Phalanx

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Avant-Propos

Et voila la Schattra touche , merci a lui.
Vous pouvez le retrouver ici : https://nebelheim.wordpress.com/

Ou ici : https://www.warhammer-forum.com/index.php?/profile/27242-schattra/

Intro

Chronique un peu spécial, parce que le livre est sortie chapitre par chapitre dans Hammer and Bolter

Phalanx (chapitre un et deux)

Concept sympa proposé par la BL, le roman de Counter devrait normalement être le roman-feuilleton du magazine. Pour ceux qui l'ont oublié (moi en premier), le Phalanx est le principal vaisseau des Imperial Fists, une barge de bataille incroyablement vieille, et donc incomparablement supérieure à tous les autres vaisseaux de l'Imperium de l'univers du monde du cosmos (ah, Ben, je t'aime pour ça ^^). Pour ceux qui ne l'ont jamais su (moi en premier), ce roman prend place dans la série des Soul Drinkers, un chapitre successeur des Fists frappé par le fléau de la mutation (pour plus d'info, voir là). Après de multiples péripéties, les Soul Drinkers sont décimés par une coalition de chapitres loyalistes, et les survivants traînés dans la barge des Imperial Fists pour être jugés. Oui, je sais, on ne voit pas pourquoi les marounes s'embêteraient à organiser un procès quand un bolt en pleine tête suffirait à régler le problème une fois pour toute, et d'ailleurs la majorité des personnages est de mon avis, mais Vladimir Pugh (le maître des Fists) est un légaliste forcené, qui tient absolument à tout faire dans les règles, car les Soul Drinkers se considèrent comme encore loyaux envers l'Empereur, et donc ont théoriquement le droit de s'expliquer. On suit donc les jours précédents l'ouverture du procès, avec les séances d'interrogation musclées de vigueur (haaa, le "Gant de Douleur"... de grands malades, ces Fists) et les arrivées des délégations des autres Chapitres (ça fait un peu réunion du G8). Pendant ce temps, une équipe de scouts est envoyée sur un monde nécron à la recherche d'on ne sait pas trop quoi...

Bon, c'est du Counter, donc on aime ou on aime pas, mais j'ai pas trouvé ça dégueu à lire, bien que je n'ai lu aucun bouquin de la série des Soul Drinkers (pour changer). On retrouve la figure bien connue de Lysander, et le personnage de Sarpedon, le maître muté des Drinkers, est attachant malgré sa tendance à donner dans les réflexions métaphysiques. Même si on devine que les accusés ne vont pas rester tranquillement dans leur box jusqu'à la lecture du verdict (et Counter, comme beaucoup de ses copains, à la mauvaise idée de recourir à la facile "vision mystique" pour prévenir le lecteur que ça va chier), voir des Astartes faire autre chose que purger de l'hérétique ou du xenos est assez sympa. À côté de ça, les passages où les scouts apparaissent sont bien rythmés, même si pas originaux pour deux sous (il faudrait vraiment un gars talentueux pour innover -en bien- de ce côté là ceci-dit). Si Counter résiste à son penchant prononcé pour l'escalade pyrotechnique et s'empêche de faire de son histoire l'évènement le plus important depuis l'Hérésie Do, ça devrait même être agréable à suivre.


Phalanx (chapitre trois)

Dans la revue du premier numéro de Hammer and Bolter, j'avais dit qu'il était intéressant de voir des Marines faire autre chose que génocider leur prochain. J'avais horriblement tort. Je suis maintenant convaincu qu'un Marine, c'est une arme, une arme hyper efficace certes, mais rien d'autre qu'une arme, et que quiconque essaie de les faire interagir de manière autrement que superficielle dans n'importe quel autre domaine que celui du massacre de masse (ou l'organisation de massacres de masse, pour les Marines les plus intellos), est un dangereux malade. Merci Ben pour cette révélation.


Autant les deux premiers chapitres de Phalanx laissaient envisager un petit roman sympa, avec certes du fracassage à tous les étages, mais quelques bribes de fluff autour pour rehausser un peu le goût, autant le troisième donne envie que le vaisseau des Fists se fasse aborder par des World Eaters en goguette, histoire que le niveau remonte un peu. Car si Counter sait mettre en scène des combats de Marines, il ne sait mais alors absolument pas mettre en scène des Marines faisant autre chose. Le problème est que les Marines en question sont censés se constituer en tribunal, afin de juger les survivants d'un chapitre plus que borderline. Et là, c'est le festival de conneries, sans un moment de répit. En vrac:

  • Les geôliers Imperial Fists, qui ne trouvent rien de plus malin pour faire revenir le calme parmi leurs prisonniers que de tirer des rafales de bolter dans le plafond de leur inestimable relique
  • Counter nous informe que 300 (!) Marines sont réunis pour assister au jugement des Souls Drinkers... Sérieux, ils ont rien d'autre à f***** que de participer à un procès dont ils connaissent déjà tous le verdict? Et Ben d'enfoncer le clou en ajoutant à la phrase d'après que "la plupart des zones de guerre de l'Imperium n'avaient jamais accueilli un rassemblement si important de Space Marines, mais ces Astartes n'étaient pas là pour se battre. Ils étaient là pour que justice soit rendue"... Comme justification bidon, ça se pose là. J'espère que la XIVème Croisade Noire ne tombera au même moment que le procès en appel des Relictors, sinon Pépé est cuit.
  • Les descriptions de certains des marines présents à bord du Phalanx tournent au grotesque tellement Counter souhaite mettre en exergue les spécificités de chaque chapitre par rapport aux autres. La médaille d'or va au capitaine Angels Sanguine, qui emporte partout avec lui sa collection de masques mortuaires, chacun arborant une expression différente pour qu'il puisse choisir le bon en fonction des évènements... Il aurait mieux fait d'imprimer des smileys en grand format, de mettre une ficelle derrière et de découper des trous pour les yeux (c'est comme ça que je me le représente maintenant en tout cas). Donc pour l'occasion, il doit ressembler à peu près à ça : ☹️
  • Et pour finir, le début du procès en lui-même est ridicule, mais pouvait-il en être autrement? Demander à des surhommes totalement endoctrinés à haïr le Chaos de faire preuve de compréhension envers un marine à moitié arachnoïde, il n'y a que les Fists et leur penchant avéré pour le masochisme qui pouvaient faire ça. Pas besoin de dire que ça part en sucette dès l'ouverture, la moitié des intervenants terminant leur réquisitoire par "je vais me le faire tout de suite cet enfoiré", obligeant Lysander (le service d'ordre à lui tout seul) à courir dans tous les sens pour calmer les plus excités. Il faut dire que Pugh (le maître de chapitre des Fists, et donc le juge du procès) a trouvé intelligent de confier le rôle de procureur à un Crimson Fists clodo complètement berserk...


Au final, on en vient à souhaiter que l'évasion des Souls Drinkers (car évasion il y aura, même Lion El Jonson pourrait s'en douter) arrive au plus tôt, afin que Counter puisse se consacrer à ce qu'il sait faire de mieux : les récits de combat. Mais bon, il faut bien rigoler de temps en temps.


Phalanx (chapitre quatre)

Ayant sans doute réalisé qu'il fallait mieux pour lui qu'il limite au maximum les passages "tribunal" de son roman, Counter consacre tout le chapitre à une longue digression se terminant comme il se doit par le cliffhanger de rigueur (pour relier à l'intrigue principale). On suit donc l'Archiviste Varnica et son escorte dans la cité de Berenika Altis, qui d'après les descriptions, était une cité ruche pour classes supérieures (tout est beau, propre et bien rangé). Était, car les 8 millions d'habitants de la ville se sont un jour réveillés avec des pulsions homicidaires apparemment extrêmement fortes, puisqu'ils ont réussi à tous s'entretuer en l'espace de quelques heures. Évidemment, ça fait pas très bien dans les rapports planétaires, et du coup les Doom Eagles sont dépêchés sur place pour mener l'enquête. Pourquoi des marines et pas un bon vieil inquisiteur me demanderez-vous? Eh bien parce que les Doom Eagles sont, dixit Counter "attirés par les catastrophes". On comprend aussi qu'ils aiment se confronter à des mystères et résoudre des énigmes. C'est leur droit, cependant, vu la manière dont ils s'y prennent pour mener l'enquête, on se dit que le suspect a plutôt intérêt à porter une armure Terminator s'il veut ne serait-ce qu'espérer sortir vivant de son interpellation, puisque les Eagles ont une forte tendance à tirer d'abord et à poser les questions ensuite (un peu comme si l'Inspecteur Gadget avait des digilasers).

Autant le dire clairement, l'investigation selon Counter ressemble plus à Resident Evil qu'à L.A. Noire. D'abord parce qu'il n'y a aucun témoin à interroger (ils se sont vraiment tous entretués) -tant mieux ça ralentit pas l'action- , ensuite parce que les marines n'ont pas vraiment à chercher pour trouver où le grand méchant se cache -tant mieux ça ralentit pas l'action- , enfin parce que ce dernier n'est pas vraiment du genre à appeler son avocat (remarque, il aurait du mal à en trouver un de vivant dans le périmètre) et à plaider les circonstances atténuantes en espérant qu'un vice de forme lui permette d'obtenir un non-lieu. Pas que ça soit une brute épaisse le gars, d'ailleurs son truc à lui c'est plutôt l'écriture, mais on sent bien que Counter avait besoin de se calmer les nerfs après un chapitre entier à essayer de convertir des tueurs psychopathes de 2m50 en cour d'assises, et donc que de toute manière, il fallait que les bolts volent à un moment ou à un autre. Même si le style se fait plus fluide grâce à ce retour au fondamental, on n'échappe cependant pas à quelques détails saugrenus de ci de là (pas de spolier pour ceux qui voudraient lire le chapitre, mais que ces derniers se demandent après coup si autant d'encre était nécessaire).


Tout ça se termine, un peu abruptement il faut le reconnaître, par la réalisation de Varnica que les Soul Drinkers ont été manipulé par un puissant démon, qui s'est arrangé pour leur faire faire ses quatre volontés, alors que les braves Drinkers croyaient qu'ils accomplissaient la volonté de Pépé. C'est con hein? Pas sûr que l'excuse soit jugée acceptable par la bande de rigolos chargée du dossier, mais ça conforte un peu plus l'image de héros maudits des marines accusés.

Au final, un chapitre pas extraordinaire mais qui permet de remettre le roman sur les rails. J'avoue être assez curieux de lire la suite, même si je redoute que Counter alterne directement avec un nouveau passage "tribunal" (ou plutôt un passage "Ça se discute", vu la forte tendance des intervenants à vouloir s'étriper)... Mais bon, il faut bien rire de temps en temps.


Phalanx (chapitre cinq)

Retour dans la Kangou custom des fils de Dorn, après un chapitre passé à zoner dans un cimetière ruche à traquer de l'hérétique. La bonne nouvelle est que Counter ne remet pas le couvert avec un nouveau passage judiciaire. La mauvaise est qu'il n'a même plus besoin de ce prétexte pour accumuler les pépites (à moins que je n'aie, consciemment ou non, décidé de relever tous les passages plus ou moins litigieux de l'œuvre du grand homme1, ce qui serait ma foi tout à fait possible).


On a donc affaire à un chapitre de transition, où plusieurs scènes se déroulant à divers endroits du Phalanx2 sont relatées, comme par exemple le tragique accident de la cellule Sofitex, dans laquelle le frère capitaine Deheskus se fait surprendre sans son armure par un serviteur d'entretien (épisode douloureux, surtout pour Deheskus, qui finit incarcéré dans un dreadnought après l'incident, stoppant du même coup d'arrêt définitif à sa carrière prometteuse), mais je m'égare... Bref, il y a boire et à manger dans ces quelques pages, Ben nous servant à la fois de la vision prophético-mystique en entrée (Rhana Dandra d'un point de vue impérial, rien que ça), un entretien pseudo philosophique entre Sarpedon le radical et une sista puritaine en plat de résistance, et un bon vieux duel d'honneur entre deux capitaines marounes s'étant trouvé un léger contentieux (pas sûr qu'il y ait beaucoup de constats à l'amiable dans la boîte à gants des Land Raiders). Et si la joute oratoire sur les attraits et l'utilité du Chaos entre le prisonnier et sa geôlière ne casse pas trois pattes à un Diable de Catachan (Abnett fait ça beaucoup mieux dans Eisenhorn et Ravenor), les deux autres passages sont assez plaisants, Counter se faisant manifestement plaisir dans sa description de l'affrontement final entre les bons et les mauvais fils de l'Empereur (et on parle bien des Primarques ici, avec Pépé et les 4 fantastiques en superviseurs directs des opérations... manque plus que Michael Jackson et Jean Paul II pour que l'aiguille du compteur d'awesomeness fasse péter le cadran), ainsi que dans le combat entre Reinez (le procureur Crimson Fists SDF et ravagé du bulbe) et N'Kalo, capitaine pelé de l'illustre chapitre des Iron Knights, qui trouve malin de vouloir témoigner à décharge des Soul Drinkers au cours de ce procès parfaitement équitable.


Au final, on a l'impression que l'auteur cherche à remettre de l'ordre dans son roman, en faisant suffisamment avancer les intrigues parallèles pour que tout se mette bien en place par la suite. On sent bien que la véritable baston approche, et on ne peut que s'en réjouir, au vu du nombre effarant de Marines qui pour l'instant se tournent les pouces dans le Phalanx (jeu de mot).

Pour terminer en beauté, un petit florilège des "Coun(t)eries" du bon Ben au cours du chapitre:

  • Tous les primarques loyalistes évoqués lors de la vision apocalyptique du début... sauf le bon Corrax, totalement oublié (en même temps, il a juré qu'on ne l'y reprendrait "jamais plus"). In-croâ-yable:
  • Sarpedon le latin lover, qui donne dans "Les Spaces Marines viennent de Mars, les Sœurs de Bataille viennent de Vénus". Dans un univers aussi asexué que celui de 40K, ça fait tout drôle.
  • Counter en grand nostalgique du Moyen-Âge (le nôtre) décrit Vladimir Pugh en train de recevoir les doléances demandes de ses vassaux invités sous un chêne (!), avant d'ordonner un Jugement de Dieu l'Empereur pour résoudre un conflit. De la part d'un mec qui préfère organiser un procès pour juger un chapitre hérétique commandé par un mutant plutôt que de purger à la verveine et au prométhéum, c'est un peu expéditif comme moyen de trancher la question. Et Reinez d'accueillir la décision avec un très anachronique "Amen".
  • Sarpedon le comique, qui se fout ouvertement du côté rigoriste et pointilleux des Imperial Fists, alors qu'il s'agit du chapitre Primogenitor des Souls Drinkers. Le respect se perd dans les dernières fondations.
  • Le Capitaine Angel Sanguine qui change exprès de masque pour assister au duel entre Reinez et N'Kalo (en mode ? cette fois)
  • Le duel en lui même, qui permet de se rendre compte que les armures énergétiques, ça se déforme comme du beurre. En témoigne l'inénarrable Reinez, qui réussit à bousiller le casque de son adversaire en lui filant un coup de boule, alors même que lui même est tête nue... Dans le même style, qui a dit que les armures terminator gênaient les mouvements? Lysander arrive bien à foutre à un high kick au même Reinez (certes à genoux au moment des faits, mais toujours sans casque au passage) pour lui faire entendre raison.
  • Pugh pour finir, qui invente le concept (révolutionnaire) de victoire par KO inversé: le premier inconscient a gagné.

Allez, vivement la suite!

1: Il n'avait pas qu'à autant déconner dans son chapitre II. Comme quoi, l'impunité 0, ça existe au 41ème millénaire.


2: Si les Imperial Fists n'ont qu'un seul gros vaisseau au lieu d'en avoir plusieurs plus petit, c'est qu'ils ont eu l'intelligence de comprendre qu'une barge de bataille nommée le Metacarpx, le Trapex ou encore le Scaphoïx, ce n'était pas forcément le top pour la crédibilité.


Phalanx (chapitre six)

Retour à ma série souffre-douleur, qui s'en prend plein les dents à chaque fois, mais que j'ai fini par bien aimer. Le malheur de Counter et des Soul Drinkers a été d'accepter le format de roman feuilleton, qui expose bien plus les petites erreurs et approximations aux yeux du lecteur que peut le faire un roman d'un seul tenant. Pas de chance Ben, t'es un héros et un martyr de la cause.


Nous voilà donc de retour au pénible procès de Spiderm... Sarpedon et de ses potes rebelles et mutants, qui pour le moment s'est révélé assez calme (interventions tonitruantes de Reinez mises à part, j'adore ce type). N'ayez crainte, ça ne va pas tarder à s'emballer comme de juste, mais pour l'heure, les apothicaires Imperial Fists ont réussi à tirer le pauvre capitaine N'Kalo du coma profond dans lequel son duel d'honneur avec l'autre excité l'avait laissé, et l'on écoute ce dernier (façon de parler hein, il n'arrive plus à communiquer qu'en gravant des lettres sur le plancher avec sa salive acide de Space Marine) raconter sa rencontre avec des Soul Drinkers encore en cavale. Témoignage à décharge, qui permet à Counter de présenter ses anti-héros sous un meilleur jour, même si l'on devine que le gars Sarpedon a mis les pattes dans l'engrenage idéologique de l'Imperium, et que commencer à questionner le droit de ce dernier à pourrir la vie des trillions de ses loyaux sujets sous prétexte de les protéger des néfastes influences des méchants xenos et hérétiques, c'est mauvais signe quand on est censé adhérer au moins un peu à cette logique.

N'Kalo raconte donc sa fringante jeunesse (quand il n'était encore invalide qu'à 75% et qu'il pouvait encore croiser un Blood Angel sans que ce dernier tombe dans les pommes), lorsque, officier en charge d'une pacification/génocide sur le monde de Molikor, il était tombé nez à nez (façon de parler) avec les Soul Drinkers, qui avaient pris faits et actes pour les rebelles Eshkeens (encore une bande de hippies du 41ème millénaire, prêchant le respect de notre mère la Terre, le respect des ancêtres et la paix dans la galaxie, donc des individus éminemment méprisables1) contre le conseil parlementaire qui régissait la planète.


Et là, Sarpedon lui ouvrit les yeux (façon de parler) sur la vérité inique de l'Imperium. Choc pour le pauvre N'Kalo, qui découvre alors que les méchants et les gentils ne sont pas forcément ceux qu'il croyait, de la même manière que Pocahantas fit découvrir les merveilles de l'Amérique sauvage à cette brute de John Smith2. On a donc droit à un chapitre-conte philosophique sur le thème « la vérité est ailleurs/on nous dit rien, on nous cache tout/le respect, ça change l'Imperium ». Je passe rapidement sur les péripéties amenant à cette édifiante conclusion, pour laisser la surprise aux éventuels lecteurs, mais soyez rassurés, Counter reste égal à lui même et à force d'enchaîner les actions trokwioul, ses personnages explosent leur forfait de TGCM dès lors qu'on cherche à comprendre comment et pourquoi il font tout ça. Mais bon, dans l'ensemble, ce chapitre est assez plaisant et permet de faire une pause salutaire loin du Phalanx et de son tribunal des flagrants délires, donc ne crachons pas dans la soupe. Adjugez, c'est pesé.

1: Là où ils méritent le respect, c'est que selon Counter, ils étaient déjà présents sur Molikor quand les premiers colons impériaux sont arrivés. Terra ne serait donc pas le seul berceau de l'humanité. Dommage que l'auteur n'ait même pas pris conscience lui-même de la portée de ce qu'il a écrit.


2: Si tous les indiens avaient été des psykers Space Marines mutants, les colons européens auraient eu l'air malin.


Phalanx (chapitre sept)

Retour au TPI (Tribunal Pénal Intergalactique) du Phalanx. Dans la salle d'audience, rien ne va plus: non seulement N'Kalo a jeté un froid considérable sur les débats en osant prendre la défense des Soul Drinkers, mais le capitaine des Angels Sanguine (vous savez, le gars qui se balade avec sa collection perso de masques mortuaires assortis) a livré une information fracassante : le Primarque dont le chapitre renégat tire son matériel génétique n'est pas Rogal Dorn, les prêtres sanguiniens et Horatio Kane sont formels (par contre, ne leur demandez pas quel primarque a donné de sa personne pour créer les Souls Drinkers : malgré leur expérience millénaire en la matière et la technologie de pointe à leur disposition, ils n'en savent absolument rien).

Stupeur et tremblements au sein de l'auguste assemblée, Sarpedon devenant tout vénère à la suite de cette révélation, ce qui n'empêche pas Pugh de le condamner à mort, et tous les Soul Drinkers survivants avec lui (Lysander risque d'exploser son compteur d'heures sup'). Exactement 8 secondes après que la sentence ait été prononcée, un vaisseau s'écrase sur le dôme du Phalanx dans lequel le procès se tient, donnant à Vladimir Pugh l'occasion de prouver que si les Space Marines ne connaissent pas la peur, ils ne faut pas non plus pousser pépé dans les orties1. Évidemment, Sarp' en profite pour se faire la malle, donnant au passage l'occasion à Reiner de se plonger (littéralement) dans l'étude des cogitateurs qui équipent le vaisseau.


Au même moment, le pèlerin qui était venu prier pour le salut des âmes des Soul Drinkers devant les cellules de ces derniers sort sa guimbarde et commence à jouer la "Bombe humaine" (au 40ème millénaire, on peut apparemment remplacer son sang par de la nitroglycérine, sans autre effets qu'une légère fatigue et un tempérament explosif), à la plus grande joie de son public. Sa performance absolument renversante convainc les marines survivants de quitter leurs douillettes retraites pour aller acheter le CD, au grand désarroi des Imperial Fists de garde, tout aussi soufflés par le show.

Après six chapitres de préparation, Counter entre donc enfin dans le vif du sujet, laissant ses protégés ravager le Phalanx telle un nuée de gaunts en goguette dans une fabrique d'holocristaux. Ça nous pendait au nez, et Ben ne gagnera certainement pas le prix du meilleur scénario original aux prochains BL Awards, mais au moins, il va pouvoir se consacrer à ce qu'il sait le mieux faire : de l'action épique relevée à la testostérone, saupoudrée pour l'occasion de considérations sur la dialectique entre impératif catégorique et impératif hypothétique (si si). Vivement la suite donc.

1: « Enemies abound! Brothers, flee this place! »: pour le maître d'un chapitre dont l'obstination à poursuivre le combat même dans les situations les plus désespérées est légendaire, l'expression est malheureuse. C'est Dorn qui doit se retourner dans sa Cage de Fer.


Phalanx (chapitre huit)

Retour sur le Phalanx, où les choses commencent à chauffer sérieusement. Avec la grande majorité des Soul Drinkers en fuite dans le vaisseau, le temps de l'état de droit et des principes généreux semble soudainement passé de mode, même la patience de Vladimir « en trois exemplaires datés et signés » Pugh ayant ses limites. On remarquera juste que c'est la deuxième fois au cours d'un même numéro que les Imperial Fists doivent s'asseoir sur leurs grandes idéaux pour recourir à la bonne vieille approche frontale pour laquelle les Space Marines sont bien connus. L'univers n'était (toujours) pas prêt.


Pour autant, Counter, qui connaît son affaire, se contente de faire monter la sauce en choisissant de dépeindre les préparatifs des deux camps juste avant que la boucherie ne commence. Il n'y a guère que le pauvre capitaine N'Kalo (encore lui, ça doit être une affaire de karma) pour avoir un avant-goût du carnage innommable qui s'apprête à déferler dans le yellow submarine, puisqu'il arrive à gagner quelques points d'invalidité supplémentaire (rafale de bolts dans le torse, crâne enfoncé, oeil explosé... le dreadnought n'est plus très loin) des mains du chapelain Iktinos, qui le prend en otage pour faire bonne mesure, malgré le regard courroucé que lui adresse Sarpedon.


De leur côté, Pugh & friends s'organisent une petite offensive de derrière les fagots, insensible à l'ironie d'avoir à assiéger une bande de rebelles à l'intérieur même de leur vaisseau amiral. C'est Perturabo qui doit être content. Pas grand chose d'autre à dire sur ce chapitre, que Counter maîtrise bien, sans faire preuve d'une grande originalité. Les counteries font en revanche un retour en force, à tel point qu'on peut se demander s'il n'a pas écrit cette partie en mode pilote économique, tout à son empressement de passer aux choses sérieuses. Petit florilège (parce que ça fait longtemps et parce que je suis un être mesquin):


  • Le coup de bol monstrueux des Soul Drinkers on the run, qui s'enferment dans la première salle à peu près défendable qu'ils trouvent (une bibliothèque), et qui se révèle être... le lieu où les Imperial Fists ont stocké toutes les pièces à charge pour le procès, c'est à dire toutes les armures et les armes (chargées hein) confisquées aux Soul Drinkers lors de leur « arrestation ». La salle sur demande de Poudlard c'est de la petite bière à côté de ça1.
  • Le chef des pèlerins responsables de l'évasion des Soul Drinkers qui les attend tranquillement dans la même salle, et qui commence à taper la discute avec le capitaine Luko. Pour rappeler au lecteur que c'est toujours lui le patron, et que dans ses livres, le fluff avance plus vite qu'un orque bourré aux commandes d'un land speeder custom', Ben trouve malin de mettre la phrase suivante dans la bouche du pelos: « All human history hinges on this point, captain! ». Enfoncée, l'Hérésie d'Horus!
  • Le même capitaine Luko, sans doute ému par la déclaration du vioque sous LSD, qui choisit ce moment de calme avant la tempête pour déclarer qu'en fait, la violence et le sang, il déteste ça. Bon, une autre carrière brisée par une reconversion forcée. Il ne devait pas avoir des parents cool le Luko. N'empêche qu'il est vachement fort avec son matos le gars, puisqu'il arrive à enfiler son armure avec une seule main (l'autre étant ceinte d'une griffe éclair, je ne pense pas qu'il puisse vraiment s'en servir).
  • Reinez, clochard transformiste, puisqu'après avoir été présenté comme appartenant au chapitre des Crimson Fists au début du roman, il arbore maintenant l'héraldique des Howling Griffons. Ben, tu te relis des fois?
  • N'Kalo, qui avant de perdre un oeil, avait quand même la vue bien basse pour un Space Marine. À la recherche d'une arme quand il entend Iktinos approcher, il regarde partout avant de s'emparer d'un kikoup' ork (il était dans la galerie des trophées des Imperial Fists). Après le combat, Sarpedon se pointe et ramasse une épée énergétique qui traînait par terre parmi les cadavres.
  • Gethsemar, alias the Mask, qui sort le grand jeu avant de monter à l'assaut en exhibant la pièce la plus rare de sa collection (et sans doute de l'Imperium), puisque, tenez-vous bien, il s'agit d'une pièce moulée sur le visage de Sanguinius mourant. Sans blague, il y avait vraiment un artisan qui se baladait avec sa poche de plâtre sur la barge d'Horus à ce moment là?
  • L'inquisiteur Kolgo, qui vient jeter un coup d'oeil aux préparatifs des Imperial Fists, engoncé dans une armure Terminator. Counter précise qu'il a plus l'air d'un observateur que d'un guerrier même dans cette tenue, ce qui se comprend facilement étant donné qu'il doit légèrement flotter dans son costume.
  • Et, last but not least, Sarpedon qui arrive tranquillement dans la salle dans laquelle ses sous-fifres se sont retranchés, les mains dans les poches et la fleur au fusil. Alors, deux possibilités: soit les Imperial Fists ne connaissent même pas toutes les entrées possibles de leur bibliothèque, ce qui paraît tout de même peu plausible, étant donné qu'ils squattent le Phalanx depuis plus de 10.000 ans, soit Counter n'a pas pensé à ce léger détail au moment de l'écriture de ce chapitre.


1: Bah oui, il faut chercher ce qu'on veut trouver dans tout le bordel, alors que là, non, c'est tout bien rangé.

Phalanx (chapitre neuf)

Ça lui a pris huit mois, mais Ben nous a enfin amenés là où il le voulait. Et par là, il faut comprendre au beau milieu d'une lutte sans merci entre les derniers Soul Drinkers et les Space Marines loyalistes venus assister à leur procès sur le Phalanx. Fini de rire bande de moules, c'est le moment de montrer à l'univers comment un marsouin meurt pour ses convictions. On bande ses muscles, on empoigne son bolter, on allume son épée-tronçonneuse et on saute dans le tas, non mais oh! Mais mais mais, avant d'entrer dans le vif sujet, le gars Counter tient à ce que nous comprenions bien que rien n'arrive par hasard dans cet univers pourri.

Le chapitre commence donc par un petit détour du côté de l'Hérésie d'Horus, ou plutôt, de la période qui a immédiatement suivi cette période légèrement agitée. Après que Pépé et les Quatre Affreux aient accepté la garde alternée pour les Légions Traîtresses (droit de visite pour le premier tous les 800 ans environs... c'est toujours le père qui morfle), ce fut sur les frêles épaules des Primarques loyaux survivants que reposa la tâche de nettoyer tout ce qui avait été salopé durant la surboom sauvage organisée par Horus.


Anecdote intéressante, on apprend ainsi que ce fut à Rogal Dorn d'aller fermer le portail de l'Oeil du Prédateur (sic), tâche éprouvante qui nécessita pas moins de trois jours et le sacrifice de nombreux Space Marines, et qui ne fut qu'une demi réussite, car si Dorn parvint à aveugler l'Oeil à force de coups de poing (sic encore), il comprit que ce n'était qu'un pis-aller, et jura de revenir plus tard finir le boulot une fois pour toutes, quand il aurait le temps. Malheureusement, il se fit renverser par une twingo avant d'avoir eu le temps de se repencher sur la question, et comme il avait pris le soin de ne dire à personne où se trouvait l'Oeil ni comment faire pour le crever une fois pour toutes (super comme stratégie), la mission « fermer ce foutu portail » figure toujours sur la to-do liste impériale dix millénaires plus tard.

Vous l'aurez compris, si Ben nous raconte tout ça, c'est parce que le Phalanx ne se trouve pas n'importe où dans la galaxie, mais pile dans le système solaire de l'Oeil du Prédateur, toujours dormant au début des festivités, mais pour plus très longtemps, soyez-en sûr. Car pendant que Soul Drinkers, Imperial Fists, Angel Encarmine et Howling Griffons achèvent de détruire par le fer et le feu les archives de la VIIème légion (avec quelques pertes notables de part et d'autres, sortez les mouchoirs), Iktinos et quelques copains sont très occupés à faire que la prophétie alambiquée promettant la réouverture du portail1 se réalise. Secondé par un héros du chapitre que l'on pensait mort depuis des lustres (un dénommé Daenyathos, dreadnought philosophe de son état et chirurgien cardiaque à ses heures perdues) et par le toujours aussi peu chanceux N'Kalos (qui pour l'occasion donne de sa personne à sang pour cent), le chapelain renégat parvient en effet à ouvrir l'Oeil, précipitant le retour d'Abraxes! Pardon, qui est Abraxes? Mais si, vous savez bien! Le Prince Démon qui a manipulé les Soul Drinkers pendant des siècles, précipitant ainsi leur déchéance, jusqu'à que Sarpedon le renvoie compter fleurette à Tzeentch2!


Il y a fort à parier que ce come-back méticuleusement organisé ne force les Space Marines du Phalanx à mettre de côté leurs différents pour régler son compte à l'importun, ce qui devrait permettre à la poignée de Soul Drinkers qui survivra à cette épique bataille de filer à l'anglaise à la fin du combat3... Autant pour le dernier carré héroïque qu'on nous promettait depuis le début du bouquin. Il ne reste plus qu'à parier sur l'identité du Space Marine qui essaiera quand même de se farcir Sarpedon mais se fera buter par Abraxes ou un de ses sous-fifres dans l'opération... Tapis sur Reinez!

1: Qui n'implique toutefois pas de gnome unijambiste ni de jambon, et pour la pleine lune, comme on est dans l'espace, c'est difficile à dire.


2: Pouce vert si toi aussi tu n'as pas lu les trois premiers romans consacrés aux Soul Drinkers, et que du coup le retour d'Abraxes te passe légèrement au dessus de la tête.


3: De toute façon, ça a l'air tellement facile de feinter les Imperial Fists qu'on finit par se demander si l'évasion des Soul Drinkers n'était pas en fait qu'une opération de ravitaillement « chips et bière » qui a mal tourné.


Phalanx (chapitre dix)

Résumons: amenés sur le Phalanx pour être jugés après s'être rebellés contre l'Impérium, Sarpedon et ses Soul Drinkers ont été libérés par une bande de pèlerins adorateurs de Tzeentch et sont à présent séparés en deux factions distinctes. D'un côté, le maître de chapitre mutant et le gros des survivants, bien décidés à vendre chèrement leur peau face aux assauts vengeurs des Imperial Fists, Howling Griffons, Angel Sanguine et consorts, de l'autre le chapelain Iktinos et ses fidèles, assistés du dreadnought Daenyathos, déterminé à foutre une merde noire dans la place, ce qui passe accessoirement par invoquer dans le Phalanx un prince démon (et ses potes) précédemment banni par Sarpedon. Ajoutez à ce tableau quelques rivalités personnelles de bon aloi1, un artefact aussi mystérieux que puissant (le Soulspear), l'Inquisition et l'Adeptus Mechanicus, secouez et servez frais. Attention, ça tache.

Bref, Ben ayant enfin réussi à convier tous les invités à la fête, il ne lui reste plus qu'à mener chacune des intrigues patiemment tricotée à son dénouement. Plus facile à dire qu'à faire dans un Phalanx où les bolts pleuvent drus et où on ne peut pas faire trois pas sans se retrouver engagé dans un duel à mort contre un vieil ennemi. Et à ce petit jeu, les Space Marines partent évidemment avec plusieurs têtes d'avance.

C'est ainsi l'Archimagos Voar, qui avait semble-t-il trahi pas mal de monde avant de comparaître comme témoin à charge, qui fait le premier les frais de la volonté de Counter de régler les vieilles dettes une fois pour toutes. Sommé par Iktinos de lui rendre le Soulspear, le brave magos se met en quatre (et même plus) pour satisfaire aux attentes du chapelain, avec de lourdes conséquences pour son intégrité physique.


Un peu plus loin, Daenyathos essaye de convaincre Abraxes de lui acheter le Phalanx, qui maintenant qu'il est équipé d'un portail Warp flambant neuf, constitue à ses yeux (augmétiques plutôt) l'arme la plus puissante de l'univers, capable d'aller souffler dans les bronches de Pépé en deux temps trois mouvements. Faut aller dire ça à Abaddon, je suis sûr qu'il sera ravi de l'entendre (parce que des vaisseaux avec des portails Warp, il doit en avoir une tripotée, lui). Enfin, Sarpedon et Reinez entament leur 67ème duel à mort du roman alors que ce dernier était parti à la chasse des scalps d'Iktinos et de Daenyathos (mais si, on peut scalper un dreadnought si on est vraiment très en colère).

De leur côté, Pugh et le reste des loyalistes essayent de comprendre ce qu'il se passe, et, plus important, si une incursion démoniaque peut être considérée comme une menace morale. Même si on se doute qu'Abraxès et ses sbires ne vont pas tarder à être refoulés dans le Warp manu militari, on ne peut qu'admirer l'imperturbable détachement dont fait preuve Vladimir face à la tournure plutôt déplaisante qu'ont pris les évènements depuis quelques chapitres1. Humour.

Au final, un chapitre 100% action, dans lequel l'histoire avance peu en définitive. Ça ne vole pas très haut mais ça reste diablement efficace, Counter maîtrisant sans problème l'art subtil de la narration dynamique du cassage de crânes. À ce stade du roman, on a déjà une petite idée de comment tout cela va se terminer, mais laissons à Ben ses quatre derniers chapitres avant de juger de la qualité de son Phalanx.

1: Ce qui signifie qu'une bonne moitié des personnages loyalistes, ce bon vieux Reinez en tête, veut tuer Sarpedon de ses mains pour venger une offense personnelle.


2: Peut-être que c'est également son troisième mandat, ce qui expliquerait son sang froid exemplaire.


Phalanx (chapitre onze)

Les choses n'en finissent plus de devenir sérieuses sur le Phalanx, tandis que la bataille finale entre le bien et le mal (c'est du Counter, hein) menace de détruire le vénérable vaisseau de l'intérieur. C'est un chapitre 100% action qui nous est proposé dans ce numéro, avec juste assez de discussions métaphysiques entre Vladimir (Maître de Chapitre des Imperial Fists, pour ceux qui auraient renoncé à suivre), Lysander (premier capitaine des jaunards) et l'inquisiteur Kolgo1 pour que le tout ne soit pas trop indigeste à la lecture.


Comme à chaque fois, ces quelques moments de calme avant la tempête (Warp) sont émaillés de counteries savoureuses, qu'il s'agisse de l'humour tellement détaché qu'il en devient montypythonesque de Vladimir (« Oh dear, je n'arriverai jamais à faire partir cette odeur démoniaque de mon vaisseau... ») ou du faux-raccord Calgarien permettant à un inquisiteur en armure terminator de tirer les cartes à ce dernier2 (je rappelle que les cartes du tarot de l'Empereur sont faites en cristal).


Une autre brève accalmie de ce genre permet également aux Soul Drinkers « loyalistes » survivants de se rabibocher avec leurs adversaires, et tout ce petit monde part rejoindre la grosse baston au centre du Phalanx, où démons et Space Marines s'écharpent joyeusement en dégueulassant les reliques du chapitre. C'est le service nettoyage du vaisseau qui va être content.

Un peu plus loin, Sarpedon poursuit sa vendetta personnelle contre le gang des -os (Iktinos, chapelain blasé et Daenyathos, dreadnought philosophe), bien qu'il lui en coûte chèrement en terme de frères d'armes et de pattes chitineuses. Comme souligné précédemment, toute l'émotion que pourrait provoquer la disparition des premiers est réduite à néant par leur relatif anonymat pour quiconque n'ayant pas précédemment lu la trilogie que Counter a consacré aux Soul Drinkers, un peu comme si on tombait sur la mort de Sanguinius sans avoir jamais rien lu de l'Hérésie d'Horus.


Adieu donc Nephael, Salk et Leucrontas, personnages apparemment importants d'une saga que j'aurais du lire avant de me mettre à la chronique de Hammer & Bolter. Tant pis. Adieu aussi Iktinos, pas foutu de faire la peau à son ex-patron, même après avoir chourré le sable laser de Darth Maul (ce que semble être le Soulspear, d'après la description qu'en fait Ben Counter). Dans la plus pure tradition des séries B d'action, le pauvre chapelain se retrouvera du mauvais côté de la traînée de promethium et fera une sortie à la Denethor après que Sarpedon ait balancé la réplique kioul de rigueur. Grand amateur de cliffhangers devant l'éternel, Counter n'a pas résisté à l'envie de laisser planer un vieux doute quant à la mort d'Iktinos, qui pourrait fort bien avoir survécu à l'immolation infligée par son adversaire. Réponse au prochain numéro.

1: Pro-tip: toujours avoir un inquisiteur sous la main pour lui faire déblatérer des vérités pesantes sur la nature du Chaos, le devoir des servants de l'Empereur ou la couleur du papier peint de la chambre d'amis, vastes sujets qui permettent aux auteurs de la BL de montrer à quel point ils sont profonds et à leurs romans d'atteindre plus facilement le nombre de pages requis.


2: De Marneus Calgar, maître de chapitre des Ultramarines et seul être vivant capable de dégoupiller des grenades (frag et/ou anti-chars) avec une paire de gantelets énergétiques. Chapeau l'artiste.


Phalanx (chapitre douze)

La fin approche sur le Phalanx, les Soul Drinkers survivants se rapprochant insensiblement de l'inévitable évasion du vaisseau forteresse des Imperial Fists. Cet antépénultième chapitre du roman feuilleton de Hammer & Bolter se concentre sur deux théâtres d'opérations distincts, chacun porteurs d'enjeux spécifiques. Au niveau micro, Sarpedon n'en finit plus de tuer le Chapelain doublement renégat Iktinos, qui, comme dans toutes les bonnes séries B d'action, n'était en fait pas si mort que ça à la fin du dernier chapitre. Ajoutant l'infamie au déshonneur, Sarpy inflige à son ancien conseiller, pas encore tout à fait remis de sa récente grillade au prométhéum, une petite séance de trouillothérapie débridée, transformant Iktinos en légume (mais attention, en légume poêlé) qui, avec un peu de chance, passera à table au prochain épisode1. La confrontation entre le maître de chapitre mutant et le dreadnought essayiste se précise, le bon Reinez devant, sauf erreur de ma part, venir compliquer un peu plus des retrouvailles qui s'annoncent d'ores et déjà comme animées.

Au niveau macro, les Imperial Fists et tous leurs copains marounes tentent tant bien que mal de contenir le projet X initié par Abraxes et ses minions. Vladimir donne de sa personne pour refouler un Buveur de Sang déjà fortement éméché, le soiffard se faisant proprement perforer par une escouade de Devastators qui traînait dans le coin. De l'autre côté du champ de bataille, Luko et ses hommes prennent à revers un contingent de démons de Nurgle mené par un Grand Immonde hilare et véloce, puisqu'il parvient à battre à la course un Space Marine (honteux). L'Archiviste Tyrendian a alors la riche idée de se faire passer pour un Twix afin de sauver l'inqualifiable Luko de l'estomac du Démon Majeur (il l'aurait bien mérité, notez). Twix parfum grenade, l'altruiste psyker se mettant en surcharge juste avant de faire connaissance avec la colonie de Nurglings squattant la panse du Grand Immonde. Résultat, un papier peint à refaire sur un rayon de deux cent mètres, un nouveau nom biffé parmi les personnages centraux des Soul Drinkers et un assaut démoniaque repoussé... pour le moment.

Profitant de l'accalmie, la ligue des gentlemen extraordinaires improvise un conseil de guerre remarquablement serein (personne ne suggérant de tuer les Soul Drinkers sur le champ – où est Reinez quand on a besoin de lui ? -), au cours duquel il est convenu que les condamnés à mort emprunteront un passage dérobé1 pour aller refermer la porte Warp d'Abraxes et Cie, ou mourront glorieusement dans la tentative. Le Prince Démon ayant eu l'amabilité de faire son entrée dans le Phalanx juste au niveau des docks du vaisseau, il me paraît tout à fait plausible que les Soul Drinkers, une fois leur mission suicide accomplie, se fassent la malle en Thunderhawk, avec l'approbation tacite des loyalistes. Tout sera alors bien qui finira bien. Confirmation de ce scénario au prochain épisode, avec les deux derniers chapitres de Phalanx.

1 : Et voilà une métaphore rondement filée.

2 : Il est révélateur du laisser aller manifeste régnant chez les fils de Dorn que l'idée ait été soumise par un Soul Drinkers et non par un Imperial Fists, lesquels ne semblaient même pas au courant de l'existence du passage en question.

Phalanx (chapitre treize et quatorze)

Et nous y voilà enfin. Après onze numéros et douze chapitres à suivre les tribulations des Soul Drinkers et de leurs geoliers à l'intérieur de Phalanx, voici que se profile à l'horizon la conclusion du dernier roman de la série de Ben Counter. Qu'on aime ou pas cette dernière, ce n'est pas sans un petit pincement au cœur qu'on la laissera derrière soi, une fois la dernière page lue. Mais trêve de pleurnicheries précoces, il reste encore deux chapitres à disséquer.

À propos de chapitre, celui des Soul Drinkers a fondu comme neige au soleil au cours des pages, si bien que des 70 évadés des geôles du Phalanx ne restent plus que Sarpedon, Pallas, Graevus et Luko. S'il est entendu que le premier a personnellement trucidé la vingtaine de Marines qui formaient la garde personnelle d'Iktinos, Counter ne donne aucune explication quant à la disparition de la petite cinquantaine de Soul Drinkers encore loyaux à leur commandant. Mettons-la sur le compte des démons d'Abraxes et tenons-nous en là, mais tout de même mon petit Ben, tu aurais pu tenir tes comptes un peu plus sérieusement.


Si je n'ai pas compté le Chapelain renégat parmi les Soul Drinkers survivants, c'est parce que le pauvre Iktinos tombait désormais sous la coupe de la loi Leonetti : brûlé au douzième degré et psychiquement lobotomisé par les bons soins de Sarpedon, le bras droit de Daenyathos n'était plus qu'une coquille vide et fumante de Space Marines, que son adversaire éjecte du Phalanx par un sas de décompression. Ainsi disparaît Iktinos, fils d'on ne sait pas trop qui.

Un peu plus loin, le reste du chapitre, accompagné par une escouade d'Imperial Fists, l'Archiviste Varnica et cette bonne vieille Aescarion s'engage avec prudence sur le Chemin des Égarés, sorte de boyau dérobé au sol jonché de vieux appareils de torture (ça doit être l'équivalent des mouchoirs que l'on retrouve sous le matelas des ados pour ces grands malades de Fists). L'endroit ayant un passé assez chargé en matière de sévices en tous genres, l'arrivée d'Abraxes et de ses larbins a provoqué l'apparition de spectres pas très jouasses, en particulier un certain « Vizir » serpentin, qui ne trouve rien de plus marrant que de posséder le premier Marine qui lui tombe sous la griffe, jusqu'à Varnica ne le boute hors de son nouvel hôte (opa Gandalf style). Cette péripétie mineure ne ralentit pas notre fine équipe, qui avance laborieusement dans les entrailles du Phalanx comme Rogal Dorn lui-même put le faire dix mille ans plus tôt à bord du Vengeful Spirit à la fin du siège de Terra ! Cette analogie ne réussit cependant pas des masses aux Imperial Fists, qui, en tant que PNN (personnages non nommés) sont les premiers à se faire boulotter par les créatures farceuses qui peuplent l'endroit. Le point d'orgue de cette odyssée en sous-sol est atteint lorsque tout ce petit monde atteint le Panpsychicon, l'équivalent futuriste et hautement perfectionné de la méthode Ludovico d'Orange Mécanique, conçu pour faire se mettre à table les psykers récalcitrants. Lorsque la machine se met en marche et commence à brainwasher le capitaine Luko, Counter peut se livrer à un exercice dans lequel il excelle, mais auquel il ne s'adonne malheureusement que trop rarement : le délire onirico-apocalyptique. Ceux qui ont eu l'occasion de lire le dernier volet de la trilogie Grey Knights, Hammer of Daemons, peuvent témoigner de la maestria avec laquelle Ben est capable de dépeindre les visions enfiévrées induites par le Warp, et regretteront avec moi la parcimonie avec laquelle il use de ce talent remarquable.

Toujours est-il qu'après avoir rebooté la machine infernale à coups de hache énergétique, la poignée de survivants finit par arriver devant son objectif final : le portail par lequel les démons ont débarqué sur le Phalanx. Pas de bol, Abraxes en personne les attend pour une partie de ping pong, au cours de laquelle il fend en deux le pauvre Apothicaire Pallas d'un revers slicé mal ajusté. Ainsi disparaît Pallas, fils de on ne sait pas trop qui. La mêlée confuse qui s'engage donne l'occasion à Reinez de refaire son apparition, juste au bon moment car Varnica réalise – un peu tard – qu'il ne pourra pas fermer le portail sans utiliser du sang de Rogal Dorn, ou à défaut, celui d'un de ses descendants. L'escouade d'Imperial Fists accompagnant l'expédition ayant depuis longtemps rejointe la droite de l'Empereur, c'est Reinez qui donne de sa personne pour tarir le flux démoniaque, s'offrant du même coup une sortie de scène digne du héros altruiste qu'il n'a jamais été dans les bouquins1. À la suite de péripéties martiales rigolotes dont je vous passe le détail, Abraxes finit coupé en deux par son propre portail, ce qui permet à Vladimir, Lysander et au reste des Space Marines du Phalanx de concasser l'ost démoniaque sans trop de problèmes. Au moment des retrouvailles, Luko et Graevus préfèrent s'exiler dans le Warp plutôt que de regagner les cellules du Phalanx, et passent donc le portail clopin-clopant sous le regard bienveillant de Lysander2. Ainsi disparaissent Luko et Graevus, fils d'on ne sait pas trop qui.

Et Sarpedon dans tout ça, me demanderez-vous ? Et bien notre Spiderman en armure énergétique reparaît peu de temps après, considérablement amoché par le combat qu'il a livré à Daenyathos, mais victorieux et traînant derrière lui le corps atrophié de son ennemi (qui semble pouvoir survivre hors de son caisson sans trop de problèmes). Comme lui non plus n'a pas franchement envie de retourner en tôle, il ré-ouvre le portail d'Abraxes3 par la seule force de son esprit et le franchit en criant quelque chose comme « Hasta la vista baby », au nez et à la barbe de Vladimir et de ses larbins. Ainsi disparaissent Sarpedon et Daenyathos, fils d'on ne sait pas trop qui, et avec eux le chapitre des Soul Drinkers. Émotion.

Voilà donc qui conclut le roman Phalanx ainsi que la saga Soul Drinkers. En dépit de toutes les piques que j'ai pu décocher à Ben Counter au cours des chroniques précédentes, je dois avouer que le gaillard a su s'y prendre pour dérouler son histoire, et que cette dernière était d'assez bonne facture (en particulier le dernier chapitre, à forte tendance lacrymale, si tant est qu'on ait suivi l'épopée de Sarpedon et de ses potes depuis le début), malgré les nombreuses incohérences ou bizarreries égayant ses pages. L'avenir dira si le duo Abnett-Vincent réussira à livrer un feuilleton d'un niveau au moins égal à celui proposé par Counter au cours de la première année de Hammer & Bolter. Rendez-vous au prochain numéro pour avoir des nouvelles de ce vieux Gilead.

1: Je vous entends vous demander si Varnica n'aurait pas pu fermer le portail avec une petite quantité de sang et laisser Reinez en vie pour l'aider à poutrer Abraxes. La réponse est non : quand un Astartes donne son sang, c'est forcément au minimum trente litres.

2: Pour des Space Marines se déclarant fidèles à l'Empereur, c'est quand même vachement culotté d'aller prendre sa retraite sur un monde démon. Enfin, ce que j'en dit...

3: Nécessité faisant loi, Counter déclare par la bouche de son héros que le sang de Rogal Dorn coule dans les veines de ceux qui se battent pour les mêmes causes que lui, ce qui lui permet d'ouvrir le portail d'Abraxes sans problème. Moui. Philosophiquement, c'est défendable, scientifiquement, c'est abominable, mais c'était ça ou dépasser le maximum de pages imparti par la BL, alors...