Hammer and Bolter n°20
Avant-Propos
Et voila la Schattra touche , merci a lui.
Vous pouvez le retrouver ici : https://nebelheim.wordpress.com/
Ou ici : https://www.warhammer-forum.com/index.php?/profile/27242-schattra/
Intro
Bonjour à tous et bienvenue dans cette chronique du 20ème numéro de Hammer & Bolter ! Derrière la couverture illustrée par la photo de classe d’Angron (il venait de rentrer en grande section de maternelle à l’époque), 4 nouvelles dont une mignardise (6 pages à peine) de Sandy Mitchell, encadré sur la feuille de match par un trio de rookies (Clapham, Cavallo et Josh Reynolds), en plus du désormais habituel chapitre des aventures de Gilead. Après un 19ème numéro confié à des valeurs sûres établies de la Black Library, cette nouvelle parution fait donc le pari de la jeunesse, et l’on aurait bien tort de s’en plaindre. Il faut bien renouveler le stock de temps à autre.
Nouvelles en Anglais
In Hrondir's Tomb de Mark Clapham
The Talon of Khorne de Frank Cavallo
Lords of the Marsh de Josh Reynolds
A Mug of Recaff de Sandy Mitchell
Gilead's Curse (chapitre sept) de Dan Abnett et Nik Vincent
Après 6 chapitres de Gilead’s Curse, je pensais, sans doute un peu naïvement, avoir pris la mesure du style d’écriture si particulier du duo (si tant est que l’on peut parler de collaboration) Vincent et Abnett. Mes espoirs de lire un roman feuilleton du calibre des précédentes soumissions Fantasy de Dan Abnett, seul (Les Cavaliers de la Mort, Fell Cargo) ou accompagné (Hammers of Ulric, Malus Darkblade) ayant été douchés dès les trois premières pages du premier chapitre de Gilead’s Curse, j’ai depuis oscillé entre consternation incrédule, fatalisme dépité et (mais ce fut plus rare) fugace espérance, dès lors que le niveau semblait décoller du moindre micron de l’abîme d’étrangeté pataude et punitive dans lequel cet OLNI (Objet Littéraire Non Identifiable) se complait la plupart du temps. Las, c’était oublier la loi de gravité universelle de cette bonne vieille pomme de Newton, dont l’influence, c’était couru d’avance, ne pouvait pas ne pas se faire sentir. À la relative accalmie des chapitres 5 et 6 devait donc succéder une nouvelle débauche de grand n’importe quoi, d’autant plus douloureuse et démotivante que je pensais vraiment (à tort) avoir aperçu le bout du tunnel au numéro précédent. Ma foi dans l’humanité finira par me tuer un de ces jours, tenez-le vous pour dit.
Pour rappel, le chapitre 6 s’était terminé par un double cliffhanger annonçant le dénouement prochain des deux axes narratifs majeurs de l’histoire, à savoir la confrontation finale entre Gilead et le Roi des Rats (d’une part) et entre Gilead et le Comte Vampire (d’autre part)1. Chose promise, chose due, notre épisode s’ouvre donc par le face à face tant attendu entre l’enfant chéri de Tor Anroc et le mâle alpha de la race skaven… et c’est à ce moment précis que tout commence à partir en sucette. Car si on pouvait encore mettre l’apathie manifeste dont nos deux personnages firent preuve l’un envers l’autre à la fin du chapitre précédent (bien qu’ils aient une liste de raisons longue comme la tronche de Gilou lors d’un bivouac sans rutabaga de se foutre sur le coin du museau) sur le compte d’une volonté de Vincent de renforcer la tension avant le règlement de comptes final, voir cet étrange statu quo se prolonger lors du chapitre 7 est par contre tout bonnement incompréhensible. Incompréhensible est d’ailleurs le qualificatif le plus approprié pour décrire le dialogue entre nos deux adeptes de la non-violence, dont le degré d’absurdité ferait passer La Cantatrice Chauve pour un drame bourgeois. En parallèle de cet échange de haut vol, Stuart Little prend littéralement un gros coup de vieux, son pelage passant soudainement au blanc (fatigue nerveuse sans doute), ce qui 1) permet au mot follicule de faire son apparition dans le champ lexical de la Black Library2, et 2) attise l’antipathie que notre Elfe éprouve pour lui à un niveau insoupçonné. Pourquoi ? On ne le saura jamais, mais Vincent se montre catégorique sur ce point.
Quelques étages plus bas, le trio des poursuivants se prépare à faire son entrée dans la grande salle du royaume skaven, où, une fois encore la race entière3 s’est réunie pour assister à un discours de son suprême leader. Malgré les atermoiements de Laban (le jeune elfe), qui rechigne à foncer dans le tas et à se tailler un chemin jusqu’à son grand cousin à la pointe de l’épée sans autre forme de préparation (option choisie par ses deux bourrins de compagnons), les membres fondateurs de l’Association des Amis de Gilead (AAG) optent malgré tout pour cette approche tout en subtilité et commencent à progresser vers le monticule servant de podium au Roi des Rats pour ses intervention publiques, laissant derrière eux les cadavres mutilés d’innombrables ratons. De son côté, notre héros choisit finalement de laisser la vie sauve à son ennemi, sans savoir pourquoi d’ailleurs, et pousse même l’urbanité jusqu'à défendre ce dernier des assauts de ses lieutenants. Sorti complètement exténué, tant sur le plan physique que mental, de ses cinq minutes d’entrevue avec son prisonnier, le fier despote murin des chapitres précédents n’est en effet plus qu’une loque impotente, tout juste bonne à marmonner des questions incongrues dans ses moustaches, faiblesse excitant logiquement la convoitise de ses nervis.
Long story short, les quatre protagonistes finissent par effectuer leur jonction, après avoir massacré les ¾ des skavens du Vieux Monde en quelques minutes, bien aidés il faut le dire par la gigantesque battle royal ayant éclaté après l’abdication de fait du Roi des Rats. Le tumulte engendré par cette mêlée dantesque ayant fragilisé cette partie de l’empire souterrain, Gilead entraîne ses nouveaux compagnons vers la surface, non sans avoir (enfin !) réglé son compte à sa Nemesis poilue, décapitée au ralenti par une Nik Vincent qui profite de l’occasion pour ajouter « derme » au lexique de la BL. Un de moins !
Si j’ai commencé cette revue en signalant d’emblée que ce 7ème chapitre constituait un nouveau jalon dans l’imbitabilité poisseuse qui caractéristique Gilead’s Curse, c’est parce qu’aux critiques déjà formulées au cours des précédentes chroniques vient s’ajouter une tare inédite. Passe encore que le style des Vabnett soit ampoulé à l’extrême, que les personnages agissent de manière ou stupide ou incompréhensible, que le background de Warhammer ait été totalement vidé de sa substance ou encore que le récit soit déroulé d’une manière profondément ennuyeuse : ces défauts sont connus de longue de date et sont le lot des pauvres fous ayant choisis de persévérer dans leur lecture de cette œuvre profane. En revanche, il m’a été particulièrement pénible de constater que le binôme avait choisi d’innover dans l’innommable, en rebootant purement et simplement la personnalité d’un des personnages principaux (le Roi des Rats) en cours d’histoire. C’est bien simple, notre loustic perd subitement tout intérêt dans la quête d’immortalité qui constituait jusqu’ici son leitmotiv, se met à considérer Gilead comme son psychiatre et n’en finit plus de s’émerveiller sur son manque de connaissance sur les choses de la vie (sa dernière pensée – au moment où l’épée de Gilead lui tranche le col – sera d’ailleurs de noter que son sang est impur, même s’il ignore pourquoi). C’est un peu comme si Vincent avait oublié tout le character development précédemment mis en place et était reparti de zéro sur ce personnage. Avec le recul, on finit par en rire (on rit du roman dans son entièreté d’ailleurs), mais sur le coup, j’avoue avoir ressenti une véritable bouffée de colère devant cette nouvelle preuve de mépris adressée aux lecteurs de Gilead’s Curse. La lecture se serait faite sur une copie papier que cette dernière serait très certainement passée par la fenêtre ou aurait atterri dans la poubelle sans autre forme de procès. Heureusement que les ordinateurs et les tablettes sont moins facilement remplaçables.
Seule consolation à tirer de ce chapitre, la mort de super raton, qui ne viendra normalement plus polluer le récit de ses interventions délétères. On peut également espérer que le Comte rencontrera prochainement son destin sous la lame de Gilead, comme il le souhaite. Bien que doté d’un potentiel de nuisance moindre que l’autre antagoniste principal du roman, sa disparition permettrait de repartir sur des bases totalement nouvelles, qui ne pourront pas être pires que celles ayant soutenu cette première partie. En tout cas, je l’espère fortement.
1: On notera à cette occasion que l’intrigue de Gilead’s Curse repose (jusqu’ici) entièrement sur un concours malheureux de circonstances. Si cette cruche de Brida ne s’était pas montée la tête sur la longueur de l’ombre du premier quidam venu dans le premier chapitre, Gilead n’aurait jamais fait la rencontre du Comte, ni ne se serait aventuré dans les tunnels des skavens. On peut légitimement parler d’un effet (tête de nœud) papillon.
2: Je ne pense pas prendre un grand risque en affirmant que ce terme n’avait été jusqu’ici jamais utilisé par aucun auteur de cette noble maison d’édition.
3: Ça doit être assez pénible pour les membres des clans Eshin et Pestilens de se taper l’aller-retour entre Nippon/la Lustrie et Skarogne tous les deux jours pour entendre grand-papi répéter sa litanie de longévité. D’un autre côté, ce n’est pas comme si ces clans existaient pour Nik Vincent. Problem (partly) solved.