Hammer and Bolter n°12

De Les Archives Infinies
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Avant-Propos

Et voila la Schattra touche , merci a lui.
Vous pouvez le retrouver ici : https://nebelheim.wordpress.com/

Ou ici : https://www.warhammer-forum.com/index.php?/profile/27242-schattra/

Intro

Et bien voilà, nous y sommes enfin. Un peu moins de trois années auront été nécessaires au bouclage de la revue critique des douze premiers numéros de Hammer & Bolter, travail de longue haleine plusieurs fois mis en suspens, et que je suis soulagé de terminer une bonne fois pour toutes. Même si le successeur d'Inferno! a rejoint son illustre aîné dans la tombe après à peine plus de deux ans d'existence (pour rappel, Inferno! a été publié de 1997 à 2004), son impact sur la Black Library a été significatif, notamment parce qu'il a permis à une nouvelle génération d'auteurs de faire ses premières armes à une échelle moins intimidante (mais pas moins exigeante) que le pavé de 300 pages qui demeure encore aujourd'hui le produit phare de la maison. Et même si les quelques 34 nouvelles (sans compter les extraits de romans, et le feuilleton du Phalanx) se sont révélées être de qualité inégale, le rapport qualité prix du webzine, les quelques pépites disséminées dans ce dernier, et le plaisir sadique éprouvé lors de la chronique des plus beaux ratages littéraires des plumes de la BL, me font regretter la disparition précoce de Hammer & Bolter. Les grands bouleversements promis dans un futur proche au sein de l'organisation de GW mèneront peut-être à sa résurrection, ou à sa réincarnation sous une nouvelle forme, mais d'ici là, il me reste encore 14 numéros à passer à la moulinette, ce qui, au vu de mon train de tortue sénatrice et cumularde, devrait me tenir occupé au moins jusqu'en 2017. Il y a de la marge.

Venons en donc à l'objet de cette ultime critique de l'an 1, le douzième numéro de Hammer & Bolter. En haut à droite de l'Archiviste Salamanders en train de danser la Macarena1, trois noms se détachent sur la couverture. Et quels noms : Sarah Cawkwell, Ben Counter et Gavin Thorpe, aussi connus sous les noms de Mme Laborieuse, Mr Bourrin et Mr Too Much. Un casting trois étoiles donc, ce qui, divisé par le nombre de sections du numéro (c'est à dire six), nous donne une bonne idée de la qualité globale de ce dernier : pas folichonne, à première vue tout du moins. Chacun des trois auteurs cités plus haut ayant contribué à Hammer & Bolter au cours de l'année écoulée, j'avais déjà une petite idée de ce que j'allais trouver dans les pages du webzine, et je dois reconnaître que l'idée de lire une nouvelle de Gavin Thorpe traitant du destin d'Aenarion (attendez, je la refais pour vous mettre dans l'ambiance, « traitant du destin d'Aenarion »), une interview et la conclusion (étalée sur deux chapitres) du Phalanx de Ben Counter et quoique ce soit de Sarah Cawkwell ne m'inspirait pas plus que ça. Que voulez-vous, le lot d'un chroniqueur n'est pas toujours enviable. Tout le monde ayant le droit à une deuxième/quatrième/treizième chance, il n'était toutefois pas question de se laisser décourager par le caractère fastidieux et ingrat de la tâche à venir. Comme on le verra plus tard, on n'est jamais à l'abri d'une bonne surprise.

1: Vous ne me ferez pas croire qu'il s'agit d'une posture martiale digne du guerrier ultime de la galaxie. Je ne vois pas contre quel type d'ennemi le type de garde « bras croisés, pistolet relevé » pourrait se révéler efficace. Même les sbires des films de Michael Bay sont plus crédibles, c'est dire.

Nouvelles en Anglais

Bitter End de Sarah Cawkwell
Aenarion de Gav Thorpe

The Gildar Rift (extrait) de Sarah Cawkwell
Après lecture du chapitre présenté en exclusivité dans Hammer & Bolter, le premier roman de Sarah Cawkwell, The Gildar Rift (ou La Faille de Gildar en version française) semble construit sur un équilibre fragile, non rompu à l'issue des quelques pages mises à disposition du lecteur, mais qui pourrait voler en éclat en un battement de cils. Pour clarifier mon propos, le bouquin a (d'après ce que j'ai pu en lire) une grande force et une grande faiblesse, toutes deux laissées au stade de potentialité à la fin de ce fameux chapitre, et dont la répartition finale décidera de la qualité globale du livre.

Pour commencer par ce qui fâche, le principal risque que court The Gildar Rift est que son auteur ne se révèle égale à elle-même. Dans le cas qui nous intéresse, l'auteur en question s'appelle Sarah Cawkwell, et ce nom n'est pour le moment pas gage d'une littérature très relevée, même en se basant sur les standards de la BL. Sur les quatre nouvelles soumises par la demoiselle à Hammer & Bolter jusqu'ici, trois se sont révélées être d'une banalité sans nom, d'un style quelconque et d'un intérêt proche du néant. Si Bitter End relève quelque peu le tableau, la moyenne de l'ensemble tourne tout de même autour de l'à peine passable, ce qui ne donne pas vraiment confiance au moment de sortir la carte bleue. Tout aussi préoccupant, la participation des Silver Skulls au récit fait craindre que ce dernier ne ressemble aux trois nouvelles insipides consacrées par Miss Cawkwell au Chapitre du désormais tristement célèbre Gilteas Ur'Ten (petite consolation, il semble à première vue que le bonhomme n'apparaît pas dans le bouquin, le rôle du leader Space Marines revenant à un certain Arrun, qui pourrait avoir une personnalité un peu plus savoureuse que celle de son comparse). Si cela devait être le cas, je ne pense pas que quiconque ait envie de se pencher plus avant sur la faille de Gildar, à moins d'y être contraint. En face des vertueux défenseurs de l'Imperium, on trouve les affreux Red Corsairs, menés par Huron en personne, et même si les personnages présentés jusqu'ici n'inspirent pas franchement l'enthousiasme (Taemar, qui semble tout droit sorti du moule générique des Space Marines du Chaos, sans aucun autre signe distinctif que son patronyme, et Garreon le Maître des Corps, ersatz d'Urien Rakarth en armure énergétique), c'est tout de même en eux que repose la meilleure chance de Cawkwell de rendre une copie convenable, la demoiselle ayant prouvé par le biais de Bitter End qu'elle était capable d'animer les sbires du maître du Maelstrom avec un certain succès.

Passons maintenant à l'opportunité la plus prometteuse de ce début de roman, dont la réalisation pourrait accoucher d'une œuvre sans pareille mesure avec le reste de la production littéraire de Sarah Cawkwell. Pour en venir directement au fait, je pense que si elle parvient à équilibrer son propos entre les forces en présence, qui ont toutes deux déjà été présentées comme les protagonistes de précédentes nouvelles (Primary Instinct, Action And Consequence, Cause And Effect pour les loyalistes et Bitter End pour les renégats), sans prendre parti pour un des camps, le résultat ne pourra être qu'intéressant, quand bien même le style et l'intrigue resteraient en deçà de ce que fait la concurrence. Ce canevas bipartite est certes difficile à mettre en place, et nécessite en particulier des personnages auquel le lecteur peut s'identifier chez les « gentils » comme chez les « méchants » (quand bien même une telle distinction ne tient plus si l'auteur fait bien son boulot), mais il présente l'intérêt de créer une tension narrative permanente, comme l'ont démontré Les Cavaliers de la Mort de Dan Abnett et Déluge d'Acier de Graham McNeill.

Au final, si ces quelques pages n'ont pas éveillé en moi le besoin pressant de connaître la suite du roman, je suis bien incapable de me prononcer sur la qualité de ce dernier. Et même si les probabilités penchent fortement en faveur d'un résultat médiocre (la côte, à date, reste de 1 nouvelle potable pour 3 mauvaises), je suis tout prêt à laisser à Miss Cawkwell une nouvelle chance de les faire mentir. On n'est plus à ça près.

Phalanx (chapitre treize et quatorze) de Ben Counter
Et nous y voilà enfin. Après onze numéros et douze chapitres à suivre les tribulations des Soul Drinkers et de leurs geoliers à l'intérieur de Phalanx, voici que se profile à l'horizon la conclusion du dernier roman de la série de Ben Counter. Qu'on aime ou pas cette dernière, ce n'est pas sans un petit pincement au cœur qu'on la laissera derrière soi, une fois la dernière page lue. Mais trêve de pleurnicheries précoces, il reste encore deux chapitres à disséquer.

À propos de chapitre, celui des Soul Drinkers a fondu comme neige au soleil au cours des pages, si bien que des 70 évadés des geôles du Phalanx ne restent plus que Sarpedon, Pallas, Graevus et Luko. S'il est entendu que le premier a personnellement trucidé la vingtaine de Marines qui formaient la garde personnelle d'Iktinos, Counter ne donne aucune explication quant à la disparition de la petite cinquantaine de Soul Drinkers encore loyaux à leur commandant. Mettons-la sur le compte des démons d'Abraxes et tenons-nous en là, mais tout de même mon petit Ben, tu aurais pu tenir tes comptes un peu plus sérieusement.


Si je n'ai pas compté le Chapelain renégat parmi les Soul Drinkers survivants, c'est parce que le pauvre Iktinos tombait désormais sous la coupe de la loi Leonetti : brûlé au douzième degré et psychiquement lobotomisé par les bons soins de Sarpedon, le bras droit de Daenyathos n'était plus qu'une coquille vide et fumante de Space Marines, que son adversaire éjecte du Phalanx par un sas de décompression. Ainsi disparaît Iktinos, fils d'on ne sait pas trop qui.

Un peu plus loin, le reste du chapitre, accompagné par une escouade d'Imperial Fists, l'Archiviste Varnica et cette bonne vieille Aescarion s'engage avec prudence sur le Chemin des Égarés, sorte de boyau dérobé au sol jonché de vieux appareils de torture (ça doit être l'équivalent des mouchoirs que l'on retrouve sous le matelas des ados pour ces grands malades de Fists). L'endroit ayant un passé assez chargé en matière de sévices en tous genres, l'arrivée d'Abraxes et de ses larbins a provoqué l'apparition de spectres pas très jouasses, en particulier un certain « Vizir » serpentin, qui ne trouve rien de plus marrant que de posséder le premier Marine qui lui tombe sous la griffe, jusqu'à Varnica ne le boute hors de son nouvel hôte (opa Gandalf style). Cette péripétie mineure ne ralentit pas notre fine équipe, qui avance laborieusement dans les entrailles du Phalanx comme Rogal Dorn lui-même put le faire dix mille ans plus tôt à bord du Vengeful Spirit à la fin du siège de Terra ! Cette analogie ne réussit cependant pas des masses aux Imperial Fists, qui, en tant que PNN (personnages non nommés) sont les premiers à se faire boulotter par les créatures farceuses qui peuplent l'endroit. Le point d'orgue de cette odyssée en sous-sol est atteint lorsque tout ce petit monde atteint le Panpsychicon, l'équivalent futuriste et hautement perfectionné de la méthode Ludovico d'Orange Mécanique, conçu pour faire se mettre à table les psykers récalcitrants. Lorsque la machine se met en marche et commence à brainwasher le capitaine Luko, Counter peut se livrer à un exercice dans lequel il excelle, mais auquel il ne s'adonne malheureusement que trop rarement : le délire onirico-apocalyptique. Ceux qui ont eu l'occasion de lire le dernier volet de la trilogie Grey Knights, Hammer of Daemons, peuvent témoigner de la maestria avec laquelle Ben est capable de dépeindre les visions enfiévrées induites par le Warp, et regretteront avec moi la parcimonie avec laquelle il use de ce talent remarquable.

Toujours est-il qu'après avoir rebooté la machine infernale à coups de hache énergétique, la poignée de survivants finit par arriver devant son objectif final : le portail par lequel les démons ont débarqué sur le Phalanx. Pas de bol, Abraxes en personne les attend pour une partie de ping pong, au cours de laquelle il fend en deux le pauvre Apothicaire Pallas d'un revers slicé mal ajusté. Ainsi disparaît Pallas, fils de on ne sait pas trop qui. La mêlée confuse qui s'engage donne l'occasion à Reinez de refaire son apparition, juste au bon moment car Varnica réalise – un peu tard – qu'il ne pourra pas fermer le portail sans utiliser du sang de Rogal Dorn, ou à défaut, celui d'un de ses descendants. L'escouade d'Imperial Fists accompagnant l'expédition ayant depuis longtemps rejointe la droite de l'Empereur, c'est Reinez qui donne de sa personne pour tarir le flux démoniaque, s'offrant du même coup une sortie de scène digne du héros altruiste qu'il n'a jamais été dans les bouquins1. À la suite de péripéties martiales rigolotes dont je vous passe le détail, Abraxes finit coupé en deux par son propre portail, ce qui permet à Vladimir, Lysander et au reste des Space Marines du Phalanx de concasser l'ost démoniaque sans trop de problèmes. Au moment des retrouvailles, Luko et Graevus préfèrent s'exiler dans le Warp plutôt que de regagner les cellules du Phalanx, et passent donc le portail clopin-clopant sous le regard bienveillant de Lysander2. Ainsi disparaissent Luko et Graevus, fils d'on ne sait pas trop qui.

Et Sarpedon dans tout ça, me demanderez-vous ? Et bien notre Spiderman en armure énergétique reparaît peu de temps après, considérablement amoché par le combat qu'il a livré à Daenyathos, mais victorieux et traînant derrière lui le corps atrophié de son ennemi (qui semble pouvoir survivre hors de son caisson sans trop de problèmes). Comme lui non plus n'a pas franchement envie de retourner en tôle, il ré-ouvre le portail d'Abraxes3 par la seule force de son esprit et le franchit en criant quelque chose comme « Hasta la vista baby », au nez et à la barbe de Vladimir et de ses larbins. Ainsi disparaissent Sarpedon et Daenyathos, fils d'on ne sait pas trop qui, et avec eux le chapitre des Soul Drinkers. Émotion.

Voilà donc qui conclut le roman Phalanx ainsi que la saga Soul Drinkers. En dépit de toutes les piques que j'ai pu décocher à Ben Counter au cours des chroniques précédentes, je dois avouer que le gaillard a su s'y prendre pour dérouler son histoire, et que cette dernière était d'assez bonne facture (en particulier le dernier chapitre, à forte tendance lacrymale, si tant est qu'on ait suivi l'épopée de Sarpedon et de ses potes depuis le début), malgré les nombreuses incohérences ou bizarreries égayant ses pages. L'avenir dira si le duo Abnett-Vincent réussira à livrer un feuilleton d'un niveau au moins égal à celui proposé par Counter au cours de la première année de Hammer & Bolter. Rendez-vous au prochain numéro pour avoir des nouvelles de ce vieux Gilead.

1: Je vous entends vous demander si Varnica n'aurait pas pu fermer le portail avec une petite quantité de sang et laisser Reinez en vie pour l'aider à poutrer Abraxes. La réponse est non : quand un Astartes donne son sang, c'est forcément au minimum trente litres.

2: Pour des Space Marines se déclarant fidèles à l'Empereur, c'est quand même vachement culotté d'aller prendre sa retraite sur un monde démon. Enfin, ce que j'en dit...

3: Nécessité faisant loi, Counter déclare par la bouche de son héros que le sang de Rogal Dorn coule dans les veines de ceux qui se battent pour les mêmes causes que lui, ce qui lui permet d'ouvrir le portail d'Abraxes sans problème. Moui. Philosophiquement, c'est défendable, scientifiquement, c'est abominable, mais c'était ça ou dépasser le maximum de pages imparti par la BL, alors...

Conclusion générale

Au final, ce douzième numéro de Hammer & Bolter est certainement le plus dispensable du lot. La prose de Sarah Cawkwell a beau montrer des signes d'amélioration, ses deux soumissions demeurent largement en dessous de ce qui ce fait de mieux au sein de la Black Library, et ne devraient donc intéresser que les fans de la demoiselle (s'il y en a) et/ou les aficionados des Red Corsairs (je reste fermement convaincu que la seule personne passionnée par le background des Silver Skulls à l'échelle de l'univers est Sarah Cawkwell). La nouvelle de Gav Thorpe n'est guère plus attrayante, même si le fluffiste de l'extrême pourra y grappiller quelques détails sur Aenarion et ses suivants. Quant à la conclusion du Phalanx, elle ne fera sens que pour les lecteurs ayant suivi le roman depuis le début. En clair, si vous voulez tester Hammer & Bolter, optez plutôt pour un autre numéro, celui-ci ayant toutes les chances de vous décevoir.