Fragments (All We Have Left)
Par Gilian
Avant-propos
Dan Abnett a écrit des dizaines de Fragments à la fin du tome 3 de La Fin et la Mort, et apparemment, il n’a pas tout publié. Nous avons donc droit ici à un nouveau fragment, un peu plus long que les autres. Je suis curieux de voir quel sujet il aborde cette fois.
L’histoire du livre
Au cœur d’un palais assiégé, cerné par des hordes de traîtres et d’horreurs venues du Warp, une guerrière sans voix livre son dernier combat. Née rejetée, élevée dans le silence impitoyable de la Sororité du Silence, Aphone Ire n’a jamais été désirée. Jusqu’à maintenant…
L’Histoire avec un grand H
Sur Terra, au cœur du siège final du Palais de l’Empereur, une femme se prépare à mourir. Elle s’appelle Aphone Ire, sœur du Silence. Née rejetée, sans nom, prise en charge par la Sororité non pas par amour mais à cause de ce qu’elle est — une Pariah, insensible au Warp et aux démons, mais aussi insoutenable pour les humains. Elle fut nommée Aphone simplement parce que ce nom était le suivant sur une liste. Plus tard, sa mentor, Jenetia Krole, lui donna un second nom : Ire (la colère), après une mission où elle s’était montrée féroce. Ce fut un moment unique : une part de son identité qui n'était pas imposée, mais offerte.
C’est la fin du Siège de Terra. Il ne reste plus rien : pas d’espoir, pas d’échappatoire, seulement la certitude de la mort. Aphone et un petit groupe de défenseurs tiennent position dans une ancienne annexe de la bibliothèque géographique, dernier bastion encore debout. Autour d’eux, la guerre hurle, les murs s’effondrent, l’ennemi approche.
Les assaillants sont des traîtres du 14e Hussards de Tygris, accompagnés de Marines du Chaos — des World Eaters déchaînés, des Death Guard en décomposition, et bien pire encore. Aphone est leur rempart : son vide psychique repousse les créatures du Warp. Pour la première fois, elle est accueillie, reconnue, presque aimée par des humains. Car face à l’horreur, même une Pariah peut incarner l’espoir.
Elle rencontre le capitaine Bleth. Ensemble, ils organisent la défense, et Aphone combat avec une brutalité et une habileté surnaturelles. Elle devient une légende vivante, une histoire que les soldats se racontent pour tenir bon.
Les soldats lisent les livres abandonnés — des atlas, des traités de géologie, des données anciennes — non pour apprendre, mais pour fuir, ne serait-ce qu’un instant, vers un monde sans guerre. Comme elle, ils cherchent à s’évader à travers des récits, même poussiéreux, même techniques, car ils parlent d’un ailleurs.
Aphone est partout. Elle parcourt les lignes et redonne espoir aux défenseurs. Elle affronte un World Eater et finit par le vaincre d’une manière inattendue : en criant. Son cri, premier son qu’elle ose émettre depuis son entrée dans la Sororité du Silence, glace même cette bête du Chaos. Elle lui tranche la gorge et brandit sa tête, transmettant la peur aux traîtres, leur rappelant qu’ils ne sont pas invincibles.
Elle revient auprès de Bleth, qui est en train de mourir. Il lui raconte son histoire, puis lui lit un livre sur Albia, une région où il n’ira jamais, mais qu’ils imaginent ensemble, dans le calme avant la fin.
Conclusion
L’artifice utilisé par Dan Abnett — un récit en boucle (en réalité un récit homodiégétique cyclique… eh oui, je fais des recherches quand j’écris des résumés) — donne une impression de fatalité et d’intemporalité. Au final, on ne sait pas où commence le récit, ni où il se termine, et cela n’a guère d’importance.
Comme le titre de la nouvelle l’indique, il s’agit d’un fragment : la fin d’une histoire sans impact sur le reste. Ce n’est pas un récit de gloire, mais un chant funèbre, une méditation sur la mémoire, la solitude, l’identité… et l’oubli. Ils vont tous mourir, et personne n’écrira leur histoire. Comme Jenetia avant elle, disparue sans témoin, Aphone mourra dans le silence, sans souvenir laissé derrière elle.
Avec cette troisième nouvelle, on retombe dans le registre émotionnel et introspectif, comme dans la première nouvelle de John French.