Deathwing

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Avant-Propos

Et voila la Schattra touche , merci a lui.
Vous pouvez le retrouver ici : https://nebelheim.wordpress.com/

Ou ici : https://www.warhammer-forum.com/index.php?/profile/27242-schattra/

Intrigue:

Le Fall Camp/casting/retour au bercail prévu de longue date par la Compagnie de Vétérans Dark Angels du Capitaine Ezekiel, anciennement connu sous le nom de Coureur de Nuage (Cloud Runner), et que nous appellerons Claude à partir de maintenant pour gagner un peu de place, ne s’est pas passé comme prévu. Débarqués dans leur Thunderhawk Deathwing sur leur planète natale, qu’on qualifiera poliment de très influencée par la culture des premières nations amérindiennes, les Space Marines ne trouvent que des campements déserts et jonchés de cadavre comme comités d’accueil, ce qui laisse à penser que quelque chose de pas jojo s’est produit pendant leur siècle d’absence. Ayant fait le tour de leurs anciens villages à la recherche de survivants, en vain, et découverts avec horreur qu’une ville industrielle avait poussé au milieu des steppes où s’ébattaient auparavant bisons (probablement) et belettes (c’est dans l’histoire), nos vieux guerriers ont logiquement le moral dans les chaussettes énergétiques. Car, en ces temps très anciens, les fiers Dark Angels ne recrutent que sur cette planète/réserve, et la destruction du mode de vie et de la culture de leurs congénères ne peut que condamner le Chapitre à l’extinction à court terme.

Les soupçons de Claude et de ses Sergents Marius (Belette Féroce) et… Paulo1 (Lune Sanglante) se sont portés sur un ennemi que les Terminators ne connaissent que trop bien : les cultes Genestealers. Indice parlant: les dessins d’humanoïdes grimaçants à quatre bras2 trouvés sur les parois du dernier village troglodyte visité par les touristes. Confrontés à cette menace des plus sérieuses, contre laquelle même la puissance des meilleurs de l’Empereur mis sur leur 31 pourrait peut-être ne pas suffire, Claude et ses grands-pères doivent prendre une décision difficile : se la jouer safe et balancer un petit Exterminatus pépère depuis l’orbite, comme le préconise le Codex Astartes3, ou attaquer directement la cité champignon défigurant le paysage, afin de faire rendre gorge aux colons et libérer les éventuels rescapés de la conquête de l’Ouest par les grands méchants Xenos. La situation est tellement grave que Claude, en bon grand manitou, convoque un pow wow de ses guerriers, où chacun pourra exprimer son opinion sur la marche à suivre. Pendant ce temps là, l’Archiviste/Chamane de garde, Lucian a.k.a. Deux Têtes Qui Parlent, est autorisé à faire une virée dans la cité sensible pour récolter quelques informations utiles à la suite des opérations. Dissimulant sa carrure de Terminator derrières des allures plus banales grâce à ses super pouvoirs, il parvient à entrer sans problème dans la bourgade.

Sur place, il constate avec horreur que son peuple a bien été réduit en esclavage par une caste dominante, constituée du Magos du culte et de ses fidèles serviteurs. Manque de bol pour notre éclaireur, il se fait gauler par le premier malgré son déguisement ingénieux à la sortie d’un combat de belettes, et se retrouve donc pisté à travers la ville sur le chemin du retour. Témoin de la bastonnade en règle d’un vieux chaman alcoolique ayant osé annoncer le retour des Dark Angels à une population incrédule et abrutie, Lulu intervient en faveur de son collègue, parvenant sans mal à calmer les ardeurs des cultistes s’acharnant sur le pauvre hère d’une bonne paire de claques. Cet acte charitable, s’il permet à l’Archiviste de tirer au clair les sources du problème rencontré par la planète en demandant à Etoile du Matin (c’est le nom du pochtron) de lui refaire toute l’histoire, scelle cependant le destin de Lucian, pris à parti quelques minutes plus tard par le Magos et sa garde de Genestealers. Si le Space Marine parvient à se défaire de ses assaillants, la mort du Psyker alerte le reste du culte que quelque chose ne tourne par rond spirale, et l’Archiviste finit par succomber sous le nombre au pied des portes de la ville, malgré quelques dingueries peu communes pour un porteur d’armure Terminator, comme un sprint et une roulade. Dommage.

Pendant ce temps là, Claude et ses hommes discutent le bout de gras en se goinfrant de pemmican, comme c’est l’usage. Soucieux de donner l’exemple, Claude raconte l’histoire de son recrutement, qui l’a vu laisser tomber sa promise Running Deer4 après un pari débile avec un gars qu’il ne pouvait pas blairer, consistant à escalader la montagne des esprits où les Dark Angels installent leur barnum lorsqu’ils viennent recruter des locaux. Comme vous pouvez l’imaginer, les deux crétins arrivèrent sur place en même temps que les Space Marines, provoquant la fuite éperdue du rival (qui finira avec la pauvre Running Deer lâchement larguée par son fiancé, Etoile du Matin étant leur descendant), mais conduisant Claude à rencontrer son grand-père, Serre de Faucon, et à tenter sa chance aux épreuves de passage pour devenir Dark Angel, avec le succès que l’on sait. Pendant son initiation, Claude eut la chance de voir lui apparaître l’Empereur, juché sur une autruche (ok, un oiseau tonnerre), qui le briefa sur absolument tout ce qu’il y avait à savoir sur le 41ème millénaire (même le Chaos !). Moralité de l’histoire : il faut respecter Pépé et ne pas se la jouer solitaire. Cette position est également soutenue par Paulo, qui raconte à son tour sa rencontre avec des Space Marines du Chaos sur un Space Hulk quelconque. Après la bataille, le Vétéran réalisa que les renégats n’avaient pas basculé d’un coup du mauvais côté de l’histoire, mais avaient été corrompus progressivement par une série de choix sous-optimaux : c’est ce qui attend les Dark Angels s’ils prennent leur mission trop à cœur.

Cet avis n’est cependant pas partagé par tout le monde, Ours Boîteux (dont le nom ne sera pas révélé, et que je baptise donc Brandon) et Marius plaidant pour une opération punitive afin de venger l’honneur des tribus décimées. Et au bout du bout, c’est l’option vindicative qui l’emporte, faisant techniquement de nos Dark Angels des renégats (et donc presque des Déchus… mais chut). Après avoir repeint leur armure en blanc pour signifier leur vœu de mort (et lancer ainsi la mode Deathwing telle qu’on la connaît encore), les Space Marines prennent le chemin de la ville, non sans avoir reçu une dernière vision de Lucian, qui a réussi à emporter le Patriarche Genestealer – trop curieux pour son propre bien – avec lui dans la tombe grâce à une guerre mentale bien négociée, provoquant la confusion la plus totale chez les cultistes. Ce trou d’air managérial est mis à profit par les Dark Angels pour enfoncer les défenses ennemies, jusqu’à ce que les Xenos retrouvent un semblant d’organisation et commencent à coordonner leurs attaques, provoquant des pertes chez les surhommes en céramite. Lorsque la poussière retombe, les Space Marines sont toutefois vainqueurs, même si la Compagnie de Claude ne compte plus que six clampins. C’est toutefois suffisant pour notre héros, dont la dernière décision en tant que Capitaine sera de diviser les survivants autochtones entre lui et ses frères, chacun partant de son côté recréer sa propre tribu, comme au bon vieux temps d’Age of Empires.

La nouvelle se termine, bien des années plus tard, par l’arrivée d’une nouvelle force de Dark Angels sur la planète, menée par le Capitaine Gabriel Couteau Cassé. L’absence de Claude et de ses Vétérans a en effet fini par inquiéter les autorités du Chapitre, qui ont envoyé des enquêteurs spéciaux tirer les choses au clair. Claude, ultime survivant de sa Compagnie, explique à son ancien collègue les raisons de son geste et… est laissé tranquille dans son coin, après qu’il ait rendu les armures Terminator, tout de même. Il y a bien l’increvable Serre de Faucon, devenu Dreadnought depuis le temps, qui propose à son petit fillot de devenir à son tour une boîte de conserve énergétique, mais Claude refuse poliment. Et on le comprend. En ces temps très anciens, les Dark Angels savaient donc passer l’éponge sur les comportements déviants et enterrer la hache de guerre. On n’en est plus là aujourd’hui, malheureusement.

1: Je sens que l’on ne me croit pas et ça me chagrine. Une preuve est donc de rigueur.

2: Alors que ça pouvait aussi bien indiquer aux joueurs de Pokémon Go que la zone était riche en Mackogneurs. Mais les Dark Angels sont toujours prompts aux conclusions hâtives.

3: En ces temps très anciens, les Dark Angels n’avaient pas encore développé de rapport conflictuel avec l’autorité et un sentiment de supériorité sur les autres Chapitres.

4: Ou peut-être était-ce son promis, « deer » étant un cerf et « doe » une biche.

Avis:

On pourrait je pense passer des pages et des heures à discuter de ce ‘Deathwing’, ce qui est à mon sens approprié et légitime pour la toute première nouvelle Warhammer 40.000 de l’histoire. Je vais toutefois tenter de garder mon propos dans un format raisonnable, afin de ne pas dégoûter mon public de cet objet tellement particulier du corpus de la GW-Fiction.

Commençons par enfoncer des portes ouvertes, tel un Terminator éméché poursuivant un blip de Genestealers dans un Space Hulk : oui, le fluff qui est développé ici a été totalement, impitoyablement et irrémédiablement retconn-é depuis quelques décennies, transformant les braves Braves Dark Angels de notre nouvelle en templiers aussi pointilleux que cachottiers. On peut se prendre à rêver d’une réalité parallèle où ce Chapitre iconique serait resté attaché aux racines que lui ont données Ansell et King (ou regretter que cette obédience amérindienne n’ait pas été reprise par Games Workshop pour une autre confrérie célèbre de Space Marines1 après cela), mais ce qui est fait est fait, et cette page obscure de l’histoire des enfants du Roc est tournée pour de bon. Il reste cependant possible, si vous êtes un hipster acharné, d’arguer que le fait que la BL a republié cette histoire au début des années 2000, donc bien après que le changement de lore des Dark Angels ait été acté, vaut acceptation des origines ethniques du Chapitre par la maison mère (même si cette dernière a mis un gros « TROLOLOLOL » en ouverture de la nouvelle). On peut également mettre en avant que c’est Bryan Ansell lui-même (le boss de GW entre 1985 et 1991, soit au moment de la création de Warhammer 40.000) qui a voulu donner aux Anges de la Mort ce background, et qu’aller contre sa volonté serait comme bafouer les commandements de l’Empereur en personne. Empereur à coupe mulet, certes, mais Empereur tout de même. Et, pour finir sur cet aspect fluffica non grata, remarquons enfin que tout n’a pas été jeté de ce passé héroïque pour les Dark Angels : les noms en -iel sont toujours présents, ainsi que la couleur blanche de la Deathwing, et les symboles « plumiers » du Chapitre. Bref, la ligne tracée par Games Workshop est loin d’être droite, ce qui fait de ‘Deathwing’ une lecture intéressante et instructive, sans même se pencher sur l’histoire qu’elle raconte.

Et en cela, on aurait tort, car cette nouvelle de Space Marines est, et je le dis tel que je le pense, très satisfaisante. En plus de ses inévitables scènes d’action, qui sont déroulées sans excès par notre duo, on a le droit à une intrigue assez solide, avec du suspens, des rebondissements et une vraie incertitude sur le devenir final de nos héros, grâce au choix de ne pas arrêter le magnéto après leur victoire sur les Xenos, mais à la visite de « courtoisie » de leurs anciens frères d’armes. J’ai bien aimé également les variations apportées à la narration par l’intégration des souvenirs de nos vétérans au milieu du récit, qui a permis à Ansell et à King de donner quelques coups de projecteurs bien sentis sur d’autres sujets que la préparation de Little Big Horn. L’utilisation d’ellipses et de flashbacks a également pour effet de surprendre le lecteur, et de piquer son intérêt, particulièrement à la fin du récit, où le règlement de compte à OK Corral ne fait plus de doute. Enfin, je dois avouer que les petits liens internes intégrés au récit, comme Etoile du Matin qui est le descendant de Running Deer et Silver Elk, que l’on avait croisé quelques pages plus tôt dans un autre contexte, les caméos de Serre de Faucon (de plus en plus fatigué), ou la révélation que le culte de Genestealers vient de Thranx, la planète purgée par les Dark Angels des décennies plus tôt, ajoutent un charme à l’histoire. Ce n’est pas dur ou technique à faire, mais c’est bien trouvé et bien effectué, donc à saluer.

Ajoutons à cela que ‘Deathwing’ a très bien vieilli comparée à beaucoup de soumissions de la même époque, qui accusent aujourd’hui terriblement leur âge. Ansell et King ont ainsi parfaitement représentés la mentalité des meilleurs de l’Empereur face à un dilemme tout à fait fortykayien si on me passe l’expression, à savoir un arbitrage à faire entre la fidélité à l’Empereur et au Chapitre d’un côté, et l’accomplissement d’une vengeance juste mais futile d’un point de vue stratégique de l’autre. Les auteurs ont bien fait de convoquer le parallèle avec les Astartes renégats dévoyés par Horus pour illustrer leur propos, car c’est exactement de ça dont il s’agit : l’indépendance et la capacité de réflexion des super soldats de l’Humanité, qu’on leur a appris à mettre de côté mais qui reste leur dernière défense contre la corruption et, de manière ironique, l’aliénation. Autre satisfaction, qui est cette fois-ci à réserver aux lecteurs habitués au caractère nihiliste et paradoxal de Warhammer 40.000 : la douce ironie que constitue l’arrivée de la « civilisation » sur la planète natale des Dark Angels. Car si on y réfléchit deux secondes, le sort de la population de fiers chasseurs cueilleurs glandeurs n’aurait pas été très différent si l’Imperium, à la place du culte Genestealers, s’était véritablement installé sur ce monde. Il y a fort à parier que nos oisifs et improductifs apaches auraient tout aussi bien fini en camps de travail et sombré dans l’alcool et la misère si un « gentil » Magos du Mechanicum avait décidé de prendre la planète en main, à la place d’un « méchant » Magos Genestealer2 . C’est ce genre de contradictions qui fait tout l’absurde sel du 41ème millénaire, et le fait que cette nouvelle ne soit pas « bêtement » manichéenne ajoute à son intérêt. Il n’y a guère que la conclusion « we good bro » de ‘Deathwing’ qui n’a pas/plus sa place dans le futur totalement grim et complètement dark de 40K, mais pour le reste, c’est une bonne exploration de la psyché et de la psychose propres à cet univers.

Vous l’aurez compris, je recommande donc chaudement la lecture de cette histoire à tous ceux qui s’intéressent à la GW-Fiction. Il n’est pas dit qu’elle convienne à tout le monde3 , mais elle mérite d’être découverte et mise en perspective de tout ce qui est venu après, afin de pouvoir réaliser pleinement tout ce qui changé, et tout ce qui n’a pas changé, depuis cette époque héroïque.

1 : Ce qui va tout de même dans le sens de ceux qui reprochent à Games Workshop de n’avoir commencé à être plus inclusif envers sa communauté que récemment. Et les Dark Angels en sont les parfaits exemples : qu’il s’agisse du gonze en couverture de ‘Deathwing’ ou de ceux sur celle de ‘Let the Galaxy Burn’, on ne pourrait reprocher au quidam de considérer les fils d’El’Jonson (ou Canard Vexé, comme on l’appelait en des temps très anciens), comme de vrais bons aryens.

2 : À noter le passage très drôle où il est dit que les cultistes ont commencé par prêcher l’amour et la tolérance aux natifs, qui les ont envoyés paître. Comme quoi, les torts sont peut-être partagés dans cette histoire.

3 : Conseil : si la fracture fluffique à l’œuvre ici vous chagrine, dîtes vous que c’est une nouvelle consacrée aux Dork Angels, et tout se passera bien.

Fluff:

Thranx: Monde ruche impérial ayant succombé à un culte Genestealer. Purgé par l’Inquisiteur Van Dam et les Dark Angels, Space Wolves, Ultramarines et un régiment de Necromunda.

Dark Angels (Vaisseau Nommé) : Barge de Bataille Angelus Morte.

Space Hulk (Vaisseau Nommé) : Prison of Lost Souls, purgé par les Dark Angels.