dieux du chaos

Les dieux du chaos n’ont pas l’air très performants sur Colchis, la planète est encore vivable. On peut voir ça de deux manières :
La plus simple à accepter est sûrement celle que servirait GW c’est que la planète a été préservée par les puissances de la ruine pour commencer à convertir Lorgar à leur vue et donc il fallait qu’elle soit viable.
La seconde, ma préférée c’est que les dieux du chaos ont toujours existé, même avant la longue nuit, la longue nuit a plus ou moins été engendrée par l’augmentation du nombre de psykers dans la population humaine, ce qui a permis l’émergence des dieux du chaos dans le monde matériel.
Mais ils étaient déjà là avant, à se nourrir des émotions et des prières des mortels (humains ou xenos). On peut donc voir ça comme l’ancienne religion terrienne (romaine et grec pour les plus connues en occident), les dieux se battent par l’intermédiaire de leurs prêtres mais ne détruisent pas tout parce que si il n’y a plus de vivants il n’y a plus personne pour prier.
Il ne faut pas oublier que l’Hérésie d’Horus est provoquée par l’Empereur qui veut définitivement détruire les religions et par là même couper le moyen de se « nourrir » des dieux du chaos.

Lorgar et les œuvre d’Aaron Dembsky Bowden 

Gav Thorpe expédie rapidement les passages où il parle de la légion des Word Bearers et du primarque juste avant l’hérésie d’Horus pendant ces interludes.
J’ai trouvé ça un peu rapide surtout quand on connaît le soin qu’a pris ADB pour créer une histoire cohérente et un glissement de croyance sur le long terme pour Lorgar (qui passe du monothéisme paternel au polythéisme).
Mais au final, je me dis qu’il a bien fait pour deux raisons : la première c’est que ce n’est pas le sujet du livre donc pas la peine de tout compliquer. Et la deuxième c’est que ça a été très bien fait par ADB donc pas la peine de réécrire l’histoire avec le risque d’être incohérent. Du coup, il faut plutôt voir les interludes comme des résumés qui couvrent une longue période de temps plutôt qu’un instant T très court.

Conclusion

Sans être une révolution c’est un assez bon livre qui est dans le ton de ce que j’attends de cette collection, à savoir parler d’un moment important de la vie d’un primarque, un moment qui va le marquer.
Gav Thorpe par contre se garde bien d’empiéter sur les roman écrit par ADB et je pense qu’il a eu raison, Lorgar est un personnage bien défini au moment où Thorpe écrit ce roman et il aurait été dangereux de vouloir en réécrire le background.
Par contre je reste sur ma faim, j’aurais aimé voir la rencontre entre l’empereur, Magnus et Lorgar. Et surtout savoir qui envoyait ces visions à Lorgar. Ça ne peut pas être l’empereur, ou alors il a fait ça pour le sauver de l’influence des dieux du chaos en se substituant à eux. En fait ce livre ne répond à aucune question et en pose plusieurs.
Je n’ai qu’un vrai reproche à faire à ce livre c’est le « chant de l’empyrean » : c’est le fait que Lorgar entendent la musique qui Warp (ou se qu’il appel la musique) qui le fait mettre en marche son projet pour révéler l’existence des dieux à l’humanité. Mais s’il entend déjà la musique avant les évènements de Monarchia, alors il n’a jamais été fidèle à l’empereur et a joué le « jeu impérial » en sachant où ça allait aboutir.
J’avais un deuxième reproche à faire sur l’omniscience de Lorgar mais je me suis souvenu que le Lorgar d’ADB lui aussi sait que Kor Phaeron (et plus tard Erebus) n’ont jamais été francs et on toujours joué double jeu.

Pour conclure c’est un assez bon livre et même s’il n’apporte pas de grosses révélations, il complète bien l’histoire de Lorgar.

Par Schattra

Avant-Propos

Et voila la Schattra touche , merci a lui.
Vous pouvez le retrouver ici : https://nebelheim.wordpress.com/

Ou ici : https://www.warhammer-forum.com/index.php?/profile/27242-schattra/

Intro

Bonjour et bienvenue dans cette critique du romaninho (ça vaut bien novella) Lorgar : Bearer of the Word (Porteur de la Parole en VF), écrit par nul autre que le positivement vénérable Gav Thorpe. Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec la série Primarques, l’objet de notre attention est un court roman centré sur un des fils de l’Empereur avant que ne débute la fameuse Hérésie d’Horus. Comme le nom de l’ouvrage le laisse bien apparaître, Thorpe s’est intéressé à #17 (vive la Charente Maritime!), que sa ressemblance physique avec son paternel1 n’a pas empêché de commettre de grosses bêtises en son jeune temps. 10 000 ans plus tard, on peut considérer que l’Imperium paie toujours le prix fort de la bouderie de Lolo, rejeton indigne ayant réussi à flanquer la PME familiale dans le fossé, et largement contribué à pousser Pépé dans les orties. Faîtes des gosses, qu’ils disaient…

Publié en 2017, soit bien après qu’Aaron Dembski-Bowden ait retracé les turpitudes spirituelles et errements pataphysiques du premier félon hérétique dans ses propres bouquins (2010 et 2013), ce Lorgar… est l’occasion pour le lecteur de revivre la prime enfance et l’adolescence de Mr Tattoo sur la désertique Colchis, Thorpe ayant choisi de faire la lumière sur les années formatrices du Primarque, avant que son Père n’obtienne un droit de visite. ADB ayant, de l’avis général, réussi son affaire2 , il nous appartient d’établir si Gav Thorpe parvient à relever le gant – et la plume – de manière convaincante. Car en plus du Premier Hérétique et de Félon, l’enfant prodige de la BL a lui aussi soumis une novella centrée sur Lorgar, au moment de son duel de regard avec l’Œil de la Terreur (duel qu’il a donc perdu). Qui d’Aurelian ou de Lorgar… remportera la palme du meilleur biopic sur l’Urizen ? Voilà un match dans le match que nous aurons peut-être la possibilité d’arbitrer. Quoi qu’il en soit, direction Colchis-le-Sec, pour être témoin des premiers pas d’un jeune homme très peu ordinaire…

1 : Qu’il faudra que l’on m’explique un jour, car ressembler à quelqu’un dont personne ne peut voir le visage, c’est tout de même fort de café. Je penche plutôt pour une tentative désespérée de Malcador de dire quelque chose de positif sur l’élève Aurelian lors des rencontres parents-profs lorsqu’il s’est retrouvé confronté à Kor Phaeron.

2 : Avec des notes sur goodreads.com de 4.23 pour ‘Le Premier Hérétique’ et 4.33 (sur 5) pour ‘Félon’, ces deux tomes se placent dans le top 3 de la série « classique » (sans prendre en compte ‘Le Siège de Terra’). En fait, ‘Félon’ est tout simplement le livre le mieux noté de la saga à l’heure actuelle, devant les Abnett, McNeill, Haley et consorts.


Intrigue

Notre histoire commence sur le monde de Hierapolis, qui, pour son plus grand bonheur, se trouve être la 9ème planète-étape du tour galactique d’un Lorgar pas encore puni par son Pépé pour sa basse flagornerie. Alors que les Hierapolitains goûtent les joies d’une mise en conformité effectuée dans les règles de l’art et du bolter, Kor Phaeron emmène une petite troupe de Word Bearers enlever le cœur spirituel de cette future nouvelle conquête impériale, la Tour des Seigneurs Infinis. Misérable bâtisse de 10 mètres de haut, défendue par une poignée de popes désarmés et incontinents, la Tour ne représente pas un défi digne de ce nom pour les fiers et pieux Astartes, qui pénètrent dans la place sans tarder. Kor Phaeron a toutefois des desseins précis pour les dépositaires de l’autorité spirituelle de Hierapolis, qu’il laisse s’échapper en ULM (minus le grand moufti Audeaus, bolterisé pour l’exemple) afin de laisser subsister le culte chaotique local dans une prudente confidentialité. Bien évidemment, cette miséricorde intéressée est réalisée dans le dos (qu’il a, pour sa défense, très large) de Lorgar, à l’époque des faits totalement convaincu de la divinité de son géniteur…

Après quelques savantes considérations astronomiques venant expliquer au lecteur comment le temps est divisé sur Colchis, et pourquoi personne n’a jamais atteint 30 ans sur cette planète, nous entrons dans le vif du sujet. Une caravane de nomades qui faisaient des châteaux de sable au milieu du désert est approchée par un convoi similaire, provoquant l’inquiétude du chef de la troupe, Fan Morgai. Lui et ses camarades sont en effet des parias (Declined) au sein de la société colchisienne, et les interactions avec les habitants mieux nés de la planète ont tendance à mal se passer pour eux. Il est toutefois vain d’espérer éviter le contact avec les nouveaux venus, qui garent bientôt leurs roulottes à quelques encablures du campement des ostracisés. Alors que Kor Phaeron, car c’est bien l’auto-proclamé porteur de la parole qui guide les primo-arrivants, se pomponne en coulisse, nous faisons la connaissance d’un autre personnage important pour notre histoire : l’esclave Nairo. Ce dernier a été réduit à cette situation, que l’on peut qualifier de franchement mauvaise, n’en déplaise à Otis, après avoir prêché une hérétique égalité universelle du temps où il était prof de philo’ à la fac de Vharadesh. Résultat des courses, une mise à pied immédiate, qui l’a conduit à entrer au service de Kor Phaeron peu de temps avant que le prosélytisme enflammé de notre zélote ne le fasse expulser de la sainte cité. Vous parlez d’une poisse.

Ne maîtrisant pas la technologie de la porte, les nomades ne peuvent pas prétendre ne pas être chez eux lorsque Korphy se pointe sur son char sonorisé, et leur demande s’ils ont un instant pour qu’il puisse leur parler des Puissances. Bien élevé autant que résigné à endurer le sermon du prêcheur, qui peut de toutes façons compter sur le soutien d’une forte bande de mercenaires comme service d’ordre, Fan Morgai fait bon accueil à son visiteur ; qui n’est pas long à détecter que le chef nomade lui cache quelque chose. Jamais le dernier à mettre les pieds, qu’il a ignifugés, dans le plat, KP a tôt fait de convaincre son hôte de lui confesser son petit secret. Espérant extorquer un peu d’archeotech aux parias sous couvert de religion, notre apprenti racketteur a la surprise de voir un jeune enfant sortir d’une tente à la demande de Fan Morgai, et n’a pas le temps de demander à ce dernier s’il est apparenté avec Marc Dutroux qu’il tombe en syncope, victime du regard violeur et violet du garçonnet.

Ayant repris ses esprits et regagné un peu de sa dignité, Kor Phaeron réalise qu’il vient de tirer le gros lot, et que le jeune Lorgar, comme il a été baptisé par les nomades l’ayant trouvé échoué dans un cratère de météore, n’est pas un enfant normal, mais le réceptacle du pouvoir des Puissances (rien que ça). Prêt à tout et à tuer pour obtenir la garde du garçonnet, Kor Phaeron n’a cependant pas à batailler longtemps, ce dernier, déjà parfaitement maître du langage commun en dépit de son très jeune âge (à peine 15 jours), acceptant de partir en pension dans la Phaeromobile. Car en dépit de ses très nombreux défauts, on peut au moins reconnaître à Kor Phaeron une éloquence réelle, qui a convaincu Lorgar du bien-fondé de sa cause. Les adieux sont rapidement exécutés, promptement suivis par Fan Morgai et ses ouailles, que Kor Phaeron fait massacrer par ses sbires pour éviter que la connaissance de l’enfant miracle n’atteigne les oreilles de ses rivaux de Vharadesh.

Lorsque Lorgar pose le pied dans la caravane de son nouveau tuteur s’ouvre une longue séquence durant laquelle il ne se passera pas grand-chose, mis à part le (relativement, car l’épisode ne durera au final que quelques mois) lent apprentissage par l’enfant prodige de la Vérité, sous la vicieuse férule d’un Kor Phaeron absolument ignoble. Toujours prompt à châtier son acolyte pour la raison la plus insignifiante (parler sans autorisation1, réciter par cœur les leçons apprises, aider les esclaves au travail, …), le Porteur de la Parole apparaît sur un jour encore plus défavorable que celui qu’on lui connaissait pendant l’Hérésie d’Horus, ce qui n’est pas rien. Bien que Lolo ait la peau trop dure pour le fouet, puis un peu plus tard, lorsque son instructeur aura détecté les résultats peu probants de ce type de punition, les gourdins des gardes, le Primarque est affecté par la rudesse lunatique de celui qu’il s’échine à considérer comme son père adoptif, malgré les tourments endurés par sa faute. Vous parlez d’un syndrome de Stockholm. Il n’y aura guère que le compatissant autant qu’édenté Nairo qui prodiguera un peu de tendresse et de sympathie au jeunot durant ces premiers mois, l’esclave idéaliste essayant tant bien que mal d’insuffler ses vues progressistes à Lorgar pour contrecarrer le conservatisme (doublement) servile de Kor Phaeron.

Cette enfance malheureuse sera toutefois marquée par deux événements majeurs : la promesse – donnée de bien innocente façon par un Lorgar encore très jeune – de l’acolyte de servir les Pouvoirs (et donc le Chaos) durant toute sa vie – et une rébellion d’une partie des convertis servant Kor Phaeron contre ce dernier, rébellion qui aurait sans doute sonné la fin du prêcheur, sans l’intervention décisive et sanglante de son fidèle pupille. Débarrassé des éléments séditieux, traqués et massacrés par Lorgar – qui à cette occasion se bricole sa première masse de guerre – Kor Phaeron réalise toutefois qu’il doit mettre de l’eau dans son v(en)in s’il veut garder la vie sauve, et se dépouille de son statut de Porteur de la Parole au bénéfice de Lorgar, catapulté prophète des Pouvoirs par l’opération du (presque) sain d’esprit.

S’en suit un bref interlude, ramenant l’intrigue et le lecteur quelques années plus tard, juste après les événements honteux de Monarchia. Traumatisé par la destruction de la cité sainte et le stop impérial que lui a infligé Pépé par l’intermédiaire de l’Ultra Schtroumpf et de ses sbires, Lorgar convoque Kor Phaeron pour faire le point, après avoir consacré quelques heures à la flagellation et la scarification de sa chair coupable. Sentant la période propice à l’avancement de son propre agenda, qu’il a tenu secret pendant des décennies, le Premier Capitaine n’a cependant guère besoin de se fouler pour mettre le Primarque sur la voie qui le mènera au chemin octuple, car ce dernier a déjà pris la décision de ne pas pardonner le coup de sang (et de macro-canon) de son auguste, mais pas divin, Paternel2. Et lorsque cette vieille baderne d’Erebus se joint à la discussion, on comprend que l’Hérésie vient de prendre racine…

La deuxième partie du Livre de Lorgar débute après la promotion canapé caravane du Primarque, qui reprend avec enthousiasme et zèle les prêches de son père adoptif, laissant ce dernier dans l’ombre faire ce qu’il sait faire de mieux : comploter et bouder. Alors qu’ils devisaient sur la traduction d’un livre de cuisine Eldar ayant malencontreusement trouvé le chemin de la bibliothèque de Kor Phaeron (tout arrive), nos deux larrons sont victime et témoin d’un événement peu commun : la première des visions de Lorgar, qui, s’y elle semble horriblement douloureuse à première vue, laisse le Primarque extatique à son réveil, même si un peu confus sur l’interprétation qu’il doit faire de son rêve humide cosmique. La vision d’un être divin, nimbé d’or et d’étoiles, descendant de l’Empyrean sur des ailes d’aigle, se marrie en effet difficilement avec le credo des Puissances. Il en faut toutefois plus pour décontenancer Kor Phaeron, qui voit dans ce signe un présage de bon augure pour son projet personnel : la conquête de Vharadesh. Lorgar est d’accord, et le duo (pas encore) infernal décide de commencer leur campagne par les proches mines de Taranthis, dont les milliers d’esclaves constitueront des recrues utiles pour la suite des opérations.

Si l’opération se révèle être un succès, son exécution s’en retrouve compliquée par le choix de Kor Phaeron de provoquer l’affrontement avec les gardes du Covenant qui défendent les mines, alors que Lorgar était plutôt favorable à l’ouverture de négociations. La bataille « mad maxienne » qui s’ensuit donne à Thorpe l’occasion de dépeindre pour la première fois le Primarque au combat, dont il sort victorieux davantage grâce à son physique supérieur qu’en raison de ses capacités martiales, logiquement assez limitées eut égard à l’éducation de nerd qu’il a reçu jusque là. Le gros de la garnison vaincu, Lorgar prend le mic’ pour délivrer un sermon interminable aux esclaves de Tharantis, qui finissent par se rebeller contre leurs derniers matons et rejoindre la congrégation du Porteur de la Parole quelques heures plus tard. Ce haut-fait inaugural sera suivi par de nombreux autres, la caravane du tour de Colchis faisant étape dans de multiples campements et villes au cours des semaines suivantes, et Lorgar ne manquant jamais de rallier à sa cause les bonnes âmes du cru par ses causeries inspirantes. Dans le même temps, les visions du Primarque se poursuivent et se précisent, Magnus faisant à présent son apparition au côté de l’Empereur3. Sur son temps libre, Lorgar trouve même le moyen d’occire une légende locale, le Kingwyrm, un serpent gigantesque qui aura la mauvaise idée d’avaler le Primarque tout rond, et s’étouffer pour sa peine4. Il est enfin temps pour les hordes de convertis de Lorgar d’aller mettre le siège à Vharadesh, combat épique qui verra le Primarque testé comme jamais aupar… Ah, non, pardon. La mixtape primarquielle a atteint la cité sainte avant son auteur-compositeur-interprète, et tellement emballé la population locale qu’elle a fait le sale boulot à la place du Porteur de la Parole, accueilli sur place par les cadavres des hiérarques et de l’Ecclésiarque de Vharadesh, faisant de Lorgar (et surtout de Kor Phaeron), les maîtres de la capitale de Colchis.

Nouvel entracte, et nouvelle perfidie Korphaeronesque, qui tire parti d’une opération d’archivage/autodafé des reliques sacrées des Word Bearers pour purger la Légion des éléments qu’il juge trop fidèles à l’Empereur pour soutenir Lorgar dans la suite des événements. Adieu donc au Lieutenant-Commandeur Menelek, le Donald Trump des Word Bearers (« make the 17th great again« ) abattu de sang-froid par le Premier Capitaine et ses nervis avec une centaine de ses hommes sur la planète de Therevad.

Retour sur Colchis, pour la conclusion de la geste lorgarique, qui verra le Primarque conquérir le reste de la planète pendant que Kor Phaeron nourrit ses rêves de grandeur megalo en sa qualité d’Archidiacre du Covenant, tout en s’assurant sous le manteau que le choc de simplification (de 4 Puissances à l’Unique, c’est le grand ménage cult(ur)el) conduit par son fiston ne soit pas aussi absolu que ce dernier le souhaite. Pendant que Lorgar et son armée font du porte à porte à travers à Colchis, ralliant à leur cause, de gré ou de force, les cités de la planète les unes après les autres, Kor Phaeron utilise son réseau de cultistes, l’ushmetar kaul, pour faciliter la conquête du nouvel Ecclésiarque, tout en ménageant l’Ancienne Foi dès que possible. Le seul obstacle notable que rencontre Lorgar sur sa route est la résistance de Gahevarla, ville des magus et protégée par les enchantements de ces derniers. Finalement, une prière du Primarque avant qu’il ne mène son armée à l’assaut des murs de la cité, entourée par une tempête surnaturelle, sera suffisante pour que Tzeentch retire sa protection à Gahervala (ou que l’Empereur claque le beignet du Grand Comploteur, qui peut dire ?). Avec la chute du dernier village d’irréductibles gaulois, tout est prêt pour l’arrivée de l’Unique, qui ne sera cependant pas couverte dans ce livre (zut). Signe prémonitoire du destin tragique qui attend le Primarque, celui-ci tue le pauvre Nairo alors qu’il tentait une nouvelle fois de le tirer des griffes de Kor Phaeron, en attentant à l’intégrité physique de l’Archidiacre qui venait de lui allonger un crochet.

Notre propos se termine avec un nouveau bûcher des vanités, organisé cette fois dans la cathédrale bâtie par Lorgar sur le premier monde qu’il a conquis au nom de son vrai Père. Alors que les Word Bearers jettent leurs missels et chapelets dans le brasier, Kor Phaeron est pris d’un vieux doute. Et si Lorgar se débarrassait de lui une fois qu’il n’aurait plus l’utilité de son père adoptif ? Le placement en EHPAD n’est jamais une perspective riante, c’est vrai, mais à ce jour, le Gardien de la Foi a réussi à sécuriser sa place dans la hiérarchie de la Légion, bien aidé il faut dire par la retraite millénaire de Lorgar. En tout cas, c’est sur ces sombres idées et flammes dévorantes que se termine cette biographie de l’Urizen, déjà passé du côté obscur de l’Empyrean au moment où nous prenons congé. La suite (ne) va (pas) vous surprendre…

1: On se consolera toutefois en réalisant que cette petite frappe de Kor Phaeron se fait la plupart du temps plus mal qu’à Lorgar quand il lui prend l’envie de le frapper.

2: Voilà comment Thorpe déboulonne en quelques lignes l’approche qu’avait eu Aaron Dembski-Bowden du ralliement de Lorgar au Chaos. Point d’épiphanie après une véritable période de doute ici : Lorgar rejette l’Empereur immédiatement après Monarchia.

3: Jamais tenaillé par le doute et la modestie, Kor Phaeron est prompt à voir dans le magus à un œil que lui décrit son fils sa propre précieuse personne, tandis que Lorgar est, bien entendu, l’Empereur.

4: Sérieusement, le combat épique dure un gros paragraphe, le ver des sables crevant d’apoplexie (ou d’allergie – peut-être que l’Empereur a donné à chacun de ses fils un goût différent, et Lorgar a hérité de l’arachide –) en trois secondes. Et l’événement ne servira plus à rien dans la suite de l’histoire.

Avis

Si au moment où je me suis attaqué à la lecture de ce Lorgar : Bearer of the Word, je n’avais pas d’attentes particulières envers ce livre, pour la double raison que ni son sujet, ni son auteur, ne faisaient partie de mes centres d’intérêt BLesque, mon avis sur la question a quelque peu évolué au fil des pages. En cause, la réalisation que Lorgar n’était pas n’importe qui, là aussi à double titre : premièrement, parce que ce Primarque est celui par qui le scandale, ici nommée Hérésie, arrive, et que tout ce qui peut expliquer comment est-on arrivé là, comme dirait Theoden, est donc d’une importance fluffique capitale. Deuxièmement, et comme dit en introduction de cette chronique, parce qu’Aaron Dembski-Bowden avait déjà fait un travail conséquent de présentation et de caractérisation du personnage, et qu’il aurait été logique que Thorpe fasse son possible pour s’inscrire dans le sillage tracé par son prédécesseur. Comme vous commencez à vous en douter à la lecture de ces lignes, l’auteur de ces dernières n’a été que moyennement convaincu par la sincérité de l’effort de Gav Thorpe en termes de recherche d’une continuité narrative. Ce qui est à déplorer, et donc déplorable (les deux fonctionnent). Mais avant de lister ici mes griefs envers le Lorgar… du sieur Thorpe, commençons par nommer ses qualités.

Pour commencer, je dois dire que le choix de l’auteur de se focaliser sur l’enfance du Primarque dont il se fait le biographe (en opposition aux autres novellas de la série Primarques que j’ai lus jusqu’ici, et qui se centrent sur un épisode intéressant – encore que… – de la Grande Croisade) m’est apparu comme « naturellement » le plus intéressant pour le lecteur avide de fluff que je suis, et que les amateurs de cette série devraient également être dans leur grande majorité. Soyons honnêtes : la genèse des Primarques, et l’explication de comment ils sont devenus ce qu’ils sont, alors qu’ils étaient encore à leur plus malléable1 , est sans doute l’aspect le plus intéressant de l’histoire de ces surhommes (le récit de leur disparition mis à part, à supposer qu’il soit un jour raconté2 …). Qui ne rêverait pas de suivre Lion El’Jonson, Konrad Curze et Leman Russ dans l’isolement de leurs premiers jours, d’apprendre comment Guilliman et Dorn ont été formés pour devenir les stratèges et bâtisseurs qu’ils sont devenus, ou assister à la rencontre du jeune Horus avec l’Empereur ? Thorpe nous offre justement ce moment privilégié, et de manière quasi exhaustive, depuis le crash de la capsule du Primarque #17 sur Colchis jusqu’à sa soumission totale de la planète. Sur le papier, l’idée était canon, et surpassait de beaucoup les intrigues d’autres novellas de la série. Il serait donc mesquin de ne pas reconnaître au Gav ce qui revient au Gav.

Deuxièmement, Lorgar… n’est pas du tout avare en background, comme la section ci-dessous vous le démontrera. Là encore, cela faisait partie du cahier des charges normal et logique pour ce type de soumission, et là encore, Gav Thorpe fait le job avec application, et je dirais même – pour être assez familier des écrits de cet auteur – plus qu’à l’accoutumée. J’en veux pour preuve le soin qu’il a pris à intégrer à sa chronique le découpage particulier du temps propre à Colchis, « détail » assez lourd de conséquence d’un point de vue organisationnel, et que beaucoup d’auteurs auraient remisé en faveur de l’adoption d’un rythme circadien tout ce qu’il y a de plus « Terran ». Le seul reproche que je puisse faire à cette abondance backgroundesque est qu’elle se focalise en quasi-exclusivité sur la planète de Colchis, et non sur Lorgar, Kor Phaeron et la Légion des Word Bearers. Cela peut sembler bête, mais comme la planète natale de l’Urizen a été détruite depuis belle lurette, tout le fluff apporté par Thorpe peut être considéré comme « mort », en ce qu’il n’a plus aucun impact sur l’univers de Warhammer 40.000. En apprendre plus sur le Primarque, et/ou sur ses légionnaires, aurait été plus appréciable à mon goût, même si, là encore, le choix de Thorpe de se concentrer sur la première année (colchisienne) de Lorgar justifie en partie l’absence de détails Astartechniques. Voilà pour le plaidoyer de la défense.

Si l’on passe maintenant au réquisitoire, il y aurait bien de choses à dire. Pour donner un contrepoint immédiat à l’argument présenté ci-dessus, je regrette que le récit de l’enfance de Lorgar n’ait pas été plus révélateur de la personnalité et du caractère de celui qui deviendra le premier hérétique. Car si Thorpe utilise beaucoup des éléments connus sur la nature du Primarque, il ne se donne pas assez la peine d’aller plus loin dans les révélations. Que Lorgar soit un mystique, dont le besoin de spiritualité vient de ses visions récurrentes, nous le savions déjà. Ce qu’il aurait été intéressant d’apprendre, c’est pourquoi ce besoin de se raccrocher au divin est si fort chez lui, et d’où lui venaient les visions de l’Empereur qu’il a reçues pendant son enfance3 . De la même façon, Thorpe reste assez superficiel, ou en tout cas caricatural, dans sa description de celui que l’on peut considérer comme le vrai protagoniste (à défaut de héros) du livre, Kor Phaeron. C’est bien simple, ce malheureux personnage ne possède pas une seule qualité rédemptrice, alors qu’il aurait été à mes yeux intéressant de griser un peu le trait de la part de Gav Thorpe. Arrogant, méprisant, cruel, brutal, borné, boudeur, illuminé, un peu stupide parfois, calculateur, intéressé, jaloux… Déjà dépeint comme un triste sire dans la série principale (à égalité avec Erebus et Eidolon, les affreux jojos de l’Hérésie), Kor Phaeron apparaît ici sous sa forme mortelle comme une éminence grise n’ayant pas vraiment les moyens de ses ambitions, et plus proche du Don Sallustre joué par Louis de Funès dans La Folie des Grandeurs que du Darth Sidious de Colchis qu’il prétend être. Sa seule chance est de pouvoir compter sur le soutien indéfectible , autant qu’inexplicable de son fils adoptif, dont il finit lui-même par s’étonner en toute fin de récit, et qui restera un mystère pour le lecteur. Thorpe insiste en effet sur le fait que Lorgar a sciemment accepté la maltraitance de son tuteur, alors qu’il avait la possibilité d’y mettre fin à tout moment, même lorsqu’il n’était qu’un enfant. Pourquoi cela ? Mystère… Je reste convaincu qu’un Kor Phaeron un minimum aimant et compatissant envers son « fils » aurait enrichi et approfondi significativement les deux personnages, mais ce n’a pas été le choix de Gav Thorpe.

De façon corollaire, mais qui mérite tout de même un traitement à part, je suis vraiment déçu que Thorpe ait arrêté son histoire juste avant que l’Empereur et Magnus n’arrivent sur Colchis. S’il y avait bien un moment fondamental à raconter dans la vie de Lorgar, c’est la rencontre avec son véritable Père, qu’il considère depuis le début comme un dieu, statut que ce dernier refuse absolument (avec les conséquences tragiques que l’on sait). J’aurais payé cher pour savoir comment l’Empereur a accueilli l’idôlatrerie de son fils lors de leur première rencontre, ce qui a sans doute préfiguré la suite de leurs relations jusqu’à l’épisode délicat de Monarchia. En l’état, on ne peut que soupçonner que Big E ait laissé Lolo dans sa lubie déiste, au lieu de lui remettre les idées en place dès le départ. Pourquoi ? Encore une fois, mystère… Mais franchement, ça aurait été cool de la part de Gav Thorpe de nous apporter des éléments complémentaires sur ces retrouvailles forcément un peu spéciales.

Autre point de reproche, l’intrigue que nous sert Thorpe traîne beaucoup en longueur et se révèle assez peu prenante, même si elle couvre l’entièreté de la conquête de Colchis par l’Urizen et ses fidèles. Le premier livre, centré sur « l’enfance » du Primarque, aurait ainsi pu faire l’économie d’une vingtaine de pages au minimum, n’ayant pour but que de faire comprendre au lecteur à quel point Kor Phaeron est ignoble envers son protégé. Les deuxième et troisième livres, s’il se révèlent plus palpitants, souffrent eux d’une linéarité ennuyeuse, en ceci que rien ne semble jamais pouvoir contrecarrer les desseins de Lorgar. Depuis sa libération des esclaves de Taranthis, jusqu’à la conquête de l’ultime cité résistant à ses armées, tout va dans le sens du Primarque, qui m’a fait l’impression d’un personnage de RPG joué en mode facile. On aurait pu penser que l’ascension de Lorgar se serait retrouvée contrariée, même si de manière temporaire, par un adversaire plus puissant (le Kingwyrm ?), plus stratégiquement aguerri (le Covenant de Vharadesh ?), ou disposant de connaissances plus poussées (les magus de Gahervala ?) que notre One Punch Man galactique, mais à chaque fois, Thorpe décide de livrer un non-match, les difficultés rencontrées par le Primarque se retrouvant aplanies en deux temps, trois mouvements. De manière secondaire, l’absence de rebondissement ou de suspense dans l’intrigue proposée par l’auteur (ce qu’il, pour être honnête, n’a pas été le seul à faire, ou à ne pas faire), achève de transformer cette novella en biographie assez terne, qui se lit certes rapidement, mais pas avidement.

Dernier4 grief à l’encontre de Lorgar…, son manque de cohésion avec le reste du corpus hérétique. Qu’il s’agisse des « faux raccords narratifs » qui voient le Primarque de Thorpe basculer dans le Chaos immédiatement après Monarchia, alors que celui d’ADB avait pris le temps de la réflexion (et d’un voyage dans l’Œil de la Terreur) avant de changer complètement d’allégeance, ou de l’absence criante de manifestations chaotiques à la surface de Colchis, qui est pourtant une planète dédiée totalement au culte des Dieux du Chaos (sous le nom de Puissances, c’est vrai, mais quand les prophète locaux s’appellent Tezen, Slanat, Khaane et Narag, le doute n’est pas vraiment permis), on ne sent pas d’efforts particuliers de la part de Gavin Thorpe pour recoller les morceaux avec la petite, la grande ou la meta-histoire (aussi appelée lore) de Warhammer 40.000. Il y avait donc moyen de mieux faire.

En définitive, et pour répondre à l’interrogation qui commençait cette longue chronique, et que vous avez certainement oublié depuis : non. Voilà qui vous fait une belle jambe, je gage. Pour vous éviter de scroller jusqu’en haut de la page, je terminerai donc mon propos en tranchant de manière claire et définitive que les travaux dédiés par ADB à Lorgar sont supérieurs de bien nette façon à ceux commis par Gavin Thorpe. De là à dire que ce Lorgar… ne vaut pas le détour, il y a tout de même un pas que je ne franchirais que si le lecteur cherche d’abord à tirer la substantifique moelle de l’Hérésie d’Horus, en ne lisant que les meilleures pages consacrées par les auteurs d’icelle à chacune des têtes d’affiche de la série. Si vous êtes intéressé par ce Primarque, et par cette période en général, vous trouverez donc à vous mettre sous la dent, même si la chère risque d’être plus maigre que prévue. Entendons-nous donc sur le fait qu’il y a (bien) mieux ailleurs, et restons en là, si vous le voulez bien !

1 : Sauf Ferrus Manus, qui était déjà dur comme un vieux clou à son arrivée sur Medusa.

2 : Sauf pour Sanguinius et Horus, dont on attend avec impatience le match de Pri-MMA-rques.

3 : L’Empereur (si oui, pourquoi se faire passer pour un Dieu alors qu’il est contre ce concept ?) ? Les Dieux du Chaos (si oui, pourquoi ne pas avoir révélé à Lorgar, qui était prêt à l’accepter, qu’ils étaient des véritables divinités ?) ? Était-ce au contraire une prédisposition, ou une tare génétique, de la part de Lorgar ?

4 : Bon, je pourrais encore répéter que c’est cher pour ce que c’est, mais je pense que vous aviez compris à la troisième fois. Il s’agit également de la novella ‘Primarques’ la plus longue que j’ai lue à ce jour, donc je ferai l’impasse sur cette critique pour cette fois.

Fluff

Lorgar : Son nom signifie « Celui qui appelle la pluie » en langue de Colchis (rq : et puisqu’Aurelian veut dire le Doré…). Il a les yeux violets et deux cœurs. Sa nature le pousse à éviter le conflit et à prendre sur lui, mais il peut être sujet à des épisodes de rage destructrice, particulièrement lorsqu’il rencontre des obstacles à sa foi. Il peut utiliser sa Voix pour plier quiconque à sa volonté, mais ne le fait que rarement. Il a été surnommé Urizen par les matriarches de Tezenesh, ce qui signifie le plus sage des sages, l’architecte de la foi. Sa première conquête pour l’Imperium fut la planète de Karlstadt (47-1), suivie un peu plus tard de Theravad (47-6) et Hierapolis (47-9) en 950.M39.

Primarque (Constitution) : Bien qu’ils grandissent vite, les Primarques ont connu une période infantile. Lorgar a été trouvé par Kor Phaeron alors qu’il avait la stature d’un enfant de trois ans. Il a atteint cette taille en moins de trois mois, les Nomades l’ayant recueilli alors qu’il n’était qu’un nourrisson.

Word Bearers (Marquages) : Les guerriers qui arborent un tabard gris sur leur armure montrent ainsi qu’ils ont été élevés depuis le plus jeune âge dans les enseignements du Covenant de Colchis, dont les prêtres portent des effets de cette couleur. Le symbole de la légion, le livre enflammé, a également été repris du Covenant de Vharadesh.

Colchis : La planète est bien plus large et massive que Terra, ce qui se traduit notamment par des journées bien plus longues, précisément de 7.1 jours, ou 170.4 heures terrestres (rq : en revanche, rien ne dénote des effets d’une gravité plus forte, qui aurait dû « tasser » les habitants de Colchis à la longue). Une journée sur Colchis est divisée en sept périodes, d’une durée à peu près similaire à un jour terrestre : Dawnaway, Mornday, Long Noon, Post-noon, Duskeve, Coldfall, High Night. Durant chaque période, trois segments se suivent : Wake-Rise, Wake-Main et Rest-Eve (pendant lequel les habitants de Colchis dorment). Une révolution de Colchis autour de son étoile prend cinq années terrestres. La planète est régulièrement balayée par des tempêtes de sable, dont certaines sont tellement régulières qu’elles ont été baptisées, comme Rage Divine (Godrage), qui balaie le désert intérieur tous les hivers.

Colchis (Faune) : Parmi les espèces natives de la planète, on compte des vautours des sables, de grands oiseaux dont l’envergure atteint les quatre mètres, des dromedores (rq : probablement des dromadaires, avec un nom pareil), et des faucons de cadavres (corpsehawks).

Colchis (Culture) : La caste des Déclinés (Declined) est considérée comme impure par le reste de la population, et n’est pas autorisée à entrer dans les grandes cités de la planète. Des caravanes de véhicules sillonnent les étendues désertiques Colchis, pour le commerce ou pour convertir de nouveaux adeptes (les sectes de la planète étant en concurrence les unes avec les autres). On connait quelques uns des peuples de Colchis, comme les Cthollic, dont les guerriers portent des masques de porcelaine peints de visages grimaçants, aperçus lors des transes hallucinées qui marquent leur passage à l’âge adulte ; la Fraternité des Archers, originaires de la côte, et dont les hommes et les femmes portent la barbe (pastiche dans le second cas) ; les Witchwalkers de Carthass, dont le foyer a été détruit par des tremblements de terre un an avant l’arrivée de Lorgar. Pir Olourious est un héros mythique de Colchis, maniant une lame dorée.

Colchis (Constellations) : L’Œil qui s’ouvre (Opening Eye), dont la pupille est l’étoile rouge de Valak ; l’Escalier Ascendant (Rising Stair) ; le Soleil cranté (Serrated Sun), aussi appelé le Halo de Fer de Khaane.

Colchis (Religion) : Bien qu’il soit divisé entre de nombreuses sectes, dont la plus puissante est le Covenant de Vharadesh, le culte des Dieux du Chaos, connus sous le nom des Puissances, est généralisé sur Colchis. Les quatre prophètes Tezen, Slanat, Khaane et Narag, ayant quitté la planète pour aller à la recherche des Puissances, sont tenus en haute estime. Le Covenant est dirigé par un Ecclésiarque et six Hiérarques. Le premier porte des robes gris colombe, les seconds des robes blanches. Le signe sacré des Quatre est tracé avec la main gauche, index et majeur dressé : un demi-cercle débuté en haut et à gauche du cadran, suivi d’une croix. L’Ushmetar Kaul a été créé par Kor Phaeron pour maintenir la vieille foi vivante, de façon clandestine, parmi les hauts dignitaires de Vharadesh.

Colchis (Ouvrages nommés) : ‘Les Instructions sur les Leçons de Dammas Dar’ ; ‘Les Aspirations de Kor Adras ; ‘Le Livre des Changements’ de Tezen ; ‘Les Révélations des Prophètes’ – l’ouvrage le plus saint du Covenant ; ‘La Parabole de la Baleine Céleste’ ; ‘Le Livre de Kairad ;

Colchis (Géographie) :

  • Villes : Vharadesh, la cité des fleurs grises, Ghuras, Last Haven/Sarragen (ruines) ; Assakhor ; Tezenesh ; Golgora (cité de Tezenesh) ; Ctholl ; Martias ; Lanansa ; Hourldesh ; Epicea ; Cathrace ; Khathage ; Nuresh Ab ; Gahervala la cité des Magisters (protégée par des mages) ;
  • Autres : Désolations de Vhanagir ; Ad Drazonti ; les mines de Taranthis ; les plaines de lave de Toursas ; le cratère des chagrins (Crater of Sorrows) qui abrite les ruines d’une cité antique et est hanté par le Kingwyrm ; Meassin (plantations de coton et de lin) ; Ahesh Ahuk, Kofus, Merina, Assakhor et Jo Burgesh (exploitations abritant des esclaves) ; Seasas et Ouresh (plantations) ; Ghastaresh (plaines de sel) ;
  • Oasis : Catarc Oasis ; Fourrh ; Khornasa ; Al Nerga ; Ashada

Vharadesh : La cité est défendue par un rempart de grès, silex et granite de vingt mètres de haut. La porte principale est flanquée de deux tours d’obsidienne. Les flèches et tours grises et rouges d’un millier de temples s’élèvent dans l’air poussiéreux de la ville. Des balcons de Vharadesh pendent des dizaines de milliers de fleurs grises, dont la cité tient son surnom, et dont les pétales broyés servent à obtenir une teinture utilisée pour les robes du clergé (rq : de fil en aiguille, on peut dire que la première livrée des Word Bearers reflétait leur côté fleur bleue grise). Le Spire Temple, juché sur le Mont des Prophètes, en face du Square des Martyrs, domine Vharadesh de toute sa taille (un kilomètre de haut). Plus d’un million de fidèles y résident.

Kingwyrm : Aussi appelé Serpent de Khaane, ou la Ruine des Cités. Serpent de près de deux cents mètres de long, recouvert d’écailles triangulaires scintillantes d’or et de rouge, chacune de la taille d’un bouclier. Des aiguillons noires de cinq mètres, semblables à des membres atrophiés, tapissent son corps. Sa tête est protégée par une crête osseuse, marquée d’ocre, de bleu et d’or. Ses yeux sont à facettes, comme ceux d’un insecte. Il fut tué par Lorgar pendant sa conquête de Colchis, avant qu’il ne prenne le contrôle de Vharadesh.