Bitter oaths
Par Gilian
Avant-propos
Avec la disparition de Grombrindal à la fin de la nouvelle précédente, j’étais très curieux de découvrir ce qui allait se passer dans cette ultime histoire de la série. J’avoue que mes avant-propos deviennent courts, mais comme j’ai lu les nouvelles directement dans le recueil, arrivé à la sixième, je n’ai plus grand-chose de neuf à dire.
L’histoire du livre
Cinq aventuriers pénètrent dans une cité naine oubliée, rongée par une malédiction née de siècles de trahisons et de désespoir.
Guidés par la mémoire d’un héros disparu, ils devront affronter non seulement les ombres des morts, mais aussi leurs propres serments brisés.
L’histoire avec un grand H
Dans les profondeurs d’Azyr, Grungni forge des armes pour les guerres à venir. Mais il perçoit une menace : une montagne glaciale de chagrin, corrompue par une force malveillante. Pour la contrer, une grande flamme blanche rassemble cinq « braises » porteuses de potentiel. Peut-être cela suffira-t-il…
Nos héros s’enfoncent dans les profondeurs de Karak Thorga.
Guidés par Justec, qui connaît les passages secrets grâce aux chansons et légendes apprises dans sa jeunesse, ils traversent les salles désertes jusqu’à la porte finale de la salle aux trésors. Pour l’ouvrir, Sivarn utilise une antique hache runique, qu’il insère dans la main d’une statue.
À l’intérieur, ils découvrent le cœur de la malédiction : le dammaz kron, le Livre des Rancunes de Karak Thorga. Chargé de siècles de griefs, il contient la déclaration finale du dernier Haut Roi :
« Tous les dieux sont parjures. »
En lisant ces mots, Myrddi est possédée par la rancune collective des anciens Thorgiri et attaque Justec. Pendant que Larn tente de la contenir, Ardellain s’efforce de briser les chaînes du livre, tandis que Sivarn invoque un puissant rituel de vie pour contrer la magie de mort. Mais une statue colossale s’anime et s’attaque à eux. Larn, embrasé par ses runes, affronte seul la créature et parvient à la détruire, au prix de blessures terribles.
Malgré la chute de la statue, la fureur des esprits ne faiblit pas. Justec songe alors à la Corne volée jadis par son ancêtre et décide de la restituer. Ce geste atténue la malédiction. Ardellain saisit l’occasion pour trancher le lien entre le livre et l’esprit maudit.
L’affaiblissement de la malédiction permet à Grombrindal de réapparaître. Il saisit le dammaz kron, le déchire en deux et déclare solennellement :
« Le malheur de Thorga est terminé. »
La destruction du livre et le bannissement de la malédiction déclenchent l’effondrement de la montagne. Les cinq compagnons fuient à travers les salles supérieures, atteignent un balcon extérieur et aperçoivent, au pied de la montagne, l’armée du Roi Gardien Hakhard le Patient, qui les observe avec fureur. Alors que tout semble perdu, la frégate Drakkul, commandée par Shima Sjarsdottir, surgit dans la poussière et abaisse sa passerelle, sauvant in extremis les aventuriers de la destruction de Karak Thorga.
Personnages
Myrddi Wutten
Naine voleuse issue des Wuttenfolk de Ghyran, elle est profondément marquée par les légendes et traditions naines. C’est elle qui reconnaît Grombrindal grâce à ses connaissances. En lisant les dernières pages du dammaz kron, elle est possédée par la malédiction et attaque Justec. Elle retrouve son esprit après la destruction du livre.
Larn Rat-Tail
Ayant pleinement accepté son destin de Tueur, il se jette dans un combat suicidaire contre la statue gardienne. Après un affrontement acharné, il parvient à la vaincre, mais en ressort grièvement blessé.
Sivarn Trell
Mage humain de Ghyran, proche compagnon de Myrddi. Il ressent la corruption imprégnant le trésor et la montagne. Lors de l’affrontement final, à la demande d’Ardellain, il invoque un puissant rituel de vie, inondant la salle d’énergie verte, ce qui affaiblit la malédiction et soutient Larn.
Nauré Ardellain
Aelfe de Hysh, Bladelord et guerrière disciplinée. Elle comprend comment affaiblir la malédiction et guide les autres dans le combat. C’est elle qui tranche les chaînes du dammaz kron, permettant à Grombrindal d’intervenir.
Justec d’Aranthine
Dernier héritier d’une lignée maudite, il connaît les passages secrets de Karak Thorga grâce aux chansons apprises dans son enfance. Alors que Myrddi l’attaque, il songe un instant à fuir, mais décide finalement de réparer la faute de ses ancêtres en restituant la Corne. Ce geste efface une rancune et affaiblit la malédiction. Mais, comme toujours, rien n’est jamais gratuit, même une bonne action.
Grombrindal
Le Nain Blanc était à la manœuvre depuis le début. Il a manipulé et guidé le groupe pour atteindre son but, avant de disparaître en les laissant assumer les conséquences. Peut-être a-t-il influencé Shima pour qu’elle vienne les sauver, mais rien n’est explicitement dit dans la nouvelle.
Shima Sjarsdottir
Elle revient à la fin, à bord du Drakkul, et sauve les cinq aventuriers de l’effondrement de Karak Thorga.
Conclusion
Il ne restait plus grand-chose à raconter et l’histoire s’accélère dans cette dernière nouvelle.
Je voudrais revenir sur l’évolution de Grombrindal entre le recueil de Guymer et celui de Thursten.
Chez Guymer, le Nain Blanc, créé — ou recréé — dans les Royaumes Mortels par Grungni, avait pour mission de sauver ce qui pouvait l’être et de rassembler la nation duardin. Même lorsqu’il intervenait pour sauver ou aider, il restait passif dans son rôle : le héros légendaire qui surgit quand tout est perdu et change le cours de l’histoire. Mais jamais il ne forçait le destin.
Chez Thursten, Grombrindal change de stature. Ici, il organise, il manipule, il provoque les événements. Il réunit des individus, les pousse à accomplir des actes héroïques et les laisse ensuite affronter les conséquences. Il devient plus actif, plus pragmatique, moins sympathique peut-être, mais bien plus calculateur. Et c’est sans doute son rôle véritable : ce pour quoi il a été créé.
Pour ceux qui connaissent, il rappelle Belgarath, le vieux sorcier de la Belgariade de David et Leigh Eddings, qui déroule son plan sur des siècles afin que tout soit en place.
Moins chaleureux, plus froid dans ses méthodes, mais toujours capable de bonté et de reconnaître ses erreurs, Grombrindal gagne ici une nouvelle dimension.