On the Shoulders of Giants
Par Schattra
Avant-Propos
Et voila la Schattra touche , merci a lui.
Vous pouvez le retrouver ici : https://nebelheim.wordpress.com/
Ou ici : https://www.warhammer-forum.com/index.php?/profile/27242-schattra/
Intrigue
Notre histoire commence après un accrochage entre une croisade sigmarite et une bande de Kruleboys mal lavés dont le seul tort aura été de ne pas vouloir abandonner leur marais fétide aux intentions conquérantes des détenteurs du piastre Malleus (traduction personnelle). Bien que la victoire soit revenue au camp du bien de l’Ordre, et que nos héros, le Major-Fusil Rosforth et son acolyte Ogor Slobda, aient joué un rôle certain dans cet épisode, la convocation qu’ils reçoivent de la part du Maréchal Loucher, qui a également fait venir une centaine de soldats de son armée pour l’occasion, n’augure rien de bon. Convaincu que sa colonne fera mieux sans la présence de ses éléments les plus indisciplinés1 et instables, l’officier ordonne en effet à ses têtes de turc de prendre la direction de Newhalt Amarine, village de colons récemment établi dans une forêt de Ghyran, et d’y aller renforcer sa garnison. Cette décimation express laisse un goût amer à nos compagnons, mais les ordres sont les ordres.
Sous le commandement de la vétérane +++ Archevalière Marieda, qui a fait sauté Sigmar sur ses genoux quand il avait encore des couches, la mauvais troupe prend donc le chemin de son assignation. En plus de notre duo de choc, on y retrouve un capitaine d’artillerie alcoolique au dernier degré (Barachen Sot), ainsi qu’une Heaumefer fort en gueule mais avec plus d’un tour dans son sac (Selias Breight), soupçonnée par le soupçonneux Rosforth d’avoir fait défection dans le passé et de s’être réengagée par la suite. Voilà pour les personnages notables… pour le moment.
Après une journée de marche, l’expédition à la surprise de croiser une autre colonne marchant en sens inverse, et qui se révèle être constituée après inspection des survivants de Newhalt Amarine. Le village a en effet été attaqué sans crier gare par une horde Skavens, vomie par un des trous de ver cosmique qui traversent les Royaumes Mortels comme une meule d’emmental. Malgré la brave résistance de sa garnison, la petite communauté n’a pas fait le poids et ses habitants dépenaillés viennent grossir le contingent de Marieda. On fait ainsi la connaissance de deux autres personnages notables (je vous avais prévenus), le chirurgien de bataille Doktor Grippe2 (qui a amputé Rosforth de ses deux jambes après l’explosion de son canon lors d’une bataille contre les Démons il y a des années de cela, accident qui l’a forcé à monter au cocotier pour continuer sa carrière) et l’apprenti sorcier Theorn.
Privés de leur objectif, les croisés déclassés font marche arrière pour rejoindre le gros des troupes de Loucher, mais ces dernières ont également été surprises et annihilées par quelques milliers de rongeurs surexcités pendant que leurs camarades étaient partis. Après avoir récupéré ce qui pouvait l’être des cadavres sigmarites, la petite colonne décide d’aller tenter sa chance auprès de l’enclave Sylvaneth la plus proche, en se fiant aux cartes établies par feu le tuteur de Theorn. Bien que les esprits des bois fassent de mauvais voisins en temps normal, nul doute que la menace posée par ce qui semble être une invasion massive de Ghyran par les Skavens va les amener à une alliance de raison avec leurs camarades citadins, pas vrai ?
Cela, on ne le saura jamais car, et pour la troisième fois de suite, Rosforth, Slobda et compagnie arrivent trop tard, et ne peuvent que constater que la biodiversité forestière a été consumée par les incisives avides des hommes rats. Au prix d’un premier accrochage avec ces derniers, qui étaient restés faire des cure-dents avec le dernier Homme Arbre du bosquet, les Sigmarites parviennent à se dégager3, et optent pour la dernière option qu’il leur reste : atteindre une Porte de Royaume supposément enfouie sous des ruines à quelques jours de marche de là.
Commence alors une marche forcée des plus pénibles pour les survivants, pendant laquelle le harcèlement constant dont ils sont l’objet de la part d’un sniper Jezzail – jusqu’à ce que Rosforth lui fasse son affaire, bien sûr – et les attaques ponctuelles qu’ils doivent repousser, manquent plusieurs fois de leur faire connaître le même sort que leurs camarades. Marieda, Barachen Sot et Selias Breight perdent tous trois la vie dans cette période troublée, et lorsque les Sigmarites arrivent enfin devant les ruines où la Porte est sensée se trouver, ils ont la surprise de la découvrir déjà occupées par une troupe d’Ogors, avec laquelle il va falloir parlementer pour accéder au portail que Theorn se fait fort de réactiver.
Cette mission délicate est heureusement accomplie avec brio par Slobda (à peine un peu aidée par son comparse cul de jatte pendant le moment le plus chaud des « négociations »), qui remporte son duel contre le meneur des Ogors – Hurmak Irontooth – et recrute de ce fait ces derniers au service des croisés. Ces alliés de poids ne seront pas de trop pour tenir les rongeurs affamés en respect le temps que l’apprenti sorcier reboot la Porte récalcitrante, et permette enfin à la colonne éprouvée de prendre le pied en Aqshy, à quelques heures de marche de Brightspear, au nez et à la barbe aux moustaches de leurs poursuivants. Tout est bien qui finit bien, non ?
…Eh bien oui, mais pas pour longtemps. Grâce à leurs trous de vermine, les Skavens ont en effet tôt fait de débarquer à leur tour en Aqshy, mais les hasards de la déviation font que la horde pouilleuse qui se matérialise dans le Royaume du Feu le fasse à une distance importante des murailles de la cité, laissant à Rosforth, Slobda, et leurs suivants tout le temps nécessaire pour aller demander asile à Brightspear. Mais demain sera un autre jour…
1: Dans le cas de Slobda (et par « capillarité », Rosforth), Loucher a moyennement apprécié que la sourcilleuse Ogor ait fracassé le bras de son neveu après que ce dernier se soit retrouvé en dehors de la ligne du carré castellite lors de la bataille contre les Orruks, et qu’elle l’ait « amicalement » remis en position. Quand on vous dit que la géométrie est au cœur du gameplay d’AoS, on ne ment pas.
2: Que l’auteur choisit de ne pas genrer, comme Mike Brooks le fait assez souvent dans ses propres récits.
3: Au cours de la bataille, le canon de Barachen Sot touche malencontreusement le fessier proéminent de Slobda, qui s’était pourtant jetée à terre pour dégager la ligne de vue sur l’ennemi. Bien que l’accident ne se solde que par quelques plombs dans le postérieur de l’Ogor, rapidement extraits par les bons soins du Doktor Grippe, Slobda manque de dévorer le poivrot responsable de ce tir ennemi pendant la troisième mi-temps, pour lui apprendre à forcer sur la dive bouteille pendant le service. Il faudra toute la diplomatie de Rosforth pour empêcher ce buffet froid.
Avis
Adrian Tchaikovsky se mesure à l’exercice, pas franchement évident, de la novella « boîte de base » (sans boîte de base correspondant aux forces en présence au moment de la publication de l’anthologie éponyme, ceci dit), sous-genre de la GW-Fiction consacré à la confrontation épico-marketing des unités phare des deux armées en présence… et s’en sort plutôt bien je dois dire.
L’intrigue est claire, mais pas aussi simpliste qu’on aurait pu le craindre (je pense notamment à ‘Thunderstrike’ de Richard Strachan, beaucoup plus poussif dans son propos), la petite galerie de personnages convoqués par l’auteur ont tous assez de personnalité et de profondeur pour mériter de figurer sur la feuille de match, Tchaikovsky alterne avec maitrise passages d’action à haute intensité1 – même si, petit grief de ma part, le choc entre Heaumefers formant un carré castelite et hordes de Skavens/Vermines de Choc devient un peu lassant à partir de la troisième fois – et séquences plus calmes, allant parfois jusqu’au drôle, dédiées au développement des relations entre les personnages et la contextualisation du récit dans les Royaumes Mortels : on sent que notre homme maîtrise son sujet.
J’ai d’ailleurs particulièrement aimé le chapitre pendant lequel Slobda manque d’engloutir Barachen Sot après s’être fait plomber le cuir et trouer les fesses suite au tir de contre-charge hasardeux de l’artilleur alcoolique, où l’on comprend bien le fossé culturel et racial qui sépare Ogors, même « civilisés », et humains. Adrian Tchaikovsky avait démontré dans ses précédents travaux (‘A Taste of Lightning’) qu’il avait une tendresse particulière pour cette noble et incomprise faction d’Age of Sigmar, et cela se perçoit également dans ‘On the Shoulders of Giants’, novella qui va vous donner envie, si ce n’est de débuter une armée de ces beaux bébés, au moins de vous procurer un exemplaire de Major-Fusil sur Ogor d’affût, je gage.
Au final, un moyen format à la fois assez peu mémorable mais plutôt sympathique à lire, ce qui est à mon avis le meilleur résultat qu’un auteur chargé d’écrire ce type de production pour la BL peut atteindre de façon réaliste.
1 : Mention spéciale ici aux séquences d’affrontement à distance entre Rosforth et le Jezzail, mises en scène comme le duel des snipers de Stalingrad, et très prenant à lire.