Hammerhal

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Avant-Propos

Et voila la Schattra touche , merci a lui.
Vous pouvez le retrouver ici : https://nebelheim.wordpress.com/

Ou ici : https://www.warhammer-forum.com/index.php?/profile/27242-schattra/

Intrigue

Notre histoire commence par un caméo à la fois céleste et divin, puisque c’est Sigmar Gabriel en personne qui profite d’une accalmie dans les affaires courantes du SPD pour aller s’encanailler dans un autre Royaume que le sien. Le grand barbu se manifeste en effet en Ghyran, où sa vue perçante a décelé une manigance de l’ennemi1. Il y a bien là une tribu de Tzaangors qui fait une rave party en consommant du collagène de poulet et d’autres substances illicites, mais c’est plutôt le cairn cristallin qui trône au centre de la clairière du Hexwood où ce rassemblement a pris place qui attire l’attention de la divinité. À la base de cette construction, un tas de soul pods Sylvaneth a été pris dans la gangue magique, et appelle pitoyablement à l’aide, ce qui est tout de même fort pour des bulbes et des glands. Ziggie, qui a fait vœu de non-violence et de non-interférence dans les affaires mortelles depuis qu’il s’est fait plumer au bonneteau en Ulgu, aurait bien envie d’aider, mais il n’arrive pas à convaincre Alarielle, qui l’a rejoint sur place, alertée par son intrusion, d’accepter son offre d’assistance. Madame est en effet convaincue que ses propres enfants sont tout à fait capables de régler le problème. Enfin, elle en est convaincue jusqu’au moment où la petite force de Sylvaneth qu’elle a envoyé mettre fin aux ébats des Hommes Bêtes se fait piteusement repousser par les mutants (le Chamane en charge des opérations menaçant d’égorger un des marrons qu’il retient en otage si les esprits de la forêt ne quittent pas les lieux – une scène horrible). Après avoir lancé un regard de merlan frit à Sigmar, qui prend ça pour une autorisation d’accomplir sa BA de la journée, Riri repart tenter d’arracher son Royaume des grosses patounes graisseuses de Nurgle, et notre prologue se termine sur le rire grinçant de Tzeentch, qui regardait sûrement Demain Nous Appartient en arrière-plan et trouvait ça irrésistiblement drôle (il en a de la chance).

Le théâtre étant planté et les enjeux de l’histoire connus du lecteur, nous suivons en parallèle deux arcs narratifs, qui finiront évidemment par se rejoindre. D’un côté, une équipe de Répurgateurs de choc (Sol Gage le Chevalier d’Azyr, Kuva la « Lionne Blanche » Aelf, Bryn le Brise-Fer Duardin, Zephyr la Gryph-hound et son maître le Lord-Veritant Carus Iron-Oath) enquête sur les docks d’Hammerhal Ghyran sur les activités suspectes du marchand Rollo Tarn. Ce dernier a fait fortune en approvisionnant la cité en bois de construction, sans donner l’origine des précieuses grumes qu’il amène par barge volante toutes les semaines à Hammerhal. C’est une infraction flagrante au RBUE, et comme Alarielle et les Sylvaneth sont notoirement chatouilleux sur les questions de déforestation, les allées et venues de Tarn ont fini par taper dans l’œil des autorités locales.

Dans les Monts Nevergreen, une force conjointe de Stormcast Eternals de la Chambre des Âmes d’Acier et de soldats des régiments réguliers d’Hammerhal progresse sous le commandement de Gardus Steelsoul en personne vers une destination tenue secrète par ce dernier. Il s’agit en fait d’aller aider les Sylvaneth à déloger les Hommes Bêtes du Chamane Tzanghyr Split-Soul de la clairière où ils ont dressé leur cairn pour remonter dans l’estime d’Alarielle. Mais ce que les vertueuses forces de l’Ordre ne peuvent pas savoir, c’est que les Disciples de Tzeentch ont monté une opération de grande ampleur pour capturer Hammerhal (rien que ça), et qu’ils vont donc se retrouver confrontés à une véritable légion de poulets-garous.

Le lien entre les deux intrigues est assuré par le duo Tzanghyr-Rollo Tarn, qui ont chacun donné un petit bout de leur âme à leur BFF en signe de leur amitié sincère et profonde, et sont capables de communiquer malgré les distances qui les séparent. Vivement que les Duardin inventent le téléphone, tout de même. Tarn est un Magister de Tzeentch sous couverture, et le bois qu’il livre à Hammerhal provient du Hexwood, ce qui lui donne d’intéressantes propriétés de conductibilité démoniaque. Le plan des deux affreux est d’ouvrir un portail entre le cairn des Hommes Bêtes (grâce à la puissance des glands Sylvaneth) et les bâtiments d’Hammerhal construits avec le bois de Tarn, afin de permettre aux hordes de Tzaangors d’envahir la cité depuis l’intérieur, et contourner ainsi ses prodigieuses défenses extérieures. L’intervention des Répurgateurs dans les entrepôts d’Hammerhal force Tarn à prendre l’air sur son navire pour conduire le rituel d’ouverture en relative tranquillité, mais ce plan presque parfait partira finalement en fumée (comme Tarn) après que nos héros aient réussi à prendre pied sur la barge, à décimer l’équipage et à interrompre le rituel des cultistes grâce au sacrifice/surcharge de Carus.

Dans la forêt profonde, c’est la Liberator Selena Sunstrike qui s’illustre particulièrement, en accompagnant Gardus et sa taskforce d’élite jusque dans la clairière du cairn, et en récupérant les précieuses soul pods au péril de sa vie. Voyant que les otages ont été libérés, les Sylvaneth qui épiaient les déboires des Stormcast depuis les fourrés se manifestent enfin, et mettent en déroute les Hommes Bêtes qui n’avaient pas encore eu le temps de prendre leur ticket pour Hammerhal. La victoire est donc totale pour l’Ordre, malgré les pertes subies dans l’invasion avortée de la cité. C’est toutefois avec les cultistes défaits, mais toujours confiants dans leur capacité à revenir avec une nouvelle idée aussi tordue que géniale pour jeter à bas la civilisation que Reynolds choisit de terminer son histoire. Le Fatemaster Aek, qui servait de confident et de garde du corps à Rollo Tarn, et a réussi à s’échapper de la barge volante en se jetant dans les flammes rituelles de Tzeentch au moment où les Répurgateurs s’apprêtaient à lui régler son compte, vient assister aux derniers instants de son ami, brûlé au neuvième degré comme le vrai cultiste qu’il est. La nouvelle se termine sur une note émouvante, avec Aek qui accueille les âmes de Tarn et de Tzanghyr dans ses… euh… gantelets ?, avant partir en coup de vent chercher une nouvelle conspiration dans laquelle s’impliquer. Vu comme ça, c’est assez cool d’être un cultiste du Chaos, finalement.

1: Quoique, vu la description que fait Reynolds du rassemblement de Tzaangors, c’est peut-être son ouïe de taupe ou son odorat d’éléphant qui ont été mis à profit. Les voies du Seigneur sont impénétrables, mais pas ses fosses nasales.

Avis

Josh Reynolds signe avec ‘Hammerhal’ la novella d’introduction à Age of Sigmar parfaite, en ce qu’elle parlera à tous les publics de la Black Library. En plus de s’avérer très didactique dans sa narration, et de présenter de façon intelligible-mais-pas-scolaire les motivations et organisations des principales factions de la franchise (au moment de l’écriture), dans un clair effort de facilitation de l’immersion des nouveaux venus dans cet univers, ‘Hammerhal’ a la bonne idée de ne pas reposer sur un manichéisme entre « gentils » sigmarites et « méchants » cultistes, que les lecteurs vétérans auraient sans doute trouvé horripilant. Au contraire, Reynolds réussit à faire de ses personnages chaotiques de véritables anti-héros, éminemment sympathiques malgré la monstruosité de leur plan. En cela, il parvient à justifier, mieux que beaucoup d’autres auteurs, l’attrait que le Chaos peut avoir pour des gens normaux comme Rollo Tarn (qui est devenu cultiste après avoir été sauvé d’une mort certaine des mains branches des Sylvaneth par Tzanghyr et ses Hommes Bêtes). Le marchand/Magister est une figure des plus intéressantes, puisqu’il est dépeint comme éprouvant une véritable amitié (réciproque) pour Tzanghyr et Aek, loin de l’image d’Epinal du cultiste obnubilé par sa progression dans les rangs et considérant tous ses alliés comme de simples pions. Reynolds donne même une dimension pathétique à Tarn en révélant que son fils a été transformé en Curseling en cherchant à maîtriser des rituels trop complexes pour lui, et qu’il n’a jamais vraiment pardonné à Tzeentch ce coup du sort.

En plus de ce casting des plus intéressants, Josh Reynolds s’illustre également ici en fournissant de nombreux détails fluff à ses lecteurs, et en dépeignant Hammerhal à la manière d’un MJ présentant la ville à une bande d’aventuriers. C’est ce genre d’informations qui manquaient jusqu’alors dans le background d’Age of Sigmar, et qui empêchaient une immersion aussi complète que dans Warhammer Fantasy Battle : il faudra plus qu’une novella, et plus qu’un Reynolds, pour pallier à ces manques, mais si tous les auteurs de la BL pouvaient suivre cet exemple, Age of Sigmar deviendrait bien plus intéressant à mes yeux.

Comme les scènes d’action occupent une bonne partie du récit, je me dois de souligner ici que Josh Reynolds rend une copie très propre à ce niveau, en gardant son propos facile à suivre et en proposant juste assez de variété pour que ces passages ne confinent pas au soporifique, comme ils ont la fâcheuse tendance à le faire chez d’autres auteurs. Ce n’est pas l’aspect de ‘Hammerhal’ que j’ai préféré, mais la pilule est passée sans problème, ce qui n’était pas une mince affaire pour une histoire de plus de cent pages, dont 75% de scènes de combats. Non, en tant que vieux de la vieille, ma préférence est logiquement allée vers les références au vieux fluff que Reynolds a intégré dans son propos. Cela varie du petit clin d’œil, comme le titre du prologue (‘Dark God’s Laughter’ qui est un hommage à ‘The Laughter of Dark Gods’, une des premières nouvelles de WFB publiées), à l’intégration incognito de personnages du Vieux Monde à l'intrigue, un peu relookés pour l’occasion, mais tout à fait reconnaissable dès lors qu’on se penche un peu sur le cas. Ici, c’est l’immortel Aek(old) qui revient nous dire bonjour, de façon véritablement miraculeuse si on me permet l’expression. Je reconnais sans problème que l’un de mes plaisirs de lecture de GW-Fiction est de découvrir des easter eggs et Reynolds est l’un des auteurs qui maîtrise le mieux cet art subtil de la référence. Ce qui m’incitera à probablement lire toutes ses nouvelles pour AoS, même si je sais qu’une grande partie de ces dernières sont des Stormcasteries écrites à la chaîne : tout benef’ pour la BL. Bref, je recommande chaudement cet ‘Hammerhal’ à tous les lecteurs intéressés par cette franchise de la GW-Fiction, quel que soit leur connaissance de cette dernière : Josh Reynolds a parfaitement répondu au cahier des charges qui lui a été fixé, et est même allé au-delà du strictement nécessaire pour contenter le plus grand nombre. Je dis bravo.

Fluff

Hammerhal : Cité de Sigmar s’étendant de part et d’autre d’une Porte de Royaume reliant Aqshy à Ghyran, deuxième par la taille, derrière Azyrheim. La cité est gouvernée par un Grand Conclave, et protégée dans sa partie ghyranite par des douves de magma alimentées par des canaux en provenance d’Aqshy. Un réseau de forteresses, les bastions de feu, ceinture la périphérie de la cité.

Ordre d’Azyr : Confrérie de chasseurs de sorcières chargés de débusquer la corruption spirituelle et physique du domaine de Sigmar. Ses membres se reconnaissent à leur insigne du Marteau et de la Comète, et coopèrent parfois avec les Lord-Veritants des Stormcast Eternals, dont les prérogatives sont similaires. L’Ordre d’Azyr entretient des liens privilégiés avec le Culte de Sigmar, dont la figure de proue est la Grande Théogoniste.

Ghyran : Le ciel de ce Royaume est vert.