Nightshift Nineteen

De Les Archives Infinies
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Par Schattra

Avant-Propos

Et voila la Schattra touche , merci a lui.
Vous pouvez le retrouver ici : https://nebelheim.wordpress.com/

Ou ici : https://www.warhammer-forum.com/index.php?/profile/27242-schattra/

Intrigue

C’est un grand jour qui se prépare pour Izaq Sneddon, humble citoyen de la Ruche Carceri, située sur le monde nocturne de Sarastus. Après des années d’un dur apprentissage, guidé par la foi profonde dans le Dieu Doré (la version de l’Empereur vénérée par les habitants de cette planète, où le noir fait vraiment peur) que lui inculqué sa chère maman, un peu sorcière Psyker sur les bords, il va enfin rejoindre le service actif au sein de la Congrégation Canope, dont le rôle est d’entretenir les lumières artificielles qui recouvrent le dôme de Carceri, et protègent ce dernier des terreurs nocturnes qui rôdent dans les ténèbres.


Cet accomplissement notable est toutefois légèrement gâché par le « numéro de tirage » qui échoit à notre fringant cadet, et qui le verse dans l’équipe en charge de l’entretien du secteur 19. Passe encore le « 1 », qui est assez neutre, comme lui a appris sa tendre mère – passionnée de numérologie, comme beaucoup d’entre nous j’en suis sûr. Mais le « 9 », ça craint vraiment du boudin, car ce n’est définitivement pas un chiffre auquel on peut faire confiance, pas vrai ? Ces sombres pensées ne sont en rien éclaircies par une vision qui frappe Izaq alors qu’il digère péniblement l’annonce de son affectation, et qui prend la forme d’une sorte d’araignée ténébreuse le fixant depuis un recoin.


Alors qu’il se prépare à rejoindre son équipe pour sa première tournée, nous apprenons plus sur le passé de notre jeune premier, qui, comme beaucoup des miséreux de Carceri, n’a pas eu la vie facile jusqu’ici. Elevé dans un climat de dévotion mystique à l’Empereur par sa mère, qui n’hésita pas à employer la manière forte, aussi connue sous le nom de scalpel, pour expurger de son fils toute pensée impure, Izaq finit par couper les ponts avec elle après qu’elle soit devenue accro à la Vita Ephemera, une cochonnerie en conserve l’ayant fait quadrupler de volume et privée de toute mobilité. En plus de ces relations familiales compliquées, Izaq a été légèrement traumatisé par une visite irréfléchie qu’il avait fait, étant encore très jeune, sur la scène d’un crime tellement horrible que les Arbites s’étaient pour une fois déplacés pour enquêter, et ayant eu lieu à l’étage 131 de la tour où il résidait avec sa mère. Persuadé de pouvoir bannir les démons par sa seule fortitude mentale, l’apprenti Chevalier Gris s’était fait une peur bleue noire en contemplant l’intérieur de l’appartement où le meurtre avait pris place, après que les scellés condamnant la pièce se furent rompus de façon suspecte.


Une fois dans l’ascenseur qui l’emmène vers sa première mission, Izaq se fait assaillir, de façon à moitié littérale, par la même vision que celle qu’il avait eu quelques heures plus tôt. Alors que l’apparition commence à se matérialiser dans l’habitacle en se glissant par une anfractuosité, le jeune homme parvient à la bannir en fermant les yeux très fort et en répétant à tue-tête qu’elle n’est pas réelle. Tu veux ou tu veux pas lui rétorque l'ectoplasme, qui a toutefois la bienséance de disparaitre après lui avoir léchouillé le doigt. On se doute toutefois bien qu’il ne s’agit que d’un bref répit, et que cette apparition ténébreuse n’a pas fini de persécuter notre héros.


Enfin, nous passons quelques pages aux côtés du chef d’équipe Bryn Bosch, qui attend l’arrivée de son nouvel équipier – Izaq – avant de partir en mission. Vétéran blanchi sous le harnais auquel on ne la fait pas, Bosch est toutefois hanté par le souvenir de sa dernière tournée d’entretien, au cours de laquelle il a perdu un camarade et ami (Renny) d’une manière particulièrement atroce. Depuis, le fantôme de ce dernier se manifeste régulièrement, toujours pour lui annoncer que « il y en a beaucoup plus là d’où ils viennent » (ce qui peut sonner un peu raciste sur les bords, mais s’applique aux lurks qui lui ont fait la peau), et que « s’il éteignait la lumière, il verrait son côté sombre », ou quelque chose comme ça.


L’arrivée d’Izaq, et la vision fortuite de l’étrange graffiti floral qui recouvre la paroi de la cabine de l’ascenseur, provoquent toutefois chez Bosch une hallucination digne du peintre avec lequel il partage son patronyme. Il revit le moment fatidique pendant lequel Renny a trouvé la mort, mais au lieu d’une horde de vermines tentaculaires, c’est cette fois une manifestation d’une noirceur absolue qui est responsable du décès du technicien d’entretien, et à y repenser, il semblerait que ce soit bien ce qu’il s’est passé, et que la version « officielle » de Bosch n’était qu’une couverture pour camoufler une vérité trop dérangeante.


Tiré de ce flashback pas très sympathique par son nouvel équipier, qui lui demande de façon très urbaine si tout va bien de son côté, Bosch revient à lui-même et passe l’éponge sur sa courte absence. Maintenant que l’équipe est au complet, il faut partir sans plus attendre laver quelques milliers de carreaux et apporter un peu de lumière aux habitants de Carceri. Et après tout, et cette fois-ci il tiendra parole, ce sera vraiment sa dernière tournée…

Avis

Peter Fehervari revient sur le monde nocturne et terrifiant de Sarastus, où s’étaient déjà passées ses nouvelles ‘The Walker in Fire’ et ‘Nightbleed’, avec une histoire beaucoup plus ambitieuse que les précédentes, mais toujours aussi atmosphérique. Les six sections de ce ‘Nightshift Nineteen’ posent en effet les bases d’un arc narratif plus complet, dans lequel le jeune Izaq Sneddon et son mentor Bryn Bosch sont appelés à jouer un rôle majeur, accompagnés de personnages mineurs mais toujours soigneusement mis en scène par un Fehervari maître de son art, de la Mère Sneddon, addicte à la numérologie et à la malbouffe, jusqu’au fantôme supplicié et philosophe Renny, en passant par la coriace Warden Shreve, dont on espère que la traque du tueur de l’appartement de la tour Barka ne rendra pas Shevre.


Cerise (noire) sur le gâteau (noir, aussi), l’antagoniste aussi mystérieux qu’arachanéo-floresque – ça fait davantage sens à la lecture de la nouvelle, je vous assure – qui poursuit nos protagonistes au cours de ces quelques pages semble fort être lié avec l’iconique Needleman qui jouait déjà les croquemitaines de service dans ‘Nightbleed’. Cela pourrait fort bien donner à la suite de cette mission de lavage de carreau grimdark une tangente avec l’histoire précédente1, qui était tellement réussie que c’en est forcément une bonne nouvelle (sauf pour Izaq et compagnie, bien sûr). Bref, Peter Fehervari marque à nouveau son territoire et les esprits avec ‘Nightshift Nineteen’, très bonne introduction à ses travaux horrifiques, au Dark Coil en général, et teaser superbement réussi d’un futur roman ou nouvelle.


1 : C’est d’ailleurs évident lorsqu’on relit ‘Nightbleed’, et que l’on réalise que l’héroïne de cette histoire vivait avec son mari au 131ème étage de la tour Barka.