Dredge runners
Par Gilian
Avant-propos
Alec Worley est un auteur arrivé récemment à la Black Library (2016). Il a beaucoup écrit pour les séries Horror et Crime. Pour la série Crime, ses histoires tournent autour d’un duo atypique : Baggit et Clodde. Cet audiobook a servi à présenter ces deux personnages avant la sortie du roman qui leur est consacré.
L’histoire du livre
Baggit est un sniper éloquent, au regard avide et aux mœurs légères. Clodde est un Ogryn, une brute dotée d’une âme de décence, aspirant à une vie meilleure. Deux déserteurs abhumains devenus voleurs rôdent dans la cité monolithique de Varangantua, où seuls les durs ou les impitoyables survivent. Endettés auprès d’un baron du crime, Baggit et Clodde se retrouvent dans le collimateur du plus cruel et du plus puritain des sanctionneurs de la ville. Pris entre deux ennemis puissants, et avec des vies innocentes en jeu, ces compagnons improbables doivent réfléchir vite et agir avec acharnement avant que la mort ne braque son pistolet laser dans leur direction…
L’histoire avec un grand H
Dans les bas-fonds de Varangantua, deux anciens auxiliaires impériaux, Baggit et Clodde, survivent en trafiquant. Ils montent un échange de caisses de fisaline (un explosif instable) avec les voyous des Underburg Carnivores. Mais ces derniers tentent de les doubler en menaçant le « sniper » censé couvrir l’opération. Baggit avait anticipé : le tireur n’était qu’un leurre, et Clodde était caché dans une des caisses. La situation dégénère, mais le duo s’en sort.
Très vite, la cheffe de gang Kruger les rattrape et, plutôt que de les exécuter, leur propose une mission : trouver des preuves compromettantes contre Preceptum Savriel Sabriatti, une officière de la Lex Alecto réputée incorruptible. Baggit insiste pour garder Clodde à ses côtés ; Kruger refuse et veut Baggit seul, mais le Rattling assure qu’ils fonctionnent en binôme.
Les deux comparses filent Sabriatti pendant des jours sans rien trouver. En espionnant ses communications, ils interceptent toutefois un rendez-vous avec un certain Greyfugue, grand chambellan de la Fumario Communitas, un consortium qui produit des low sticks en mer.
Au large de Drearfathom Bay, Baggit et Clodde découvrent la réalité : sur les plateformes de la Communitas, des serviteurs pompent une « mousse » marine ensuite transformée en stimm bas de gamme pour les quartiers pauvres. La main-d’œuvre y est traitée comme du bétail. Sabriatti rencontre Greyfugue et réclame davantage d’argent. Il la rabaisse et affirme la tenir à sa merci. Repérés, Baggit et Clodde s’échappent de justesse, convaincus que la Preceptum est compromise jusqu’au cou.
Baggit a une idée : cambrioler la consigne de preuves du Bastion D, au douzième étage, où il suppose que Sabriatti cache son argent et peut-être un dossier compromettant. Le plan est audacieux et tout ne se déroule pas parfaitement, mais ils parviennent à pénétrer le coffre. Baggit met la main sur un sac de slates (monnaie) et sur un dossier papier : des preuves que Sabriatti vend des réfugiés Ogryns à Greyfugue comme esclaves, au lieu de les envoyer à la dîme impériale.
Ils abandonnent sur place le pistolet distinctif de Kruger pour faire accuser la cheffe des Carnivores et fuient sous le feu des sanctionneurs. En comptant les slates, Baggit rêve d’un avenir discret et confortable ; Clodde, lui, fulmine : cet argent est « sale », payé par l’asservissement des siens. Baggit prône la survie, Clodde la justice.
Baggit tranche : il contacte Sabriatti et propose un échange au port de Drearfathom : le dossier contre de l’argent. Sur le quai, la Preceptum arrive, tendue, mais Kruger surgit à son tour, arme au poing, sûre d’enchaîner les deux voleurs et de rafler la mise. Baggit révèle alors son véritable plan : il a piégé les fourgons avec ce qui restait de fisaline. Les explosions libèrent des Ogryns enchaînés, qui se ruent sur leurs geôliers. Dans la confusion, Kruger est emportée, Sabriatti tente de reprendre le contrôle, et Baggit l’entraîne sur une passerelle glissante au-dessus des cuves. Face à face, il la tient en joue, lui assène qu’elle est un monstre en uniforme et qu’il veut « voir son visage » au moment où elle comprend qu’elle a perdu. Il ne la tue pas ; il la force à reculer et à tomber dans les cuves. Clodde, de son côté, s’assure que le dossier tombe avec elle, encore enveloppé dans son manteau, afin que les sanctionneurs le repêchent et remontent la filière jusqu’à Greyfugue. Baggit donne l’argent aux Ogryns libérés, comme « dédommagement » pour leur calvaire.
Au bout de la nuit, Baggit et Clodde se fondent de nouveau dans la ville : fatigués, fauchés, mais en paix avec leur conscience.
La propagande officielle, elle, réécrira l’histoire : la Preceptum Savriel Sabriatti est « morte en martyre », tombée en héroïne contre des « récidivistes ». Les citoyens sont invités à la vénérer et à obéir. La vérité ne sera jamais révélée, et Greyfugue ni son consortium ne seront jamais poursuivis.
Varangantua : une cité où la loi, la misère et le mensonge tiennent debout en s’appuyant les uns sur les autres.
Conclusion
C’est la troisième histoire de Baggit et Clodde que je lis ou écoute. Même si Alec Worley développe toujours le même schéma narratif (Baggit prêt à tout pour un peu d’argent, et Clodde, la brute au grand cœur, qui parvient toujours à faire changer son ami d’avis et à le ramener sur le droit chemin), il réussit à trouver à chaque fois une intrigue intéressante, avec de très bons rebondissements là où on s’y attend le moins.
Le fait de rappeler qu’à la fin, malgré tout, tout est broyé par la machine impériale, donne encore plus de force à la bonté du duo.