Lepidopterophobia

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Par Schattra

Avant-Propos

Et voila la Schattra touche , merci a lui.
Vous pouvez le retrouver ici : https://nebelheim.wordpress.com/

Ou ici : https://www.warhammer-forum.com/index.php?/profile/27242-schattra/

Intrigue

Medea Betancore. Pour les aficionados de la Black Library, ce nom est sans doute familier, et pour cause ! Il s’agit en effet d’une des suivantes de l’Inquisiteur Gregor (Greg pour les potes) Eisenhorn, dont les aventures ont été contées par un tout jeune Abnett au tournant du dernier millénaire. Originaire de Glavia, une planète dont le nom est beaucoup plus classe en VO qu’en VF, il faut le reconnaître, elle a servi comme pilote au noble vieillard sur la fin de la carrière « officielle » de ce dernier, après que son père, Midas, ait donné sa vie à son service avant même que Medea ne vienne au monde. VOUS PARLEZ D’UNE TRAGEDIE1 !


Laissée dans la stase qui attend les personnages du Daniverse lorsqu’Abnett travaille sur un autre arc que le leur, Medea a donc été tiré de sa retraite et remise sur le devant de la scène dans cette nouvelle se situant dans la trilogie des « P- »2 (‘Pariah’, ‘Penitent’ et ‘Persillade au Vin Blanc’), centrée sur Bequin mais featurant aussi Greg & Gigi Ravenor, pour un final qui risque d’envoyer du pâté. Mais pour le moment, Medea occupe ses dimanches à chiner aux puces de Queen Mab (la cité dans laquelle se déroule la trilogie), afin de trouver… quelque chose d’intéressant dans la traque du mystérieux Roi en Jaune, l’omnipotent mais insaisissable boss de fin de cet arc. Cela fait 20 piges que Mémé Medea (200 ans tout de même) essaie de faire avancer ce qui est devenu un cold case, en parallèle de sa mission première : veiller sur le Maze Undue et ses pensionnaires très spéciaux, sous la couverture de Sœur Bismillah.


Nous suivons donc notre héroïne alors qu’elle s’approche de la place retirée (le square Grammaticus, ça ne s’invente pas) où elle a l’habitude de faire sa sélection. Jusqu’à récemment, elle pouvait compter sur l’aide d’un étudiant, Praed Belovoir, qu’elle envoyait faire du repérage en son nom pendant la semaine, mais ce dernier a disparu sans laisser de traces il y a six mois. Dommage. Alors qu’elle flâne parmi les stands et les chats, une petite boutique qu’elle n’avait jamais remarquée auparavant (red flag, red flag) attire son regard. En plus d’être richement achalandée en vieilleries antédiluviennes – il y a un exemplaire du Petit Albert (sic) et des recueils de Cervantes et de Keats (ou Yeats), c’est dire – l’échoppe comporte aussi une bibliothèque intérieure, où Medea croit identifier un livre dont le titre se termine par ‘… en Jaune’. Souhaitant y jeter un œil, mais également payer pour un atlas stellaire établi par une sommité planétaire d’il y a plusieurs siècles et d’une inventivité intéressante, Miss Betancore entre dans la boutique à la recherche de son propriétaire, un certain M. Borges…


…Ce comportement d’un civisme exemplaire va cependant lui jouer un mauvais tour. Les lieux sont en effet sombres et poussiéreux au possible, et les allées bordées d’incunables semblent se poursuivre sur des superficies délirantes par rapport à la taille de l’échoppe (amber flag, amber flag). Pour ne rien arranger, Medea découvre rapidement qu’elle n’est pas seule à errer dans les couloirs : une colonie de mites a élu domicile dans la librairie, et dès qu’un lumoglobe s’allume, c’est la ruée. Pas de quoi perturber une agente inquisitoriale blanchie sous le harnais, me direz-vous ? Eh bien si, tout de même, un peu, car Medea est (respirez fort) lepidoptèrophobe. Ce qui veut dire qu’elle a la phobie des papillons et des mites3. L’expérience devient donc très rapidement angoissante pour la chineuse de choc, d’autant plus qu’elle a l’impression tenace que quelqu’un, ou quelque chose, essaie de l’attirer toujours plus profondément dans le dédale, en allumant et fermant les lumières de façon stratégique (scarlet flag, scarlet flag).


Après avoir soupçonné Gideon, qu’elle sait traquer son ancien mentor, elle finit par conclure que c’est une question très intéressante mais qui mériterait d’être éclaircie à l’extérieur, et opte pour un shadow rush stratégique (elle s’enfuit dans les zones les moins éclairées, jugeant que là est le salut). La tactique s’avère payante, et elle finit par retrouver son chemin jusqu’à l’entrée de la boutique. Elle essaie d’abord d’ouvrir, puis de fracasser la fenêtre, mais réalise rapidement que cette dernière, sous son aspect vétuste, est un centuple vitrage (salami flag, salami flag). Elle éclaircit du même coup les raisons de la disparition de Praed Belovoir lorsqu’elle se rend compte que ce qu’elle prenait pour une énorme mite – ce n’est pas une contrepèterie – frappant au carreau est en fait un livre, dans lequel l’âme du pauvre étudiant a été enfermée. Tough luck, bro mais chacun pour soi à ce stade. En désespoir de cause, Medea défonce les étagères qui l’empêchaient d’accéder à la porte, et quand cette dernière refuse de s’ouvrir, elle dégaine son arme spéciale : sa main de pilote Glaviane, bourrée de capteurs et de bioniques qui lui permettent de faire sauter le fâcheux verrou. Notre héroïne regagne enfin l’air libre, son précieux bouquin sous le bras, et jure qu’on ne l’y reprendra plus. De toutes façons, la boutique de M. Borges ne sera plus jamais vue à Queen Mab…

1: Du coup les noms tirés de la mythologie grecque sont très appropriés, bravo Abnett.


2: Là encore, la VO est préférable à la VF.


3: Je pense qu’elle a dû se faire traumatiser par la traversée de la Forêt de Jade dans sa prime jeunesse.

Avis

Une petite nouvelle comme Abnett sait bien les écrire, mettant en vedette un second rôle de ses séries inquisitoriales, bourrée de fluff « local » (et donc assez peu intéressant pour les amateurs de background avec un grand B, mais qui permet de donner une bonne profondeur au monde dans lequel se passe l’intrigue) et plus portée sur l’instillation d’une atmosphère – ici, angoissante – que sur un déroulé de nouvelle classique. Cela change agréablement, à mon avis, de l’écrasante majorité des soumissions de la BL, et cela vaut donc le détour, même si une bonne connaissance du Daniverse est nécessaire pour saisir toutes les ramifications de l’intrigue et identifier tous les Easter eggs que l’auteur a intégré dans son récit. Je n’étais pas spécialement prêt, mais cela ne m’a pas gâché mon plaisir de lecture outre mesure, alors imaginez si vous êtes à jour des dernières publications du bonhomme !