A Place of Quiet Assembly
Par Gilian
Avant-Propos
Eh oui, vous ne rêvez pas : cette nouvelle est bien signée John Brunner, l’illustre auteur britannique de space opera et de cyberpunk. Fait surprenant, il a également contribué à la Black Library avec cette histoire se déroulant dans l’univers de Warhammer. Étant donné que Brunner est décédé en 1995, la nouvelle a nécessairement été écrite avant cette date, mais elle n’a été publiée qu’en 2010 dans Hammer and Bolter, avant d’intégrer le premier omnibus Gotrek et Felix en 2013.
L’histoire du livre
Toujours sur les routes, Felix et Gotrek croisent la route d’un certain Henkin Warsch lors d’un trajet en diligence.
L’histoire avec un grand H
Henkin Warsch, un homme vieillissant, décide de revisiter le monastère de Schrammel, où il a étudié dans sa jeunesse. Il voyage en diligence aux côtés de Felix Jaeger, écrivain et compagnon du redoutable Gotrek Gurnisson, un nain Slayer voué à une quête obsessionnelle : trouver une mort glorieuse au combat. Dès son arrivée au monastère, Henkin est accueilli avec une étrange révérence par les moines, qui semblent inchangés malgré les décennies écoulées. Le lieu est fidèle à son souvenir : austère, silencieux et discipliné. Pourtant, à mesure que la nuit tombe, des souvenirs enfouis refont surface, et Henkin ressent une attraction irrésistible pour une cérémonie nocturne secrète, le Quiet Assembly. Lors de ce rituel, il est conduit avec les élèves du monastère au temple, où une immense idole voilée de brume domine l’autel. Soudain, il comprend l’horreur de la situation : le monastère n’a jamais vénéré Solkan, le dieu de la Loi, mais Tzeentch, le dieu du Chaos et du Changement. L’idole n’a rien d’un être divin bienveillant : les moines attendent qu’il prononce le nom du dieu du Chaos, scellant ainsi sa corruption. Alors qu’il est sur le point de succomber, Gotrek et Felix surgissent dans le temple. Le nain, ivre de rage, taillade les moines, qui révèlent alors leur véritable nature démoniaque. Grâce à la force brute du Slayer et à l’intervention de Felix, Henkin est sauvé in extremis. Le monastère s’effondre dans les flammes, emportant avec lui ses moines et leur idole blasphématoire. Au matin, Henkin, hagard, prend conscience qu’il a échappé de justesse à une vie éternelle vouée à Tzeentch. De son côté, Gotrek, frustré de ne pas avoir trouvé une mort digne de son rang, grogne mais accepte de retourner boire à l’auberge. Quant à Henkin, il réalise avec effroi que toute sa vie a été influencée par le monastère, son éducation n’étant en réalité qu’une tentative de corruption insidieuse.
Conclusion
Étrange nouvelle que celle-ci. Avec la série Gotrek et Felix, on est habitué aux masses de sang et aux situations où on tape avant de réfléchir. Ici, Brunner nous entraîne sur un plan bien plus spirituel, où un homme ordinaire prend conscience de l’existence de forces extraordinaires. La nouvelle est très bien écrite, et le suspense est habilement entretenu. Un point mérite cependant d’être relevé : Gotrek laisse Henkin Warsch en vie, alors que ce dernier a tout de même été éduqué par un culte de Tzeentch. Une étrange clémence, surtout quand on se souvient que dans Tueur de Troll, il massacre sans hésitation les Enfants d’Ulric, qui n’étaient au final que de simples changeformes…
Par Schattra
Avant-Propos
Et voila la Schattra touche , merci a lui.
Vous pouvez le retrouver ici : https://nebelheim.wordpress.com/
Ou ici : https://www.warhammer-forum.com/index.php?/profile/27242-schattra/
Intrigue:
Gotrek et Felix accompagnent un voyageur dans le monastère où il a passé son enfance. La parenthèse Copains d'Avant est toutefois interrompue quand le trio découvre que des activités pas très sigmarites occupent les résidents du saint lieu.
Avis:
Dans l'introduction du magazine, Christian Dunn est apparemment très fier d'annoncer que l'une des nouvelles a été écrite par John Brunner. Personnellement, je n'avais jamais entendu parler du bonhomme avant que Dunn ne le présente comme une légende du genre, auteur notamment de Tous à Zanzibar, un classique du steam-punk récompensé par le prix Hugo (merci wikipédia), et c'est donc en parfait novice que j'ai pu juger de son travail. Là où ça devient franchement intéressant, c'est que John ne se contente (ou ne s'est pas contenté plutôt, étant donné qu'il est mort en 1995) pas de développer ses propres personnages et d'ajouter sa petite pierre au fluff du monde de Warhammer, mais qu'il s'approprie carrément deux icônes et les fait évoluer dans une aventure de son cru. Et ces icônes, ce sont Gotrek et Felix.
Autant dire que le style de Brunner détonne totalement avec les canons de la BL, et donc avec celui de King et Long, les deux autres auteurs impliqués dans la série. On a beau y être préparé, cela surprend forcément un peu. Exit donc le med-fan glauque tendance hack'n'slash que l'on était en droit d'attendre pour une aventure du fameux tueur nain, et bonjour le fantastique, dans le sens premier du mot (donc la progressive intrusion de l'inexplicable et du dérangeant dans la vie du héros). Étonnant donc, mais rafraîchissant (enfin, je trouve).
On se rend très rapidement compte que Brunner est un vrai bon auteur de SF, que le background pré-établi de Warhammer ennuie plutôt qu'autre chose (il n'utilise ainsi que très peu le personnage de Felix, et encore moins celui de Gotrek, préférant baser sa nouvelle autour d'un héros de son cru ; à ce titre, il serait plus juste de parler d'une histoire avec Gotrek et Félix qu'une histoire de Gotrek et Félix), et qu'il utilise de manière assez convenue et peu finaude (on a du le briefer rapidement avant qu'il ne commence à écrire). En plus de cela, les "conventions" sur le fluff ayant beaucoup changé entre le moment de la rédaction de la nouvelle (début des années 90) et aujourd'hui, la chute peut sembler un peu bizarre pour un lecteur n'ayant pas baigné dans le fluff canonique (ce que je suis). Cependant, il est vraiment intéressant de voir ce qu'un auteur extérieur à la BL peut tirer de l'univers qui nous est bien familier, et la nouvelle de Brunner constitue à ce titre la lecture la plus intéressante de tout le magazine (à mes yeux).
Fluff:
Pas grand chose à se mettre sous la dent, Brunner prenant bien soin de faire se dérouler sa nouvelle dans un monastère isolé. Les puristes trouveront quelques infos sur le culte de Tzeentch, mais étant donné le peu d'implication de l'auteur dans le développement de l'univers de Warhammer Fantasy, mieux vaut sans doute mieux aller à la pêche au background chez d'autres plumes de la Black Library.