Angels of Another Age
Par Gilian
Avant-propos
La première nouvelle est, une fois encore, signée John French, comme pour l’ouverture du Siège de Terra (et, comme pour le Siège, il aura droit à deux nouvelles et deux romans).
Je suis curieux de voir quel sujet il va aborder.
L’histoire du livre
Kystos Gaellon, guerrier-poète des Blood Angels, erre dans un désert de cendres et de mort où le temps n’a plus de prise. À ses côtés, deux frères d’armes brisés. Autour d’eux, le silence d’une fin du monde. Mais lorsque Gaellon ressent dans sa chair la chute de Sanguinius, son père et Primarque, le dernier fil qui le reliait à l’humanité se rompt.
L’Histoire avec un grand H
Kystos Gaellon se tenait sur les ruines du bastion 78 de la Marmax Sud, là où, il n’y a pas si longtemps, il avait combattu avec ses frères pour défendre le Palais Impérial.
Autour de lui, tout n’était que cendres, poussière ocre et métal brisé. Il était arrivé ici depuis quelques minutes… ou depuis une éternité. Dans la désolation, le temps n’avait plus de sens.
À ses côtés se tenaient deux autres Space Marines : Su’lok, un White Scar dont l’arme était brisée, et Nerron, un Imperial Fist à l’armure éclatée, dont la moitié du corps manquait. Aucun des trois ne possédait de munitions. Ne restaient que leurs armes blanches, et leur volonté de mourir debout. Gaellon, fils de Sanguinius, tuait depuis un temps impossible à mesurer, avec pour seul compagnon son épée.
Le bastion sur lequel ils se trouvaient était autrefois un point d’appui des fortifications impériales, érigé durant les grands travaux de Rogal Dorn. À présent, il n’en subsistait qu’un amoncellement de béton et de poutres, dressé au milieu du néant. Et alors que Gaellon murmurait des souvenirs, son esprit dériva vers un frère perdu — Baeron, mort quelque part non loin.
Soudain, Gaellon s’arrêta. Quelque chose venait de se briser en lui.
Dans un éclair noir, il ressentit la mort de Sanguinius, son Primarque, son père génétique et spirituel. Ce n’était pas une rumeur, ni une information transmise par vox. C’était une vérité ressentie dans la chair et l’âme. Le lien mystérieux qui unissait les Blood Angels à leur créateur venait d’être rompu, et Gaellon vacilla, englouti par un abîme de douleur.
Ce choc le projeta dans un souvenir : une visite aux jardins suspendus de Hatay-Antakya, sur Terra — un moment de calme, de paix, de beauté. Il y retrouvait Baeron, son frère, en train de peindre. Ensemble, autrefois, ils avaient été choisis pour escorter leur père sur la planète-mère. Baeron, le peintre, avait immortalisé ce monde sur toile. Il était déjà mort lorsque Gaellon le revoyait. Mort sur la ligne Marmax Sud, tranchant les hérétiques de la Death Guard tel un ange furieux. Mais dans ce souvenir, il parlait encore, peignait le passé, acceptait son sort, trouvait dans la mort une paix que l’avenir ne lui aurait jamais donnée.
Gaellon fut arraché à cette vision par une nouvelle alerte. Quelque chose approchait dans la brume rouge. Une vague mouvante soulevait la poussière. Des démons surgirent, formes incarnées de haine, de rage et de guerre. Ces créatures, fruits des émotions les plus sombres des vivants, n’auraient jamais dû franchir le voile de la réalité. Mais la dernière bataille du Siège de Terra avait brisé les règles du monde. Les désolations étaient devenues un royaume infernal.
Alors Gaellon hurla et chargea.
Il se jeta seul dans la marée démoniaque, son épée crépitante, les hurlements de guerre coincés dans la gorge. Il ne vit plus Su’lok, ni Nerron. Il ne sentit plus ses blessures, ni les griffes qui éventraient son armure. Il frappait, tranchait, tombait, se relevait. Chaque coup était une prière, un cri, un refus.
Sanguinius était mort.
Baeron était mort.
Les Blood Angels étaient morts.
Il ne restait plus rien, sinon le rouge, le noir, la douleur et la colère.
Et pourtant, même dans cette folie, une voix résonnait encore : celle de Baeron, peignant avec calme les dernières heures d’un monde, parlant de beauté et de mémoire alors que tout s’effondrait. Un rappel que, même au bord de l’anéantissement, les Blood Angels étaient aussi des artistes, des rêveurs, des porteurs de lumière.
Mais Gaellon était déjà loin. Très loin. Son épée s’était brisée. Son sang nourrissait la poussière. Il avançait toujours, seul contre la marée, à jamais perdu dans ce champ de mort.
Le bastion 78 s’effaçait derrière lui.
Et Gaellon s’enfonçait dans l’oubli, frappant encore, hurlant toujours — un ange sans ailes dans un monde sans pitié.
Conclusion
Première nouvelle intéressante. Je ne m’attendais pas du tout à voir John French écrire sur les Blood Angels. C’est fascinant de découvrir ce que certains d’entre eux ont vécu à la mort de leur Primarque. Gaellon revoit Baeron — le seul Blood Angel vraiment développé par French — et l’on comprend à ce moment que le meilleur des Blood Angels est désormais derrière eux. Le pire reste à venir pour les survivants : vivre avec la perte de leur père génétique et spirituel.
Le recueil commence donc doucement, avec un personnage mineur, mais une histoire poignante, profondément noire… et rouge.