A l’ombre de la mauvaise lune

De Les Archives Infinies
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Par Capitaine Felix

Avant-Propos

Et voila la Capitaine Felix touche , merci a lui.
Vous pouvez le retrouver ici : https://www.black-librarium.com/

Intro

Une petite review sur le dernier roman d’AOS, entre d’autres lectures, dont un Ciaphas Cain et des zombies et un Dan Abnett revenu en forme dans l’Hérésie d’Horus avec plein d’archéo-fluff !


Ce roman m’intriguait depuis quelques temps. D’abords parce que j’avais lu un interview de l’auteur dans le White Dwarf de juillet 2019, l’intéressé évoquant ce livre comme son travail le plus privilégié. D’autre part, je collectionne la faction Gloospite gitz à AOS depuis sa sortie en janvier 2019. Andy Clark est d’ailleurs le principal auteur du battletome éponyme. En plus la trame prend place au sein d’une cité humaine affiliée à la civilisation d’Azyr. Bref, ma seconde armée collectionnée à AOS (City of Sigmar).

C’est la première fois que je lis Andy Clark. Il me semble qu’il s’est illustré dans la saga des Chevaliers d’Adrastapol sur 40 000, et sur un roman one shot de l’Alpha légion. Andy Clark avait aussi abordé les Royaumes mortes d’AOS sur un roman Blacktalon, cette fois-ci abordant les Stormcasts.


Donc voyons voir ce roman.

Scénario et mise en scène

Scénario et mise en scène = 3/5

C’est la principale doléance sur ce roman. L’intrigue est trop classique. Il s’agit en gros d’une invasion de créatures nuisibles en milieu urbain. Du coup, la coutume aidant pour ce type d’intrigue, le lecteur s’attend (trop) facilement aux divers rebondissements et autres arcs de la narration. C’est dommage.

Selon moi, on peut trouver l’explication de cette trame narrative (un peu) trop linéaire et présomptive, semble-t-il, dans la volonté de l’auteur de s’inspirer directement des films d’horreur classiques. Donc des œuvres du style L’invasion des profanateurs de sépultures (1956) ; Des monstres attaquent la ville de 1954 ; ou encore Soudain... les monstres (1976). Andy Clark en parle dans l’article précité ; mais n'évoque bien sûr aucun film en particulier. Ce choix assumé, selon moi, a pour conséquence de développer un scénario hyper classique.

Toutefois, l’invasion et les nuisibles en question, sont très bien décrits. Presque à la manière d’un film d’horreur (de bon niveau).

Concernant l’histoire : nous suivons un petit groupe de mercenaires de l’Ordre ; au nom évocateur (et pas très original) – les Epées de Sigmar. Loin d’être des vétérans bardés de fer et de magie, ils sont au contraire décrits comme un groupe désabusé et très pittoresque. J’en parlerai également plus bas.

L’histoire se déroule dans le royaume mortel d’Aqsha. Les compères précités se retrouver embrigadés dans la défense de la métropole azyrite de Draconium.

En gros, leur chef – dénommé Varlen - décède victime d’un artefact maléfique. Il est horriblement muté et fait de nombreuses victimes innocentes. Sa bande est obligée de le tuer Avant de mourir, il professe une prédiction concernant la ville de Draconium. Il est question de l’ombre d’une lune. Son frère, le sergent Hendrick Saul prend alors la tête de la compagnie. Déchiré par la mort de Varlen, il souhaite porter les derniers mots de son défunt frère aux autorités de Draconium. Les épées de Sigmar se rendent à la métropole. Bon an mal an, ils finissent par se mettre au service du Guet de la ville.

Les autorités militaires de la métropole azyrite sont en premier lieu perplexes. Mais ils ont besoin de bras et de compétences, car la ville connait des incidents très étranges depuis des mois (enlèvement, vols, cauchemars récurrents, galeries souterraines très étranges sous les fondations, formation de coteries sectaires annonçant l’avènement de Sigmar…). Il est question aussi d’insectes au comportement étrange.

Hendricks et ses comparses offrent donc leur service aux troupes du capitaine Helena Morthan. Les premières enquêtes semblent conclure à une infiltration chaotique.

Mais la menace reste furtive et surtout il y a des complications politiques. Le dirigeant présomptif de Draconium est âgé. Assez mal conseillé, le régent militant Salvador opte pour une interprétation religieuse des phénomènes. Après quelques auspices par ci et par là, son Conseil restreint pense la crise passée, et dissout les conscrits du Guet, en dépit des avertissements du capitaine Morthan et de Hendrick.

Les phénomènes les plus visibles semblent s’atténuer quelques jours.

Mais c’est le calme avant la tempête. Ou plutôt avant le lever de lune.

Tout explose lors d’une réception au palais du régent militant. Des gens commencent par être contaminée par une substance type champignon. Une version du Bonnet de fou, concoctée semble-t-il spécialement pour les Humains. La substance a été répandue dans le système des eaux de la métropole. C’est un carnage et une partie des habitants deviennent fous à lier et se jettent les uns sur les autres. Viennent ensuite les insectes, la végétation champignon. L’astre de la Mauvaise lune fait enfin son apparition dans le ciel. Nos amis les peaux vertes sortent alors en masse de leurs trous.

La métropole azyrite connait une invasion en règle. Des trolls trogoths, des gobelins de la nuit grots des Moonclans, des chevaucheurs d’araignées, des squigs…Toutes les unités du battletome Gloosmpite y passent. Les dégâts sont nombreux et les pertes très importantes. La métropole est dévastée. De nombreux habitants fuient les combats.

Les assaillants peaux-vertes sont menés par sa magnificence Skragrott himself (!) Son plan est de conquérir la place et notamment de prendre le contrôle des canaux de la métropole et de ses infrastructures en eau potable. Celles-ci communiquent directement avec Hammerhal. Les Peaux-vertes pensent pouvoir verser leurs poisons et champignons et réitérer l’invasion de Draconium à plus grande échelle.

Vaste programme.

Mais les Epées de Sigmar et le Guet finissent par prendre connaissance de ces mauvais desseins. Une contre-attaque est mise sur pied avec une diversion. La poudre parle et la réserve de poisons des Peaux-vertes est finalement détruite avec le centre-ville de Draconium. Skragrott est mis en déroute.

C’est une victoire à la Pyrrhus. La ville est dévastée. Ses autorités sont en fuite, ou ont été tuées. Les survivants fuient les décombres. La compagnie des Epées de Sigmar a perdu plusieurs de ses membres. Mais ils repartent à nouveau vers une nouvelle errance.

Style et écriture

Style et écriture = 3/5

On se répète par rapport à d’autres reviews, en plus d’auteurs différents. L’écriture est une nouvelle fois fluide, alternant entre description et scène d’action. Donc assez ravi par ce roman, avec une traduction correcte, sans aucune coquille (ou presque). Le franglais se fait rare et reste utilisé uniquement pour les noms propres.

A noter que l’auteur maitrise correctement le style de la narration propre aux scènes des combats.

Intérêt fluffique

Intérêt fluff = 4/5

Un apport non négligeable.

Les Peaux-vertes des Gloomspite Gitz en premier lieu. Nos amis grots sont en couverture du roman. Eux et la Mauvaise Lune sont donc les principaux sujets, mais ils ne sont paradoxalement pas les narrateurs du récit. Celui-ci appartient majoritairement aux Humains.

En première partie, la présence des Peaux-vertes est implicite. En fait, les petits monstres sont ouvertement présents durant la seconde partie du récit. L’auteur décrit très bien leurs invasions. Précision = Andy Clark ne donne pratiquement aucun dialogue entre les peaux vertes, sauf une scène vers la fin avec Skragrott. Ce dernier est présenté comme totalement mégalomaniaque.

Ils sont présentés comme joyeusement destructeurs. Perso, cela m’évoque le gif mis en ligne sur le site du Warhammer community lors des derniers jours de décembre 2018 – c’est-à-dire juste avant la sortie de du battletome (le manoir de montagne progressivement mis à sac avec la Mauvaise Lune en arrière-plan).

Ce ne sont pas seulement des créatures troglodytes. C’est toute un écosystème du sol qui monte à l’assaut de la métropole azyrite = insectes, champignons, végétation. En biologie, on appelle cela un « édaphon » (https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89daphon).

En outre il y a la Mauvaise Lune.

L’astre en question est vénéré par les grots. Mais plus que cela, c’est presque une entité mi astrale, mi-chthonienne, apportant son concours aux Peaux-vertes. Elle déchaine une sorte d’influence sur les habitants humains de Draconium (sentiments de folie et de peur – l’auteur précise que tout être vivant civilisé levant les yeux au ciel et regardant directement la Mauvaise Lune, a l’impression que l’astre le contemple à son tour personnellement). Les Peaux-vertes deviennent furibonds sous sa clarté. Sa lumière déclenche les effets des champignons (donc très différent des mixtures de Pacôme de Champignac dans Spirou). En outre, son orbite proche « entraine » des pluies d’astéroïdes, la ville de Draconium ne faisant pas exception dans ce roman.

Cet aspect est conforme au fluff, mais également aux traits d’allégeance des Gloomspite. Je vous renvoie, si vous en avez l’opportunité, à la lecture du battletome précité.

En second lieu les Humains de l’Ordre. C’est intéressant. Nous sommes en présence dans ce roman de la civilisation d’Azyr. C’est l’Humanité associée à Sigmar, issue principalement des « douze tribus mythologiques » d’Azyrheim. Cette civilisation suit les Stormhost, fonde et s’installe dans les grandes cités. Elle est très prosélyte et « agrège » les rares populations, nations humaines survivantes de l’Âge du Chaos. Les quelques artworks, illustrations, et les éléments fluff sur les cités libres de Sigmar permettent de supposer (en l’état) à une civilisation de niveau renaissance, mais plus évoluée que ne l’était l’Empire de Battle.

Ainsi, nous avons dans ce roman une bonne description de ces humains d’Azyr = typés « steampunck » et « flintlock fantasy », la civilisation présente un urbanisme avancé, un niveau technologique non négligeable fondé sur des prémisses de révolution industrielle. Les habitants disposent par ailleurs d’infrastructures sanitaires dignes (c’est d’ailleurs un des enjeux dans le récit). Le système politique demeure de nature aristocratique, parfois avec des complications sociétales (« primauté » des individus originaires d’Azyr). Cette civilisation accueille par ailleurs d’autres races dans ses cités et métropoles (aelfs et duardins), quand celles-ci ne sont pas, tout simplement, prépondérantes (exemples de Phénicum et Avilgard). De mémoire, seul le court roman City of secrets de Nick Horth, développait autant sur les métropoles d’Azyr. NB = pour l’instant, Games Workshop a laissé les figurines de l’Empire pour représenter ces êtres humains dans AOS.

Analyse personnelle = en l’état du fluff connu, en plus des Azyrites, les autres civilisations humaines à AOS peuvent être catégorisées en trois autres grands ensembles =

(1) Les « Chaoteux » = essentiellement les « Slaves to Darkness », c’est-à-dire des centaines de milliers de tribus, vénérant directement (ou pas), les entités du Chaos / le Chaos universels. Ces tribus sont parfois fédérées sous la bannière d’Archaon et de ses cercles Everchosen. S’ajoutent également les sectes infiltrées au sein des cités de Sigmar. Phil Kelly avait précisé dans le White Dwarf d’octobre 2019 (rubrique « Les Mondes de Warhammer ») que la culture humaine des Slaves to darkness était numériquement majoritaire dans l’univers d’AOS. On peut donc en déduire qu’ils sont les humains les plus nombreux. Ainsi, à AOS, l’humanité du Chaos est dominante. Un comble pour notre espèce (!)

(2) Les « Neutres » = de très rares états ou nations ou tribus revendiquant une certaine indépendance. Généralement, ces groupes sont originaires de certains royaumes ou ont prêté allégeance à d’autres divinités de l’Ordre (exemple Alarielle en Ghyran). Ces communautés sont très brièvement citées dans le livre de base V2 d’AOS = Bataar, Aspiria, Vitrolia, Vaste Aride en Aqshy ; les nations du Renouveau, les tribus indigènes de Thyria en Ghyran ; les Principautés d’Améthyste, le peuple de Penultima (dont est issue la cité de Shadespire), le peuple d’Ossia à Shyish ; les tribus de l’Enclume de Fer froid, les tribus d’Odrenn, d’Adayah et du Flux visqueux, la nation d’Azgal à Chamon. La plupart de ces cultures ont disparu, ou ont été « phagocyté » lors des invasions chaotiques, voire pire (cf ; le destin de Shadespire). Ou dans le meilleur des cas intégrés bon an mal an » par la civilisation d’Azyr. A l’Âge de Sigmar, on ne connait pas exactement l’état de ces cultures humaines « neutres ».

(3) Enfin, vous avez les nations, civilisations humaines sous la coupe directe de Nagash et de ses légions de morts-vivants. David Annandale en fait une description intéressante dans la novella La Danse des cranes. Je ne sais pas s’il a eu l’occasion de confirmer ce fluff dans Neferata : Le Domaine des Ossements. Ces humains servent de main d’œuvres, de nourriture (vampire), ou tout simplement de ressources en âme ou en os. Il y a un régime de noblesse. Les dirigeants vampire se servent des lignées les plus méritantes pour étreindre et accueillir de nouveaux membres. Nagash et ses sbires entretiennent par ailleurs – à l’instar du Chaos - un réseau de cultes clandestins au sein des cités libres de Sigmar (les « Nagashites » cf. La Lance des ombres de Reynolds page 170 de l’édition française).


En troisième lieu, le fluff s’attarde sur la compagnie des Epées de Sigmar. « Compagnie » est d’ailleurs un bien grand mot. Ils ne sont plus que sept. Le lecteur découvre ainsi des vétérans presque usés de leurs aventures. On constate dans le récit qu’ils ne brillent pas par leur habileté directe au combat (à quelques exceptions), mais plutôt par leurs capacités d’adaptation, ou plutôt de survie.

Donc =

Hendrick Saul = humain, sergent et ex-sous-officier d’un régiment de guilde. Sur le papier, il est le chef de groupe depuis le décès de son frère.

Brisé par le décès de son frère de sang, Varlen Saul, il souhaite lui rendre hommage. Il semble chercher tout-au long du récit, un sens à son destin. Il a une confiance absolue en ses compagnons. Il meurt empoisonné par les miasmes des champignons. Ce personnage aurait mérité à être plus développé.

Aelyn Kotrin = elfe aelf, archère d’élite, forestière

Son allégeance exacte n’est pas précisée, mais on suppose qu’elle appartient à l’ethnie aelfe « wanderer ». C’est le membre le plus compétent du groupe sur le plan létal. Elle est aussi la confidente de Saul et l’aide à assurer le commandement de la compagnie. Elle souffre moins des effets de la Mauvaise Lune que ses compagnons humains. Le récit la laisse pour morte, victime d’une attaque de masse grots.

Romilla Aiden = humaine et prêtresse guerrière du culte de Sigmar

J’ai aimé ce personnage, le récit lui attribuant une grande force d’âme. C’est la plus calme et réfléchie du groupe. A l’inverse du fluff classique des guerriers religieux, elle fait preuve de beaucoup de tolérance. Elle survit à l’invasion grot.

Eleonara Van Ghest = humaine, artificière et ingénieure, ancienne membre de la guilde Ferbrasure d’Hammerhal Ghyra.

Débrouillarde et intelligente, elle sauve à plusieurs reprises la compagnie avec ses bombes ! Elle a énormément souffert lors de sa formation d’ingénieure de la suspicion de ses coreligionnaires de Ferbrasure (misogynie ?). Elle fut renvoyée de son académie et erra un bout de temps. Elle fut accueillie par la compagnie et soignée par Romilla Aiden. Elle garde de son époque d’errance une asociabilité envers tout ce qui est extérieur à ses compagnons. Elle survit.

Bartiman Kotrin = humain, mage de bataille du Collège des Arcanes, spécialisé dans la magie du royaume de la Mort (Shyish).

Ce mage de bataille est compétent et fin psychologue. Il gère généralement la partie diplomatique et la négociation des contrats pour la compagnie. Il survit.

Olt Shev = humain, ancien membre d’un régiment de guilde, éclaireur.

Il est issu d’une nation humaine ralliée à la civilisation d’Azyr. Il porte encore les vêtements traditionnels de son peuple (une apparence sauvage). Lors de son service régimentaire, il a beaucoup souffert de la suspicion systématique des humains originaires d’Azyr envers les Reconquis. Il dispose d’une certaine aptitude aux missions de reconnaissance.

Borik Jorgensson = nain duardin et Kharadron, engagé initialement par feu-Varlen Saul en qualité de garde du corps.

Il apporte la technologie Kharadron aux Epées de Sigmar. Il est moins affecté par la Mauvaise Lune que les humaines. A priori membre le plus en retrait de la compagnie, il semble (comme tout bon Kharadron) se préoccuper uniquement d’argent et de questions pécuniaires. On s’apperçoit au fil du récit qu’il est en fait très attaché à ses compagnons. Prisonnier des grots, et victime d’un sortilège de Skragrott, il se suicidera avec une bombe.

Appréciation personnelle

Appréciation personnelle = 3/5

Perso, j’ai apprécié le roman. Mais il reste moyen malgré tout. Les personnages manquent parfois de perspective, ou plus simplement de profondeur. Les scènes de combat sont bien, mais auraient gagné à plus de description épique.

Enfin, on est encore loin des opus de feu battle que j’ai pu parcourir = L’ambassadeur, Les dents d’Ursun de Mac Neil, l’excellentissime Les Cavaliers de la mort de l’ami Abnett.

AOS pâtît encore d’un fluff (en l’état) trop léger, mal cadré ; même si ces désagréments tendent à changer au fil des battletomes et des romans. Pour l’instant et sauf erreur de ma part, aucun roman de qualité ne se démarque dans cet univers. A suivre

A lire si vous vous intéressez à AOS, ou si vous souhaitez découvrir l’univers. Ou même ce roman peut être aussi attachant si vous souhaitez lire de la fantasy (moyenne).

Noté moyen bon !

Note globale = Total des points 13/20