Fire and ice
Par Schattra
Avant-Propos
Et voila la Schattra touche , merci a lui.
Vous pouvez le retrouver ici : https://nebelheim.wordpress.com/
Ou ici : https://www.warhammer-forum.com/index.php?/profile/27242-schattra/
Intrigue
Haniel Mordaine, Interrogateur de feu le Seigneur Inquisiteur Aion Escher de l’Ordo Xenos, est un homme traqué. Coupable d’avoir involontairement amené l’assassin qui a transformé son vénérable maître en sashimi jusqu’à ce dernier, il sait que sa boulette n’a pu lui valoir que le mépris et la vindicte de ses pairs, et erre depuis lors de monde en monde à proximité du Golfe de Damoclès, où Escher supervisait les efforts de l’Ordo Xenos pour repousser les assauts de l’empire T’au. Accompagné d’un homme de main heureusement plus dégourdi et volontaire que lui-même (la première fois qu’on le voit, il fait des croquis au fusain d’une statue de Sanguinus dans un temple en ruines) répondant au nom de Kreeger, Mordaine poursuit un vague espoir de rédemption : s’il arrive à mettre en échec une des opérations séditieuses que les peaux bleues manigancent sur les mondes impériaux afin d’en faciliter le rattachement à leur empire, il prouvera sa valeur et sa loyauté de manière irréfutable. Mais évidemment, c’est plus facile à dire qu’à faire.
Arrivés sur le monde ruche glacé d’Oblazt, célèbre à travers le sous-secteur pour sa production de prometheum et ses exports de cabillaud, Mordaine et Kreeger parviennent à entrer en contact avec une figure mystérieuse, le Calavera, qui faisait partie des agents détachés d’Escher et semble prêt à les aider dans leur quête rédemptrice. Ayant détecté les signes avant-coureurs d’une insurrection pro-T’au dans la populace (comme cette mode suspecte pour les tatouages faciaux circulaires), le Calavera enjoint Mordaine de prendre les devants, et d’utiliser la rosette de son défunt mentor pour réquisitionner l’aide d’une compagnie de Requins Iwujiiens stationnée sur la planète afin de débusquer les traîtres avant qu’il ne soit trop tard. N’étant pas à une usurpation d’identité près, l’Interrogateur accepte… et ne stoppe rien du tout, le massacre perpétré par ses sanguinaires alliés d’une foule de manifestants communistes réclamant « l’unité » sur une place de la ruche Vyshodd ne faisant que renforcer la résolution des sécessionnistes et horrifier la population locale.
Quelques heures après la sanglante bavure (encore une) supervisée par Mordaine, une série d’explosions secoue la ruche, ciblant les lieux de pouvoir de la classe dirigeante et provoquant une émeute généralisée. Dans la confusion qui s’en suit, Mordaine est gravement blessé et Kreeger tué, mais le Calavera se montre enfin, accompagné d’un prisonnier très spécial. Toute la clique embarque alors dans le Transperceneige Chain Engine, un train de luxe reliant les ruches d’Oblazt entre elles, en compagnie des Requins ayant survécu aux combats, et file en direction de la ruche Yakov.
Ce voyage sera malheureusement le dernier pour la majorité de notre casting, victimes d’un crime d’une tuerie de masse dans l’Orient Express. Un traqueur Kroot (Ujurakh) travaillant pour le compte d’un mystérieux maître, seulement nommé « le Vide », est monté à bord sans billet et boulotte goulument les Gardes isolés passant à portée de bec, en attendant que son patron lui donne le signal pour séparer les wagons de tête du reste du convoi, condamnant les pauvres bidasses à mourir de froid en grande banlieue Vyshoddienne. Si le dindon tueur est finalement mis hors d’état de nuire par la Lieutenante Adeola Omazet, qui le force à sauter en marche pour éviter de se faire canarder (c’est approprié je trouve), nos héros ne sont pas au bout de leurs peines.
Mordaine, bien que très mal en point, sait que le temps joue contre lui car un comité d’accueil plutôt inquisiteur l’attend à Yakov, ne lui laissant que quelques jours pour obtenir des résultats probants. Il se rend donc à la cellule où le prisonnier amené par le Calavera est retenu afin d’obtenir de sa part des aveux circonstanciés. Sera-ce suffisant pour se racheter une conduite, me demanderez-vous ? Et bien, oui, car…
…Le prisonnier en question n’est autre que le Shas’O Vior’la Shovah Kais Mont’yr, ou plus simplement, O’Shovah, connu de l’Imperium sous le nom de Commandeur Farsight. En tout cas, c’est ce que le Calavera a annoncé à Mordaine, et ce dernier est heureux de le croire, et peu enclin à se demander comment diable un T’au aussi influent s’est retrouvé prisonnier d’un unique Space Marine (car le Calavera est un Adeptus Astartes), sur un monde aussi minable qu’Oblazt. La curiosité a tué le chat, après tout.
Pendant que Mordaine et O’Shovah discutent géopolitique et campagnes militaires dans leur wagon, le Calavera lui fait le ménage dans le reste du train, et retourne la faveur à Omazet en la forçant à son tour à finir le voyage à pince. Car « le Vide », c’était lui !😲 Et s’il emploie des méthodes aussi discutables, c’est qu’il ne sert pas vraiment Pépé, mais, comme il le révèle à Omazet avant de lui savonner la planche, le Bien Suprêmissime 😨. Et si on va au fond des choses, il est carrément de l’Alpha Legion 😱, et à partir de là, ça ne sert plus à rien de poser des questions.
Même dans son état pitoyable, Mordaine finit toutefois par se rendre compte que quelque chose cloche, et s’il n’est pas de taille à s’opposer à un Space Marine à la loyale, il peut cependant compter sur un allié secret, en la présence du Capitaine Armande Uzochi, dernier Requin Iwujiien ayant échappé à l’écocide perpétré par le Calavera et son poulet de compagnie en se cachant dans les conduits de ventilation. Sur le conseil de Mordaine, Uzochi part à la recherche de loot dans les racks à bagages des wagons restants, et comme le train visait une clientèle privilégiée, il met la main sur un fuseur doré à l’or fin sans trop de difficultés. Avec une telle arme et l’effet de surprise, on peut coucher un Astartes sur un malentendu…
…Mais comme ça faisait longtemps qu’il n’avait pas mis un but contre son camp, et que jamais deux sans trois, Mordaine croque le deux contre un pourtant travaillé à l’entrainement, et abat lui-même Uzochi au moment où il allait faire feu. Pourquoi ? Parce qu’il n’était pas vraiment lui-même, et pour cause. Comme le Calavera lui glisse perfidement, ce vieux matois d’Escher ne l’avait pas nommé Interrogateur pour ses beaux yeux ou son potentiel caché, mais parce qu’il avait senti en lui une malléabilité psychique rare, permettant à Mordaine de servir de réceptacle à l’esprit de son maître en cas d’absolue nécessité… comme un décès inopiné, par exemple. Si la mort d’Escher a été trop soudaine pour que le processus de transfert soit accompli de manière optimale, il ne reste pas moins que Mordaine est à moitié possédé par les mânes de l’Inquisiteur (à ne pas confondre avec Leman Russ), et que sa situation ne va pas aller en s’améliorant.
« C’est bien beau tout ça » vous entends-je marmonner, « mais pourquoi Escher collaborerait-il avec un membre de l’Alpha Legion ? » Eh bien, parce qu’il était un agent du Calavera, au même titre qu’Ujurakh, pardi ! 🤯 Et si le premier tenait tant à ce que Mordaine multiplie les discussions avec O’Shovah (qui n’était peut-être qu’un imposteur lui aussi, qui sait), c’était autant pour faciliter la « greffe » de l’esprit d’Escher dans la psyché de son Interrogateur, et ainsi regagner un agent bien placé au sein de l’Inquisition, que pour donner du grain à moudre à son invité/prisonnier, pour des motifs bien obscurs mais sans doute légitimes pour un membre de l’Alpha Legion.
Au final, O’Shovah repart faire son tour de la galaxie à la recherche des réponses à ses problèmes métaphysiques (ou peut-être pour se détendre, car c’est pas facile tous les jours d’être un leader sécessioniste), Mordaine est accueilli triomphalement à Yakov par ses camarades et finit par gagner une vraie rosette, et le Calavera disparaît sans laisser de traces, même s’il est certain qu’on entendra parler de lui dans une vrille du Dark Coil, en temps voulu…
Avis
Nouvelle masterclass de Peter Fehervari, qui démontre son aisance sur le format de la novella après s’être illustré sur les nouvelles et les romans, ‘Fire and Ice’ coche toutes les cases d’une œuvre de GW-Fiction réussie. Personnages intéressants et complexes, intrigue prenante, rythme enlevé, atmosphère soignée, mystères, révélations et easter eggs, sans oublier les petits éléments fluff qui vont bien : ces soixante-dix pages se dévorent d’une traite et se terminent trop vite. On tient ici une pièce maitresse du Dark Coil, et probablement l’une des meilleures introductions à cet univers si particulier, si je devais me hasarder au jeu des recommandations. La présence d’un personnage connu du lore au casting de cette histoire n’est que la cerise sur un gâteau déjà parfaitement exécuté, et la preuve que Fehervari sait aussi travailler sur commande (pas d’autres justifications pour cette inclusion, à mon humble avis), car bien sûr, il sait le faire. Une vraie pépite du catalogue de la BL, en qui me concerne.