Leman Russ: The Great Wolf

De Les Archives Infinies
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Par Gilian

Avant-Propos

Chris Wraight a tiré le bon numéro avec un sujet qui va forcement capter l’attention des lecteurs : le fameux duel entre Leman Russ et Lion El ’Jonson qui va entrer dans la légende. Mais c’est aussi dangereux de s’attaquer à un tel sujet car on n’a pas le droit à l’erreur.

L’histoire du livre

La campagne de Dulan est en cours, et elle restera dans les annales impériales comme une victoire glorieuse due a la coopération entre deux primarques. Mais la vérité est bien plus complexe.

L’histoire avec un grand H

Haldor Twinfang vient de finir son initiation et d’être accepté dans la 3eme compagnie des Space Wolves. Du chapitre des spaces Wolves car le temps des légions est fini. Il est le premier de la nouvelle génération, celle à ne pas avoir connu la légion. Mais alors que le festin d’intégration bat son plein, Haldor a envie de prendre l’air et part errer dans la citadelle du Croc qui semble bien vide maintenant que la légion a été dissoute.

Il finit par tomber sur Leman Russ en personne qui est en train de porter le deuil de son frère Lion El ‘Jonson. Voyant la nouvelle recrue et surtout l’arme qu’il porte (une hache ayant appartenu au dark angel) Russ décide de lui parler de la campagne de Dulan.

La guerre contre l’empire Dulanite avait mal commencé, la flotte impériale envoyée pour pacifier la région avait subit de nombreux revers. Pour finir, les spaces Wolves avaient été envoyés régler le problème. Mais après plusieurs mois de campagne, ils n’avaient toujours pas réussi à localiser la planète capitale de l’empire adverse, ce qui avait poussé le conseil de Terra à demander à la première légion d’intervenir.
Leman Russ, devant un tel affront, avait décidé de prendre les choses en mains. Grâce aux informations obtenues par Jorin Bloodhowl (sur un vaisseau enneme qu’il a réussi à aborder) par Jorin Bloodhowl, la planète Dulan est localisée.
Mais, à leur arrivée, Russ et ses hommes ne peuvent que constater que les Dark Angels sont déjà la et ont engagé l’ennemi. Russ ordonne à sa légion d’entrer dans le combat immédiatement et de se frayer un chemin vers la planète.
Après des combats spatiaux aussi courts que violents, les deux primarques décident de la manière de prendre la planète. Les dark Angels protègeront un corridor pendant que les Space Wolves se rueront à l’assaut.
La technique est simple mais efficace, seulement Russ prend du retard sur le plan en devant régler des petits soucis de désobéissance de la part de Jorin, et Lion El ‘Jonson décide de mettre fin à la campagne tout seul.
S’étant fait voler sa proie par son frère, Russ le défie en duel et lors du combat il « emprunte » lune hache à un capitaine dark Angel qui se tenait trop prés des combattants.

Bien des années plus tard sur Terra, Russ et Jonson sont arrivés trop tard pour participre au siège et, de rage, Jonson voulait que les deux frères se tuent mutuellement mais Russ a refusé.

Dekk-Tra la 13eme

Cette compagnie réunit les frères de Leman Russ qui étaient trop vieux pour être transformés en space marines mais qui ont insisté pour le faire quand même. Elle est commandée par Jorin BloodHowl, le seul en qui Leman Russ a entièrement confiance. Son second est Bulveye.
Elle est frappée par une malédiction qui transforme ses hommes en Wulfen pendant les combats. Jorin essaie de trouver un remède avant d’en parler à Russ.

Wulfen

Leman Russ est au courant de la malédiction du Wulfen, elle est ancrée dans le gène des space Wolves depuis leur création. Malcador avait prévenu Russ que ça pouvait arriver, que certains space Wolves pourraient devenir des monstres. Ce n’est donc pas une malédiction qui frappe seulement la 13eme.
Russ en veut à Jorin de ne pas lui en avoir parlé. Et il est reconnaissant a Lion El ‘Jonson de ne jamais avoir dévoilé son secret.

Jorin / Bulveye

Je ne sais pas si Chris Wraight est conscient d’avoir fait une boulette avec Jorin dans le rôle du Jarl de la 13eme alors que partout ailleurs c’est Bulveye qui a ce rôle.
A la fin de la discussion Haldor demande à Russ :

— Et Bloodhowl ? » Demanda Haldor. — Jorin ? » Le petit sourire de Russ brilla dans le noir. « Ah, Jorin. Et les autres qui sont venus après, les frères-loups, la Treizième. Tu n’entendras pas leurs sagas quand tu t’assiéras à la grande table. C’est une autre histoire, ça, pour une autre fois, et tu es trop jeune pour l’entendre, jeune chiot. »

Alors moi je verrais ça comme ça : Jorin est le Jarl originel de la 13eme compagnie jusqu'à la campagne de Dulan.
A la fin de la campagne, sachant qu'il a menti à Russ et que ce dernier est en colère, son commandement lui est retiré. Bulveye devient donc Jarl de la 13eme a la place de Jorin. Pendant la campagne de Prospero, Bulveye et une grande partie de la 13eme compagnie meurent pendant la prise de la capitale (on apprendra par la suite qu'ils ne sont pas morts).
Russ doit a nouveau nommer un Jarl pour la 13eme compagnie et il redonne le commandement à Jorin.

La fourberie de Lion El ‘Jonson

Lion El ‘Jonson coupe l’herbe sous les pieds de son frère pour éviter la mort inutile des dark Angels qui retardent l’arrivée des renforts. Ce qui est très noble de ç=sa part mais ce qui est un énorme mensonge.
Si vous n’êtes pas un lecteur assidu de l’Hérésie d’Horus, vous pourriez le croire mais si vous avez lu le reste des ouvrages parlant de Jonson, vous avez sûrement entendu parler de la bataille de Sangrula (la montagne sanglante).
Lors de la bataille, le Lion a attaqué la porte principale de la forteresse ennemie à la tête du gros de ses troupes pour faire croire que c’était l’objectif principal et une petite troupe a fait le tour pour aller tuer le chef ennemi.
Jonson utilise cette technique à chaque fois que c’est possible (au moins 4 ou 5 fois pendant l’Hérésie.)
Je pense donc que Jonson s’est servi de Russ pour créer une diversion.


Conclusion

Wraight se sort très bien de cet exercice périlleux qui est de s’attaquer à un moment légendaire de l’histoire du 30eme millénaire. Il profite aussi de la nouvelle pour introduire la plupart des comportements et des faits marquants de la VIeme légion, (ils sont fougueux, et font n’importe quoi sans forcément suivre les ordres, mais ils sont aussi un peu maudits). Et il essaie même de rattraper sa boulette sur Jorin Bloodhowl, j’espère connaître la fin de l’histoire pour avoir une explication, ou plutôt voir comment Wraight arrive à s’en sortir.
A mon avis bien meilleur roman que le premier de la série sur Guilliman.

Par Schattra

Avant-Propos

Et voila la Schattra touche , merci a lui.
Vous pouvez le retrouver ici : https://nebelheim.wordpress.com/

Ou ici : https://www.warhammer-forum.com/index.php?/profile/27242-schattra/

Intro

Bonjour à tous et bienvenue dans cette chronique du roman de la série Primarques consacré par Chris Wraight à l’infernal Fenrissien, loubard alpha, snowboarder de l’extrême, parrain galactique de la SPA, sabreur de magnu(m)s, saint patron des tankistes et caniche à son pépère, pour ne citer que quelques-uns de ses titres. Primogéniteur d’une des Légions, et plus tard, d’un des Chapitres les plus populaires de Warhammer 40.000, Leman des Russ, tel qu’il fut nommé par son père adoptif, est une figure marquante du backgound, qu’il hante de son imposante présente depuis des temps immémoriaux1. Il était donc logique que le Roi Loup de Fenris bénéficie parmi les premiers du traitement particulier que constitue un roman Primarques. Pour quel résultat, vous entends-je vous, et me, demander? Et bien, c’est votre veine, j’ai justement une critique détaillée de l’ouvrage à vous proposer. Quel heureux hasard, vraiment.

1: À l’époque de Rogue Trader, il n’était toutefois qu’un humble Commandant Space Marines, tenant plus du Darth Vader sous progénoïdes que du Viking de l’Espace.

Intrigue

Notre histoire commence aux côtés d’Ove-Thost, jeune guerrier de Fenris totalement dans le mal après avoir pris une rasade du Canis Helix quelques heures plus tôt, dans le cadre de son week-end d’intégration au sein du Rout. Et à propos de route, il en a une belle devant lui, le retour vers le Croc passant par quelques pittoresques endroits, dont des pinèdes enneigées remplies de prédateurs affamés de chair fraîche, qu’O.T. négocie avec un sang-froid impérial. Ayant trucidé toute la biodiversité placée sur sa route par cette farceuse de Fenris, notre héros finit par tituber jusqu’au lieu de rendez-vous fixé par les Prêtres Loups, soit le Portail dans la Montagne1 , où il est chaleureusement accueilli par ses tuteurs. L’un d’eux ayant remarqué le fort attachement manifesté par Ove-Toast pour les crocs bestiaux ramenés comme trophées de son trail sauvage dans le Gévaudan2 , il accepte que le louveteau conserve ses colifichets, qui lui donneront son premier qualificatif : Twinfang (ce qui est plus classe que Twingo).

Remis de ses émotions, rebaptisé Haldor (c’était l’année des -H au LOF) et intégré à une meute de fringantes Griffes Sanglantes, l’impétrant réalise bientôt, et le lecteur avec lui, qu’il se distingue des rangs braillards et indisciplinés des louveteaux de l’espace. En plus de se faire dévisager – ce qui est plus cool que de se faire défigurer, et au Croc, tout peut arriver – par tous les vétérans qui croisent sa route, Haldor a de plus la surprise de recevoir en dotation, non pas la bonne vieille épée tronçonneuse classique qui est le lot de ses comparses, mais une francisque énergétique (puisque je vous dis que c’était l’année des haches) d’excellente et exotique facture, de la part de son maître instructeur, Brannak. Le légitime contentement que notre rookie éprouve devant ce cadeau de valeur vole toute fois en éclat, en même temps que quelques-unes de ses molaires, lorsque le Prêtre Loup lui allonge une mandale après qu’il ait échoué à nommer la relique placée sous sa garde. Sommé par son supérieur d’apprendre cette information, apparemment capitale because of reasons, Haldor se dépêche de ne rien faire de particulier à cet égard (fuck the rules), et nous le retrouvons après quelques années pendant sa cérémonie de diplomation.

Sous le regard torve du Seigneur Loup Aeska Brokenlip, Maître de la 3ème Grande Compagnie des Space Wolves, les guerriers du Rout accueillent avec leur enthousiasme habituel leurs nouveaux compagnons d’armes, jugés dignes d’aller combattre dans les étoiles. Ce banquet a toutefois une résonnance particulière, car il marque l’arrivée dans les rangs – passablement désorganisés – des surhommes de Fenris des premières recrues n’ayant pas connu la Légion, mais seulement le Chapitre. Le lecteur sagace en déduit donc que l’histoire se passe quelques années après la conclusion de l’Hérésie, au lendemain de la Seconde Fondation décrétée par cette bleusaille de Guilliman. Haldor, de son côté, n’en peut rapidement plus des oeillades suspectes que lui décoche son big boss, et décide d’aller prendre un peu l’air hors du hall de festin. L’avantage avec le Croc, c’est que les Wolves sont tellement radin et le climat tellement rude qu’il n’a pas loin à aller. Les couloirs de la forteresse sont en effet plongés dans le froid et les ténèbres (il fallait payer la redevance les gars !), et plus d’un Space Marine trop sûr de lui a glissé sur une plaque de glace ou s’est cogné la tête dans une porte en se rendant aux latrines. À côté de ça, les périls du Warp, c’est de la petite bière. Haldor ne tarde donc pas à se perdre, et finit par débouler dans une salle inconnue, où l’attend Jø le Clödø. Ah non, pardon, on me souffle dans l’oreillette que le type à dreadlocks rances engoncé dans un poncho informe et un amas de fourrures puantes, et la gueule tartinée de suie, n’est pas le SDF alcoolique et incontinent du coin, mais bel et bien le noble Primarque Leman Russ en personne. Et il était temps que diable ! On en aurait presque oublié que le sujet du bouquin n’est pas de suivre les premiers pas d’Haldor Twinfang, malamute de l’espace, mais d’apprendre le fin mot de l’histoire du duel mythique entre le Loup et le Lion pendant la campagne de Dulan. Et, coup de bol, c’est de la bouche même d’un des intéressés que nous allons plonger dans la légende de la Grande Croisade, Papy Russ acceptant de jouer au skjald pour l’instruction du novice après avoir, lui aussi, buggé sur l’arme que ce dernier porte à la ceinture.

Nous voilà donc plongés dans cette époque héroïque et insouciante, et faisons la connaissance d’un autre protagoniste lupin, le Jarl Jorin Bloodhowl du Dekk-Tra, c’est à dire la 13ème Grande Compagnie de la Légion. Le Dekk-Tra a pour particularité d’accueillir en son sein les Frères Loups (Wolf Brothers), soit le reliquat des guerriers jurés de Leman Russ du temps où il n’était « que » le maître de Fenris, et qui ont pris le risque de boire au calice du Canis Helix alors qu’ils avaient déjà du poil aux pattes. La concoction réussissant mieux, comme chacun sait, aux ados qu’aux hommes mûrs (ça doit être horriblement sucré, comme du lait concentré puissance 1.000), l’immense majorité de nos barbares bravaches est morte dans d’horribles souffrances3 , laissant les pouillèmes restants prendre leur place aux côtés de leur suzerain bien aimé. Jorin est l’un de ces grands-pères à barbe, comme l’indiquent son teint blafard et ses cernes marquées, mais cela ne l’empêche pas de faire le coup de feu comme un vrai Astartes, la plupart du temps accompagné par son âme damnée, le tout aussi ancien Bulveye4 .

Nous retrouvons notre paire aux prises avec l’équipage d’un Prédateur Faash, en fuite éperdue du système d’Ynniu après que les loulous aient ravagé la base orbitale Dulanite qui défendait l’endroit, et que ce rusé de Bloodhowl veut mettre à profit pour localiser les coordonnées spatiales de Dulan, qui échappe depuis trop longtemps au courroux des armées de l’Empereur. Fidèle à sa philosophie très tactile (comme on le verra plus tard) de la guerre, le Jarl a embouti l’arrière-train du vaisseau ennemi avec le sien, débarqué en force dans les coursives, et est parvenu, à un poil de moustache près, à interrompre la transition Warp des Faashistes (je n’en ai pas fait exprès mais ça rend plutôt pas mal). La suite ne semble être qu’une formalité, malgré la résistance acharnée des défenseurs, mais un petit problème, poilu, écumant et odorant, menace de gâcher la journée de notre héros : deux des guerriers de son escorte ont fait une poussée d’hypertrichose, et, coquets, ont foncé cacher leur honte dans le sang et les viscères de leurs ennemis. Ne reconnaissant plus la voix de leur maître, les molosses enragés ont commis un carnage sur le pont du Prédateur, empêchant Bloodie et Bulvie de faire des prisonniers auxquels ils auraient pu soutirer la précieuse information.

N’ayant d’autre choix que l’euthanasie pour ces spécimens déviants, Bloodhowl doit de plus composer avec l’arrivée impromptue de son Primarque, escorté par le Tra du Jarl Ogvai Ogvai Helmschrot. Redoutant une placardisation (ou plutôt une mise en chenil) de sa Compagnie si Leman Russ devait avoir vent du problème rencontré au cours de la bataille, Jorin décide de taire l’affliction dont ses guerriers souffrent, le temps de trouver un remède à cette dernière. De son côté, Russ apprend à son Jarl qu’il est arrivé pour accélérer la conduite de la campagne, certains personnages hauts placés (dont le nom commence par M. et finit par -acaldor) de Terra ayant émis des doutes sur la capacité de la VIème Légion de faire rendre gorge au Tyran de Dulan. Les chevaleresques et propres sur eux Dark Angels sont désormais également sur le coup, et ça, Russ ne peut pas l’avaler. Plutôt se faire poser une collerette que de se faire griller la politesse et voler les honneurs par Lionel et son club de philatélistes ! The race is on, et le Loup Suprême est mauvais perdant. Fort heureusement, le GPS du Prédateur Faash avait mémorisé l’itinéraire « Maison » dans son processeur (quelle erreur de débutant de la part des Dulanites… le mode incognito, il n’y a que ça de vrai), et l’armada du Rout peut bientôt la prendre (la route, pour ceux qui ne bénéficient pas d’un humour glacé et sophistique).

Après un périple sans embûches majeures d’une durée de deux semaines, soit largement le temps nécessaire pour permettre aux éclopés de la bataille d’Ynniu de reprendre du poil de la bête, nos fiers loulous passent le point de Mandeville de Dulan… et ont la désagréable surprise de constater que la 1ère Légion est déjà sur place5 , et a engagé la flotte locale dans une bataille encore indécise. Car si les Dark Angels sont venus en force, et bénéficient de l’imposante présence de l’Invicible Reason, leur vaisseau amiral bien burné lancé, les Dulanites ont l’avantage du nombre et de l’appui d’un colossal anneau de défense qui entoure toute la planète. Que voilà des ressources bien utilisées, 95% des armes et équipages du hula hoop géant ceinturant Dulan faisant face au vide intersidéral pendant que leurs petits copains doivent garder à la porte les armures à glace prosélytes de Pépé. Menfin. Après avoir sans doute poussé un bon gros Fuuuuuuuuuuuuuuuu-nris des familles, Russ décide de passer à l’action, histoire de justifier son émargement sur la feuille de présence. Il lance donc ses vaisseaux à l’assaut de la flotte ennemie, avec des ordres d’une élégante simplicité : « butélétousse ». Grave erreur.

Car, alors que la caméra se braque à nouveau sur Bloodhowl et le Dekk-Tra, aux premières loges dans le croiseur Aesrumnir, nous assistons en spectateurs muets et horrifiés à une incompréhension aussi tragique que lourde de conséquences entre les deux Légions. L’Aesrumnir torpille en effet à bout portant (quand je vous disais que Bloodhowl était tactile… c’est le genre de type qui achève les blessés d’un bolt en pleine tête à bout touchant : un coup à perdre une main ça) un vaisseau Faash, sans que Jorin ne se donne la peine de prendre la communication émanant du tout proche Blade of Numarc au moment de porter le coup de grâce. La bordée que leur envoie le croiseur de la 1ère Légion une fois la grosse commission effectuée ne manque donc pas de surprendre et d’outrer les Space Wolves, en plus de laisser l’Aesrumnir dans un piteux état. Témoin de l’inconcevable, Russ use de ses supers pouvoirs de Primarque pour intercepter la volée fatale du Blade of Numarc avec son propre vaisseau en bougeant très vite les bras (même Magnus est jaloux de ce trick), et appelle le standard des DA pour passer une gueulante à son frérot. Mais ce dernier, malgré la froideur et l’arrogance qui transparaît d’un bout à l’autre de l’appel, est incontestablement dans son bon droit. L’Aesrumnir a en effet détruit un vaisseau sur lequel dix escouades de Dark Angels avaient pris pied, condamnant ces derniers à la mort. Les tirs du Blade of Numarc n’étaient donc que la manifestation d’énervement, bien légitime, des officiers Dark Angels devant la stupidité crasse et le filtrage téléphonique de leurs cousins velus. Russ doit bien reconnaître qu’il a merdé dans les grandes largeurs, et, chose assez rare pour être soulignée, il s’engage même à venir s’excuser en personne auprès de Lionel une fois la bataille remportée, à la grande consternation de ses Jarls, qui, en bon loup-bards qu’ils sont, l’incitaient plutôt à chercher la baston avec les groupies de Lion El’Jospin.

Mais avant d’aller faire amende honorable il faut tout de même régler le léger problème causé par la présence de l’armada de Dulan et de l’über Cheerios dans les environs immédiats de la flotte impériale. Qu’à cela ne tienne, Leman Russ prend la tête de son gang et réalise une percée dans l’anneau de défense en direction… d’un point important de la structure (car ces andouilles de Dulanites ont placé leur état-major en première ligne au lieu de l’abriter de l’autre côté de la planète). #BarkBarkGrrrWooofBarkGrrr. Les Space Wolves s’illustrent de belle façon, et l’on voit le Seigneur de l’Hiver et de la Guerre prouver qu’il n’a volé aucun de ses titres, l’utilisation de son mystérieux wyrd’s wind paralysant ses ennemis et enrageant ses fistons à 50 mètres à la ronde6 au meilleur moment pour les Wolves. Bref, le Rout casse la c-Roûte, réduisant la dernière défense de Dulan en épave avec toute la diligence due.

Fidèle à sa parole, Russ s’en va ensuite présenter ses plus plates confuses à son frère, qui l’attend avec une simple escorte de 30.000 Légionnaires (quel poseur ce Lion), et accepte en grand seigneur les excuses, pas vraiment sincères, de Leman. Nos deux Primarques en profitent pour se répartir le boulot en vue de la conclusion rapide et efficace de la campagne de Dulan, Russ insistant lourdement pour être celui qui fera manger son chapeau au Tyran, ce que Lionel accepte sans sourciller. Mieux, il permet aux Space Wolves de prendre le bastion ennemi, l’imposante Forteresse Ecarlate, en solo, lui-même et ses sbires se contentant d’empêcher les locaux de pourrir le groove du rottweiler de l’Empereur. Trop sympa, le palouf.

Un peu plus loin, l’ambiance est moins rose sur l’Aesrumnir, où Bloodhowl et ses posses réalisent, après avoir recompté trois fois… au moins, que tous les guerriers de Dekk Tra n’ont pas été rapatriés à bord, sur leurs deux jambes, à quatre pattes ou les pieds devant. Et le sagace Prêtre Loup Ulbrandr de soumettre à son Jarl une sinistre hypothèse : comme aucun Space Wolves digne de son collier antipuces ne se laisserait capturer vivant par l’ennemi, et que ce dernier a réussi à faire partir des navettes vers la surface de Dulan avant la destruction de l’anneau (qui n’est pas complète à cette heure, ça prend du temps de désosser un truc de cette taille), c’est donc que l’ennemi a capturé des Wulfens. Nonobstant les trilliards d’explications raisonnables et sensées que l’on peut mettre en avant pour contextualiser les deux faits sur lesquels Ulbrandr base son raisonnement, et vu tout ce qui vient avant cette péripétie, on se doute que papi a tapé dans le mille, et que le honteux petit secret du Dekk-Tra est tombé entre de mauvaises mains. Que faire ? Aller se confier à un Primarque qui vous considère comme son plus proche frère d’armes, qui a démontré à de maintes reprises sa solidarité avec ses hommes, s’est mis personnellement en danger pour vous sauver des conséquences d’une de vos conneries il n’y a pas deux heures et est actuellement en train de se rabaisser devant son frère imbuvable à votre place ? Ou continuer de la jouer solo, dans l’espoir de trouver une cure hypothétique à un mal dont on ignore tout, et se tenir prêt à faire faux bond à ce même Primarque par la suite si cela peut permettre de garder le Wulfen dans le placard ? Faut-il vraiment que je demande ?

Brefle, une fois la bataille finale pour Dulan initiée, et alors que Russ s’amuse comme un fou à faire des knock knock jokes en utilisant des brigades entières de Typhons et de Shadowswords, et tandis que les Dark Angels déversent leur fureur froide, clinique et silencieuse sur les alentours immédiats du bac à sable de la litière du Loup Suprême, Bloodhowl, briefé par Ulbrandr qui a repéré des signaux suspects dans un bâtiment à l’écart du front, s’embarque dans une side quest en loup-cedé, chargeant ses collègues de l’excuser auprès du boss le temps qu’il tire les choses au clair de son côté. Malheureusement pour lui, c’était aussi l’idée des défenseurs, qui diffusent bientôt un petit clip pas mal foutu à l’échelle planétaire, consistant en quelques gros plans suggestifs du Wulfen écumant qu’ils ont effectivement traficoté en douce à la surface de leur planète, et nourri exclusivement de rutabagas depuis pour le rendre furax. Pire que du outing, c’est du louping, et c’est l’estomac de Jorin qui fait loopings en réalisant que tout le monde est maintenant au courant du secret honteux de sa Grande Compagnie.

Il n’a cependant pas loisir de se lamenter longtemps sur son sort, l’assaut impromptu d’une vague de Scarabiniers, puis l’arrivée furibarde de Leman Russ, l’homme-loup qui n’aimait pas qu’on lui pose des lapins, coupant court à ses sombres réflexions. Après quelques échanges de vérités, Primarque et Jarl se tombent toutefois dans les bras, et s’entendent pour faire front de concert contre cette mystérieuse malédiction, qui vient s’ajouter à la liste d’emmerdes que la VIème Légion doit gérer. La hache tronçonneuse de guerre n’a toutefois pas le temps d’être totalement enterrée, que les Space Wolves reçoivent une terrible nouvelle : contrairement à la parole qu’il avait donnée, ce fieffé fripon de Lionel semble s’être téléporté dans les niveaux supérieurs de la Forteresse Ecarlate, profitant de la trêve dans l’assaut des loulous pour aller soloter le boss de fin de planète. C’est très petit ça.

Et, effectivement, nous retrouvons le Maître de la Première Légion en grande conversation avec le Tyran de Dulan, un vieux schnoque en bout de course passablement résigné à son sort, et faisant même mine d’engager un duel avec El’Jonson avec le couteau à fromage qu’il dissimulait dans ses robes pour la beauté du geste, et avec des résultats prévisibles. Avant cela, on avait appris que le grillage de priorité du Lion n’avait pas que pour but de foutre son frère en rogne (ce qui était un bonus appréciable, malgré tout), mais surtout de mettre fin aux hostilités le plus rapidement possible afin de préserver les forces Dark Angels chargées du maintien de l’ordre autour de la Forteresse Ecarlate, où se massaient des millions de soldats Dulanites en prévision de l’inévitable contre-attaque. Vu sous cet angle, ça se défend. Mais, bien évidemment, Russ n’en a catégoriquement rien à carrer, frustré et outré qu’il est d’avoir été une nouvelle fois devancé par sa sainte nitouche (de Force 6, tout de même) de frangin. Et cette fois, les roucoulades, accolades et persillades du Palouf en chef ne sont pas suffisantes pour évacuer la tension fraternelle. Dégainant son tetsubo tronçonneur, Leman ouvre les hostilités, et il ne faut pas grand-chose pour convaincre Lionel de lui rendre la pareille. Entre le Loup et le Lion, la bataille fait rage, sous les vivats enthousiastes de leurs groupies respectifs, et c’est le moment, où, estimé lecteur, je fais appel à tes capacités mémorielles, pour te référer à ce qu’on disait il y a exactement 2 869 mots. Tu y es ? Eh oui, quel est le nom de la hache de ce vieux jeune Haldor ? Nous y venons. Désarmé d’une botte magistrale d’El’Jonson, Russ gagne un peu de temps en balançant ce dernier à travers le hall (ce que nous avons tous rêvé de faire) et emprunte poliment l’arme du présomptueux Capitaine Dark Angels qui se tenait entre lui et sa fidèle Krakenmaw. Cette hache, avec laquelle il entreprend bientôt de débiter son frérot, n’est autre que l’arme remise à notre Griffe Sanglante, et fait donc partie de l’héritage de la Légion. Mais n’allons pas trop vite en besogne, nous avons toujours un duel à mort sur le feu.

Vous épargnant les péripéties usuelles de ce genre d’exercice, simplement portées au carré de l’hypoténuse par la nature primarquielle des combattants (ça ne rend pas grand-chose à l’écrit, ceci dit), je dirai simplement que nos deux sacripants, après avoir donné du boulot à leurs ostéopathes et artificiers respectifs pour des semaines, ne trouvent rien de mieux que de basculer du balcon de leur hôte, pour faire une chute de cinquante mètres, égarant au passage leur quincaillerie respective mais par leur mauvaise humeur. La baston reprend donc à grands coups de poings dans la neuro-glotte, jusqu’à ce que Russ, réalisant l’absurdité de la situation, se mette à rire. Le fait que Lionel lui demande de manière très sérieuse si son hilarité doit être interprétée comme une offre de reddition ne fait pas grand-chose pour calmer la crise du jovial loubard, qui se fend tellement la poire qu’il ne voit pas arriver le crochet vengeur de Jack Jo(h)nson, qui l’envoie définitivement au tapis. Ainsi se termine ce qui est sans doute l’un des premiers duels fratricides entre Primarques, prélude innocent à des affrontements autrement plus amers.

Est-ce pour autant la fin de notre histoire ? Non ! Wraight boucle la boucle, d’abord en nous amenant sur Terra après la fin du siège et de l’Hérésie, alors que Leman Russ et Lion El’Jonson, arrivés avec un gros quart d’heure de retard sur l’heure du RDV fixé par Horus pour la réunion de famille, ne peuvent que constater que tout est fini et qu’ils n’ont plus qu’à passer la mop pour leur peine. Trop snob pour s’abaisser à ce genre de tâche, Lionel tue le temps et noie son cafard en défiant à nouveau Russ en duel, histoire de régler une fois pour toutes leur contentieux. Après avoir sorti une réplique d’un niveau de mauvaise foi si élevé que Necoho se retrouva de façon provisoire à la tête du panthéon chaotique, Russ refusa tout net de croiser le frère, prétextant une migraine tenace, ou quelque chose comme ça. Pas du genre à prendre un non pour une réponse, ce mauvais joueur de Lionel transperça son frangin de sang-froid, blessure grave mais non mortelle, d’où s’écoula apparemment tout le mauvais sang entre nos deux lascars puisque leur relation, d’après Russ, s’apaisa après cet épisode.

Et nous voilà enfin de retour dans le Croc, où le Loup Suprême en termine avec son histoire. Guère renommé pour la rapidité de son intellect, il faut un moment à Haldor pour comprendre que son Primarque porte en fait le deuil d’El’Jonson, dont la nouvelle de la mort vient juste d’arriver sur Fenris. Comme quoi, sous ses abords de brute, deux petits cœurs sensibles battent dans la poitrine de Russ. La conclusion du récit voit Twinfang, à présent au clair à propos de son statut au sein du Chapitre, commencer sa carrière active en compagnie de ses camarades Griffes Sanglantes, et s’aguerrir jusqu’à devenir Chasseur Gris. Participant à l’effort de guerre de l’Imperium contre la première Croisade Noire d’Ah Bon Donc, Twin Peaks croise la route d’une force de Dark Angels, et ce qui doit arriver arrive… on le prend (à nouveau) pour un abruti. Le mérite-t-il ? À vous de juger. Personne ne peut en revanche mettre en doute son zèle à défendre l’honneur de son Chapitre et de son Primarque, comme son adversaire du jour l’a certainement appris à ses dépens…

1 : Car oui, il s’agit bien de leur nom exact, majuscules à l’appui. C’est cool d’avoir donné aux Space Wolves leur propre langage, mais il s’agirait d’en faire usage.

2 : Cela s’explique également par le fait que les canines en question servent à maintenir l’intégrité physique de l’épaule du noble barbare, amoureusement mastiquée par un campagnol entreprenant sur le chemin de l’école, et dont le retrait risque d’avoir des conséquences fatales pour notre héros.

3 : À côté de ça, les 40% de chance de réussite de primarisation des Space Marines, c’est le brevet des collèges.

4 : Qui était aux commandes de Dekk-Tra lorsque Mike Lee tenait la plume (Dans la Gueule du Loup/Wolf at the Door). On ne saura sans doute jamais ce qui lui a valu cette rétrogradation (mis à part une relecture hâtive des éléments de background établis par Wraight, s’entend).

5 : Les fourbes avaient pensé à consulter les archives impériales. C’est pas du jeu. Tout le monde ne sait pas lire, ni utiliser un moteur de recherche.

6 : Et, non, le fait qu’une bête flatulence de sa part aurait probablement eu les mêmes effets n’est pas une raison pour trivialiser ce moment de pure awesomeness.

Avis

En choisissant de se frotter au crin hirsute de Leman Russ, Chris Wraight relevait un défi assez conséquent, ce Primarque parmi les plus populaires de la bande à Pépé ayant bénéficié d’un traitement assez contrasté de la part des auteurs de l’Hérésie d’Horus. Barbare beuglard et soiffard à un moment, bourreau inflexible et sanguinaire à un autre, vandale bestial et marginal aux yeux de la galaxie mais malgré tout dans le secret des du Dieux, Russ est et reste une énigme coriace pour le fluffiste. Wraight avait donc la lourde tâche de poursuivre sur cette lancée, et d’ajouter, plus que de la profondeur (car Leman n’en manque certes pas, comme vu ci-dessus), de la définition à son héros, afin de permettre au lecteur de comprendre un peu mieux qui était le Primarque du Rout. Et à ce petit jeu-là, même si la copie n’est pas parfaite, je dois dire que notre homme a plutôt bien fait le job.

Pour commencer sur les sources de satisfaction dûment listées par votre humble serviteur, je parlerai d’abord du choix de l’évènement couvert dans The Great Wolf. Mine de rien, le cahier des charges de la série Primarchs n’est pas si évident que ça, la nécessité de placer son propos dans le laps de temps compris entre la découverte de l’Übermensch en question et le début de l’Hérésie pouvant conduire l’auteur à se hasarder dans la mise en scène d’une péripétie de son cru, avec des résultats parfois décevants (Lord of Ultramar). En sa qualité de barbouze/bourreau officieux de son despote de paternel, Russ pouvait cependant faire l’objet de récits dépeignant la face cachée de l’Imperium même au moment de sa gloire la plus éclatante, le Graal (ou plutôt le Canis Helix, soit l’écuelle de Milou) ayant été de faire le lien entre la disparition des Primarques inconnus et la VIème Légion, que l’on soupçonne fortement dans les cercles autorisés d’avoir joué un rôle majeur dans l’effacement de #2 et #11. Rien de tout ça ici (le contraire eut été étonnant, très franchement), mais Wraight fit le next best choice à mon sens en choisissant de mettre en lumière l’élément le plus ancien du fluff de « croisé » de Leman Russ, à savoir la campagne de Dulan. Cela faisait en effet des années, voire des décennies que tous les petits Zhobbystes faisant leurs classes apprenaient que de ce funeste évènement provenait la rivalité entre Balto et Simba, sans avoir à se mettre autre chose sous la canine que trois lignes lapidaires expliquant que Lionel avait eu la mauvaise idée de voler un kill à son sanguin de frérot. Si ce survol depuis l’orbite haute de l’épisode, tel qu’il était relaté dans les Codex Space Wolves et Dark Angels, permettait de se faire une bonne idée du caractère de chaque Légion et Primarque, il n’empêche que tout fluffiste un brin curieux se posait sans doute la question de savoir comment cette rivalité pluri millénaire avait débuté. Le dévolu que Chris Wraight a jeté sur l’incident de Dulan m’apparaît donc comme tout à fait pertinent.

Deuxième effet kiss cool, Dulan a permis à Wraight de servir au lecteur une double ration de Primarques, ce qui est toujours bon à prendre. C’est fin, ça se lit sans faim. En plus de voir Leman Russ se secouer les puces, nous avons donc le droit à sa majesté Lionel, second rôle mâtiné d’antagoniste bien mis en avant par l’auteur, et c’est plutôt heureux. Le Primarque étant un être complexe à mettre en scène de par la nécessité de faire rejaillir sa supériorité totale sur des individus déjà intrinsèquement surhumains, les récits n’intégrant qu’un seul de ces spécimens ont la fâcheuse tendance à les dépeindre de façon ingrate, en particulier si l’auteur choisit pour protagoniste un simple Astartes. En mettant Russ face à ses responsabilités, nommées Lion E’Jonson, et réciproquement, Wraight a contourné cet écueil, les Primarqueries auxquelles les frères se livrent permettant de justifier pas mal de leurs actions par l’égo surdimensionné qui est le leur, et qui est attendu dans ce genre de situation. Rien de plus douloureux pour le fluffiste que de voir un D20 passer pour un abruti fini par suite d’actions stupides ou des réflexions oiseuses. Ce n’est pas le cas ici (ou en tout cas, ça peut se discuter), et c’est tant mieux. Ajoutez à cela que Wraight prend soin de ne pas accorder de traitement de faveur à Leman Russ, qui en tant que héros, aurait pu y avoir droit, par rapport à El Jonson, et vous obtenez une recette gagnante. Là où Russ est jovial, honnête et farouchement fidèle envers les siens, le Lion fait montre de noblesse, de droiture et d’équanimité. Et quand le Loup Suprême se fait violent, caractériel, borné et impulsif, le Roi Lion renchérit par le mépris, l’arrogance et la tromperie. Nos deux mâles alpha ne sont donc pas manichéens, et c’est très appréciable.

D’un point de vue un peu plus macro, pour continuer, j’ai apprécié le fait que Wraight se donne la peine de lier son roman avec le fluff pré-existant des Space Wolves, et tente à son tour d’apporter des éléments explicatifs à certains des points les plus saillants de ce dernier. La malédiction du Wulfen, caractéristique essentielle de la VIème Légion, est ainsi au cœur du Loup Suprême, et, même si l’origine de cette affliction n’est pas révélée dans ces pages, elle est au moins documentée de façon sérieuse par Chris Wraight. On apprend ainsi à quel moment Russ a découvert le fléau qui menaçait le Rout, les premières réponses apportées par les Space Wolves à cette situation inédite, et surtout, le rôle que la malédiction a joué dans le déroulé de la campagne de Dulan. Car si la solution de facilité aurait consisté à faire résulter le clash fraternel d’une simple incompatibilité d’humeur, Wraight ne mange pas de ce pain-là et transforme l’explication simpliste en simple facteur aggravant, ce qui est à mettre à son crédit. Entre le tempérament fougueux à tendance monomaniaque de Russ, qui permet à ses Jarls de foncer tête baissée dans les combats de dépit d’avoir été coiffé sur le poteau par Lionel, Bloodhowl qui met ses torpilles où il veut, et c’est souvent dans le réacteur des vaisseaux ennemis, sans prendre le temps de décrocher son téléphone avant de commettre l’irréparable, le désir déplacé, mais compréhensible, du même Bloodhowl de cacher son honteux petit secret à son patron, ce qui conduit in fine ce dernier à prendre du retard sur l’accomplissement de sa mission, et Lionel qui donne sa parole de ne pas y toucher, et qui finit par le faire… mais parce qu’il veut éviter des pertes inutiles parmi les guerriers de sa Légion, les causes expliquant l’empoignade virile autant qu’animale entre Primarques sont multiples et crédibles. Un autre bon point.

Autre élément favorable à verser au dossier, une quantité non négligeable d’éléments fluff à piocher au fil des pages, tant sur la campagne en question que sur les Légions et Primarques convoqués, ainsi que quelques informations intéressantes sur l’équilibre des forces dans le camp impérial pendant la Grande Croisade, ce qui est particulièrement intéressant. Reynolds avait fait de même dans son The Palatine Phoenix, et brossé un portrait saisissant des Emperor’s Children avant le début de la campagne de Byzas, à même d’expliquer en bonne partie la mentalité particulière de cette Légion. Wraight ne va pas aussi loin ni ne fait aussi bien avec The Great Wolf, mais soumet tout de même quelques idées intéressantes, notamment à propos des relations qu’entretiennent les Primarques avec l’Empereur et Malcador. L’utilisation de flashbacks et d’ellipses pour dérouler l’histoire permet en outre à Chris Wraight de donner un aperçu de ce à quoi ressemble le Chapitre des Space Wolves au moment de sa création, ainsi que, de façon plus tenue, d’approcher Leman Russ immédiatement après la fin du siège de Terra, deux moments qui ne manqueront pas d’intéresser le fluffiste aux aguets.

Dernier lourd branlement du chef en direction de la plume de Wraight, et de manière plus terre à terre, j’ai trouvé que son ouvrage était un bon mélange de description, d’action et de discussion, cochant toutes les cases attendues d’une campagne de la Grande Croisade menée par un Primarque. On a donc droit à de la baston Astartes vs the world, tant dans l’espace que sur le plancher des vaches, rehaussée d’interventions primarquielles forcement bad ass (à consommer avec modération mais une fois de temps en temps, ça ne fait pas de mal), et couronnée par le crépage de chignon attendu entre Loulou et Chouchou. À côté de ça, Russ, Bloodhowl et Cie tapent la discute sur des sujets sensibles tout en se remémorant le bon vieux temps et tirant de savantes conjonctures sur leur rôle au sein de la Grande Croisade et de l’Imperium, ce qui permet de souffler un peu. On a enfin droit à quelques passage descriptifs et/ou explicatifs de bon aloi, même si Wraight se prend les pieds dans sa pelisse de skjald sur un sujet bien précis (voir plus bas). Finissons par mentionner les quelques grammes d’humour que l’auteur a saupoudré sur son ouvrage, et qui se concentrent quasi exclusivement en la personne du Prêtre de Fer Kloja, un vrai Normand dans l’âme, en plus d’être un fan boy des Dark Angels pour des raisons… cosmétiques. Chacun son sale goût.

Passons maintenant de l’autre côté du miroir pour dresser la liste des points perfectibles de la prose d’Herr Wraight. Celle-ci sera plus courte, mais non moins importante, que la précédente, et est à mes yeux révélatrice du statut actuel de cet auteur de la BL, considéré par beaucoup (dont le Schattra ici présent) comme un contributeur qualitatif, mais pas superlatif, de cette dernière. La faute à quelques défauts ou manquements récurrents, illustrés ici par la présence de faux raccords narratifs, certes mineurs, mais révélateurs d’un manque de documentation et/ou de relecture n’ayant pas sa place dans un ouvrage de l’Hérésie d’Horus. Qu’il s’agisse de la couleur de Freki et Geri, dont l’un a blanchi et l’autre noirci au lavage si on prend comme référence Prospero Burn et A Thousand Sonds, de la triple mention du Xenos, du mutant et, surtout, de l’hérétique, comme ennemis d’une civilisation opposée à l’Imperium pendant la Grande Croisade (erreur compte double), ou de la confusion de grade entre Bloodhowl et Bulveye par rapport à Wolf at the Door de Mike Lee (pas de chance, c’était la seule nouvelle abordant le Dekk-Tra), Wraight prend quelques libertés avec les faits (pré) établis, et c’est dommage.

Pas critique non plus mais passablement irritant, la compréhension limitée qu’à l’auteur de tout ce qui touche à l’espace, et en particulier, des dimensions et distances à considérer sur ce théâtre, empêchent l’immersion au cours des scènes s’y déroulant. L’arrivée des Space Wolves dans le système de Dulan et la bataille spatiale qui s’ensuit accumulent ainsi les problèmes de réalisme. On peut relever l’hyper vitesse avec laquelle le Rout arrive en orbite autour de Dulan après l’extraction du point de Mandeville (de l’ordre de 10 minutes d’après la manière dont c’est raconté), la tendance de Bloodhowl à faire du pare choc à pare choc avec les vaisseaux ennemis, Russ qui arrive à intercepter une salve de rayons laser (qui se déplacent donc à la vitesse de la lumière) avant qu’elle ne frappe un croiseur ami, ou encore la taille inversement proportionnelle à l’utilité de l’anneau planétaire de défense de Dulan, et ses centaines de milliers de kilomètres de coursives nettoyées en quelques heures, pour se convaincre de la nécessité pour Wraight de potasser le sujet (ou de demander conseil à Thorpe, l’expert maison de l’engagement spatial) avant d’écrire des énormités.

Troisièmement, et c’est plus un regret qu’un grief, on ressort du Loup Suprême sans avoir rencontré une nouvelle facette de la personnalité de Leman Russ ou de Lion El’Jonson. C’était pourtant l’occasion d’innover et de surprendre un peu le lecteur à ce sujet. Il n’y a pas à dire, Chris Wraight réussit à panacher les éléments constitutifs du caractère du Primarque canin avec succès, ce dernier oscillant entre violence frustre, sauvagerie réelle et feinte, réalisme froid et constat las et désabusé quant à son rôle au sein de l’Imperium. Mais, tout ça, on le savait déjà ! J’aurais bien aimé que Wraight complexifie encore le portrait de notre surhomme, ou force un peu plus le trait sur une de ses caractéristiques en particulier, afin que son Leman Russ sorte du lot. Bizarrement, je trouve que c’est le Lion qui s’en sort le mieux à cet égard, l’alternance entre odieuseté objective et noblesse angélique lui donnant davantage de relief que son frangin.

Enfin, et c’est un constat qui sera sans doute à se répéter, ce qui ne m’empêchera certainement pas de le réitérer lors de prochaines chroniques, ça reste diablement cher pour ce que c’est. Une grosse centaine de pages pour 9,99 € en format numérique, ce n’est pas un rapport quantité ni qualité prix exceptionnel. J’ai bon espoir que la BL finisse par sortir des recueils des romans Primarques, possiblement une fois que tous auront été couverts, et peut-être sous la forme d’une trilogie (6 Primarques par bouquin), en attendant, c’est clairement un produit de luxe.


Au final, The Great Wolf est une lecture des plus honnêtes, et qui a tout pour intéresser l’amateur de Space Wolves pas trop près de ses crédits impériaux. Chris Wraight n’a ni coupé son loup, ni loupé son coup, et c’est tant mieux. À parcourir si vous en avez l’occasion, et à ne pas regretter si vous ne l’avez pas.